Comptes rendus

Philippe Volpé. À la frontière des mondes : jeunesse étudiante, Action catholique et changement social en Acadie (1900-1970), Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa, 2021, 392 p., coll. « Amérique française »

  • Catherine Tremblay

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  • Catherine Tremblay
    Université du Québec à Chicoutimi

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Couverture de Regards intellectuels sur la Révolution tranquille, I, Volume 23, numéro 1, automne 2022, p. 5-132, Mens

Dans cet ouvrage tiré de sa thèse de doctorat, Philippe Volpé s’intéresse à l’histoire des mobilisations collectives en Acadie, plus spécifiquement, au rôle de la jeunesse estudiantine et de ses mouvements d’Action catholique dans la construction et la définition de la petite société acadienne. L’étude, bien que principalement menée en amont des années 1960, présente l’histoire de ces mouvements jusqu’aux portes des années 1970. Le livre retrace ainsi les fondements idéologiques et axiologiques des actions des premières associations de jeunes en Acadie, fondées par des adultes au début du xxe siècle, jusqu’au syndicalisme étudiant des années 1960. Il exclut toutefois les mobilisations étudiantes des années 1968-1969. Si ce choix est à première vue étonnant, il trouve sa justification dans la volonté de l’auteur de proposer, entre autres, de nouveaux éléments pour reconsidérer le « moment 68 ». L’étude a assurément le mérite d’être courageuse et ambitieuse. Comme Volpé l’affirme d’emblée : « Encore aujourd’hui, nous devons reconnaître que c’est à peine forcer le trait que d’affirmer que l’histoire des mobilisations collectives et de leurs fondements idéologiques en Acadie de la première moitié du xxe siècle est méconnue » (p. 1). La conséquence de cette carence est un « découpage binaire » de l’histoire des mobilisations collectives acadiennes, favorisant l’angle d’interprétation de la rupture dans lequel s’opposent société traditionnelle et société moderne. Cette interprétation – qui a fait de l’année 1960 un moment charnière amorçant le passage de la société acadienne d’un catholicisme « régressif » vers un libéralisme « progressif » (et qui rappelle le mythe de la Grande Noirceur québécoise) – a, en grande partie, détourné le regard des chercheurs des relations entre l’Église, l’État et la société. Ainsi, même lorsque les historiens vont se consacrer à l’histoire socioéconomique et pourfendre les représentations obscurantistes du passé acadien, comme l’indique Volpé, « aucune relecture d’ensemble ou analyse de fond des mobilisations collectives acadiennes d’avant les années 1960 n’a pour autant été offerte » (p. 7). Pour éclairer cet angle mort de l’historiographie, l’auteur adopte la posture épistémologique de la nouvelle sensibilité historiographique, courant qui a fait de l’Action catholique l’un de ses sujets favoris pour interroger le passé canadien-français. L’auteur va ainsi à la recherche non pas de « brèches » révélatrices du changement social des années 1960, mais bien « des “intentions primordiales”, soit des initiatives, des ambitions et des idées des acteurs, mises en contexte dans leur présent aux possibilités et aux contradictions multiples » (p. 21). La démonstration qu’il effectue confirme la pertinence de ce choix. L’auteur développe son propos en cinq chapitres dans lesquels on retrouve un corpus de sources riches et diversifiées (constitué notamment des archives des principales associations de jeunes et d’Action catholique à l’étude, d’archives privées, d’articles de la presse acadienne et, élément intéressant, d’archives des diocèses et des communautés religieuses enseignantes des provinces maritimes « inconnu[e]s du public »). L’ouvrage adopte une structure chronologique. Le chapitre 1 est consacré à l’entrée progressive des jeunes dans l’espace public du début du xxe siècle jusqu’aux années 1930. On y retrace principalement le parcours de l’Association catholique de la jeunesse acadienne (ACJA) et de l’Association catholique de la jeunesse canadienne-française (ACJC). Fondée en 1908 par quelques clercs et nationalistes acadiens, l’ACJA conjugue Action catholique et Action nationale. Les Acadiens vont toutefois, au début des années 1930, délaisser cette association érigée en organe du nationalisme acadien au profit de l’ACJC, constituée en mouvement d’apostolat laïque épuré de son mandat nationaliste. Le chapitre 2 revient plus en détail sur cette association (ACJC) et sur la question sociale au coeur des mouvements acéjistes. Bien que …