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Éditorial

La transition au sein de l’équipe de Meta, entamée au début de cette année, se passe plutôt bien et nous retrouverons bientôt notre vitesse de croisière. Nous avons accusé un retard assez considérable pour le 67(1) et nous nous en excusons. Nous avons un autre retard, quoique nettement moindre, pour le présent numéro 67(2), dont nous nous excusons également, mais nous espérons être à l’heure pour le numéro spécial qui s’en vient. Notre nouvelle assistante à l’édition, Séverine Lovisi est désormais fonctionnelle. Quant à Eve-Marie Gendron-Pontbriand, elle s’est convertie en une consultante précieuse.

Cela dit, ce numéro est de nouveau marqué tant par la variété des thèmes abordés que par l’origine des auteures et auteurs. Le numéro s’ouvre sur deux articles sur la pédagogie de la traduction qui demeure malheureusement le parent pauvre de la traductologie. Le premier observe des étudiants turcs traduisant un texte scientifique. L’observation porte sur les comportements des étudiants aux prises avec la recherche d’informations et les outils technologiques. La méthode utilisée est celle des protocoles TAP et protocole monologue. Les résultats soulignent l’impérieuse nécessité de guider les étudiants. Le second réévalue le concept de l’enseignement à distance d’urgence (EDU) à partir des réflexions de professeurs de traduction dans trois universités croates. La pandémie de la COVID-19 a forcé les enseignants à repenser leur vie, à s’adapter au nouvel environnement et à acquérir de nouvelles compétences. Quelques recommandations sont proposées en conclusion.

La littérature subsaharienne fait l’objet de l’article d’auteures danoise et belge. À partir d’une analyse comparée du cheminement traductionnel de huit romans francophones d’Afrique subsaharienne vers trois espaces littéraires dits périphériques de l’Europe du Nord – le Danemark, la Suède et les Pays-Bas –, l’article vise, d’une part, à apporter un ajustement catégoriel aux modèles existants basés sur la langue source pour mieux rendre compte de la circulation internationale des littératures francophones en traduction et, de l’autre, à examiner les dynamiques traductionnelles à partir des langues cibles et ainsi contribuer à élucider le rôle d’intermédiaire joué par les différentes langues et centres littéraires.

Suivent deux articles qui s’occupent des langues autochtones, l’un au Canada, l’autre au Pérou. Le premier est le fruit de la collaboration entre une chercheure canadienne et son collègue français. Il porte sur l’examen de la traduction en inuktitut de deux poèmes rédigés en anglais, appartenant à un recueil anticolonialiste publié en 2020. À partir de cet examen, les auteurs abordent les enjeux de l’écotraduction. Le second adopte une approche ontologique de la traductologie en contexte postcolonialiste. L’auteure analyse le potentiel herméneutique de la traduction ontologique à partir de l’auteur bilingue quechua-espagnol José María Arguedas qui s’est penché sur la complexité de traduire la vision du monde quechua en espagnol.

Dans un tout autre ordre d’idées, l’article suivant étudie la traduction dans les affiches de partis politiques au Québec, plus particulièrement l’incidence de cette traduction sur les choix politiques. Une enquête menée par les auteurs auprès d’électeurs québécois francophones et non francophones a permis de déceler les divergences et les convergences de préférences de la part des différents groupes au sujet du bilinguisme anglais-français et la présence d’une langue autochtone sur les affiches.

Nous présentons ensuite trois articles que l’on pourrait qualifier de linguistiques-discursifs. Le premier traite des particules modales, le deuxième de la hiérarchie et le troisième de la manière de parler. Dans le premier, les auteures se penchent sur la normalisation et l’influence interlinguistique (anglais-chinois) dans la littérature pour enfants. En combinant des analyses quantitatives et qualitatives, elles cherchent à déterminer si les traducteurs ont tendance à (sur-)normaliser les livres pour enfants selon les normes du genre dans la culture de réception, et voir s’il existe des preuves des effets de l’influence interlinguistique. Dans l’ensemble, l’étude montre qu’il y a normalisation mais pas sur-normalisation. Le deuxième porte sur la hiérarchie en vigueur dans la société et les organisations japonaises lorsque les polars sont traduits dans le cadre de la littérature mondiale. L’article explore les stratégies de traduction des rapports hiérarchiques en se fondant sur le roman Dai san no jikō (The Third Deadline) de Hideo Yokoyama comme étude de cas. Il propose une méthodologie qui aiderait les traducteurs à adopter une approche avertie de la traduction de la notion de hiérarchie. Le troisième examine la manière de parler (p.ex. murmurer, chuchoter) dans un corpus parallèle de textes narratifs. L’objectif est double : examiner le comportement de traduction par rapport à la manière de parler dans un contexte de traduction de langue à cadrage satellitaire à langue à cadrage verbal (allemand-espagnol), tout en prêtant une attention particulière à la traduction des verbes qui introduisent un discours direct et deuxièmement, comparer les résultats à des données d’études préalables comparables, en rapport avec les schémas de communication et de mouvement.

Le numéro se termine sur l’entrevue d’un collaborateur de Meta de la première heure, le jurilinguiste bien connu, Jean-Claude Gémar.

Bonne lecture !