DocumentationComptes rendus

Humphreys, Franziska, dir. (2021) : Penser la traduction. Paris : Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 363 p.

  • Hélène Thivierge

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  • Hélène Thivierge
    Traductrice agréée, Québec, Canada

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Couverture de Volume 68, numéro 1, avril 2023, p. 1-219, Meta

Le collectif dédié à la mémoire de Stefan Kaempfer et dirigé par Franziska Humphreys réunit des textes de langues française et allemande, dont la plupart sont issus des rencontres annuelles « Penser en langues – In Sprachen denken ». Les auteurs de ces textes partagent leurs réflexions, leurs analyses et leurs questionnements sur les enjeux actuels, culturels et politiques de la traduction. L’entre-deux-cultures est un lieu de passage et de naissance de la signification, il est omniprésent dans ces textes qui abordent les thèmes de l’étrangeté, de l’équivoque, de la pluralité des langues (maternelle, fonctionnelle, étrangère), des intraduisibles comme source intarissable d’évolution de la connaissance, du passage du signifié entre la pensée, la parole et l’écrit, ainsi que sur le rapport ambigu auteur-traducteur. Les auteurs, philologues, philosophes, psychanalystes, traducteurs et écrivains invitent le lecteur à réfléchir différemment sur les enjeux de la traduction. Ces réflexions sur fond d’herméneutique et de déconstructionnisme explorent la pensée, entre autres, de Schleiermacher, Derrida, Arendt, Hegel, Goldschmidt, Dilthey, Rousseau et Foucault. Puis, avec une distance nécessaire, elles nous ouvrent des horizons nouveaux : une voie herméneutique de la traduction. Ce collectif se divise en quatre parties comprenant dix-neuf textes et trois écritures poétiques. Cette lecture s’adresse à un public érudit, intéressé par le questionnement sur les théories de la traduction, sur la nature de l’échange dans les processus de traduction et sur les réflexions sur la signification. Elle suscite une curiosité intellectuelle et une réflexion profonde sur des sujets essentiels. Une connaissance assez approfondie des domaines de la philosophie et de la philologie est incontournable. Plusieurs textes relatent l’oeuvre colossale d’auteurs tels que Derrida et peuvent paraître obscurs aux yeux de certains lecteurs. Néanmoins, un fil conducteur et des références pertinentes permettent justement un approfondissement de la réflexion à tout traducteur ouvert d’esprit. La première partie intitulée « Les langues de la traduction » ouvre sur une réflexion de la langue en tant qu’objet dans une approche épistémologique, philologique et poétique. En prémices, on nous offre les souvenirs d’Italie d’Ester Kinsky avec un extrait du Bosquet, une prose où la langue devient l’objet du sensible à l’oreille étrangère, par sa couleur, son odeur et sa musicalité. Puis Isabelle Alfandary, dans « Philosopher en langue maternelle », réfléchit sur la sensibilité de la langue, entre langue maternelle et étrangère, cherchant à savoir si les langues se concurrencent, si elles ont des prédispositions pour occuper une fonction, comme celle de l’entendement. Les carcans traditionnels de manière de penser nous amènent-ils sur la voie de la rigidité ? Alfandary cite Derrida, soulignant que certaines langues plus opaques pour une oreille étrangère sont une source inépuisable de découvertes (p. 38). Lorsqu’on parle d’interprétation, on oublie parfois que l’opacité existe aussi à même une seule langue. Ce texte introduit également l’interlangue d’Hegel, un endroit privilégié pour la compréhension, qui n’est pas sans nous rappeler le concept d’intersection entre les langues de l’herméneutique. Sur ce fil conducteur, on poursuit avec Arno Renken vers l’étrangeté et l’équivoque dans son texte « Traduire, relier : pluralité des langues et langue maternelle chez Arendt ». Renken se penche sur le procédé d’interprétation dans le rapport entre langue maternelle et langue étrangère dans un contexte de pluralité des langues. Il s’inspire des réflexions d’Hannah Arendt (1906-1975), philosophe juive allemande survivante de l’holocauste, qui s’est expatriée en Amérique. Comment se manifeste l’interprétation chez quelqu’un qui possède une langue maternelle, mais aussi qui connaît, parle et vit dans un contexte de langue étrangère ? Renken y voit un phénomène de soustraction des langues qui n’est pas sans nous rappeler la déconstruction de Derrida, dont …