Comptes rendus

Girard, Camil et Carl Brisson. Alliances et traités avec les peuples autochtones du Québec. L’histoire de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk. La Nation malécite du Saint-Laurent. Québec et Paris, Presses de l’Université Laval et Hermann, 2021, 344 p.

  • Emmanuel Michaux

…plus d’informations

  • Emmanuel Michaux
    Anthropologue indépendant

L’accès à cet article est réservé aux abonnés. Seuls les 600 premiers mots du texte seront affichés.

Options d’accès :

  • via un accès institutionnel. Si vous êtes membre de l’une des 1200 bibliothèques abonnées ou partenaires d’Érudit (bibliothèques universitaires et collégiales, bibliothèques publiques, centres de recherche, etc.), vous pouvez vous connecter au portail de ressources numériques de votre bibliothèque. Si votre institution n’est pas abonnée, vous pouvez lui faire part de votre intérêt pour Érudit et cette revue en cliquant sur le bouton “Options d’accès”.

  • via un accès individuel. Certaines revues proposent un abonnement individuel numérique. Connectez-vous si vous possédez déjà un abonnement, ou cliquez sur le bouton “Options d’accès” pour obtenir plus d’informations sur l’abonnement individuel.

Dans le cadre de l’engagement d’Érudit en faveur du libre accès, seuls les derniers numéros de cette revue sont sous restriction. L’ensemble des numéros antérieurs est consultable librement sur la plateforme.

Options d’accès
Couverture de L’Amérique dans le <em>Mercure galant</em> sous Louis XIV, Volume 76, numéro 1-2, été–automne 2022, p. 1-283, Revue d’histoire de l’Amérique française

L’ouvrage de Camil Girard et Carl Brisson, leur troisième sur le thème des traités et des alliances, représente une avancée majeure dans la (re)connaissance du peuple malécite (wolastoqiyik) au Québec. Au terme de cet ouvrage, le lecteur s’étonnera sans doute d’avoir si peu entendu parler des Malécites jusque-là. Car cette nation autochtone est au coeur de l’histoire canadienne de par ses participations à divers traités dès 1603, ses échanges culturels et économiques avec les colons ou encore ses revendications territoriales et culturelles. Ils ont été évacués de la mémoire collective au 19e siècle, avant de renaître en tant que nation en 1987. Depuis, les Malécites au Québec reconstruisent leur histoire, en se donnant notamment un nom : la Première Nation malécite de Viger puis la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk. Par ce dernier terme, ils s’identifient non plus à leur village perdu de Viger (près de Rivière-du-Loup), mais à leur territoire traditionnel qui englobe la rivière Saint-Jean et le rivage du Saint-Laurent. Ce faisant, ils renouent avec leur histoire, avec les alliances et les traités conclus avec les monarchies française puis anglaise, faisant fi des politiques canadiennes d’exclusion, de sédentarisation et d’assimilation des Autochtones. Ce renversement de perspective historique représente l’axe de recherche privilégié dans cet ouvrage. Les auteurs s’appuient, dans leur travail de déconstruction  /  reconstruction historique, sur de nombreuses sources bibliographiques et archivistiques. En annexe sont d’ailleurs publiés les principaux documents historiques analysés. En outre, les auteurs ont produit une quinzaine de cartes inédites qui donnent un ancrage historique et territorial aux Malécites. Le résultat souffre cependant de quelques faiblesses de mise en forme. On pourra noter un style littéraire inégal, qui n’entrave cependant pas la compréhension du propos. Par contre, la structure de l’ouvrage en quatre niveaux sans hiérarchisation numérique des titres ne facilite pas la lecture. De plus, la narration chronologique, pas toujours évidente à suivre avec ses nombreux retours en arrière, accumule les redites et entrave le travail de synthèse des auteurs. C’est bien plus sur le fond du propos que l’ouvrage trouve toute sa force et sa cohérence. Son intérêt ne s’arrête pas à l’étude d’une nation amérindienne méconnue qui, à cause d’une politique coloniale particulièrement désastreuse, se trouva dispersée puis oubliée. Cette recherche, originale par son sujet d’étude, se montre aussi singulière en raison de son axe de recherche. Partant du constat que l’histoire nationale au Canada néglige délibérément l’importance historique des relations dites de « nations à nations » entretenues avec les Autochtones durant la majeure partie de l’époque coloniale, les auteurs proposent, dans une déconstruction des mythes de fondation nationale, de reconstruire cette histoire en changeant nos représentations des Autochtones du Canada. Les cinq premiers chapitres s’intéressent ainsi aux alliances et aux traités euroamérindiens du 16e au 18e siècle. Les deux premiers chapitres sont entièrement consacrés aux premiers contacts et au développement de la Nouvelle-France. Les auteurs rappellent que les Malécites, aux côtés de leurs alliés innus et algonquins (anishinaabés), sont les acteurs, dès 1603, de la naissance d’une politique officielle d’alliances franco-amérindiennes entre nations libres et indépendantes. Les échanges commerciaux et la paix sont au fondement de ces traités qui reconnaissent les droits territoriaux et culturels des nations autochtones. Le chapitre 2 est de loin le plus long du livre. Il couvre une riche période d’alliances avec la France pourtant oblitérée par l’histoire nationale au profit de la Proclamation royale de 1763 et des politiques de pacification  /  sédentarisation  /  assimilation qui suivront. Ce chapitre est également l’occasion pour les auteurs de proposer une carte détaillée inédite du territoire traditionnel des Malécites (p. 121). Elle représente la synthèse …