Résumés
Résumé
Traduire est une pratique du seuil, traduire est une pensée du seuil. La position paratraductionnelle vient décliner ce double postulat à l’encontre des théories de la traduction comme passage. Sans résistance, le passage entre les deux langues-cultures équivaut à un simple transcodage, la transfusion sémantique d’un corps culturel à un autre, une opération que pourrait prendre en charge une machine et qui mériterait à peine le nom de traduction. Traduire, en d’autres termes, commence lorsqu’on touche à de l’intraduisible, plus exactement lorsqu’on reste sur le seuil du traduisible. La particule du traduire n’est pas en (traduit en japonais, traduit en français, traduit en …) mais entre, entre les deux langues, les deux textes, les deux cultures, les deux historicités. Considérer le seuil comme lieu du traduire permet cet accueil bilatéral. Toute langue étant pour une autre une langue étrangère, les deux langues en présence en suscitent une troisième, nouvelle pour chaque traduction et au seuil de laquelle existent les deux premières.
Mots-clés :
- seuil,
- paratraduction,
- théorie de la traduction
Abstract
Translating is a practice as well as a way of thinking which both find in the threshold a perfect symbol. The paratranslational position expresses this double postulate against the theories of translation as passage. Without any resistance, the passage between two languages amounts to a mere transcoding, a semantic transfusion from one cultural body to another, an operation that could be handled by a machine and which would hardly deserve the name of translation. Translating, in other words, begins when one touches on the untranslatable, more exactly when one remains on the threshold of the translatable. The particle of translating is not into (translated into Japanese, translated into French, translated into …) but between, between the two languages, the two texts, the two cultures, the two historical situations. Considering the threshold as the place of translation allows such a bilateral reception. Every language being for another one a foreign language, the two languages generate a third one, new for each translation, and on the threshold of which the first two stand.
Keywords:
- thershold,
- paratranslation,
- translation theory
Resumen
Traducir es una práctica del umbral, traducir es un pensamiento del umbral. La posición paratraductológica afirma con rotundidad este doble postulado frente a las teorías de la traducción como paso o simple transferencia. Sin resistencia, el paso entre dos lenguas-culturas equivale a una simple transcodificación, a la transfusión semántica de un cuerpo cultural a otro, una operación que podría llevar a cabo una máquina y que apenas merecería el nombre de traducción. En otras palabras, traducir es un acto que empieza cuando se roza lo intraducible, más exactamente cuando uno se queda en el umbral de lo traducible. La partícula del acto de traducir no es a (traducido al japonés, traducido al francés, traducido a …) sino entre, entre las dos lenguas, los dos textos, las dos culturas, las dos historicidades. Considerar el umbral como lugar del acto de traducir permite esta acogida bilateral. Dado que toda lengua es para otra una lengua extranjera, las dos lenguas en presencia provocan la aparición de una tercera, nueva para cada traducción y en el umbral de la cual existen las dos primeras.
Palabras clave:
- umbral,
- paratraducción,
- teoría de la traducción
Parties annexes
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