Corps de l’article

Dans un contexte global, ce travail de recherche reprend la question de l’imprécision des statistiques officielles dans l’industrie touristique (Violier, 2011 ; De Cantis et al., 2015). Elles sont fondées sur la définition institutionnelle du tourisme qui rassemble des mobilités de natures très différentes (Violier et Taunay, 2019). Cette définition qui mêle essentiellement les voyages d’affaires et ceux de « recréation » – pour utiliser l’expression développée par l’équipe MIT en 2002 –, défendue principalement par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), ne permet pas d’appréhender les enjeux réels du déplacement pour les individus, et donc de les comprendre (MIT, 2002). Une analyse plus détaillée qui distingue la mobilité touristique des autres formes de mobilités est évoquée par Philippe Violier (2013). Les soucis de comparabilité et de normativité dans les productions statistiques de l’OMT (Stock et al., 2017) reflètent son objectif mondialisant qui présente des données approximatives. Dans le Yearbook of Tourism Statistics[1] qui, pour chaque pays de destination, liste les provenances des voyageurs selon les États du monde, on relève trois modalités imprécises de comptage des touristes : le comptage des individus qui franchissent la frontière (pour 191 pays) ; l’enregistrement dans des hébergements (pour 98 pays) ; et enfin le dénombrement des nuitées qui y sont passées (pour 109 pays). La plus grande faiblesse de ces statistiques est que dans ces trois méthodes, le comptage des touristes se fait de manière abusive puisqu’il s’agit, entre autres, d’intégrer d’autres types de voyageurs qui n’ont rien à voir avec la mobilité touristique (ibid.). Dans sa publication, le Compendium of Tourism Statistics Data, l’OMT propose, toujours par État, plusieurs données sur les flux et les retombées économiques ; celles-ci révèlent aussi une grande faiblesse en raison de l’absence de plusieurs données pour de nombreux États (Violier et Taunay, 2019). Malgré l’existence de certaines données concernant par exemple l’hébergement, le même problème de généralisation souligné dans le Yearbook se reproduit, c’est-à-dire qu’y sont répertoriées des données financières concernant « l’hébergement des visiteurs » et non pas celui des touristes. En annexe[2], le Compendium explique clairement que parmi les hébergements comptabilisés on trouve la catégorie « Autres activités d’hébergement » qui comprend, entre autres, les résidences d’étudiants et les foyers pour travailleurs. Par cette seule classe, les données affiliées à l’hébergement touristiques sont faussées.

Dans le contexte local de la Tunisie, le tourisme des nationaux connaît aussi une carence au niveau des statistiques officielles. Cela s’explique par une absence d’intérêt spécifique de la part de l’État tunisien jusqu’à l’avènement de la révolution de 2011. Dans la même optique, la communauté scientifique explique cette lacune dans les données statistiques par l’absence de cette forme de tourisme dans les sociétés des pays du Sud, tel que souligné par Mohamed Berriane (1993). Jean-Marie Miossec (1996) confirme ce constat en niant toute existence de données statistiques faisant référence au tourisme des nationaux en Tunisie. La période post-révolution a connu une chute des réservations par les touristes occidentaux. Encouragés par l’État, les nationaux et les Maghrébins prennent de plus en plus de place dans le marché touristique tunisien. Cependant, les statistiques officielles du secteur, représentées par le périodique Tourisme en chiffres[3], continuent à n’évoquer que sommairement cette population touristique.

Ce travail préliminaire est essentiellement descriptif, informatif et partiellement réflexif. Nous proposons de mettre en exergue des données qui concernent l’hébergement touristique chez les Tunisiens et les Maghrébins[4] séjournant en Tunisie avec l’objectif de mieux comprendre leurs pratiques et certaines de leurs logiques de fonctionnement. Les statistiques émanant du terrain que nous présentons dans ce travail de recherche se distinguent de celles officielles du fait qu’elles sont orientées exclusivement vers la mobilité touristique et qu’elles proposent une échelle de grandeur des préférences d’hébergement touristique chez les touristes étudiés, à la fois marchand (hôtel, location, etc.) et non marchand (chez soi, en famille, chez les amis, etc.). Nous proposons de mesurer plusieurs paramètres comme : la durée de séjour avec présentation du choix et du nombre d’hébergements ou encore la relation qui pourrait exister entre, d’un côté, le nombre de lieux d’hébergement et, de l’autre, le nombre et la nature des personnes constituant les noyaux touristiques (famille, ami·e·s, etc.).

Comme la question des statistiques concernant l’hébergement touristique est essentiellement d’un ordre technique, le choix d’une méthodologie efficace s’avère indispensable pour le recueil des données représentatives. Comment peut-on alors procéder sur le terrain pour cibler uniquement les touristes appartenant à un échantillon hétérogène (Tunisiens, Algériens, Marocains, diaspora maghrébine) ? Nous commençons cet article en répondant à ce questionnement.

Matériel et méthodes

Contexte de l’étude

Mathis Stock, Vincent Coëffé, Philippe Violier et Philippe Duhamel (2017) rappellent les difficultés méthodologiques auxquelles les statistiques sur le tourisme font face pour saisir les touristes. Ils soulignent que les scientifiques s’accordent sur le fait que la meilleure source pour avoir ces données serait les infrastructures, en l’occurrence l’hébergement touristique. Le caractère « immobile » de ces infrastructures facilite le comptage de touristes très mobiles. Ce sont des conclusions faites par Florence Deprest pour la montagne (1997), Philippe Duhamel et Philippe Violier pour le littoral (2009), et l’équipe MIT suivant une approche plus globale (2011). Ipso facto, mesurer le tourisme à partir des hébergements est efficace si et seulement si on garantit deux conditions essentielles : distinguer les touristes des autres usagers de l’espace touristique et prendre en compte la mobilité de ces touristes dans sa globalité sur l’ensemble du séjour. Nous référant au système de statistiques touristiques de l’Union européenne (voir illustration 1), nous constatons que pour récolter celles qui concernent les touristes, il y a trois méthodes possibles : les statistiques des hébergements, les enquêtes auprès des ménages et les enquêtes aux frontières. Nous avons montré précédemment que la première méthode est imprécise. La seconde est pertinente à condition de « tomber sur les bons » ménages (ceux qui pratiquent le tourisme) ; en outre, cette méthode semble être plus appropriée au tourisme domestique[5]. Notre étude comportant plusieurs sous-échantillons (Tunisiens, Algériens, Libyens, Marocains et diaspora maghrébine), la troisième méthode (enquêtes aux frontières) est en revanche la plus appropriée, malgré l’existence de plusieurs imperfections dont la plus importante concerne le sous-échantillon « Tunisiens ». Il ressort de notre enquête que ces derniers sont les touristes qui possèdent uniquement la nationalité tunisienne, qu’ils vivent en Tunisie ou qu’ils soient installés depuis peu à l’étranger (étudiants, stagiaires, travailleurs, etc.). La mobilité de ces touristes est assez élevée puisque nous les avons rencontrés dans des lieux frontaliers (voir méthodologie). Certes, ils ne sont pas représentatifs de l’ensemble de la société tunisienne, mais avec leur caractère mobile, ils ont, logiquement, davantage accès aux pratiques touristiques, sans oublier que les touristes tunisiens modestes sont très peu mobiles et pratiquent une autre forme de tourisme (Othmani, 2020). En plus des arguments que nous venons d’évoquer, cette troisième méthode sous-tend une enquête post-séjour touristique. Les informations récupérées sont donc d’autant plus complètes.

Illustration

Système de statistiques de l’Union européenne[6]

(vu dans Stock et al., 2017)

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Le sujet de l’hébergement touristique est complexe puisqu’il évoque des situations humaines et identitaires très variées qui, elles, croisent plusieurs acteurs : touristes, hébergeurs et, dans certains cas, intermédiaires (voyagistes, agences de voyages, transporteurs, etc.). Toutefois, pour nous concentrer sur l’objectif initial, celui qui regarde la proposition de statistiques fiables concernant l’hébergement touristique et compte tenu de la diversité de l’échantillon, nous avons choisi de traiter le sujet d’un point de vue des nationalités des citoyens des pays du Maghreb. La nationalité, étant un « fait social » dans un contexte holiste en référence à l’école durkheimienne, reflète une culture partagée par les touristes du même pays. Émile Durkheim (2010) écrit qu’« un fait social se reconnaît au pouvoir de coercition externe qu’il exerce ou est susceptible d’exercer sur les individus ». Les contraintes qui définissent le fait social selon lui peuvent interférer avec notre démarche de considérer la nationalité en tant que telle. Conséquemment, le terme de « fait social total » que Marcel Mauss (2010) propose donne davantage de clarté à l’usage que nous faisons du critère de la nationalité pour définir les différents sous-échantillons de cette enquête. À la suite de Mauss, Bruno Karsenti (1994) explique que le fait social total constitue « un système analogue à celui de la langue […] C’est précisément ce système expressif qui permet d’élaborer une totalité sociale, dans laquelle l’individu et le collectif n’ont ni à être opposés ni même distingués […] ». Si le système social total est considéré comme analogue à la langue, par extension, nous le considérons, aussi, comme analogue au dialecte (dialecte tunisien, dialecte algérien, etc.) et donc représentatif d’un pays. En ce qui concerne la diaspora maghrébine, certes ce sous-échantillon ne constitue pas une nationalité au sens classique et juridique du terme. Toutefois, par le fait de représenter des touristes possédant deux cultures (celle du pays d’origine et celle du pays d’accueil) et en raison d’un brassage et d’un vécu communs dans le pays d’accueil, que Denise Helli (2006) appelle « liens communautaires transnationaux », ces touristes finissent par développer une culture commune.

Pour récapituler, nous montrons dans cet l’article que la définition de l’hébergement touristique des organismes officiels est uniquement basée sur l’activité de l’hébergement de manière globale. Elle n’est pas suffisamment claire et « peu satisfaisante » (Ceriani-Sebregondi et al., 2008). C’est pourquoi nous proposons des données alternatives. La définition du tourisme par le biais de l’hébergement que nous cautionnons ici est celle conçue, écrite et discutée par l’équipe MIT (2002) qui, comme l’indique Jean Scol (2012), est « constituée de pas moins de quatorze enseignants-chercheurs en géographie et spécialistes du tourisme ». Notre souci principal dans ce travail de recherche est cette nécessité de délimiter les contours de l’activité touristique dans sa dimension de l’hébergement. Par délimitation de contours, nous entendons le traitement macro de l’objet de recherche, c’est-à-dire en tant que « fait social total ». Ainsi, traiter les situations humaines et identitaires des touristes, qui sont certes très variées et complexes, serait indispensable après avoir déterminé les grandes tendances.

Méthodologie

Notre démarche méthodologique se base sur l’usage des méthodes mixtes (Morse, 1991 ; Creswell et al., 2006) suivantes :

  • Sept entretiens semi-directifs effectués auprès des acteurs professionnels agissant sur le secteur touristique en Tunisie, essentiellement des chauffeurs de taxi, dont le premier objectif est de sélectionner les lieux d’enquêtes (qui correspondent à nos demandes) dans la capitale Tunis. Le nombre d’entretiens proposés est soumis au principe de saturation de l’information tel qu’expliqué par Raymond-Alain Thiétart (2003). Ces entretiens proviennent d’une campagne réalisée au printemps 2016. La langue arabe est majoritairement utilisée lors de ces échanges, complétée par quelques mots en français ; autrement nous avons eu recours au dialecte tunisien. Les citations retranscrites dans cet article sont nos traductions.

  • Une enquête quantitative dont l’intérêt porte sur 470 répondants maghrébins présents dans des lieux de passages frontaliers :

    • La salle d’embarquement de l’aéroport Tunis-Carthage, avec 200 questionnaires administrés en trois jours, répartis auprès de voyageurs maghrébins prenant un avion pour les destinations listées au tableau 1.

    • Le port de La Goulette, avec 100 questionnaires répartis sur quatre jours différents à partir de la mi-août, y compris un dimanche (période de très grand flux), sur quatre bateaux accueillant de 400 à 600 voyageurs, dont deux faisant partie de la compagnie tunisienne de navigation (CTN), un appartenant à une compagnie française et un autre à une compagnie italienne. Les enquêtes ont été exécutées parallèlement à celles menées au sein de l’aéroport.

    • Le poste frontalier terrestre sur la frontière tuniso-algérienne de Sakiet Sidi Youssef avec 50 questionnaires.

    • L’aire de repos de la station-service de l’autoroute reliant Tunis à la région nord-ouest de la Tunisie avec 120 questionnaires. Ce lieu a constitué un plan de secours pour effectuer notre enquête auprès des Algériens rentrant en Algérie par voie terrestre après un blocage administratif concernant l’acquisition des autorisations pour administrer les questionnaires sur tous les postes frontaliers terrestres de la région nord-ouest tunisienne.

Tableau

Tableau. Répartition des personnes enquêtées à l’aéroport Tunis-Carthage par pays de résidence

Tableau. Répartition des personnes enquêtées à l’aéroport Tunis-Carthage par pays de résidence

*La plage horaire pour le ciblage des vols nous a été imposée par l’administration de l’aéroport. Nous devions être accompagnés par la responsable de communication au sein de l’aéroport, condition qui nous a obligés à écarter des vols effectués au-delà de la plage horaire administrative estivale (de 9 h à 13 h 30 en plus du samedi et dimanche).

Source : Enquêtes des auteurs.

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Les 470 répondants appartenant à cinq catégories (Tunisiens, Algériens, Libyens, Marocains et diaspora[7]) sont répartis selon la méthode de l’échantillonnage par quotas sur la base des statistiques officielles de l’Office national du tourisme tunisien (ONTT, 2008-2015).

Tableau

Rapport entre les arrivées globales dans les hôtels par nationalité maghrébine et la répartition de l’échantillon de notre enquête

Rapport entre les arrivées globales dans les hôtels par nationalité maghrébine et la répartition de l’échantillon de notre enquête

*Compte tenu de l’échantillon très réduit des Marocains, les données proposées ci-après seront traitées comme des tendances qui servent à construire des hypothèses et non pas des lectures analytiques profondes à la suite de quoi nous pourrons tirer des conclusions. **Le total comprend, entre autres, le nombre des Mauritaniens comptabilisés à l’arrivée dans les hôtels. Nous avons choisi de les écarter de nos analyses parce qu’ils ne représentent pas même 1 %. En plus, tous ceux rencontrés à l’aéroport ont justifié leur présence pour des motifs autres que touristiques, à savoir : le transit vers la Mecque pour le pèlerinage, la poursuite d’études supérieures en Tunisie, ou encore pour une raison sanitaire. Une analyse approfondie de ces motifs est amplement traitée par un des auteurs (voir Othmani, 2018). ***Tunisiens résidant à l’étranger. ****Maghrébins résidant à l’étranger (les TRE font partie de ce sous-échantillon).

Source : Statistiques de l’ONTT et enquêtes des auteurs.

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L’échantillonnage de certaines catégories a été revu à la hausse[8], sans pour autant déséquilibrer la proportionnalité générale de l’échantillon. Cette modification s’explique par le besoin de proposer plus de matières pour les catégories peu ou pas étudiées, ce qui est le cas des Algériens et des Libyens. L’échantillon de la catégorie diaspora a lui aussi été surdimensionné puisqu’il comprend plusieurs sous-catégories.

Tableau

Tableau. Composition de l’échantillon diaspora

Tableau. Composition de l’échantillon diaspora
Source : Enquêtes des auteurs.

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Modes d’hébergement des Maghrébins durant un séjour touristique à Tunis

Nous avons rencontré ces touristes maghrébins durant les entretiens effectués à l’été 2016. Il y a, parmi eux, ceux qui ont choisi un hébergement dans des hôtels et ceux qui ont préféré louer des meublés (illustration 2). Le choix de l’hébergement est étroitement lié à l’attente du client. Les premiers cherchent un niveau de service de qualité et un séjour sans surprises, alors que les seconds optent pour un séjour avec plus de liberté dans leurs déplacements et plus de facilité à accueillir des parents ou des amis chez eux « temporairement ».

Illustration

Modes d’hébergement des Maghrébins durant leur(s) séjour(s) touristique(s) à Tunis

Modes d’hébergement des Maghrébins durant leur(s) séjour(s) touristique(s) à Tunis

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Chez les touristes maghrébins recensés, les statistiques de l’éventail des hébergements pendant un séjour touristique est illustré au tableau 4.

Tableau

Répartition de la sollicitation des hébergements chez les Maghrébins pendant un séjour touristique en Tunisie[9]

Répartition de la sollicitation des hébergements chez les Maghrébins pendant un séjour touristique en Tunisie9
Source : Enquêtes des auteurs.

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Ces statistiques nous conduisent à faire les constatations suivantes :

  • Il existe un lien de parenté assez présent entre Tunisiens, Algériens, Libyens et la diaspora dans la métropole Tunis. Nous mesurons ce lien en additionnant l’hébergement chez les parents, en famille et chez soi [10] dans le cadre de résidence secondaire. Ainsi les taux de ce lien de parenté sont de : 58,61 % pour les Tunisiens de la diaspora, 6,11 % pour les Algériens, 11 % pour les Libyens et 11,11 % pour les Marocains. Ces résultats nous amènent à supposer que la fidélisation ou encore le taux de retour de la diaspora tunisienne à leur ville de naissance ou plus généralement au pays pour pratiquer le tourisme s’explique pour plus de la moitié par le lien de parenté. Quant aux touristes maghrébins, ce lien ne représente qu’un dixième de leur motivation au retour en Tunisie.

  • La diaspora, par attachement à ses origines et au pays, se fait construire des logements au « bled » pour certains. De ce fait, à chaque retour, elle y retrouve le logis, l’indépendance et le confort indispensables pour se détendre, surtout que souvent leurs séjours durent assez longtemps : trois semaines et plus pour 53,06 % d’entre eux et ils peuvent s’étaler jusqu’à deux mois, voire davantage (Othmani, 2018).

Stratégies d’hébergement touristique chez les Maghrébins

Afin de bien cibler ces stratégies et les ressortir d’une base de données très dense, nous avons opté pour l’usage d’une analyse des composantes principales (ACP). Les résultats trouvés par cette méthode (voir illustrations 3 et 9) ne sont en aucun cas des conclusions tranchées, mais plutôt des explorations de pistes. D’autres travaux qui ont suivi cette démarche le confirment (Rouanet et al., 2002 ; Guerrien, 2003 ; Piron et al., 2015). Les statistiques que nous proposons ensuite et qui sont plus ciblées car découlant de tableaux croisés sont celles sur lesquelles nous nous appuierons pour établir nos conclusions.

Malgré la force de représentation moyenne de ces trois dimensions (35,24 % des informations), cette analyse exploratoire (ACP) propose des pistes de recherche à approfondir. Elles sont représentées dans l’illustration 3 par les cercles rouges. Ainsi, nous allons recourir à des analyses statistiques à deux variables ciblées.

Illustration

Analyse des composantes principales (ACP) des questions Q16-Q22-Q30 de l’enquête

Analyse des composantes principales (ACP) des questions Q16-Q22-Q30 de l’enquête

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De manière générale, les Maghrébins (Tunisiens, Libyens et Marocains) qui choisissent de faire un séjour touristique à Tunis optent pour une durée qui ne dépasse pas deux semaines d’affilée, dans un pourcentage qui fluctue entre 30 % et 40 %. Quant aux Algériens et à la diaspora maghrébine, ils connaissent un engouement équivalent pour un séjour d’une semaine. De ce fait, ils font ce choix dans un pourcentage d’environ 44 % pour les Algériens, mais d’un peu moins pour la diaspora (26,28 %). Parallèlement, ils optent pour un séjour de deux semaines à hauteur de 38 %. Les voyages de trois semaines sont moins fréquents ; pourtant, cala concerne les nationalités analysées à plus de 14 % (Algériens et Libyens) et atteint environ 20 % pour les trois catégories confondues (Tunisiens, Marocains et diaspora) (Othmani, 2018).

La précédente ACP indique qu’il y a un lien très fort entre les touristes algériens et l’hébergement en hôtel (66,67 %). Cette force s’exprime avec plus d’intensité dans le cas d’un seul hébergement par séjour touristique (68,42 %) et dans le cas de trois hébergements (73 ,68 %). Les mêmes constatations de l’analyse se confirment pour les touristes tunisiens qui sont attirés par les hôtels à hauteur de 24,53 %, pourcentage le plus faible parmi toutes les nationalités analysées confondues. Cependant, dans le cas où ces touristes passent par quatre hébergements durant le même séjour touristique, les chances de solliciter les services d’un hôtel passent à 37,78 %.

Concernant les trois nationalités restantes (Libyens, Marocains et diaspora), le lien avec l’hôtel comme lieu d’hébergement pendant un séjour touristique à Tunis est bien présent, à hauteur de 43,62 %, et monte jusqu’à 50 % dans le cas du choix de deux hébergements, et 57,69 % dans le cas d’un seul hébergement.

Illustration

Stratégies d’hébergement des Tunisiens par mode et par nombre de lieux d’hébergement pendant le même séjour touristique en Tunisie

Stratégies d’hébergement des Tunisiens par mode et par nombre de lieux d’hébergement pendant le même séjour touristique en Tunisie

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Illustration

Stratégies d’hébergement des Algériens par mode et par nombre de lieux d’hébergement pendant le même séjour touristique en Tunisie

Stratégies d’hébergement des Algériens par mode et par nombre de lieux d’hébergement pendant le même séjour touristique en Tunisie

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Illustration

Stratégies d’hébergement des Libyens par mode et par nombre de lieux d’hébergement pendant le même séjour touristique en Tunisie

Stratégies d’hébergement des Libyens par mode et par nombre de lieux d’hébergement pendant le même séjour touristique en Tunisie

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La location est un mode d’hébergement touristique privilégié par les Libyens (35 %) et dans une moindre importance par les Algériens (23,66 %), puis par la diaspora (12,65 %). La probabilité de louer un logement pendant un séjour touristique s’élève à environ 40,5 % pour les Libyens dans le cas du choix de deux hébergements ou encore dans le cas de cinq hébergements et plus. Quant aux Algériens, l’éventualité d’avoir recours à une location s’élève à 28,57 % dans le cas de deux hébergements. C’est la diaspora qui utilise le plus la location (16,05 %) ; elle peut passer par trois hébergements différents au cours d’un même séjour touristique.

Loger chez ses parents représente une option gratuite lors d’un séjour touristique à Tunis. Cette option est sollicitée sans surprise en premier lieu par les Tunisiens (37,38 %), puis par les Marocains (33,95 %), et enfin par la diaspora (27,62 %). Seulement 7 % des Algériens et des Libyens optent pour cette option. Que ce soit un seul hébergement ou cinq hébergements et plus, pour les Tunisiens ce choix varie entre 20 % et 46 % et, du côté des Marocains, entre 18 % et 41 %. Celui de la diaspora oscille entre 17 % et 32 %, quel que soit le nombre d’hébergements.

Le mode d’hébergement chez soi est une option répandue chez les Tunisiens (20,09 %) qui choisissent un seul hébergement pour leur séjour touristique à hauteur de 35,29 %. Cette donnée pourrait refléter le nombre de résidences secondaires dans la métropole Tunis. Les Marocains et la diaspora suivent cette même tendance à hauteur de 18,52 % pour les premiers et 14,6 % pour les seconds. Dans le cas d’un recours à un seul hébergement durant le séjour touristique, ce taux s’élève à 27,59 % pour les Marocains et à 20,83 % pour la diaspora.

Les autres modes d’hébergements – à savoir chez les amis, au sein de la famille et par Airbnb – ne connaissent pas un vrai succès chez les nationalités étudiées ici : les taux ne dépassent pas 9,5 % dans le meilleur des cas.

Illustration

Stratégies d’hébergement des Marocains par mode et par nombre de lieux d’hébergement pendant le même séjour touristique en Tunisie

Stratégies d’hébergement des Marocains par mode et par nombre de lieux d’hébergement pendant le même séjour touristique en Tunisie

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Illustration

Stratégies d’hébergement des Maghrébins ayant une double nationalité par mode et par nombre de lieux d’hébergement pendant le même séjour touristique en Tunisie

Stratégies d’hébergement des Maghrébins ayant une double nationalité par mode et par nombre de lieux d’hébergement pendant le même séjour touristique en Tunisie

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Logiques d’hébergement chez les Maghrébins lors d’un séjour touristique

Relation entre le nombre de lieux d’hébergement et la nature des personnes accompagnant le touriste enquêté

Illustration

Analyse des composantes principales (ACP) des questions de l’enquête

Analyse des composantes principales (ACP) des questions de l’enquête

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Les trois axes de l’ACP présentée dans l’illustration 9 ne révèlent que 30,41 % des informations. Malgré cette faiblesse, des hypothèses sont mises en exergue. Chaque hypothèse y est représentée par un cercle rouge. La flèche à double sens qui relie les Tunisiens aux Algériens exprime une certaine opposition par rapport à l’axe 1. Cette éventuelle opposition sera aussi vérifiée dans les prochaines analyses statistiques, tout comme le rapport d’analogie entre les Tunisiens et la diaspora.

Illustration

Relation entre le nombre de lieux d’hébergement et la nature des personnes accompagnant le touriste enquêté durant le même séjour touristique chez les Tunisiens

Relation entre le nombre de lieux d’hébergement et la nature des personnes accompagnant le touriste enquêté durant le même séjour touristique chez les Tunisiens

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Le foyer maghrébin (Tunisiens, Algériens, Libyens et diaspora) qui se rend en Tunisie pour un séjour touristique est formé majoritairement d’un couple marié avec des enfants. La première composante atteint un taux qui varie entre 31 % chez la diaspora et 38,12 chez les Algériens. Quant à la deuxième, son taux oscille entre 29,27 % chez les Libyens et 35,64 % chez les Algériens. Pour les Tunisiens, la probabilité qu’un couple marié veuille avoir recours à cinq hébergements et plus pendant le même séjour touristique chute à environ 24,32 %. La diaspora s’associe à cette tendance avec un taux qui s’élève pour le même nombre de lieux d’hébergement à 15,38 %. Il en va de même pour les couples algériens dont le nombre maximal d’hébergements ne dépasse pas trois. Les couples libyens, quant à eux, choisissent durant le même séjour touristique dans un taux de 30 % soit un seul hébergement, soit cinq et plus. De manière générale, le point commun entre les couples, toutes nationalités confondues, est une préférence pour un seul hébergement (un taux qui oscille entre 30 % et 52 %) et pour deux hébergements (entre 30 % et 40 %). La représentativité des enfants suit celle des parents. Toutefois, il y a deux aspects à prendre en compte concernant les Algériens et les Libyens : la présence des enfants est forte dans les cas du choix d’un seul ou de deux lieux d’hébergement, un taux qui varie entre 29 % et 50 %. À partir de trois lieux d’hébergement, les pourcentages chutent à 12,5 % pour les Algériens et à 4,17 % pour les Libyens. Le deuxième aspect concerne l’interprétation que nous pouvons faire de ces précisions : les couples qui choisissent trois lieux d’hébergement et plus ne sont pas accompagnés par des enfants. Dans le cas des Tunisiens et de la diaspora, nous faisons le même constat, la seule différence étant que les enfants sont fortement présents dans le foyer touristique jusqu’à la limite de trois hébergements, et non pas de deux comme dans le précédent exemple. Nous expliquons cela par la volonté des parents de donner à leurs enfants la possibilité de rendre visite à la famille.

Les frères, les sœurs et les cousins, moins représentés, sont la troisième composante du foyer touristique maghrébin. Les frères sont représentés à hauteur de 10 % à 12 % du côté des Tunisiens, des Libyens et de la diaspora, et à hauteur de 5 % pour les Algériens. Les sœurs représentent 9 % à 10 % de la triade Tunisiens, Algériens et diaspora, et 7 % des Libyens. En ce qui concerne les cousins, le taux est plus important du côté des Libyens et de la diaspora (10 % et 7 % respectivement), alors que du côté des Tunisiens et des Algériens les taux chutent à 5 % pour les premiers et à 3 % pour les seconds. La composante relative aux frères et encore plus aux sœurs intervient dans le choix d’un ou de deux lieux d’hébergement. Les composantes « couple marié avec enfants » sont similaires, bien que le nombre de lieux d’hébergement qu’ils choisissent oscille entre trois et plus de cinq. Le taux de présence des frères et des sœurs dans les foyers touristiques est toujours supérieur à 10 % : cela signifie qu’au-delà de l’aspect distraction, les parents jouent un rôle d’accompagnement et d’encadrement auprès des enfants. Dans le cas des Algériens, les statistiques indiquent une répartition équitable entre frères et sœurs parmi les enfants :

pour un seul lieu d’hébergent, nous trouvons 50 % d’enfants, dont 45,45 % de frères et 17,65 % de sœurs ;

  • pour deux lieux d’hébergement : 37,5 % d’enfants, dont 45,45 % de frères et 58,82 % de sœurs ;

  • pour trois lieux d’hébergement : 12,5 % d’enfants, dont 9,09 % de frères et 23,53 % de sœurs ;

  • pour quatre lieux d’hébergement, les enfants ne sont plus représentés.

Cette constatation est confirmée par le test d’indépendance de khi-deux évoqué dans le tableau 5.

Tableau

De test d’indépendance de khi-deux entre le nombre de lieux d’hébergement des Algériens interrogés durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et la nature des personnes qui les accompagnent

De test d’indépendance de khi-deux entre le nombre de lieux d’hébergement des Algériens interrogés durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et la nature des personnes qui les accompagnent

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Illustration

Relation entre le nombre de lieux d’hébergement et la nature des personnes accompagnant le touriste enquêté durant le même séjour touristique chez les Algériens

Relation entre le nombre de lieux d’hébergement et la nature des personnes accompagnant le touriste enquêté durant le même séjour touristique chez les Algériens

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Illustration

Relation entre le nombre de lieux d’hébergement et la nature des personnes accompagnant le touriste enquêté durant le même séjour touristique chez les Libyens

Relation entre le nombre de lieux d’hébergement et la nature des personnes accompagnant le touriste enquêté durant le même séjour touristique chez les Libyens

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Illustration

Relation entre le nombre de lieux d’hébergement et la nature des personnes accompagnant le touriste enquêté durant le même séjour touristique chez les Maghrébins ayant une double nationalité

Relation entre le nombre de lieux d’hébergement et la nature des personnes accompagnant le touriste enquêté durant le même séjour touristique chez les Maghrébins ayant une double nationalité

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La composante « concubin(e) » caractérise la diaspora d’une manière spécifique. Elle n’est pas très hautement représentée (3,29 %), mais se distingue par son caractère « étrange » par rapport à la culture arabo-musulmane qui privilégie le mariage.

Nous regroupons les autres catégories (tantes et oncles, grands-parents, parents, amis et amis des enfants) dans la même composante, car les taux d’occurrence sont très faibles, voire nuls pour certains.

Nous détaillerons dans ce qui suit le nombre de lieux d’hébergement des Maghrébins en rapport avec le nombre total de personnes constituant les foyers (illustrations 14 à 17) et en rapport avec le nombre total d’enfants accompagnants (illustrations 18 à 21).

Relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Maghrébins et le nombre total des personnes accompagnantes

L’effectif du foyer touristique maghrébin est composé majoritairement de deux à cinq personnes : 65,89 % chez les Tunisiens ; 60,87 % chez les Libyens ; 73,08 % chez les Algériens ; et 74,16 % du côté de la diaspora. Ce constat conforte les conclusions faites concernant la nature des personnes qui composent ce foyer touristique, c’est-à-dire majoritairement un couple marié et leurs enfants. Toutefois, nous renvoyons la confirmation définitive de cette observation à l’analyse statistique suivante relative au nombre d’enfants au sein du foyer.

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Relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Tunisiens durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et le nombre total des personnes accompagnantes

Relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Tunisiens durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et le nombre total des personnes accompagnantes

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Relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Algériens durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et le nombre total des personnes accompagnantes

Relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Algériens durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et le nombre total des personnes accompagnantes

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Le deuxième groupe qui compose le foyer touristique maghrébin est constitué de 6 à 12 personnes avec un taux qui varie entre 14 % et 21 % du côté des Tunisiens, des Algériens et de la diaspora. Faire un séjour individuel vient à la troisième place du point de vue de l’effectif du foyer touristique maghrébin avec des taux respectifs de 14,33 % chez les Tunisiens, 3,85 % chez les Algériens, et 8,99 % chez la diaspora. Contrairement à cette analyse, l’effectif qui arrive au deuxième rang (avec 27,54 %) est celui des voyageurs individuels libyens, spécialement des hommes, comme nous l’avons analysé précédemment. Ces personnes sont assez mobiles, puisque le nombre de lieux d’hébergement qu’ils choisissent varie entre un, deux et trois avec un taux respectif de 21,05 %, 31,58 % et 26,32 %. Quant au choix de quatre lieux d’hébergement ou cinq et plus, c’est l’un des taux les plus élevés (10,5 %) par rapport aux autres nationalités maghrébines. Nous pouvons interpréter ces statistiques par le fait que ces hommes libyens, attirés par le tourisme sexuel à Tunis, cherchent à changer continuellement leurs lieux d’hébergement pour éviter toutes sortes de tensions sociales ou d’altercations avec les voisins, étant donné la culture conservatrice de la société.

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Relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Libyens durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et le nombre total des personnes accompagnantes

Relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Libyens durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et le nombre total des personnes accompagnantes

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Nous remarquons que le séjour touristique individuel intéresse une grande partie des touristes libyens. C’est ce qui ressort des témoignages de plusieurs chauffeurs de taxi qui travaillent dans la métropole Tunis et avec lesquels nous avons eu des conversations. Voici un extrait relaté par Anis, un chauffeur de taxi de 34 ans travaillant sur le Grand Tunis. Il parle du tourisme sexuel pratiqué par les Libyens en Tunisie :

Dans ces logements on trouve des familles, mais aussi des jeunes aisés qui viennent pour avoir des relations sexuelles avec des filles. Cette activité est très connue dans ces quartiers [Ennasr 1 et 2 et le quartier des berges du Lac] où on trouve même des maisons closes non déclarées.

Il y a aussi des filles qui travaillent de manière indépendante avec cette clientèle maghrébine, surtout des Libyens. D’ailleurs, un jour, l’une d’elles était avec moi dans le taxi. Elle m’a raconté comment elle et sa copine ont mis des somnifères dans les boissons de clients libyens pour pouvoir leur dérober 4000 dinars et prendre la fuite.

Il y a aussi des Libyens qui se comportent comme des fous. Lorsqu’ils s’énervent, ils peuvent commettre des crimes. Plusieurs femmes ont été jetées par des fenêtres d’immeubles dans ces quartiers. Bien sûr, c’était par des Libyens. La presse a même traité certaines de ces histoires. La première est morte à l’hôtel El Hana (centre-ville de Tunis), une autre au quartier du Lac, une troisième à Sousse, etc. Je vous l’ai dit, ce sont des fous…

Le drame de la jeune fille défenestrée au quartier du Lac a été repris par les médias locaux. L’extrait suivant de l’article du journal tunisien Kapitalis[11] en représente un exemple : « Invitée par une amie à une soirée dans un appartement loué par un ressortissant libyen, la soirée a mal tourné et, pour s’enfuir, elle s’est jetée par la fenêtre. »

Toujours chez les Libyens, le troisième groupe est constitué de 6 à 12 personnes dans un taux de 10,5 %. Chez ces trois groupes, le nombre de lieux d’hébergement dominant pendant le même séjour touristique est un ou deux avec un taux qui varie entre 35 % et 75 %. De même, nous notons que ce sont les Algériens qui optent le plus souvent pour un seul logement. Le quatrième groupe qui compose le foyer maghrébin est le même pour toutes les nationalités étudiées. Son effectif est constitué de plus de 12 personnes et est représenté essentiellement par la diaspora en premier lieu (3,37 %) et les Tunisiens en second (1,94 %).

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Relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Maghrébins ayant une double nationalité durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et le nombre total des personnes accompagnantes

Relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Maghrébins ayant une double nationalité durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et le nombre total des personnes accompagnantes

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Relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Maghrébins et le nombre d’enfants qui les accompagnent

Pour mieux comprendre les logiques d’hébergement chez les Maghrébins lors d’un séjour touristique, l’étude des statistiques suivantes nous indique l’existence d’un rapport entre le nombre de lieux d’hébergement et le nombre d’enfants accompagnant les adultes pour chacune des nationalités étudiées. L’analyse des présentes statistiques démontre une grande harmonie avec celles évoquées précédemment. Elles concernent le nombre d’enfants au sein du foyer touristique maghrébin et sont disparates d’une nationalité à l’autre. Nous pouvons distinguer trois grandes tendances : la première regroupe les Tunisiens et la diaspora ; la deuxième représente les Libyens et la troisième, les Algériens.

Dans les foyers tunisiens ou encore ceux de la diaspora, l’absence d’enfants est la première caractéristique représentée à hauteur de 39,54 % pour les premiers et de 36,26 % pour les seconds. Au deuxième rang, c’est la présence de deux enfants, avec 24,33 % pour les Tunisiens et 29,67 % pour la diaspora. Vient ensuite le foyer composé de trois enfants et plus avec un taux d’environ 20 % pour les deux nationalités. Le foyer le moins présent est celui qui ne compte qu’un seul enfant, à hauteur d’environ 14 % pour les deux nationalités.

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Relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Tunisiens durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et le nombre d’enfants qui les accompagnent

Relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Tunisiens durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et le nombre d’enfants qui les accompagnent

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Le foyer algérien, quant à lui, est fortement caractérisé par la présence de deux enfants (40,95 %). Il arrive juste après le foyer sans enfants avec un taux de 25,71 %, suivi du foyer qui compte un seul enfant (22,86 %). Au bas de l’échelle, se trouve le foyer de plus de trois enfants, avec 10,48 %.

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Relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Algériens durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et le nombre d’enfants qui les accompagnent

Relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Algériens durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et le nombre d’enfants qui les accompagnent

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Le foyer libyen se caractérise par une nette dominance de l’absence d’enfants : un pourcentage qui dépasse la moitié de l’effectif enquêté, venant après la catégorie de trois enfants et plus. Celle-ci occupe un taux de 28,57 %, suivie de la catégorie de deux enfants (12,86 %), puis de celle avec un seul enfant (7,14 %).

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Relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Libyens durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et le nombre d’enfants qui les accompagnent

Relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Libyens durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et le nombre d’enfants qui les accompagnent

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De manière générale, la présence des enfants dans les foyers maghrébins détermine le choix d’un seul ou de deux hébergements distincts pendant le même séjour touristique.

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Relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Maghrébins ayant une double nationalité durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et le nombre d’enfants les accompagnant

Relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Maghrébins ayant une double nationalité durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et le nombre d’enfants les accompagnant

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Ces statistiques sont en totale harmonie avec celles présentées précédemment et illustrent une certaine logique dans le comportement des foyers tunisiens lors d’un séjour touristique. Ces statistiques démontrent que ce sont les nouveaux couples tunisiens qui s’adonnent le plus à l’activité touristique, et ce, dans le cadre d’un voyage de noces ou autre, alors que pour les couples avec des enfants, la pratique devient plus onéreuse et plus difficile.

Conclusion

Cet article visait à élucider la question des stratégies et des pratiques des Maghrébins dans le choix d’un hébergement touristique en Tunisie. La carence au niveau des statistiques officielles et l’absence de données qui traitent ce sujet ont motivé l’élaboration de ce travail. La récolte des données a été faite à Tunis, mais l’étude de terrain nous a montré que ces touristes sont très mobiles. Durant le même séjour, ils peuvent choisir un hébergement dans deux hôtels, l’un à Hammamet et l’autre à Tunis, ou bien un hôtel à Sousse pour une partie du séjour et le reste chez eux à Tunis ou encore chez les parents, les amis, ou même au sein de la famille (oncles, tantes, cousins, etc.). De ce fait, les statistiques proposées tout au long de l’article concernent l’hébergement touristique en Tunisie et non pas seulement à Tunis.

L’article a montré que la définition de l’hébergement touristique des organismes officiels est uniquement basée sur l’activité de l’hébergement de manière globale. Il a aussi expliqué que l’existence d’un lien de parenté entre Tunisiens, Algériens, Libyens et la diaspora serait un critère de poids dans la construction de la stratégie du choix des hébergements touristiques en Tunisie. La diaspora tunisienne est particulièrement influencée par ce lien et se fait donc construire des logements au « bled » pour certains.

Les Algériens, comme démontré dans les précédentes statistiques, viennent en voiture et en famille réduite ne dépassant pas cinq personnes. Avec les données qui concernent le nombre d’enfants accompagnants, nous pouvons conclure qu’en majorité le foyer des familles algériennes qui choisissent d’effectuer leur(s) séjour(s) touristique(s) en Tunisie est composé d’un homme, de son épouse et de deux enfants. Cette composition du foyer touristique est semblable à celle des Tunisiens et à celle de la diaspora. Le foyer touristique libyen se compose par ailleurs d’un couple marié et de trois enfants et plus.

Dans la partie qui traite la relation entre le nombre de lieux d’hébergement des Libyens durant leur(s) séjour(s) touristique(s) et le nombre total des personnes accompagnantes, nous avons constaté qu’il y a un taux important de personnes qui voyagent en autonome. Les présentes statistiques vont dans le même sens et confirment l’absence d’enfants dans les séjours touristiques et valident définitivement l’existence d’un tourisme sexuel pratiqué par les hommes libyens en Tunisie, surtout à Tunis.

Selon les statistiques que nous avons présentées, les Tunisiens et la diaspora ont des propriétés similaires. Le nombre de personnes constituant le foyer touristique en est un exemple. Celui-ci compte généralement deux à cinq personnes, dont deux enfants pour les couples mariés, ou pas d’enfant pour les nouveaux couples ou les couples qui vivent en concubinage. Ces derniers, selon la tradition maghrébine, doivent se marier avant d’avoir des enfants. Dans l’ensemble des cas observés[12] sur le terrain, nous n’avons pas constaté la présence d’enfants dans les couples en concubinage. Cette pratique caractérise les Maghrébins – y compris les Tunisiens – de sexe masculin. Même s’ils ont fait le choix de vivre selon le mode occidental, ils veillent à ne pas contredire leurs parents et à ne pas sortir complètement de la tradition ou du mode de vie exigé par la culture tunisienne.

Compte tenu des résultats évoqués précédemment, les professionnels du tourisme évoluant principalement dans le domaine de l’immobilier peuvent développer leurs offres en hébergement pour répondre au mieux aux exigences de leurs clientèles. Actuellement, les prometteurs immobiliers proposent des appartements et des maisons standardisés avec des superficies et un nombre de pièces quasi identique dans un immeuble. Dans le même bâtiment, proposer une offre d’hébergement variable et adaptée aux besoins de la clientèle et aux profils des Maghrébins que nous avons identifiés (présence d’enfants ou pas, accessibilité des aînés et des personnes à mobilité réduite, conservation de l’intimité entre voisins venant de pays et de milieux socio-professionnels et culturels différents, etc.) serait une solution pour diminuer le nombre de logements vacants[13]. Cette mesure serait aussi une traduction pratique de la mixité sociale et donc de l’animation des quartiers, condition sine qua non pour réussir le développement touristique des lieux.

Les constatations et les résultats qui ressortent de cette étude ne constituent que les prémices d’un phénomène sociologique propre à une culture spécifique. Les comportements et les types de consommation touristique observés doivent être complétés par de futures recherches, notamment sur la durée d’hébergement privilégiée par chacune des catégories de touristes traitées dans cet article. Il y aura lieu aussi d’expliquer et de mesurer les raisons du choix de l’hébergement touristique selon des critères comme le confort, le prix, l’accessibilité et la sécurité.

Les auteurs ont déjà entamé une étude complémentaire qui fera l’objet d’une prochaine publication. Pour des raisons de cohésion et dans un souci de continuité, l’étude se fera selon le même modèle méthodologique.