Comptes rendus de lecture et entrevue d'auteur.e

Il faut être audacieux : histoires et territoires d’entrepreneurs en situation de handicap, Julien Billion et Claire Doussard, Éditions EMS, 2023

  • Jérémie Renouf

…plus d’informations

  • Jérémie Renouf
    Enseignant chercheur en entrepreneuriat, ISC Paris

L’auteur du compte rendu vous présente également ce dernier sous forme de balado auquel vous pouvez accéder ici.

L’accès à cet article est réservé aux abonnés. Seuls les 600 premiers mots du texte seront affichés.

Options d’accès :

  • via un accès institutionnel. Si vous êtes membre de l’une des 1200 bibliothèques abonnées ou partenaires d’Érudit (bibliothèques universitaires et collégiales, bibliothèques publiques, centres de recherche, etc.), vous pouvez vous connecter au portail de ressources numériques de votre bibliothèque. Si votre institution n’est pas abonnée, vous pouvez lui faire part de votre intérêt pour Érudit et cette revue en cliquant sur le bouton “Options d’accès”.

  • via un accès individuel. Certaines revues proposent un abonnement individuel numérique. Connectez-vous si vous possédez déjà un abonnement, ou cliquez sur le bouton “Options d’accès” pour obtenir plus d’informations sur l’abonnement individuel.

Dans le cadre de l’engagement d’Érudit en faveur du libre accès, seuls les derniers numéros de cette revue sont sous restriction. L’ensemble des numéros antérieurs est consultable librement sur la plateforme.

Options d’accès

Ce livre intitulé Il faut être audacieux : histoires et territoires d’entrepreneurs en situation de handicap est une collaboration entre Julien Billion, professeur en innovation et en entrepreneuriat à l’ISC Paris, et Claire Doussard, professeure à l’École spéciale d’architecture. Les auteurs explorent les parcours de plusieurs entrepreneurs français en situation de handicap. Le titre de l’ouvrage annonce la couleur. Les entrepreneurs interrogés ont fait preuve d’audace pour créer et gérer une entreprise. La définition d’« audace » étant de tirer parti d’une situation difficile par une attitude résolue, le terme semble effectivement approprié à la lecture des récits. L’ouvrage ne tombe pas dans le cliché de l’entrepreneur superhéros surmontant avec plus ou moins d’aisance tous les obstacles rencontrés sur son chemin. Les auteurs prennent le temps d’expliquer les spécificités des uns et des autres et la manière dont ils construisent leur projet avec les contraintes qui sont les leurs. D’ailleurs, certains réfutent qu’on les place dans cette catégorie. C’est le cas de Kader, infirme moteur cérébral, qui « ne se considère pas comme handicapé, car il est né avec ce corps » (p. 53). La manière dont autrui perçoit le corps ou l’esprit de son prochain peut effectivement le réduire à cette unique condition. C’est particulièrement vrai selon moi lorsque les auteurs passent en revue la littérature sur ce sujet, car celle-ci a tendance à considérer les entrepreneurs en situation de handicap comme un groupe homogène (Hutchinson, Lay, Alexander et Ratcliffe, 2021). Il semblerait que les handicapés créent des entreprises moins performantes que les valides, qu’ils soient plus résilients, plus créatifs, prennent plus d’initiatives et que l’entrepreneuriat les responsabilise (p. 26). Il est préférable aussi qu’ils exercent à distance, car cela permet, semble-t-il, « de travailler dans un lieu adapté au handicap de l’entrepreneur, distinct de ceux des autres » (p. 30). Cachez cet entrepreneur que je ne saurais voir. Pas sûr qu’Oscar, diplômé de UC Berkeley et de SciencePo Paris soit du même avis (p. 55). Pour cet entrepreneur sourd, le succès est au rendez-vous. Son application qui permet aux sourds et aux malentendants de téléphoner est une référence mondiale. En sachant que son offre concerne aussi les personnes travaillant dans un endroit bruyant. On comprend pourquoi il « souhaite éviter qu’on le mette dans des cases » (p. 56). Comprenez, les étiquettes lui collent à la peau. Fort heureusement, les auteurs précisent que des facteurs tels que la propriété, l’ancienneté, les motivations et le capital social semblent avoir une influence plus significative sur la réussite ou l’échec d’une entreprise (p. 24). Pour analyser un phénomène, il faut bien avoir des verticales de lecture. C’est toute la difficulté de l’exercice. Comprendre sans stéréotyper. Pour éviter cet écueil, les auteurs choisissent judicieusement de retracer chaque parcours de vie. Les rétinopathies côtoient les scléroses en plaques et les méningites aigües. L’un ne peut pas se déplacer sans son chien guide. L’autre a besoin de sa mère à proximité pour traduire ses paroles lorsqu’on ne le comprend pas. Chaque objet d’étude est humanisé. C’est l’avantage d’écrire un ouvrage de 200 pages. On peut prendre son temps. Jerry « écrit avec son nez, sur son téléphone, sa tablette ou son ordinateur » (p. 46). Vincent a « 1/10 à chaque oeil » (p. 47). Diane ne peut pas monter les étages « si les escaliers n’ont pas de rampe » (p. 50). Kader préfère se déplacer en fauteuil en hiver, car le corps fatigue plus vite, « le reste de l’année, il marche » (p. 53). Samir doit « faire appel à son associé, qui est entendant, pour téléphoner » (p. 55). …

Parties annexes