In Memoriam

Lori Saint-Martin (1959-2022), professeure, chercheuse, essayiste, écrivaine et traductrice

  • Marie-Andrée Roy

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  • Marie-Andrée Roy
    UQAM/RéQEF

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Couverture de Configurations des héritages féministes, Volume 35, numéro 1-2, 2022, p. 1-381, Recherches féministes

Lori Saint-Martin, un parcours hors du commun. On ne naît pas femme, disait de Beauvoir, on le devient. Lori n’est pas née Saint-Martin; elle l’est devenue à l’été 1983 en choisissant son nom dans l’annuaire téléphonique de Québec, alors qu’elle poursuivait ses études doctorales en littérature québécoise à l’Université Laval. Très tôt dans sa vie, Lori a fait le difficile pari de se réinventer en continu pour être en mesure de devenir celle qu’elle voulait être : « J’ai changé de lieu, de langue, de nom, de tout. Je voulais, je devais rompre pour vivre. […] j’avais six certitudes : je ferais des études, je partirais, je changerais de langue, je changerais de nom, j’écrirais. Je vivrais à Paris. Toutes se sont réalisées, sauf la dernière. » Mais c’est à l’occasion d’un xième séjour professionnel à Paris qu’elle a rendu son dernier souffle, le 21 octobre 2022. Lori Saint-Martin, la professeure, chercheuse, essayiste, écrivaine et traductrice, laisse derrière elle une oeuvre gigantesque. Professeure en études littéraires à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) à compter de 1991, elle a créé et enseigné un grand nombre de cours sur les femmes et la littérature au Québec, sur les approches féministes en littérature, sur des corpus d’autrices, etc., et ce, à tous les cycles universitaires. Par son implication à l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF) de l’UQAM, elle a notamment contribué au développement de la programmation en études féministes (certificat et concentration de troisième cycle en études féministes). Elle a dirigé un nombre incroyable de mémoires et de thèses (plus de 70) et a formé plus d’une génération de jeunes chercheuses. Le témoignage de ses anciennes étudiantes est éloquent. Je retiens celui de Julie Brunet : « Lori Saint-Martin […] Ma plus grande inspiration. Celle qui m’a introduite aux études féministes. À un féminisme joyeux et néanmoins tenace. Qui m’a initiée à de grandes autrices. Qui a façonné ma manière de lire, de concevoir les oeuvres littéraires […]. Voire ma manière de lire et de vivre la vie en tant que femme. Dans ma carrière de proffe de littérature au cégep, je me suis fait un point d’honneur de transmettre ce qu’elle m’avait légué. De poursuivre son oeuvre. […] Elle parlait souvent de cela, la transmission ». Lori Saint-Martin n’a eu de cesse de soutenir le déploiement de l’écriture de ses étudiantes et de voir à la publication de leurs écrits. Professeure exigeante, elle a appris à ses étudiantes à développer leur rigueur intellectuelle et à mieux articuler leur pensée. C’est ce que soutient Rosemarie Guillemette-Fournier dans un vibrant témoignage livré à l’occasion de l’hommage rendu à Lori Saint-Martin par l’Académie des lettres du Québec, le 14 décembre 2022 : « Si j’ai un jour la chance de marcher dans les pas de ma mentore, j’espère que je pourrai transmettre aux chercheuses de demain le même enthousiasme et la même rigueur, et que je saurai leur faire miroiter leur propre excellence, comme Lori m’a fait rêver à la mienne. » On doit à la chercheuse et essayiste Saint-Martin la publication d’anthologies, d’éditions critiques et d’analyses des écrits des grandes pionnières de l’écriture des femmes au Québec : Laure Conan, Gabrielle Roy, Anne Hébert, Gabrielle Roy et Germaine Guèvremont. On lui doit aussi deux grandes études fouillées, l’une sur le nom de la mère et l’autre sur celui du père dans les écrits des créatrices et créateurs québécois, de même que des essais sur l’écriture au féminin et sur la construction de la masculinité. Toute cette recherche sera également diffusée dans une multitude d’articles savants et de conférences scientifiques prononcées, sur invitation, …

Parties annexes