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Des études littéraires autochtones au Québec ? Un état des lieux

  • Marie-Eve Bradette

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  • Marie-Eve Bradette
    Université Laval

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Couverture de Nelly Arcan, Volume 47, numéro 3 (141), printemps–été 2022, p. 7-159, Voix et Images

Comment aborder, penser et décrire ce que sont les études littéraires autochtones au Québec ? Est-ce qu’une telle discipline existe déjà dans la province ? Dans l’espace que constitue cette chronique, je souhaite penser les possibles qu’ouvre le littéraire quant aux relations que nous entretenons avec les savoirs des Premiers Peuples. J’espère offrir l’occasion d’une plongée dans la dimension épistémologique des littératures autochtones. Or, avant d’y parvenir, l’exercice demande d’abord le sérieux d’une saisie, voire d’une synthèse d’un champ critique en construction, celui des études littéraires autochtones produites en français. J’insiste sur le rapport à la langue, car celle ou celui qui s’engagera dans la lecture des études critiques consacrées aux littératures autochtones constatera rapidement qu’y dominent, encore aujourd’hui, les travaux produits en langue anglaise. Cette personne sera confrontée, de surcroît, à une idée répandue selon laquelle nous sommes, au Québec, « en retard » quant à la consolidation d’un tel champ d’études et de son autonomisation, qui ne peut advenir que par un détachement ou plutôt une mise en parallèle des études québécoises et, dans un contexte plus large, canadiennes. Une telle affirmation, certes pertinente quant au retard que nous accusons me semble néanmoins improductive une fois lancée, car si cette autonomisation peut parfois sembler frileuse, elle se réalise pourtant depuis plusieurs années et se reflète dans certains courants de pensée qui rassemblent des textes et des chercheuses et chercheurs qui pensent les littératures autochtones. En 2010, dans un chapitre de l’ouvrage Littératures autochtones publié chez Mémoire d’encrier, un premier collectif publié en français dans ce domaine d’études, Michèle Lacombe proposait un état des discours critiques autour des littératures des Premières Nations, des Métis et des Inuit dans le monde anglophone (au Canada, mais également aux États-Unis). La chercheuse d’origine malécite et acadienne constatait « [l’]hétérogénéité des perspectives littéraires amérindiennes et de la recherche faite par les Amérindiens au Canada anglais ». Elle s’affairait ainsi à décrire la pluralité des mouvements critiques : l’approche hybride d’un Gerald Vizenor (Anishinaabe), la réponse nationaliste de Robert Warrior (Osage), de Jace Weaver (Cherokee) et de Craig Womack (Creek-Cherokee), ou encore l’approche comparatiste et transautochtone, plus récente cette fois, du chercheur allochtone Chadwick Allen, pour ne nommer que ces quelques exemples importants et, surtout, qui en viendront à structurer nombres d’interventions critiques qui suivront. La proposition de Lacombe, quoique ancrée dans une volonté de saisir globalement, et pour une première fois en français, l’espace anglophone de la critique littéraire autochtone, était aussi une invitation à explorer un nouvel espace. En conclusion à son chapitre, la chercheuse suggérait en effet d’ouvrir le propos pour mieux aborder les différences entre les contextes anglophones et francophones. Pourtant, elle n’a pas été en mesure de faire l’économie des visées et des approches spécifiques au contexte québécois, et donc de « se prononcer sur l’émergence d’une critique littéraire autochtone en français ». Lacombe choisit plutôt de laisser ce questionnement ouvert, laissant à d’autres le soin de « répertorier la recherche et la critique au Québec dans ce domaine ». Plus de dix ans après l’intervention de Lacombe, j’attrape au bond son invitation, dans une volonté moins de seulement répertorier – un travail substantiel qui a déjà été réalisé par Kwahiatonhk ! à travers l’élaboration de bibliographies thématiques présentées sur le site Web de l’organisme – que de poser un certain regard, non exhaustif, et très certainement circonscrit, sur la manière dont la théorisation des littératures autochtones en contexte québécois s’est réalisée, en particulier dans les monographies sur lesquelles j’insisterai. Surtout, j’articulerai en conclusion une réflexion à propos de la nécessaire inclusion des oeuvres littéraires elles-mêmes en tant que …

Parties annexes