Résumés
Résumé
Nelly Arcan, sous son vrai nom d’Isabelle Fortier, a rédigé un mémoire de maîtrise en études littéraires d’orientation psychanalytique (2003). À l’exception de quelques mentions ici et là au sein de textes savants, aucune étude n’a jusqu’à maintenant analysé l’oeuvre littéraire de Nelly Arcan à partir de la réflexion théorique qui se déploie dans ce mémoire intitulé « Le poids des mots ou la matérialité du langage dans Les mémoires d’un névropathe de Daniel Paul Schreber ». Or, les ponts sont nombreux. Le délire de Schreber, consigné dans ses mémoires, est conçu par Fortier comme une tentative « d’empêcher la collusion définitive » vers laquelle l’homme se sent aspiré, une tentative d’« implanter un ordre signifiant pouvant soutenir le sujet » (2003, 21). Ce délire, qui apparaît ainsi comme un moyen de défense contre la psychose, est étudié par elle au plus près de son langage. Si le discours de Schreber n’a pas de visée poétique, il en va tout autrement de l’écriture d’Arcan dans Putain qui, si elle avance à un rythme qui rappelle la parole délirante, n’en est pas moins une riche construction poétique dont on peut analyser les ressorts. Cet article apporte un éclairage inédit sur le roman Putain de Nelly Arcan en dévoilant les liens poétiques étroits qu’il entretient avec le délire de Schreber.
Abstract
Nelly Arcan, under her real name, Isabelle Fortier, wrote a thesis for a Master’s degree in psychoanalytically-oriented literary studies (2003). With the exception of a few references here and there in academic articles, there has been no analysis until now of Nelly Arcan’s work other than in the theoretical consideration that is laid out in that thesis entitled “Le poids des mots ou la matérialité du langage dans Les mémoires d’un névropathe de Daniel Paul Schreber.” Nevertheless, there are many connections. Schreber’s delirium, recorded in his memoirs, is designed by Fortier as an attempt “to prevent the definitive collusion” which man feels drawn to, an attempt to “establish a signifying order capable of supporting the subject” (2003, 21). This delirium, that thus appears as a defense mechanism against psychosis, is studied closely by her in terms of its language. If there are no poetic aims in Schreber’s dialogue, quite the opposite is apparent in Arcan’s writing in Putain which, even if it proceeds at a rhythm reminiscent of delirious speech, is nonetheless a rich poetic construction whose inner workings can be analyzed. This article sheds new light on Nelly Arcan’s novel Putain by unveiling the direct poetic connections that it maintains with Schreber’s delirium.
Resumen
Nelly Arcan, redactó una tesis de maestría en estudios literarios de orientación psicoanalítica (2003) utilizando su verdadero nombre, Isabelle Fortier. Salvo ciertas menciones aquí en algunos textos académicos, ningún estudio ha analizado hasta ahora la obra literaria de Nelly Arcan a partir de la reflexión teórica que se despliega en esta tesis titulada "Le poids des mots ou la matérialité du langage dans Les mémoires d’un névropathe de Daniel Paul Schreber” (El peso de las palabras o la materialidad del lenguaje en las Memorias de un neurópata de Daniel Paul Schreber). Sin embargo, hay muchos puentes. Fortier concibe el delirio de Schreber, registrado en sus memorias, como un intento de "impedir la colusión definitiva" hacia la que el hombre se siente arrastrado, un intento de "implantar un orden representativo que pueda sostener al sujeto" (2003, 21). Este delirio, que aparece además como un medio de defensa contra la psicosis, ella lo estudia acercándose lo más posible a su lenguaje. Si el relato de Schreber carece de objetivo poético, no puede decirse lo mismo de la escritura de Arcan en Putain (Puta), que, si bien avanza a un ritmo que recuerda el discurso delirante, no deja de ser una rica construcción poética en la que se pueden analizar los recursos. Este artículo aporta una nueva visión de la novela Putain (Puta) de Nelly Arcan al revelar los estrechos vínculos poéticos que mantiene con el delirio de Schreber.