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Raulin Anne et Chantal Crenn (dir.), 2021, « Nouvelles questions ethniques », Dossier thématique, Revue européenne des migrations internationales, 37, 3-4.

  • Beatrice Zani

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  • Beatrice Zani
    Département d’études est-asiatiques, Université McGill, 680, rue Sherbrooke Ouest RM 425, Montréal (Québec) H3A 2M7, Canada
    beatrice.zani@mcgill.ca

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Couverture de Anthropologie politique du travail, Volume 47, numéro 1, 2023, p. 11-240, Anthropologie et Sociétés

« L’ethnique est quotidien », écrivait en 2001 Anne Raulin en montrant l’existence, ou même la coexistence d’une pluralité de réalités culturelles dans nos sociétés contemporaines. Vingt ans après, ce propos reste d’une grande actualité. Cependant, malgré la multiplication et la complexification d’expériences, de pratiques et de « situations ethniques » (Raulin et Crenn p. 9) dans le monde, la signification et l’usage du concept d’« ethnique » ne font pas consensus, soulèvent des polémiques, quand le terme lui-même n’est pas effacé du vocabulaire des sciences sociales — ce que les anthropologues Anne Raulin et Chantal Crenn constatent, au moins pour la France. Cet argumentaire est au coeur de ce dossier thématique, fruit d’une réflexion développée depuis le premier congrès d’AnthropoVilles, l’Association d’anthropologie urbaine, en 2019, pendant une session intitulée « Ce que la ville fait à l’ethnicité », organisée par la même Anne Raulin. Aujourd’hui, les pistes de recherche dégagées à l’époque sont poussées plus loin, en posant la focale sur l’articulation entre « situations ethniques » et expériences migratoires en lien avec la France. Cependant, le lectorat canadien ne sera pas désorienté au fil des pages : il s’agit là d’explorations empiriques dont la portée théorique et épistémologique dépasse les spécificités de la France et représente un terrain fertile pour l’analyse comparative. À travers les espaces, les temps et les sociétés, les concepts d’ethnicité et d’ethnique, ainsi que de groupe ethnique ont pris des directions très différentes, construits sur des terrains socialement et politiquement contestés. Dans des démocraties européennes et nord-américaines, ils sont rentrés à la fois dans les discours quotidiens et dans les politiques de différenciation et en faveur de certains groupes (Stone 1995). Dans le monde académique, malgré leur valeur heuristique, l’usage de ces concepts demeure varié. Et cela, non seulement en fonction de la diversité des terrains d’enquête, mais aussi selon les traditions scientifiques, qui diffèrent de chaque côté de l’Atlantique. Au Canada et aux États-Unis, le terme ethnicité est courant dans la littérature. Plus ou moins spontanément, depuis les années 1960, il a progressivement remplacé celui de race et de culture (Wolf 1994) et il fait quotidiennement l’objet d’intitulés de manuscrits, cursus universitaires et revues scientifiques — pensons aux Canadian Ethnic Studies ou Ethnic and Racial Studies, juste pour en mentionner deux. Alors qu’en France, où il fut longtemps un mot passepartout ou, au contraire, tabou (Gallissot et al. 2000), « les questions ethniques semblent aujourd’hui moins investies », faisant l’objet d’un « recul de crédibilité scientifique aux côtés de celui de race » —, comme l’écrit Hélène Bertheleu (p. 179 dans ce dossier). Sans tomber dans le piège des culturalismes ou des universalismes, Raulin et Crenn, avec les huit anthropologues et ethnologues contribuant à ce dossier, nous proposent de repenser l’« ethnique » sous sa forme adjective et non substantive, ce qui en souligne la plasticité. Reconnaître l’ethnique comme catégorie pertinente n’implique aucunement de la considérer comme close, fermée sur elle-même, pas plus ni moins que tout autre catégorie sociologique. L’ethnique — construit sémantiquement comme le « religieux » — n’est pas exempt de porosité et d’hybridation, ce qui amène ces autrices à envisager le terme transethnique, qui vient désigner la capacité et la fréquence des circulations interethniques, en particulier sur le plan culturel. Par ailleurs, il ne s’agit pas d’en faire une pure critique épistémologique (Fabietti 1997) qui serait une fin en soi, mais de considérer, à partir de la complexité des terrains étudiés, les transformations contemporaines qui investissent nos mondes sociaux. Non seulement on ne peut plus faire l’impasse sur les transitions post-socialistes et post-coloniales, caractérisées par l’émergence de …

Parties annexes