Comptes rendus

Bouchard, Michel, Sébastien Malette et Guillaume Marcotte. Les Bois-Brûlés de l’Outaouais. Une étude ethnoculturelle des Métis de la Gatineau. Québec, Presses de l’Université Laval, 2019, 282 p.Marcotte, Guillaume. De freemen à Métis. L’histoire retrouvée des gens libres entre la Baie-James et Montréal. Québec, Presses de l’Université Laval, 2021, 343 p.

  • Gratien Allaire

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  • Gratien Allaire
    Université Laurentienne

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Couverture de L’Amérique dans le <em>Mercure galant</em> sous Louis XIV, Volume 76, numéro 1-2, été–automne 2022, p. 1-283, Revue d’histoire de l’Amérique française

Quelles sont et où sont les populations métisses du Canada ? La réponse à ces deux simples questions n’est pas aussi évidente qu’il y paraît, et elle a pris une très grande importance depuis que la Charte canadienne des droits et libertés a reconnues ces populations comme Autochtones, au même titre que les Premières Nations et les Inuits. Si les critères servant à définir leurs communautés ont été établis par la Cour suprême du Canada dans l’arrêt Powley de 2003, leur interprétation prête encore à controverse entre le Ralliement national métis ou Métis National Council et les associations métisses de l’est du Canada qui revendiquent leur appartenance métisse. Pour le premier, la seule nation métisse est originaire de la Rivière-Rouge ; elle s’est dispersée dans les Prairies et est devenue pratiquement silencieuse sous l’effet de la discrimination britanno-ontarienne et eurocanadienne. Cette définition exclut toute autre communauté, comme le Ralliement se présente dans Les Métis, un volume de l’Atlas des peuples autochtones du Canada du Canadian Geographic (Ottawa, Société géographique du Canada, 2018, p. 8-9). Dans un tel contexte, impossible d’ignorer le débat juridique et politique qui touche la reconnaissance des communautés métisses de l’est du Canada. Des experts universitaires, historiens, anthropologues et sociologues, nient leur existence et traitent cette position de « révisionnisme historique » et de « mythologie du métissage » (voir l’article de Darryl R. Joseph Leroux paru en 2018 dans la revue Politiques et Sociétés). D’autres experts affirment au contraire l’existence de ces communautés en se référant à l’ethnogénèse, un champ de recherche qui remonte aux années 1980, comme le rappelle Étienne Rivard dans « Les sentiers battus de l’ethnogénèse métisse au Québec » (Francophonies d’Amérique, 2015-2016). Les deux ouvrages recensés sont de la seconde catégorie. Quoique publié après le collectif de Michel Bouchard, Sébastien Malette et Guillaume Marcotte, celui écrit par Marcotte seul vient historiquement en premier, comme mémoire de maîtrise soutenu en 2018 à l’Université de Saint-Boniface. Sa primauté relève aussi de son sujet, les freemen du corridor des rivières Outaouais et Abitibi reliant Fort Moose et la baie James à la région de Montréal, ces hommes du milieu du 19e siècle qui sont à l’origine de la communauté métisse de l’Outaouais. Le collectif traite de l’histoire et de l’existence continue de ces communautés de Bois-Brûlés, plus particulièrement celle de Maniwaki (autrefois rivière Désert) dans la haute Gatineau. Les chercheurs utilisent l’ethnohistoire comme cadre méthodologique, que Marcotte définit à la suite de Roland Viau (2015) comme « l’ethnographie d’une population autochtone à une époque donnée de son histoire et en reconstituant divers aspects de sa culture » (Marcotte, p. 7). Marcotte insiste aussi sur le concept de l’ethnogénèse métisse, définie comme « le processus ayant favorisé l’émergence d’une identité métisse à partir du vécu de ces familles de gens libres » (ibid., p. 8) et sur l’agencéité, c’est-à-dire la capacité de ces derniers de mener leur vie en passant du statut d’homme libre à celui d’un engagé en mesure de négocier ses conditions d’emploi. Le collectif, pour sa part, s’en tient à l’enquête ethnohistorique, une « approche bien connue des chercheurs dans le domaine des études métisses » (Bouchard et al., p. 3). Ils sont guidés par huit critères distinctifs, à savoir les sept qu’utilise une série de rapports ethnologiques ontariens, soit l’origine, l’expérience commune, la reconnaissance culturelle, la structure sociale, les éléments politiques et idéologiques, les éléments géographiques et les éléments culturels, auxquels ils ajoutent les ethnonymes métis (ibid., p. 45). Ils définissent deux concepts de base : la communauté selon Victor Azarya …