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Le Département de psychiatrie et d’addictologie de l’Université de Montréal héberge depuis 2013 la revue Santé mentale au Québec (RSMQ) fondée en 1976. Il est alors devenu fiduciaire de ce riche héritage d’un savoir partagé en français, qu’il veut pérenniser. Hélas ! Comme chacun le sait, la langue anglaise domine outrageusement les publications d’articles scientifiques. Certes, c’est pratique, mais c’est aussi problématique, ainsi que souligné récemment dans un éditorial publié dans Nature Human Behaviour[1]. D’abord, cela défavorise les auteur(e)s qui doivent s’exprimer dans une langue seconde, et en particulier dans des domaines, dont la santé mentale, où de fines nuances mieux maîtrisées dans sa langue maternelle peuvent faire une différence significative. Par ailleurs, cela induit des biais dans le processus de révision des articles défavorisant les auteur(e)s dont la langue maternelle n’est pas l’anglais, et par conséquent la culture qui est la leur. Alors que nous devrions célébrer la richesse de la diversité culturelle et sa contribution à l’essor de la recherche, de sa diffusion et de son intégration, essentielles pour résoudre une multitude de problèmes que nous partageons à l’échelle planétaire, de plus en plus de revues s’inquiètent des effets néfastes de ce monopole de l’anglais sur la diversité et la vitalité de la recherche scientifique. Or l’une des premières missions de la RSMQ est précisément d’apporter sa contribution à cette diversité de regards et d’analyses pour la santé mentale.

Ces nouveaux défis représentent un travail colossal et de longue haleine exigeant un leadership éclairé et engagé que va reprendre Dr Emmanuel Stip, professeur émérite au Département de psychiatrie et d’addictologie de l’Université de Montréal, et qui a déjà dirigé la revue entre 2013 et 2017. Depuis 2017, l’équipe de direction a négocié le nécessaire virage numérique avec le libre accès à la revue et ajouté des contenus vidéo accessibles à tout le monde et particulièrement à celles et ceux qui oeuvrent de près ou de loin en santé mentale : https://www.youtube.com/channel/UCU8Anh4xvgK40gCWlGvBOMg

Maintenant, il importe d’accroître sa visibilité au sein de la communauté scientifique francophone internationale en santé mentale ; renouveler le comité éditorial pour accélérer et enrichir la révision des articles ; et assurer la pérennité de nos partenariats stratégiques avec le Fonds de recherche du Québec - Société et culture (FRQSC) qui finance la revue depuis deux ans à travers son programme Soutien aux revues, et avec l’infrastructure numérique au service de la diffusion des savoirs : Érudit.

De plus, il nous faut bien entendu encore intensifier nos échanges avec l’Association des médecins psychiatres du Québec (AMPQ). Nous sommes très fiers de ce partenariat avec l’AMPQ, assurant un financement additionnel lié à la production d’activités de développement professionnel mettant en valeur les apprentissages cliniques de certains des articles publiés.

Enfin, nous sommes en train de finaliser une entente avec le portail Web francophone Cairn.info de manière à promouvoir encore plus largement les articles de la revue à travers le monde, mais surtout en Europe et en Afrique.

Avant de remettre la direction de la revue entre les mains d’Emmanuel Stip, je tiens à remercier Nadine Larivière, Catherine Briand, Marc Corbière et Jean-Marie Bioteau qui, en qualité de rédactrices en chef, rédacteur en chef et rédacteur adjoint se sont investi(e)s avec talent, professionnalisme et détermination pour donner un nouveau souffle à la revue et en faire une référence de plus en plus évidente parmi les innombrables revues savantes, quelle qu’en soit la langue. Désormais, sous la houlette de Dr Stip et de son équipe, je suis persuadé que la revue Santé mentale au Québec va s’imposer un peu plus à chaque numéro, de concert avec les portails de diffusion du savoir que sont Érudit et Cairn.info. Dans un monde en mutation accélérée, il est plus important que jamais de s’intéresser au mode de fonctionnement et de financement des plateformes de diffusion des connaissances scientifiques, afin de contribuer à ce que le bien collectif de la recherche et de l’innovation soit mieux partagé, c’est-à-dire tout naturellement accessible au plus grand nombre.

Avec Emmanuel Stip, Nadine Larivière, Marc Corbière et Jean-Marie Bioteau, nul doute que l’avenir de Santé mentale au Québec s’annonce sous les meilleurs auspices.