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Revue des thèses de doctorat 2017 / 2017 PhD Dissertations Review

Barbeau, Christine. 2017. « Les défis et opportunités associés aux changements climatiques pour les Premières nations vivant dans la région subarctique canadienne ». Thèse de doctorat, University of Waterloo, 143 pages.

Mise en contexte : les impacts des changements climatiques sont plus marqués dans les régions de haute latitude du monde, incluant les régions arctiques et subarctiques du Canada. Les phénomènes de réchauffement entraînent des impacts écologiques et sociaux généralisés, résultant en des défis accrus pour les peuples habitant la région. On prévoit que les peuples autochtones du Canada (Premières nations, Inuit et Métis) vivant dans les communautés arctiques et subarctiques isolées seront vraisemblablement les plus touchés par les changements climatiques. Avec un passé de marginalisation sociale et environnementale, cette région a connu une perte en capacité d’adaptation. La multiplication de phénomènes météorologiques extrêmes et des conditions de voyages imprévisibles crée des conditions de voyage dangereuses, impactant considérablement la capacité des gens à participer à des activités traditionnelles de subsistance tout comme à des activités quotidiennes. Malgré ces défis, le réchauffement de la température de l’air dans la région subarctique a permis d’introduire le potentiel d’une production alimentaire locale durable, dans des conditions ambiantes. Les taux élevés d’insécurité alimentaire au sein des communautés des Premières nations de la région subarctique ont été bien documentés dans les travaux universitaires. L’adoucissement des conditions hivernales rigoureuses et le réchauffement des températures estivales offrent l’occasion de régler les préoccupations de sécurité alimentaire grâce à la production locale de nourriture. Objectifs : L’objectif global de cette thèse était de développer une meilleure compréhension des défis et opportunités associés aux changements climatiques en ce qui concerne les Premières nations dans la région subarctique canadienne, tout en favorisant une capacité d’adaptation accrue dans ces communautés nordiques. L’objectif de l’Étude I était de travailler avec la communauté des Premières nations de Fort Albany pour développer un outil d’aide à la décision en temps réel visant à aider la réduction du degré d’exposition des Cris de la Baie James aux conditions dangereuses de voyage en forêt. L’objectif de l’Étude II était de saisir l’occasion de cultiver des légumes dans les conditions ambiantes de la région subarctique ontarienne de façon plus durable. L’Étude III s’appuie sur l’Étude II et a examiné la chimie du sol, la biomasse et le rendement dans le contexte des cultures intercalaires cultivées dans des sites boisés et non-boisés ; la substitution des importations et l’évaluation des pratiques agricoles plus durables étaient les objectifs finaux. Méthodes : Étude I : Le Computer Systems Group de l’Université de Waterloo a développé un nouvel outil d’aide à la décision appelé outil d’informatique collaboratif-géomatique. Cet outil Web permet à la communauté de surveiller, en temps réel, la sécurité des itinéraires de voyage. Utilisant des systèmes GPS portables, cet outil informatique servant à présenter des conditions de voyages en temps réel a été utilisé dans la région subarctique de l’Ontario, au Canada. Étude II : La possibilité d’utiliser des pratiques agroforestières pour cultiver de façon plus durable des pommes de terre (Solanum Tuberosum L.) afin d’accroître la sécurité alimentaire dans les communautés subarctiques isolées a été examinée dans le cadre d’une étude sur le terrain dans la Première nation de Fort Albany, au nord de l’Ontario, au Canada. Des pommes de terre et des haricots verts (Phaseolus vulgaris L.) ont été cultivés sur une période de deux ans dans des conditions ambiantes et sur des sites boisés et non-boisés. Étude III : Les productions de biomasse et de rendement des cultures intercalaires des haricots et des pommes de terre cultivés sur une période de deux ans et sur deux sites (boisé, avec une rangée coupe-vent de saule indigène, Salix. spp. ; et non-boisé, ou ouvert) dans la région subarctique ont été recueillies et analysées. Des échantillons de sol des deux sites ont également été recueillis et analysés pour y détecter une série d’éléments. Résultats et discussions : Les résultats de l’Étude I ont démontré que l’outil informatique collaboratif-géomatique offre le potentiel de surveiller et d’emmagasiner de l’information sur la sécurité des itinéraires de voyage dans la région subarctique de l’Ontario. Les résultats de l’Étude II ont révélé que les pommes de terre et les haricots verts en monocultures pouvaient être cultivés avec succès dans la région subarctique sans utiliser de serres, avec des rendements comparables à ceux obtenus via des méthodes d’agriculture à haut-niveau plus conventionnelles. L’Étude III a révélé que les cultures intercalaires cultivées sur un site doté d’une ligne d’arbres coupe-vent produisaient un rendement et une biomasse considérablement plus élevés (p<0.05) comparativement au site non-boisé. La chimie du sol (pH, P, K, Mg, NO3, NH4 et total N) a démontré que des amendements nutritifs seraient nécessaires pour une utilisation agricole continue. Ainsi, les stratégies de substitution des importations alimentaires dans la région subarctique de l’Ontario ont le potentiel d’améliorer la résilience des communautés dans le contexte des changements environnementaux actuels et futurs.

Barbeau, Christine. 2017. “The Challenges and Opportunities Associated with Climate Change for First Nations Living in the Canadian Subarctic”. PhD diss., University of Waterloo, 143 pages.

Background: The impacts of climate change are more pronounced in high latitude regions of the world, which includes the Canadian arctic and subarctic. Warming events are triggering widespread ecological and social impacts–resulting in increased challenges to those who call these regions home. It is predicted that Canadian Aboriginal Peoples (First Nations, Inuit, and Metis) living in remote and isolated arctic and subarctic communities are likely to be those most impacted by climate change. With a history of social and environmental marginalization, this region has experienced a loss in adaptive capacity. The increased occurrence of extreme weather events and unpredictable travel conditions are creating hazardous travel conditions, severely impacting the ability for people to partake in traditional subsistence pursuits, as well as everyday activities. Despite these challenges, warming surface air temperatures in the subarctic have introduced the potential for local sustainable food production, under ambient conditions. High rates of food insecurity in subarctic First Nations communities have been well documented within the academic literature. The easing of harsh winter weather and the warming of summer temperatures presents the opportunity to address food security concerns through the production of local foods. Objectives: The overall objective of this dissertation was to develop a better understanding of the challenges and opportunities associated with climate change in relation to First Nations in the Canadian subarctic, while fostering increased adaptive capacity in these northern communities. The objective of Study I was to work with the community of Fort Albany First Nations to develop a real-time, decision-support tool to help reduce the degree of exposure of James Bay Cree to hazardous bush travel conditions. The objective of Study II was to seize the opportunity to grow vegetables under ambient conditions in subarctic Ontario in a more sustainable manner. Study III builds upon Study II and examined soil chemistry, biomass, and yield in the context of intercrops grown in treed and non-treed sites; import substitution and evaluating more sustainable agricultural practices were the end goals. Methods: Study I: The University of Waterloo’s Computer Systems Group has developed a novel decision-support tool termed the collaborative-geomatics informatics tool. This web-based tool allows for the community to monitor, in real-time, the safety of travel routes. Using handheld GPS tracking systems, the utility of the informatics tool to present real-time travel conditions, was carried out in a subarctic Ontario, Canada. Study II: The feasibility of more sustainably growing potatoes (Solanum tuberosum L.) utilizing agroforestry practices to enhance food security in remote subarctic communities was explored through a field study in Fort Albany First Nation in northern Ontario, Canada. Potato and green bush beans (Phaseolus vulgaris L.) were grown over a two-year period under ambient conditions in treed and non-treed sites. Study III: Biomass and yield production of bush bean and potato intercrops grown over a two-year period in two sites (treed, windbreak-lined with native willow, Salix. spp.; and non-treed, or open) in the subarctic were collected and analyzed. Soil samples from each site were also collected and analyzed for a suite of elements. Results and Discussion: The results from Study I showed that the collaborative-geomatics informatics tool offers the potential to monitor and store information on the safety of travel routes in subarctic Ontario. The results from Study II revealed that sole-cropped potatoes and bush beans could be grown successfully in the subarctic without the use of greenhouses, with yields comparable to more conventional high-input agricultural methods. Study III revealed that intercrops grown in the windbreak lined-site produced significantly greater (p<0.05) yields and biomass compared to the non-treed site. Soil chemistry (pH, P, K, Mg, NO3, NH4 and total N) showed that nutrient amendments would be required for continued agricultural use. Thus, food import-substitution strategies in subarctic Ontario have the potential to enhance community resilience in light of present and future environmental change.

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Basile, Suzy. 2017. « Le rôle et la place des femmes Atikamekw dans la gouvernance du territoire et des ressources naturelles ». Thèse de doctorat, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, 243 pages.

Les peuples autochtones ont un profond lien d’attachement au territoire. Cette relation particulière reste mal comprise et se retrouve souvent au coeur de conflits et de mésententes. Elle est également compromise par les nouvelles formes de développement et d’occupation du territoire depuis les premiers contacts avec les Euro-canadiens. De tous les enjeux concernant la gouvernance du territoire et des ressources naturelles en contexte autochtone, celui du rôle et de la place des femmes autochtone dans ces dynamiques demeure l’un des plus méconnus. Ce projet de recherche visait à identifier le rôle des femmes Atikamekw sur le territoire et leur place dans la gouvernance locale et territoriale, leurs perceptions de l’état du territoire ainsi que leurs préoccupations face aux savoirs qui s’y rattachent. Les outils de collecte de données ont été élaborés conjointement avec les femmes Atikamekw, ce qui leur a permis d’influer de façon significative sur l’approche de la recherche à laquelle elles allaient participer. Cette recherche montre que les femmes Atikamekw ont toujours un fort lien d’attachement au territoire, qu’elles ont dû s’adapter rapidement aux transformations de leur mode de vie, qu’elles tiennent à perpétuer la transmission des savoirs, qu’elles ont un rôle à jouer dans la prise de décisions et qu’elles valorisent le leadership politique des femmes. Des thèmes inattendus ont émergé de l’analyse thématique de 32 entrevues semi-dirigées, en lien avec la filiation et la transmission des savoirs et des valeurs dont le fondement était le territoire : l’organisation sociale (mariage, adoption coutumière et famille), les grossesses et les accouchements sur le territoire, les sages-femmes, le lieu d’origine, le nom traditionnel, l’éducation et les pensionnats. Les femmes Atikamekw ont une bonne connaissance du mode de vie de leurs ancêtres et spécifiquement du rôle que les femmes y jouaient dans la gouvernance, que ce rôle était prédominant et essentiel dans les domaines liés à l’organisation spatiale des activités traditionnelles sur le territoire, que les accouchements/naissances sont des marqueurs temporels importants, que la nomination du lieu d’origine s’est modifiée suite aux bouleversements sociaux et territoriaux, que l’identification par le nom traditionnel est toujours en usage et demeure importante, que l’éducation est valorisée par les femmes Atikamekw, qui en assumaient historiquement une large part, et enfin, que les femmes Atikamekw ont été affectées, directement ou indirectement, par l’expérience des pensionnats. Cette recherche a ainsi fait ressortir des facettes méconnues du lien d’attachement au territoire des femmes Atikamekw. Des pistes de solutions ont été identifiées pour : (1) assurer une place aux femmes dans la gouvernance, telles que la tenue de consultations particulières et une plus grande implication des femmes dans les mécanismes de prise de décision ; (2) atténuer le sentiment d’insécurité territoriale et culturelle par la transmission des savoirs et par une plus grande protection du territoire ; et (3) mettre en valeur les savoirs sur la gestion du territoire afin de maintenir et renforcir le lien avec ce dernier. La clé pour atteindre ces objectifs réside dans un « retour à l’équilibre » selon les femmes Atikamekw.

Basile, Suzy. 2017. “The Role and Place of Atikamekw Women in the Governance of the Territory and Natural Resources”. PhD diss., Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, 243 pages.

Indigenous Peoples harbour a deep attachment to the land. This special relationship is poorly understood and is often a cause of conflict and disagreement. It is also compromised by the new forms of land development and land use that have arisen since the first contact with Euro-Canadians. Of all the issues dealing with land governance and natural resources in an Indigenous context, that of the role and place of Indigenous women in these spheres is one of the least known. This research project sought to identify the role of Atikamekw women in their communities, as well as their place in local and territorial governance, their perceptions of the condition of the land, and their concerns regarding land-based knowledge. Data collection tools were developed in cooperation with the Atikamekw women that allowed them to provide significant input on the approach to the research they would be participating in. The research showed that Atikamekw women continue to have a very strong attachment to the land, that they have had to adapt quickly to changes in their lifestyle, that they are committed to passing on their knowledge, that they have a role to play in decision making, and that they value the political leadership of women. Some surprising themes emerged from the thematic analysis of 32 semi-directed interviews, notably with regard to filiation and the transfer of land-based knowledge and values: social structure (marriage, custom adoption, and family), pregnancy and childbirth in the region, midwives, place of origin, traditional name, education, and residential schools. The Atikamekw women are keenly aware of the lifestyle of their ancestors, particularly of the governance role that women played, and understand that this role was predominant and essential in the areas related to the spatial organization of traditional land-based activities. They understand that childbirth is an important marker of time, that the designation of their place of origin changed in the wake of social and territorial upheavals, that their identification by their traditional name is still common and remains important, that education is valued by Atikamekw women, who have historically played an instrumental role in its development, and, lastly, that Atikamekw women have been affected, either directly or indirectly, by the residential school experiment. This study brought to light a number of little-known aspects of the attachment Atikamekw women have to the land. It identified various solutions to (1) ensure a place for women in governance, including special consultations and greater involvement of women in decision-making mechanisms; (2) alleviate the feeling of cultural and territorial insecurity through knowledge transfer and improved protection of the land; and (3) promote knowledge about managing the land so as to maintain and strengthen ties to it. According to the Atikamekw women, the key to reaching these goals lies in striking a balance.

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Boulanger-Lapointe, Noémie. 2017. « L’importance des petits fruits dans le système bioculturel inuit : Une étude multiculturelle dans le Nord canadien ». Thèse de doctorat, University of British Columbia, 156 pages.

Dans le Nord canadien, les fruits des espèces végétales productrices de baies représentent une source d’alimentation hautement nutritive tant pour les animaux que pour les humains. Bien qu’elles soient relativement bien documentées dans les environnements boréaux et subarctiques, il existe peu d’information sur l’écologie et l’importance culturelle des espèces de petits fruits dans l’Arctique. Cette recherche vise à combler cette lacune en utilisant des archives, des entretiens, des suivis écologiques ainsi que des outils de télédétection. Une vue d’ensemble des différents rôles et usages des plantes à petits fruits et de la cueillette de petits fruits tel que rapporté dans près de 200 entretiens avec des aînés et des utilisateurs actifs des terres dans l’Inuit Nunangat depuis les années 1980 a été compilée. Grâce à un travail de terrain poussé et à des analyses de télédétection, la disponibilité locale et la consommation animale de petits fruits ont été étudiées en détail dans les environs d’Arviat, au Nunavut. Enfin, une évaluation globale de la productivité de petits fruits dans le Nord canadien a été réalisée en utilisant des données sur la productivité des petits fruits recueillies entre 2007 et 2015 dans 10 sites différents, entre Nain, Nunatsiavut, Kugluktuk, Nunavut et le fjord Alexandra, sur l’île d’Ellesmere, Nunavut. Les résultats ont démontré la connaissance approfondie et intime des plantes à petits fruits dans l’ensemble du Inuit Nunangat ; les petits fruits étaient, et sont encore, culturellement et nutritionnellement importants pour les Inuits. Des analyses détaillées du site à Arviat ont révélé le grand nombre de petits fruits produits et la quantité relativement élevée consommée par des animaux, principalement des oies. Néanmoins, les animaux ne consomment qu’une portion marginale de la production totale du site. La concurrence perçue pour la ressource peut être liée au petit nombre de parcelles productives et accessibles dans les environs de la communauté. L’analyse des variations interannuelles et régionales de la productivité des petits fruits a montré que l’abondance des petits fruits dans l’Arctique est comparable ou supérieure à celle de certaines zones boisées en Amérique du Nord et en Fennoscandie. Les sites les plus productifs étaient situés dans le Bas-Arctique, dans des sites mésiques secs dominés par des arbustes nains demi-étalés. Des analyses de productivité interannuelle ont démontré l’interaction complexe des précipitations hivernales et printanières ainsi que des températures estivales sur la productivité. Dans l’ensemble, cette recherche démontre l’importance culturelle et écologique des espèces de petits fruits dans le Inuit Nunangat et suggère des impacts continus du développement communautaire, de la pollution et des changements climatiques récents sur la qualité et la disponibilité de cette ressource importante.

Boulanger-Lapointe, Noémie. 2017. “Importance of Berries in the Inuit Biocultural System: A Multidisciplinary Investigation in the Canadian North”. Ph.D. diss, University of British Columbia, 156 pages.

In the Canadian North, the fruits of berry producing species are a highly nutritious source of food available to both animals and humans. Although relatively well-documented in boreal and subarctic environments, little information on the ecology and cultural importance of berry species is available for the Arctic. This research aims to fill that gap using archives, interviews, ecological monitoring as well as remote sensing tools. An overview of the different uses and roles of berry plants and berry picking as reported in close to 200 interviews conducted with Elders and active land users across Inuit Nunangat since the 1980s was compiled. Through extensive fieldwork and remote sensing analyses, local availability and animal consumption of berries were investigated in detail in the vicinity of Arviat, Nunavut. Finally, an overall assessment of berry productivity in the Canadian North was conducted using berry productivity data collected between 2007 and 2015 at 10 sites from Nain, Nunatsiavut, and Kugluktuk, Nunavut, to Alexandra Fiord, Ellesmere Island, Nunavut. Results showed the extensive and intimate knowledge of berry plants throughout Inuit Nunangat; berries were and remain culturally and nutritionally important for Inuit. Detailed landscape analyses in Arviat, revealed the large number of berries produced and the relatively large amount consumed by animals, mainly geese. Nevertheless, animals only eat a marginal portion of the total production at the site. Perceived competition for the resource may be linked to the small number of productive and accessible patches in the vicinity of the community. The analysis of inter-annual and regional variations in berry productivity illustrated that the abundance of berries in the Arctic is comparable or greater to certain forested areas in North America and Fennoscandia. The most productive sites were located in the low Arctic, in dry-mesic sites dominated by semi-prostrate dwarf shrubs. Inter-annual productivity analyses showed the complex interaction of winter and spring precipitation as well as summer temperature on productivity. Overall, this research demonstrates the cultural and ecological importance of berry species across Inuit Nunangat and suggests ongoing impacts of community development, pollution and recent climate change on the quality and availability of this important resource.

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Bourgeon, Lauriane. 2017. « Histoire des premiers peuplements béringiens : Étude archéozoologique et taphonomique de la faune des Grottes du Poisson-Bleu (Territoire du Yukon, Canada) ». Thèse de doctorat, Université de Montréal, 471 pages.

La Béringie, un vaste territoire qui s’étend de la Sibérie orientale au Territoire du Yukon, est perçue comme le point d’entrée des populations humaines en Amérique. À la fin du Pléistocène, ce territoire déglacé aurait constitué un refuge aux premières populations préhistoriques se dispersant hors d’Asie. Selon les données génétiques et paléo-génétiques, la Béringie fut occupée au cours du Dernier Maximum Glaciaire (19 000-23 000 cal BP, années calibrées Before Present) par une population humaine qui demeura génétiquement isolée durant près de 8000 à 9000 ans, donnant ainsi naissance à la lignée des Natifs Américains qui allaient se disperser, plus tard, au sud des masses glaciaires nordaméricaines et jusqu’en Amérique du Sud. Cette « Beringian standstill hypothesis », toutefois, ne trouva aucun soutien dans le registre archéologique : en Sibérie orientale, le plus ancien site est daté à 32 000 cal BP, tandis qu’en Alaska et au Yukon, la présence humaine ne remonte pas au-delà de 14 000 cal BP. Dans les années 1970-80, le site des Grottes du Poisson-Bleu (Yukon) livra des outils en pierre et des ossements supposés modifiés par les humains, enfouis dans un dépôt loessique pléistocène ; les découvertes encouragèrent les archéologues J. Cinq-Mars et R. Morlan à évoquer l’hypothèse d’une occupation humaine sporadique dans le nord du Yukon entre 11 000 et 30 000 cal BP environ. La nature anthropogénique des échantillons osseux soumis aux datations radiocarbones ainsi que l’intégrité de la stratigraphie furent toutefois remises en question par une majorité d’archéologues. La présente dissertation propose une analyse archéo-zoologique et taphonomique rigoureuse et systématique des assemblages fauniques de mammifères des Grottes I et II dans le but d’appréhender les facteurs responsables de l’accumulation et de la modification du matériel osseux. De nouvelles datations radiocarbones effectuées par le laboratoire Oxford Radiocarbon Accelerator Unit sur des ossements portant des traces indéniablement culturelles permettent une datation précise de l’occupation humaine du site. Les résultats illustrent plusieurs traces de découpe sur des os de cheval, caribou, wapiti et possiblement bison et mouflon, tandis que des ossements de mammouth pourraient avoir été collectés pour l’industrie osseuse. Les nouvelles datations AMS suggèrent que les Grottes du Poisson-Bleu étaient occupées de façon sporadique entre 12 000 et 24 000 cal BP, soit pendant et après le Dernier Maximum Glaciaire. Le site offre ainsi un soutien archéologique à l’hypothèse de l’isolation génétique des populations béringiennes à l’origine des premières dispersions en Amérique. L’histoire taphonomique des Grottes du Poisson-Bleu rejoint celle des sites karstiques béringiens qui illustrent des occupations interspécifiques alternées entre carnivores et des fréquentations humaines de courte durée pour des activités de chasse. En outre, les altérations anthropiques sur des os de cheval des Grottes I et II ravivent le débat sur les extinctions de la mégafaune à la fin du Pléistocène (ca. 14 000 cal BP). Le site souligne l’incomplétude du registre archéologique et invite à multiplier les efforts de recherche en Béringie si l’on veut être à même de comprendre la préhistoire du peuplement des Amériques.

Bourgeon, Lauriane. 2017. “History of Early Beringian Settlements: An Archaeozoological and Taphonomic Study of the Fauna of the Bluefish Caves (Yukon Territory, Canada).” PhD diss., Université de Montréal, 471 pages.

Beringia, a vast landscape stretching from eastern Siberia to the Yukon Territory, is thought to be the initial entry point of humans into North and South America. At the end of the Pleistocene, this unglaciated region constituted a refugium for the first prehistoric populations dispersing out of Asia. According to genetic and palaeogenetic data, Beringia was occupied during the Last Glacial Maximum (19 000-23 000 cal BP, calibrated years before present) by a human population that remained genetically isolated for about 8000 to 9000 years, leading to the divergence of the Native American lineage that would eventually disperse south of the ice-sheets into North and South America. The « Beringian standstill hypothesis » is not well supported in the archaeological record, however: in eastern Siberia, the oldest archaeological site is dated to 32 000 cal BP while in Alaska and the Yukon, evidence for a human presence doesn’t exceed 14 000 cal BP. Excavated in the 70s-80s, the Bluefish Caves site (Yukon) yielded stone tools and bone remains thought to have been culturally modified, buried in a Pleistocene loess deposit; the discovery encouraged archaeologists J. Cinq-Mars and R. Morlan to propose that humans occupied the caves sporadically between about 11 000 and 30 000 cal BP. The anthropogenic nature of the bone samples submitted for radiocarbon analysis and the stratigraphic integrity of the site didn’t convince the scientific community, however. The current dissertation proposes a rigorous archaeozoological and taphonomic analysis of the mammal bone assemblages of Caves I and II in order to identify the agents responsible for the accumulation and modification of the bone material. The results show several cut marks on bone specimens belonging to horse, caribou, wapiti and possibly bison and Dall sheep, while mammoth skeletal remains may have been collected for bone industry. New radiocarbon dates obtained by an Oxford laboratory (Oxford Radiocarbon Accelerator Unit) on bone bearing indisputable evidence of cultural modification allow the precise dating of the human occupation at the site. The AMS dates suggest that the Bluefish Caves were occupied sporadically between 12 000 to 24 000 cal BP, i.e., during and after the Last Glacial Maximum. The site, therefore, offers archaeological support for the Beringian standstill hypothesis. The taphonomic history of the Bluefish Caves, as well as other Beringian karstic sites, shows use of the caves by various carnivores and short-term human occupations for hunting activities. Moreover, cultural modifications on horse bone from Caves I and II enhance the debate surrounding the megafaunal extinctions at the end of the Pleistocene (ca. 14 000 cal BP). The site underlines the incompleteness of the archaeological record and invites us to expand research efforts in Beringia if we are to understand the prehistory of the first people of the Americas.

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Breton-Honeyman, Kaitlin. 2017. « Les connaissances des Inuits du Nunavik sur le béluga : Utiliser de multiples méthodes, outils et applications pour accroître notre compréhension de l’écologie des mammifères marins ». Thèse de doctorat, Trent University, 285 pages.

Les systèmes sociaux-écologiques sont intrinsèquement complexes et les mammifères marins sont fondamentalement difficiles à étudier. Dans l’Arctique, les mammifères marins occupent un rôle écologique central, en tant que partie du cycle des nutriments et source de nourriture et de culture pour les peuples autochtones. Les Inuits ont développé un riche système de connaissances, qui n’a pas été pleinement mis en application dans la plupart des recherches sur l’Arctique. Considérant le besoin pour la meilleure information disponible sur l’écologie des mammifères marins, la question de recherche guidant cette thèse était : Comment utiliser de multiples approches et méthodes afin de mieux rassembler, comprendre et représenter les connaissances inuites, pour une compréhension améliorée de l’écologie des mammifères marins? La thèse examine cette question à l’aide d’une étude de cas portant sur le béluga au Nunavik (Arctique du Québec) s’appuyant sur l’expertise des chasseurs et des aînés pour mieux comprendre les questions complexes en écologie des mammifères marins. La thèse utilise une approche transdisciplinaire pour aborder l’objectif de dissertation et est constituée d’une introduction générale suivie de quatre chapitres présentés comme des articles, et elle se termine par une discussion et une conclusion intégrées. Le premier article examine les contributions à la documentation sur les mammifères marins des connaissances écologiques traditionnelles (CET) sur le béluga. Le second article utilise un sous-ensemble de données collectées à travers le recensement des participants pour appliquer une méthode de cartographie afin d’explorer comment les aspects spatiaux des CET pourraient être mieux documentés, analysés et représentés. Les troisième et quatrième articles sont basés sur les connaissances partagées par les chasseurs et les aînés. Le troisième explore les questions « Pourquoi le béluga migre-t-il ? » et « Quels facteurs influencent le mouvement des bélugas ? » Le quatrième étudie les aspects de l’écologie de la chasse au béluga. Cette thèse apporte des contributions méthodologiques à travers l’application des estimateurs de densité de noyau aux cartes des participants en tant que méthode pour transformer plusieurs récits mappés en une base de données quantitative. Les connaissances partagées par les chasseurs et les aînés apportent d’importantes contributions écologiques, en particulier à la recherche de nourriture (par exemple la composition du régime alimentaire et l’apport énergétique saisonnier) et à l’écologie du mouvement (par exemple, les déclencheurs potentiel de la migration). De façon générale, ces résultats contribuent à notre compréhension collective de l’écologie des bélugas et ont des répercussions sur la gestion de la faune.

Breton-Honeyman, Kaitlin. 2017. “Nunavik Inuit Knowledge of Beluga: Using Multiple Methods, Tools, and Applications to Enhance Our Understanding of Marine Mammal Ecology.” PhD. Diss. Trent University, 285 pages.

Socio-ecological systems are inherently complex and marine mammals are fundamentally challenging to study. In the Arctic, marine mammals occupy a central ecological role, as nutrient cyclers and as a source of food and culture for Indigenous peoples. Inuit have developed a rich knowledge system, which has not been fully actualized in application in most Arctic research. Considering the need for the best available information in marine mammal ecology, the research question guiding this dissertation was: How can multiple methods and approaches be used to more effectively gather, understand, and represent Inuit Knowledge for an improved understanding of marine mammal ecology? The dissertation investigates this question using a case study of beluga in Nunavik (Arctic Quebec) drawing on the expertise of hunters and Elders to better understand complex questions in marine mammal ecology. The thesis uses a transdisciplinary approach to address the dissertation objective and is comprised of a general introduction, followed by four chapters formatted as journal manuscripts, and closes with an integrated discussion and conclusion. The first manuscript examines the contributions of Traditional Ecological Knowledge (TEK) of beluga to marine mammal literature. The second manuscript uses a sub-set of data gathered through participant mapping to apply a mapping method to explore how the spatial aspects of TEK could be better documented, analyzed, and represented. The third and fourth papers are based on the knowledge shared by hunters and Elders. The third explores the questions ‘why do beluga migrate?’ and ‘what factors influence beluga movement?’. The fourth investigates aspects of beluga foraging ecology. This dissertation makes methodological contributions through the application of kernel density estimators to participant maps as a method for transforming multiple mapped narratives into a quantitative database. The understandings shared by hunters and Elders make significant ecological contributions, particularly to foraging (e.g. diet composition and seasonal energy intake), and movement ecology (e.g. potential drivers of migration). Broadly these findings contribute to our collective understanding of beluga ecology and have implications for wildlife management.

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Campbell, Nancy Gay. 2017. « Fissurer le plafond de verre : Dessin inuit contemporain ». Thèse de doctorat. York University, 177 pages.

L’importance de la voix des artistes en étude de l’histoire de l’art est essentielle, au sortir de la théorie culturelle post-coloniale et féministe et de son impact sur la conservation, l’histoire de l’art et la culture visuelle. L’art inuit s’est éloigné de ses origines en tant qu’art représentant une identité canadienne imaginaire et un désir pour un Nord romantique et intouché, pour devenir une pratique présentant l’identité inuit dans sa nouvelle réalité. Le travail contemporain, socialement conscient, portant sur l’environnement, la religion, la culture populaire et l’alcoolisme prouve que les artistes Inuits peuvent réagir aux réalités changeantes dans le Nord, et qu’ils le font. D’un autre côté, les catégories qui ont lié l’art inuit à ses origines doivent être reconsidérées et intégrées dans les catégories de l’art contemporain, qu’il soit autochtone ou non, dans les musées qui considèrent l’art produit au cours des vingt dernières années comme contemporain. Maintenir les artistes Inuit dans un passé pas si lointain limite les artistes produisant de l’art aujourd’hui et les enferme dans une histoire qui peut ou non affecter leur travail directement. Cette thèse examine ce changement critique dans l’art inuit contemporain, spécifiquement dans le dessin, au cours des vingt dernières années, qui sont connues sur le nom de période contemporaine. Le second chapitre est un examen de la communauté de Kinngait et du rôle de la West Baffin Eskimo Cooperative dans la distribution des arts et métiers. Le chapitre trois est un examen de la documentation dans le domaine de l’écriture sur l’art inuit et expose la pénurie de matériel dans cette sphère d’études. Les chapitre quatre et cinq sont tous deux des études de cas portant sur deux artistes féminines éminentes originaires de Kinngait. De nombreux dessins clés réalisés par deux femmes de troisième génération de Kinngait, Shuvinai Ashoona et Annie Pootoogok sont les bases de chaque étude de cas ; exemples, analyses et observations s’appuient sur les dessins et sur des entrevues individuelles. Ces femmes jouent un rôle clé pour amener le medium du dessin et du contenu contemporain renouvelé à un plus grand public. Ces deux artistes ont été sélectionnées pour une analyse en profondeur car leur travail a fait le pont entre l’art inuit et l’art contemporain reconnu internationalement de la façon la plus drastique. En me concentrant sur ces artistes de Kinngait, je souligne le lien ininterrompu entre les contributions novatrices d’Ashoona et de Pootoogook à ce qu’on connaît comme l’essai Dorset, qui a relié pour la première fois, il y a plus de 50 ans, le marché économique du Nord à la pratique artistique d’avant-garde. Le chapitre six présente un aperçu de l’exposition, des critiques et de la diffusion de l’art inuit contemporain, en se concentrant sur une période commençant en 1990. Ce chapitre propose une variété de voix universitaires dans le domaine de l’exposition et de la critique, inuit, autochtone et autre. Des conclusions tirées dans le chapitre final encouragent l’ajout de voix inuites à la discussion plutôt que de reléguer les artistes au rôle de partenaire silencieux dans un accord commercial compliqué entre les systèmes coopératifs, les marchands d’art et les intermédiaires.

Campbell, Nancy Gay. 2017. “Cracking the Glass Ceiling: Contemporary Inuit Drawing.” PhD diss., York University, 177 pages.

The importance of the artists voice in art historical scholarship is essential as we emerge from post-colonial and feminist cultural theory and its impact on curation, art history, and visual culture. Inuit art has moved from its origins as an art representing an imaginary Canadian identity and a yearning for a romantic pristine North to a practice that presents Inuit identity in their new reality. This socially conscious contemporary work that touches on the environment, religion, pop culture, and alcoholism proves that Inuit artists can respond and are responding to the changing realities in the North. On the other side of the coin, the categories that have held Inuit art to its origins must be reconsidered and integrated into the categories of contemporary art, Indigenous or otherwise, in museums that consider work produced in the past twenty years to be contemporary as such. Holding Inuit artists to a not-so-distant past is limiting for the artists producing art today and locks them in a history that may or may not affect their work directly. This dissertation examines this critical shift in contemporary Inuit art, specifically drawing, over the past twenty years, known as the contemporary period. The second chapter is a review of the community of Kinngait and the role of the West Baffin Eskimo Cooperative in the dissemination of arts and crafts. Chapter three is a review of the literature in the field in of writing on Inuit art and exposes the dearth of material in this area of study. Chapters four and five are each Case Studies on two prominent female artists from Kinngait. Numerous key drawings of two third-generation Kinngait women, Shuvinai Ashoona and Annie Pootoogook, form the basis of each case study from which examples, analyses, and observations are based on the drawings and first person interviews. These women are critical in bringing the medium of drawing and contemporary renewed content to a larger audience. These two artists were chosen for in-depth analysis because their work has most dramatically bridged the solitudes of Inuit art and internationally recognized contemporary art. By focusing on these artists from Kinngait, I underscore the unbroken lineage between Ashoona and Pootoogooks ground-breaking contributions to what is known as the Dorset experiment, which first linked the market economy in the North to avant-garde art practice over fifty years ago. Chapter Six is an overview of the exhibition, criticism and dissemination of contemporary Inuit art, focusing on the period beginning in 1990. This chapter proposes a variety of scholarly voices in the field of exhibition and criticism, both Inuit, Indigenous and other. Conclusions are drawn in the final chapter that encourages the addition of Inuit voices to the discussion, rather than relegate the artists to the role of silent partners in a complicated trade agreement between the co-operative system, dealers, and middlemen.

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Cartier, Chloé. 2017. « Étude de l’impact de l’exposition prénatale aux insecticides organochlorés et organophosphorés sur le développement des fonctions cognitives et sensorielles d’enfants d’âge scolaire ». Thèse de doctorat, Université du Québec à Montréal et Université Rennes I, 186 pages.

L’objectif principal de la thèse était d’étudier les associations entre l’exposition pendant la grossesse à différentes classes d’insecticides et le développement des fonctions cognitives et visuelles d’enfants d’âge scolaire issus de deux cohortes. Les Inuit sont de par leur lieu et mode de vie fortement exposés aux pesticides organochlorés notamment au DDT et à son métabolite principal, le DDE. La littérature scientifique rapporte des effets délétères de l’exposition prénatale à ces molécules sur le développement des fonctions cognitives des enfants. Aucune étude ne s’est intéressée aux conséquences de l’exposition in utéro au DDT et au DDE sur le développement des fonctions sensorielles des enfants. Le premier objectif de cette thèse était donc d’évaluer si l’exposition prénatale à ces molécules pouvait être associée aux fonctions visuelles des enfants Inuit. Le DDT et le DDE ont été mesurés dans le cordon ombilical ainsi que dans le sang des enfants à 5 et 11 ans. Les potentiels évoqués visuels des enfants ont été enregistrés à 11 ans. Des analyses de régressions multiples ont révélé une augmentation de l’amplitude de la composante N150 en lien avec les niveaux de DDE mesurés dans le cordon ombilical ainsi qu’une diminution de l’amplitude de la N75 en lien avec les concentrations sériques de DDE mesurées à 5 ans. Ces données suggèrent que l’exposition périnatale au DDE pourrait avoir un impact sur l’intégrité des fonctions visuelles des enfants. La seconde partie de la thèse portait sur les pesticides organophosphorés dont l’usage a remplacé celui des organochlorés dès les années 1970. Différentes études réalisées aux États-Unis ont montré que l’exposition prénatale à ces molécules pouvait altérer les fonctions cognitives des enfants. Le second objectif du présent travail était donc d’évaluer si l’exposition aux organophosphorés pouvait être associée aux fonctions cognitives d’enfants issus de la population générale en France. Les métabolites communs aux organophosphorés ont été mesurés dans les urines des mamans durant la grossesse (i.e. DAP, DM et DE). Le WISC a été administré aux enfants à 6 ans par une neuropsychologue afin d’obtenir deux indices de développement cognitif, un indice de mémoire de travail et un indice de compréhension verbale. Les analyses de régression multiple réalisées n’ont pas permis de mettre en évidence d’association entre les DAP mesurés dans les urines des mamans durant la grossesse et les fonctions cognitives des enfants. A l’inverse les niveaux urinaires de DE ont été associés à de meilleurs scores de compréhension verbale. Ces données suggèrent que certaines populations pourraient être plus vulnérables que d’autres aux propriétés de neurotoxicité développementale des pesticides organophosphorés. Du fait de l’exposition commune aux pesticides organophosphorés il parait important de mieux caractériser les conséquences neuro-développementale de l’exposition prénatale à ces molécules. L’étude de l’intégrité des processus visuels peut parfois permettre de mettre en évidence des altérations neuro-développementales non décelables avec les outils standards d’évaluation neuropsychologique. Le troisième objectif du présent travail était donc d’évaluer si l’exposition prénatale aux pesticides organophosphorés pouvait être associée aux fonctions visuelles des enfants issus de la population générale en France. Des analyses de régression multiple ont permis de mettre en relation les niveaux urinaires de DAP, DM et DE mesurés chez les mamans durant la grossesse et les scores de sensibilité au contraste obtenus chez les enfants à 6 ans à l’aide du Functional Acuity Contrast Test. Bien qu’aucune association significative ne soit mise en évidence chez l’ensemble des sujets, de plus faibles scores sont obtenus chez les garçons en lien avec les niveaux urinaires de DE mesurés durant la grossesse. Ces données suggèrent que l’exposition prénatale aux organophosphorés pourrait influencer le développement des fonctions visuelles des enfants et plus particulièrement des garçons.

Cartier, Chloé. 2017. « Study of the Impact of Prenatal Exposure to Organochlorine and Organophosphate Insecticides on the Development of Cognitive and Sensory Functions of School-Aged Children. » PhD diss., Université du Québec à Montréal and Université Rennes I, 186 pages.

The main objective of the thesis was to study the associations between exposure to different classes of insecticides during pregnancy and the development of cognitive and visual functions in school-age children from two cohorts. Due to their environment and lifestyle, the Inuit are exposed to high levels of organochlorine insecticides, notably to DDT and its main metabolite, DDE. The scientific literature reports deleterious effects of prenatal exposure to these molecules on the development of cognitive functions in children. No studies have examined the consequences of in utero exposure to DDT and DDE on the sensory functions of children. The primary objective of this study was to assess whether prenatal exposure to these molecules could be associated with the visual functions of Inuit children. DDT and DDE were measured in the umbilical cords and later in the blood of children at the age of 5 and 11. The visual evoked potentials of the children were recorded at age 11. Multiple regression analyses revealed an increase in the amplitude of the N150 component relative to the levels of DDE measured in umbilical cords, and a decrease in the amplitude of the N75 component in relation to the DDE serum levels measured at age 5. This data suggests that perinatal exposure to DDE could have an impact on the integrity of the visual functions of children. The second part of the thesis looked at the organophosphorus pesticides that replaced organochlorine pesticides in the 1970s. A number of studies conducted in the United States showed that prenatal exposure to these molecules could alter cognitive functions in children. The second objective of this study was therefore to assess whether exposure to organophosphates could be associated with the cognitive functions of children among the general population in France. Organophosphate metabolites, i.e., DAP, DM, and DE, were measured in the urine of pregnant mothers. The WISC was administered when the children were 6 years of age by a neuropsychologist to obtain two cognitive development indices, a working memory score and a verbal comprehension score. Multiple regression analyses found no evidence of an association between the DAPs measured in the urine of pregnant mothers and the cognitive functions of their children. Conversely, DE urine levels were associated with higher verbal comprehension scores. This suggests that certain populations may be more vulnerable than others to the developmental neurotoxicity properties of organophosphate pesticides. Given the widespread exposure to these pesticides, it is important to better characterize the neuro-developmental consequences of prenatal exposure to these molecules. By studying the integrity of visual processes, it may be possible to discern neurodevelopmental alterations that are not detectable using standard neuropsychological assessment tools. The third objective of this study was to determine whether prenatal exposure to organophosphate pesticides could be associated with the visual functions of children in the general population in France. Using multiple regression analyses we were able to link the urinary levels of DAP, DM, and DE measured in pregnant women with contrast sensitivity scores in their children at age 6 using the Functional Acuity Contrast Test. While no significant association was noted in the subjects as a whole, lower scores were recorded among boys in relation to urinary levels of DE measured during their mothers’ pregnancy. This data suggests that prenatal exposure to organophosphates could influence the development of visual functions in children, particularly in boys.

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Colligan, Eileen M. 2017. « Utilisation du fer par le peuple Thulé en Arctique précontact ». Thèse de doctorat, City University of New York, 460 pages.

Cette thèse examine l’utilisation du fer par le peuple Thulé, une culture proto-inuit qui vivait dans l’Arctique nord-américain entre 1000 et 1400-1500 après J.-C., environ. L’étude adopte une perspective pan-arctique afin de rassembler la recherche ayant habituellement été faite sur une échelle géographique plus limitée. Ce point de vue montre la culture thuléenne à partir d’un angle correspondant à leur monde. L’étude se concentre sur : (1) les révisions de la chronologie de la culture de Thulé et comment celles-ci ont affecté les explications des migrations du peuple de Thulé de l’Alaska au Groenland ; (2) de nouvelles compréhensions à propos du fer auquel le peuple de Thulé avait accès ; (3) de nouvelles connaissances sur la quantité de fer auquel le peuple de Thulé avait accès ; et (4) de nouvelles preuves sur la façon dont le peuple de Thulé effectuait du commerce et commercialisait le fer. La méthodologie comprend de nombreuses références à la documentation publiée, une expérience utilisant l’analyse des marques de coupe pour trouver un nouveau proxy pour le fer, et une analyse spatiale utilisant un SIG s’appuyant sur les données tirées des bases de données archéologiques gérées par le gouvernement. L’examen de la documentation comprend des recherches datant du dernier travail de McCartney sur le fer en 1991. La méthodologie pour l’analyse des marques de coupe permettait de distinguer les marques de fabrication de pierre et de métal, mais des problèmes imprévus sont survenus dans l’analyse des artefacts muséaux : beaucoup n’avaient pas de lignes incisées à examiner tandis que d’autres avaient été conservés à l’aide de matériaux qui masquaient les lignes. Les visualisations SIG ont servi à soulever de nouvelles questions de recherche plutôt qu’à répondre définitivement aux anciennes ; néanmoins, les visualisations étaient un moyen efficace de saisir les tendances globales dans les données. Les conclusions de l’étude sont : (1)  la migration thuléenne n’a pas été déclenchée par la connaissance ou les rumeurs d’opportunités commerciales ou reliées fer à l’est (comme le proposait Robert McGhee) ; le peuple de Thulé n’auraient pas connu le fer groenlandais avant son arrivée dans l’Arctique central ou même oriental ; (2) la zone de chute de la météorite du cap York a été le site d’une importante exploitation de fer à la fois par le peuple de Dorset et par le peuple de Thulé ; (3) le cuivre et les dents de rongeur étaient des alternatives au fer faciles d’accès pour couper le bois de cervidé et l’ivoire, et ils sont communs dans les assemblages du peuple de Thulé ; (4) le réseau commercial de la culture de Thulé a été activé et entretenu par un vaste réseau de communication, ce qui se reflète dans les similarités stylistiques généralisées des outils présentés dans les illustrations de la thèse elle-même et dans l’annexe 2.

Colligan, Eileen M. 2017. “Thule Iron Use in the Pre-Contact Arctic.” PhD diss., City University of New York, 460 pages.

This thesis examines the use of iron by the Thule people, a Proto-Inuit culture that lived in the North American Arctic between approximately 1000 AD and 1400–1500 AD. The study takes a pan-Arctic perspective to bring together research that has usually been done on a more-limited geographical scale. This viewpoint shows the Thule culture from a view that corresponds to their world. The study focuses on: (1) revisions in the accepted chronology of the Thule and how these have affected the explanations for the Thule Migration from Alaska to Greenland; (2) new understandings about the iron that was available to the Thule; (3) new insights into the quantity of iron that would have been available to the Thule; and (4) new evidence for how trade was conducted and how iron was traded by the Thule. The methodology includes extensive references to published literature, an experiment using cut mark analysis to find a new proxy for iron, and spatial analysis using GIS based on data from government-maintained archaeological databases. The literature review includes research since McCartney’s last work on iron in 1991. The methodology for the cut mark analysis enabled stone and metal manufacturing marks to be distinguished but it faced unanticipated problems in application to analyzing museum artifacts: many had no incised lines to examine while others had been conserved using material that obscured the lines. The GIS visualizations were more useful in raising new research questions than in definitively answering old ones; nonetheless, the visualizations were an effective way to grasp overall patterns in the data. The conclusions of the study are: (1) the Thule Migration was not sparked by knowledge of, or rumors of, iron or commercial opportunities to the east (as Robert McGhee proposed); the Thule would not have known about the Greenlandic iron prior to their arrival in the Central or even Eastern Arctic; (2) the Cape York meteorite fall zone was the site of extensive iron working by both the Late Dorset and the Thule; (3) copper and rodent teeth were easily available alternatives to iron for cutting antler and ivory and are common in Thule assemblages; (4) the Thule trade network enabled and was maintained by an extensive communication network, evidence for which can be seen in widespread stylistic similarities of tools shown in illustrations in the thesis itself and in Appendix 2.

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Coulthard, Catherine. 2017. « Trouver la voix du jeune auteur : L’impact d’un programme d’autocréation auprès d’enfants et de familles des Premières Nations, Métis et Inuit ». Thèse de doctorat, University of Toronto, 306 pages.

Cette étude a examiné les répercussions de la mise en place d’un programme de rédaction personnelle d’un texte identitaire en deux langues au sein d’un Programme d’aide préscolaire aux Autochtones existant. Les enfants d’âge préscolaire et les familles des Premières Nations, Métis et Inuits (PNMI) ainsi que les éducateurs étaient des co-chercheurs dans cette étude de recherche participative influencée par les Autochtones, qui s’est étalée sur une année scolaire et sur une phase de recherche. Cette étude inclut un compte rendu auto-ethnographique d’un non-PNMI, ou le voyage personnel de conscience et de compréhension d’un auteur colonisateur en ce qui a trait aux problèmes qui peuvent faire surface chez une personne non-PNMI faisant de la recherche avec les gens PNMI. L’étude a été étayée par des cadres théoriques centrés sur la valorisation de l’interdépendance de l’environnement familial et contextuel des enfants. De plus, cette recherche aborde la notion que le savoir est construit socialement, afin de créer un changement significatif. Dans cet esprit, l’étude a été conçue pour reconnaître les contributions participatives des enfants à l’étude, guidée par le savoir autochtone et les cadres collaboratifs (2012), les théories d’écologie du développement humain de Bronfenbrenner (1968), l’expertise académique et l’émancipation des relations de pouvoir sociétales (Cummins, 2001), et le cadre d’engagement en alphabétisation de Cummins et Early (Cummins et Early 2011). Au moyen de pratiques de réflexions cycliques, les co-chercheurs de cette étude ont trouvé des preuves suggestives des impacts positifs du projet sur les enfants, leurs familles, le personnel et l’auteur original en ce qui a trait à la conscience de soi et l’identité culturelle. Cette étude peut éclairer la pratique en éducation à la petite enfance, en particulier en ce qui a trait à la fourniture de ressources éducatives culturellement pertinentes pour les enfants des PNMI.

Coulthard, Catherine, 2017. “Finding the Voice of the Early Author: The Impact of a Self-Authoring Program Among First Nations, Métis, and Inuit Preschool Children and Families”. PhD diss., University of Toronto, 306 pages.

This study examined the impacts of implementing a self-authored, dual language identity text program into an existing Aboriginal Head Start preschool program. First Nation, Métis, and Inuit (FNMI) preschool children and families, and educators were co-researchers in the blended Indigenous influenced, participatory action research study which spanned a one-year school timeline and research phase. This study includes an autoethnographic account of a non-FNMI, or a settler author’s personal journey of consciousness and understandings related to surfacing issues of a non-FNMI person doing research with FNMI peoples. The study was underpinned by theoretical frameworks centred on valuing the interconnectedness of the familial and contextual environment of children. Moreover, this research embraces the notion that knowledge is socially constructed to create meaningful change. With this in mind, the study was framed to acknowledge the children’s participatory contributions to the study, guided by Indigenous knowledge and Collaborative Frameworks (2012), Bronfenbrenner’s Ecological Systems Theory (1968), the Academic Expertise, and Societal Power Relations Empowerment (Cummins, 2001), and Cummins’ and Early’s Literacy Engagement framework (Cummins & Early, 2011). Through cyclical reflective practices, the co-researchers in this study found suggestive evidence of the positive impacts of the project for the children, their families, the staff, and the original author with regards to sense-of-self and cultural identity. This study can inform practice in early childhood education, specifically with respect to the provision of culturally relevant educational resources and programming for FNMI children.

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Crawford, Allison M.J.L. 2017. « Là d’où vient la maladie : Lectures et médecine troublante dans l’Arctique canadien ». Thèse de doctorat, University of Toronto, 361 pages.

Mon projet de recherché examine les témoignages écrits de huit médecins documentant leur pratique de la médecine dans l’Arctique canadien : Lorris Elijah Borden (1903-1904), Leslie David Livingstone (1922-1925), Jon A. Bildfell (1940-1942), Joseph P. Moody (1946-1949), Charlie O’Connell (1955), Otto Schaefer (1953-1985), John H. Burgess (1973-2003) et Kevin Patterson (1999, 2006). À travers leurs écrits autobiographiques, ils expriment tant la compétence que l’anxiété, ce qui représente les tensions du contexte colonial. Les lectures discursives, affectives et visuo-spatiales de ces récits révèlent comment l’encadrement de la maladie dans le contexte colonisateur a engendré l’identité du médecin et rationalisé les formes de soins de santé établis pour les Inuits. Une analyse discursive de ces récits révèle comment les formulations cliniques et les diagnostics avancés par ces médecins ont transformé le patient inuit en une personne non-civilisée et non-éduquée, faisant partie d’une culture mourante mal équipée pour participer à la gestion de ses propres besoins de santé. En revanche, le médecin de l’Arctique était bien informé, compétent et héroïque. La théorie de l’affect montre comment la lecture et la représentation de l’affect des Inuits et l’effet corollaire des médecins ont soutenu ces discours. Les binaires utilisés pour caractériser les Inuits – reconnaissants ou hostiles, médicalement coopératifs ou non coopératifs – codifient l’échange entre le médecin et le patient. Les affects perturbateurs des médecins – la honte, la solitude, le chagrin – perturbent les médecins-colonisateurs et trahissent leur incertitude et leur vulnérabilité. Le paysage arctique et l’espace frontalier dans lequel se trouve la clinique sont essentiels à la formation de l’identité du médecin. Les photographies de paysages et des patients de la clinique permettent de voir le regard magistral qui sonde la terre ainsi que le regard médical qui évalue les patients dans les récits. Pourtant, la terre – vaste et aride, identifiée comme une femme peu accueillante et monstrueuse – met à l’épreuve la masculinité et l’assurance médicale des médecins. Jusqu’à ce que la médecine reconnaisse son rôle dans l’établissement et le maintien du colonialisme, la réconciliation ne sera pas possible. De façon plus générale, les médecins peuvent bénéficier d’outils critiques d’analyse et de réflexion, y compris des perspectives critiques postcoloniales et autochtones. Les récits des Inuits, présentés ici aux côtés des récits autobiographiques de médecins, montrent ce qui a été largement négligé par ces médecins et non-saisi par la biomédecine occidentale. Les principes inuit des qaujimajatuqangit (ces savoirs traditionnels encore pertinents aujourd’hui) est contenu dans des formes narratives par des écrivains et des artistes Inuit et offre des outils culturels pour le bien-être et la résilience.

Crawford, Allison M.J.L. 2017. “Where Sickness Comes From: Reading and Unsettling Medicine in the Canadian Arctic.” PhD diss., University of Toronto, 361 pages.

My research project examines the written accounts of eight physicians who document their practice of medicine in the Canadian Arctic: Lorris Elijah Borden (1903–1904), Leslie David Livingstone (1922–1925), Jon A. Bildfell (1940–1942), Joseph P. Moody (1946–1949), Charlie O’Connell (1955), Otto Schaefer (1953–1985), John H. Burgess (1973–2003), and Kevin Patterson (1999, 2006). Through their life-writing practices, they enact both competency and anxiety, which are ultimately the tensions of the settler-colonial context. Discursive, affective, and visual-spatial readings of these accounts reveal how the framing of disease in the settler-colonial context engendered physician identity and rationalized the forms of healthcare established for Inuit. A discourse analysis of these accounts reveals how the clinical formulations and diagnoses advanced by these physicians transformed the Inuit patient into an uncivilized and uneducated figure, part of a dying culture ill-equipped to participate in managing their own healthcare needs. The Arctic doctor, in contrast, was knowledgeable, competent, and heroic. Affect theory shows how the reading and representation of Inuit affect, and the corollary affect of doctors, supported these discourses. The binaries used to characterize Inuit—grateful or hostile, medically compliant or non-compliant—codify the exchange between doctor and patient. Disruptive physician affects—shame, loneliness, grief—discompose the medical-settler-colonial encounter and betray their uncertainty and vulnerability. The Arctic landscape and frontier space in which the clinic is located is critical to this formation of physician identity. The photographs of landscapes and patients in the clinic bring the masterful gaze that surveys the land and the medical gaze that assesses patients into the accounts. Yet the land—vast and barren, gendered as an unwelcoming and monstrous woman—tests the physicians’ masculinity and medical assurance. Until medicine acknowledges its role in establishing and maintaining settler-colonialism, reconciliation will not be possible. More broadly, physicians can benefit from critical tools for analysis and reflection, including postcolonial and Indigenous critical perspectives. Narratives by Inuit, presented here alongside this physician life-writing, demonstrate what has been largely overlooked by these physicians and not grasped by Western biomedicine. Inuit qaujimajatuqangit (traditional knowledge still relevant today) is contained in narrative forms by Inuit writers and artists, and offers cultural tools for wellness and resilience.

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Damiens, Caroline. 2017. « Fabriquer les peuples du Nord dans les films soviétiques : Acteurs, pratiques et représentations ». Thèse de doctorat, Université Sorbonne-Paris-Cité, Paris, 782 pages.

Cette thèse porte sur les représentations des peuples autochtones du Nord forgées par les films et téléfilms soviétiques de fiction. Mobilisant plusieurs approches : l’analyse filmique, l’histoire culturelle du cinéma, l’histoire des représentations et l’histoire politique soviétique. Elle confronte les films à des sources non-films (presse, archives papier, entretiens), afin de mettre en lumière la construction d’une subjectivité et d’un regard. Il s’agit également de décortiquer la fabrication des représentations, dans ses dimensions à la fois les plus concrètes et les plus symboliques. En ce sens, la question de la participation ou de la non-participation des autochtones à la création de leur image filmique, que ce soit devant ou derrière la caméra, constitue une autre interrogation centrale. Les représentations filmiques des peuples du Nord, tiraillées en permanence entre visions du « progrès » et de l’« authenticité », opèrent à l’écran comme autant d’images qui permettent à l’Union soviétique d’évaluer sa propre perception de la modernité. Des années 1920 aux années 1980, les figures cinématographiques autochtones circulent entre deux pôles d’un continuum, qui va de l’incarnation d’une arriération à éliminer au nom de la soviétisation à celle d’une harmonie avec la nature, désormais perdue ou menacée. Par ailleurs, en prenant en compte la question de la contribution des autochtones à la création de leur propre image, cette thèse s’attache à montrer que le film constitue un espace complexe, où plusieurs lectures et usages sont possibles selon la position des participants.

Damiens, Caroline. 2017. “The Peoples of the North Made in Soviet Films: Actors, Practises and Representations”. Thèse de doctorat, Université Sorbonne-Paris-Cité, Paris, 782 pages.

This thesis focuses on the representations of indigenous peoples of the North in Soviet fiction films and made for TV movies. Mobilizing several approaches: film analysis, the cultural history of cinema, the history of representations and Soviet political history. It confronts films with non-film sources (press, paper archives, interviews) in order to highlight the construction of a subjective point of view. It also studies the production of these representations, in both its most concrete and symbolic dimensions. The issue of the participation or non-participation of indigenous peoples in the creation of their image on film, whether in front of or behind the camera, is another central question. The filmic representations of the peoples of the North, constantly torn between visions of “progress” and “authenticity,” operate on the screen as images that allowed the Soviet Union to evaluate its own perception of modernity. From the 1920s to the 1980s, images of indigenous people shifted along a spectrum ranging from the incarnation of backwardness to be eliminated in the name of Sovietization to the embodiment of harmony with nature, now lost or threatened. Moreover, taking into account the question of the contribution of the indigenous people to the creation of their own image, this thesis demonstrates that cinema became a complex space, where different readings and uses were possible according to the position of the participants.

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Derrick, J.M. 2017. « Kahwà:tsire : Familles autochtones dans une pratique de thérapie familiale fondée sur la vision autochtone du monde ». Thèse de doctorat, Tilburg University, 225 pages.

Cette étude crée de nouvelles connaissances sur l’impact qu’a eu la colonisation européenne sur les familles autochtones (Autochtones, Premières nations, Inuits, Métis) au Canada. Elle se concentre particulièrement sur les problèmes des familles dont les enfants ont été enlevés de force par le gouvernement et confiés à des institutions appelées pensionnats. Des membres de familles autochtones ont participé volontairement à une pratique de thérapie familiale qui utilisait une approche systémique familiale et qui s’appuyait uniquement sur une vision autochtone du monde. Cette vision du monde est centrée sur la spiritualité, orientée vers les enfants et considère les relations au sein de la famille aussi importantes que les individus eux-mêmes. L’étude est une enquête qualitative utilisant les théories de construction sociale qui s’interrogent à savoir les possibilités envisageables quand les connaissances autochtones sont utilisées avec une thérapie familiale systémique pour guérir les familles autochtones affectées par le génocide et la colonisation. Quels types de connaissances ont ressorti de la pratique de thérapie familiale Kahwà:tsire ? Quelles approches sensibles aux particularités culturelles ont été utilisées ? Et ce mode de guérison peut-il être transféré à d’autres familles marginalisées ? La recherche a appliqué des analyses réflexives, à la fois collaboratives et autoréflexives afin d’analyser les résultats des méthodologies autochtones utilisées avec les familles ; des outils tels que le récit d’histoires, les performances artistiques, le théâtre, la musique et l’écriture, ainsi que le travail en cercle. Le thérapeute a utilisé une approche constructiviste collaborative avec les familles. Les conclusions de l’étude ont fait ressortir onze méta-thèmes propres aux familles autochtones. Trois méta-thèmes dominent les autres : traumatismes et pertes causés par le génocide ; traumatismes familiaux et pertes causés par les pensionnats ; et problèmes intergénérationnels non-résolus de traumatismes et de perte. Huit méta-thèmes les suivent : défis relationnels ; guérison des femmes et des enfants brimés ; guérison des enfants majeurs ; colère collective et dimension émotionnelle ; impuissance apprise ; défis d’attachement ; violence latérale ; et conséquences de la décolonisation. Les principes de base de ce modèle sont décrits en sachant qu’ils peuvent être utilisés avec d’autres familles marginalisées. Le résultat de cette étude fournit de l’information pour la guérison des familles autochtones au Canada. L’information appuie le désir actuel de revendiquer les identités culturelles et familiales autochtones et, ce faisant, de créer un changement qui sera profitable pour tous dans la relation entre les colonisateurs et les peuples autochtones.

*Se prononce “Gah wah jud lé”. Il s’agit d’un mot Mohawk Haudensaunee pour désigner la famille, qui signifie « nous sommes enveloppés ensemble en famille ».

Derrick, J.M. 2017. >“Kahwà:tsire: Indigenous Families in a Family Therapy Practice with the Indigenous Worldview as the Foundation”. PhD diss., Tilburg University, 225 pages.

This study creates new knowledge regarding the impact of European colonization on Indigenous (Aboriginal, First Nations, Inuit, Metis) families in Canada. It particularly focuses on the issues in families whose children were forcibly removed by the government to institutions called residential schools. Members of Indigenous families voluntarily attended a family therapy practice which utilized a family systems approach and was uniquely based in the Indigenous worldview. This worldview is spiritually centered, child based, and sees relationships as important in the family as the individuals themselves. The study is a qualitative inquiry utilizing social construction theory that asks what might be possible when using Indigenous knowledge together with systemic family therapy to heal Indigenous families impacted by colonization and genocide. What kinds of knowledge emerged from the Kahwà:tsire family therapy practice? What culturally sensitive approaches were used? And is this model of healing transferable to other marginalized families? The research applied reflexive analyses, both collaborative and self-reflective, to analyze the results of the Indigenous methodologies applied with the families; narratives such as storytelling, performances in art, drama, music and writing, and circle format work. The therapist used a collaborative constructionist approach with the families. The conclusions of the study named eleven meta-themes of the Indigenous families. Three meta-themes overarch the others; Trauma and Loss from Genocide, Residential School Family Trauma and Loss, and Unresolved Intergenerational Issues of Trauma and Loss. Eight meta-themes follow these; Relationship Challenges, Healing Victimized Women and Children, Healing Adult Children, Collective Anger and the Emotional Aspect, Learned Helplessness and Powerlessness, Attachment Challenges, Lateral Violence, and Decolonization as an Outcome. The basic principles of this model are described with the understanding they can be applied with other marginalized families. The outcome of this study provides information for the healing of Indigenous families in Canada. The information supports the current desire to reclaim Indigenous cultural and family identities, and by doing so, create a change in the relationship between the colonizers/settlers and Indigenous people that will benefit everyone.

*Pronounced ‘Gah wah jud lay’. This is a Mohawk Haudensaunee word for family, and translates as ‘we are wrapped together as family’.

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Desjardins, Sean. 2017. « Sécurité alimentaire, changement climatique et zooarchéologie de la chasse aux mammifères marins des Néo-Inuit, nord-ouest du Bassin Foxe, Nunavut. Thèse de doctorat, McGill University, 318 pages.

La sécurité alimentaire est depuis longtemps, une problématique importante et existentielle pour les Néo-Inuit (ca. AD 1200-présent) de l’Arctique Canadien ainsi que ceux du Groenland. Avant le début de leurs échanges réguliers avec les Européens et les Euro-canadiens, l’alimentation des Néo-Inuit était composée exclusivement de protéines animales, majoritairement issue de mammifères marins. La thèse qui suit présente mes trouvailles archéologiques faites lors de mes recherches effectuées à Pingiqqalik (NgHd-1). Ce grand site hivernal Néo-Inuit est composé de 119 maisons de terre semi-souterraines. Les dates au radiocarbone, échantillonnées en provenance des trois lots de maisons (« régions du site »), indiquent que chacun des sites fut occupé de façon graduelle, l’un après l’autre. Ce phénomène pourrait être causé par le refroidissement graduel (associé à l’augmentation de la glace de mer), le Petit Âge Glaciaire: une période d’environ 600 ans, influencée par les volcans qui provoquèrent une baisse de la température à travers l’Atlantique nord et possiblement d’autres régions. Celle-ci débutant aux alentours de AD 1300. Les analyses archéo-zoologiques des trois régions du site de Pingiqqalik démontrent une augmentation de la dépendance aux morses au fil du temps, ainsi qu’un plus grand équilibre taxonomique entre toutes les différentes occupations si on compare à ce qui est vu dans tous les autres groupes fauniques Néo-Inuits de partout ailleurs dans l’Arctique Canadien. De plus, les conversations historiques et les faits ethno-historiques indiquent une occupation récente des habitations de terre semi-souterraines hivernales sur le site par les Inuits, et ce, longtemps après que ce type de structure eut été abandonné par les Inuits ailleurs dans l’Arctique. Cette information démontre que les ressources animales dans le nord-ouest du Bassin Foxe sont demeurées stables pendant la Petite Air de Glace et que l’abondance relative de proie, particulièrement des morses, des petits phoques ainsi que des phoques barbus, a permis aux résidents de la région d’entreposer leurs ressources de mammifères marins dans des entrepôts de gravelles pour les utiliser pendant les mois d’hiver. Cette sécurité alimentaire élevée facilita d’une part, l’augmentation de la population (tel qu’indiqué par le grand nombre de maisons répertoriées sur le site) et d’une autre part, la réduction de la mobilité des installations (on le remarque par l’occupation de maisons de terre semi-souterraines jusqu’au 20e siècle avancé).Les descendants de cette population de chasseurs, les Amitturmiut des communautés modernes d’Igloolik et Hall Beach, continuent de chasser régulièrement les morses et entreposent encore leurs ressources pour leur consommation hivernale. Les effets du changement climatique anthropique récent pourraient bientôt être ressentis dans l’écosystème du Bassin Foxe qui était, jusqu’à présent, relativement à l’abri. La façon dont ils répondent aux changements récents de température dans cette région, telle qu’observée, pourrait être un bon indicateur de leur réponse aux changements futurs, notamment dans leurs ressources primaires.

Desjardins, Sean. 2017. “Food Security, Climate Change and the Zooarchaeology of Neo-Inuit Sea-Mammal Hunting, Norhtwest Foxe Basin, Nunavut.” PhD diss., McGill University, 318 pages.

Food security has long been an issue of existential importance to Neo-Inuit (ca. AD 1200-present) of the Canadian Arctic and Greenland. Prior to regular trade with Europeans and Euro-Canadians, the entirety of the Neo-Inuit diet consisted of animal resources, especially sea-mammals. In this dissertation, I present the findings of archaeological research conducted at Pingiqqalik (NgHd-1), a large Neo-Inuit winter site consisting of 119 semisubterranean sod houses. Radiocarbon dates from the site’s three house groups (“site areas”) show each is associated with a discrete occupation; successive occupations likely experienced the gradual cooling—and associated increased sea-ice—of the Little Ice Age (LIA), a roughly 600-year period of volcanically-influenced lowered temperatures across the North Atlantic (and possibly other regions as well), beginning around AD 1300. Zooarchaeological analyses across the three site areas of Pingiqqalik show increasing reliance on walruses over time, but also a greater taxonomic evenness across all occupations than is seen in any other Neo-Inuit faunal assemblage in the Canadian Arctic. Additionally, oral-historical and ethnohistorical accounts indicate recent-historic Inuit at the site occupied sod winter houses long after this feature type had been abandoned by Inuit in many other parts of the Arctic. This information strongly indicates animal resources in northwest Foxe Basin remained stable throughout the LIA, and that the relative abundance of prey—particularly walruses, small seals and bearded seals—allowed area residents to store sea-mammal resources in gravel caches for use during harsh winter months. In turn, increased food security facilitated 1) larger populations, as indicated by the large number of house features at the site, and 2) reduced residential mobility, reflected in the winter-long occupation of area sod houses well into the 20th century. The descendants of these hunting populations—the Amitturmiut people of the modern communities Igloolik and Hall Beach—continue to regularly hunt walruses and cache walrus resources for winter consumption. As the effects of recent anthropogenic climate change may soon begin to be felt in the relatively sheltered Foxe Basin ecosystem, examining early responses to changing temperatures in the region may help inform future responses to changes in the resource base.

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Fortin, Stéphanie. 2017. « Le risque socioéconomique et psychosocial chez les mères inuites durant l’année postnatale et ses effets sur le développement du nourrisson à 12 mois ». Thèse de doctorat, Université Laval, 143 pages.

La Commission de vérité et de réconciliation (CVR) a dénoncé d’anciennes politiques assimilatoires envers les Autochtones dans lesquelles les pensionnats ont joué un rôle central en excluant les parents du développement de leurs enfants. Appliquées plus tardivement aux Inuit, ces politiques ont provoqué de profonds traumatismes collectifs dont les séquelles persistent à travers les piètres conditions de vie, la prévalence de problématiques destructrices et la surreprésentation des enfants dans le système de protection de l’enfance. C’est dans ce contexte que la présente thèse examine différentes difficultés socioéconomiques et psychosociales de 176 mères inuit du Nunavik durant l’année postnatale en tant que facteurs pouvant constituer un risque pour le développement optimal du nourrisson à 12 mois. Dans le premier article, l’adversité postnatale vécue par ces mères est décrite selon une approche épidémiologique en documentant la prévalence de facteurs de risque socioéconomiques (âge, éducation, monoparentalité, emploi, aide sociale) et psychosociaux (détresse psychologique, comportements suicidaires, violence conjugale, consommation de drogues, abus d’alcool) et en identifiant des profils de risque. Les résultats indiquent que la majorité des mères rapportent plusieurs facteurs de risque pouvant nuire à leur bien-être durant une période développementale charnière chez l’enfant. À partir de ces risques, quatre conditions dichotomiques (précarité socioéconomique, détresse, violence conjugale et utilisation de substances) sont créées et intégrées aux analyses de classes latentes. Elles mettent en évidence trois profils. Le premier comprend des mères ne présentant peu ou pas de risques (30,8 %) ; les deuxième et troisième incluent des mères susceptibles de vivre de la détresse, mais pour des raisons différentes (69,2 %). Le deuxième profil regroupe des mères monoparentales sujettes à un stress socioéconomique (40,1%) tandis que le troisième profil compte des mères financièrement moins en difficulté, mais qui évoluent dans une relation conjugale violente et tendent à consommer des drogues ou à abuser de l’alcool (29,1 %). Ces résultats suggèrent que les programmes périnataux au Nunavik devront adresser les besoins potentiellement différents de ces deux groupes de mères pour favoriser leur bien-être et celui de leur enfant. Dans le second article, l’examen des associations directes des facteurs de risque maternels avec le développement du nourrisson à 12 mois et des associations indirectes via un processus d’altération de la qualité de l’environnement familial est réalisé. Comme la iv majorité des participantes expérimentent plusieurs risques, le lien entre le cumul de facteurs de risque et le développement est aussi examiné. Aucun des modèles n’indique de lien direct entre le cumul de risques et le développement ou de relation indirecte via la qualité de l’environnement familial. Toutefois, certains risques maternels tels que ne pas avoir d’emploi, être peu scolarisé, avoir déjà tenté de se suicider et avoir consommé de la drogue durant l’année postnatale sont directement associés (ß ≤ -0,27) à des indicateurs psychomoteurs et cognitifs de développement à 12 mois. La qualité de l’environnement familial présente aussi des liens directs (ß ≤ 0,16) avec le développement psychomoteur et cognitif dans certains modèles. Cette étude ne corrobore pas l’hypothèse postulant que le développement est affecté par le fardeau croissant de stress résultant de l’augmentation du nombre de risques. Elle suggère plutôt que certains risques socioéconomiques et psychosociaux présents durant l’année postnatale, peuvent favoriser l’identification des nourrissons les plus vulnérables, c’est-à-dire ceux dont le développement psychomoteur et cognitif optimal est le plus menacé. Nous estimons que les risques influençant négativement le développement dans cette étude constituent des indicateurs d’un malaise de longue date continuant de s’actualiser dans la vie des mères. Même si l’année postnatale est reconnue comme charnière pour le développement, cette thèse démontre l’importance de s’intéresser à des stresseurs chroniques, présents avant la naissance de l’enfant chez les Inuit. Les traumatismes historiques, dont les effets se transmettent aux générations subséquentes, constituent des stresseurs chroniques, pouvant nuire aux processus de résilience des mères et les amener à répéter des comportements inadéquats vécus dans leur passé. La CVR recommande d’ailleurs la mise en place de programmes de formation et de soutien parentaux adaptés à la culture afin d’aider les parents victimes des conséquences de l’oppression culturelle passée. La présente thèse soutient empiriquement de tels programmes en montrant que la qualité de l’environnement familial prodiguée par les mères inuites est associée à un meilleur développement précoce chez le nourrisson.

Fortin, Stéphanie. 2017. “Socioeconomic and Psychosocial Risk Among Inuit Mothers During the Postpartum Year and its Effects on Infant Development at 12 Months.” PhD diss., Université Laval, 143 pages.

The Truth and Reconciliation Commission (TRC) criticized the government’s former assimilation policies towards Indigenous Peoples, in which residential schools played a key role by excluding parents from their children’s development. Although these policies were applied later to the Inuit, they caused deep collective trauma whose effects are still being reflected in poor living conditions, the prevalence of destructive problems, and the overrepresentation of Inuit children in the child welfare system. It is against this backdrop that this thesis examines the socioeconomic and psychosocial challenges of 176 Inuit mothers in Nunavik during the postnatal year as possible risk factors for the optimal development of infants at 12 months. In the first article, the postnatal adversity experienced by these mothers is described using an epidemiological approach by documenting the prevalence of socioeconomic (age, education, monoparentality, unemployment, social assistance) and psychosocial (psychological distress, suicidal behaviours, domestic violence, substance abuse) risk factors, and identifying risk profiles. The results indicate that most of the mothers reported several risk factors that could adversely affect their well-being during a critical phase of child development. Based on these risks, four dichotomous conditions (socioeconomic insecurity, distress, domestic violence, and substance abuse) were created and incorporated into latent class analyses, revealing 3 profiles. The first consisted of mothers presenting little to no risk (30.8%), while the second and third included mothers likely to experience distress, for a variety of reasons (69.2%). The second profile was comprised of single mothers experiencing socioeconomic stress (40.1%) while the third profile included mothers in a less precarious financial situation, but who were in violent domestic relationships and tended to abuse drugs or alcohol (29.1%). These results suggest that perinatal programs in Nunavik should address the potentially different needs of these two groups of mothers in order to promote their well-being and that of their babies. The second article examines the direct association between maternal risk factors and infant development at 12 months, and indirect associations via a process whereby the quality of the family environment is altered. Since the majority of the participants experienced several risks, the link between the cumulative risk factors and infant development was also examined. None of the models revealed a direct link between cumulative risks and development, or an indirect relation via the quality of the family environment. However, certain maternal risks such as lack of employment, low education level, previous suicide attempts, and drug consumption during the first postnatal year are directly associated (ß ≤ -0.27) with psychomotor and cognitive development indicators at 12 months. The quality of the family environment also presents direct links (ß ≤ 0.16) with psychomotor and cognitive development in certain models. This study does not corroborate the hypothesis that development is affected by the growing burden of stress resulting from an increase in the number of risks. Rather, it suggests that certain socioeconomic and psychosocial risks present during the first postnatal year can help identify the most vulnerable infants, i.e., those whose optimal psychomotor and cognitive development is most at risk. We suggest that the risks in this study that have a negative impact on development are indicators of a long-standing malaise that continues to be reflected in the lives of mothers to this day. While the first postnatal year is recognized as a critical period for development, this thesis demonstrates the importance of addressing chronic stressors among the Inuit that are present before the child’s birth. Historical traumas, the effects of which are handed down from one generation to the next, are chronic stressors that can hinder the resilience processes of mothers and lead them to repeat inappropriate behaviours from their past. In this regard, the TRC calls for the implementation of culturally appropriate parenting programs and support to help parents who have experienced cultural oppression in the past. This thesis empirically supports such programs by demonstrating that the quality of the family environment provided by Inuit mothers is associated with improved early development outcomes in infants.

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Gaupseth, Silje. 2017. « Comment être un explorateur héroïque dans un Arctique amical : Une approche chronotopique de l’autoreprésentation dans The Friendly Arctic : The Story of Five Years in Polar Regions (1921), de Vilhjalmur Stefansson ». Thèse de doctorat, Universitetet i Tromsø, 246 pages.

Cette dissertation aborde le récit d’exploration The Friendy Arctic: The Story of Five Years in Polar regions (1921) écrit par l’anthropologue et explorateur canado-américain Vilhjalmur Stefansson (1879–1962). Le récit de Stefansson s’appuie sur ses expériences vécues lors de son expédition d’exploration de l’Arctique, qui l’a amenée à traverser et à cartographier des étendues de territoires et d’océans de 1913 à 1918. Les approches méthodologique et théorique de l’étude sont largement basées sur le concept de chronotope de Mikhail Bakthin, qui est combiné avec des concepts pertinents et des approches analytiques des méthodes et théories narratives. Afin de comprendre l’autoreprésentation narrative de Stefansson dans The Friendly Arctic, l’étude soutient que deux chronotopes interdépendants – et potentiellement conflictuels – donnent forme à son récit et doivent être examinés : un chronotope de l’arctique amical et un chronotope de quête, qui combine des éléments d’intrigue et de personnage, d’histoire et de discours. Dans ce contexte, l’autoreprésentation de Stefansson en tant qu’explorateur de l’Arctique (appuyant ses techniques d’exploration caractéristiques sur le savoir inuit) peut à l’occasion être perçue comme ambivalente, et il existe une tension similaire dans la représentation narrative de son Arctique amical. L’étude est pertinente pour le domaine de la littérature de voyage et d’exploration, et elle est influencée par les travaux récents sur les discours sur l’Arctique.

Gaupseth, Silje. 2017. “How to Be a Heroic Explorer in a Friendly Arctic: A Chronotopic Approach to Self-Representation in Vilhjalmur Stefansson’s The Friendly Arctic: The Story of Five Years in Polar Regions (1921)”. PhD diss., Universitetet i Tromsø, 246 pages.

This dissertation deals with the exploration account The Friendly Arctic: The Story of Five Years in Polar Regions (1921), written by Canadian-American anthropologist and explorer Vilhjalmur Stefansson (1879–1962). Stefansson’s story is based on his experiences during the Canadian Arctic Expedition, which traversed and mapped stretches of ocean and land in the Canadian Arctic in the years 1913–1918. The methodological and theoretical approach of the study is largely based on Mikhail Bakthin’s concept of the chronotope, which is combined with relevant concepts and analytical approaches from narrative theory and method. In order to understand Stefansson’s narrative self-representation in The Friendly Arctic, the study contends, two interdependent—and potentially conflicting—chronotopes that give form to his narrative must be examined: a friendly Arctic chronotope and a quest chronotope, which combine elements of plot and character, story and discourse. Against this background, the self-representation of Stefansson as Arctic explorer (basing his characteristic explorative techniques on Inuit knowledge) may sometimes be seen as ambivalent, and there is a similar tension in the narrative representation of his friendly Arctic. The study is of relevance to the field of travel and exploration literature, and is influenced by recent work on Arctic discourses.

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Giordano, Celeste. 2017. « Vieillissement et fermentation comme stratégies d’adaptation alimentaire dans l’Arctique ». Thèse de doctorat, University of Nevada-Las Vegas, 124 pages.

Cette dissertation est composée de trois articles : un article publié, un article présentement évalué pour publication et un commentaire publié. Le chapitre 1 présente une introduction à la dissertation dans son ensemble – un travail qui examine les techniques de vieillissement et de fermentation de la nourriture dans une communauté autochtone Yup’ik en Alaska, qui propose une explication adaptative de ces stratégies dans le Nord circumpolaire et qui explore leur potentielle importance d’un point de vue interculturel et évolutif. Le chapitre 2 est un article qui décrit le système d’entreposage dans des sacs faits de peau de phoque – une technique autochtone d’entreposage et de préservation alimentaire que les Yup’ik d’Alaska utilisaient pour gérer la sécurité alimentaire jusqu’à il y a une génération, environ. Le chapitre 3 est une étude détaillée du ninamayuk, un plat Yup’ik autochtone qui implique des techniques de transformation et de préservation représentatives des stratégies adoptées partout dans l’arctique et le subarctique nord-américain et eurasien pour assurer une sécurité alimentaire annuelle. Le chapitre 4 résume brièvement un article publié dans Current Anthropology sur les aliments indigènes âgés et fermentés dans la région du détroit de Béring, auquel le commentaire publié (chapitre 5) répond. Le chapitre 6 explique les principaux points soulevés dans le commentaire. Le chapitre 7, avec ses implications plus larges pour la compréhension de l’évolution de l’alimentation humaine, relie les chapitres précédents aux conclusions des articles du chapitre 2 et, en particulier, au chapitre 3. Le chapitre 8 discute des implications de cette recherche pour l’orientation des travaux futurs en anthropologie ; en particulier l’importance de la poursuite du travail ethnographique et de l’archéologie expérimentale avec les communautés indigènes contemporaines et la contribution potentielle de ces initiatives à l’élaboration de théories sur les pratiques alimentaires préhistoriques et les problèmes de santé actuels liés à l’alimentation.

Giordano, Celeste. 2017. “Aging and Fermentation as Adaptive Food Management Strategies in the Arctic”. PhD diss., University of Nevada–Las Vegas, 124 pages.

This dissertation is composed of three papers: one published article, one article under review for publication, and one published commentary. Chapter 1 provides an introduction to the dissertation as a whole – a work that investigates food aging and fermentation techniques in an indigenous Yup’ik Alaskan community, proposes an adaptive explanation for these strategies in the circumpolar north, and explores the potential importance of them cross-culturally and evolutionarily. Chapter 2 is a paper that describes the seal poke storage system – an indigenous food preservation and storage technique that Yup’ik Alaskans used to manage food security up until approximately one generation ago. Chapter 3 is a detailed study of ninamayuk – an indigenous Yup’ik food that involves processing and preservation techniques that are exemplary of the strategy adopted throughout the North American and Eurasian arctic and subarctic to ensure annual food security. Chapter 4 briefly summarizes an article published in Current Anthropology on indigenous aged and fermented foods in the Bering Strait region to which the published commentary (Chapter 5) is in response. Chapter 6 elaborates on the main points made in the commentary. Chapter 7 links the previous chapters to the findings in the papers of Chapter 2 and, particularly, Chapter 3 with its broader implications for understanding the evolution of the human diet. Chapter 8 discusses the implications of this research for the direction of future work in the field of Anthropology; specifically, the importance of continued ethnographic work and experimental archaeology with contemporary indigenous communities and the potential contribution of this for developing theories about prehistoric human dietary practices and modern-day diet-related health problems.

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Kenny, Tiffannie. 2017. « Le système alimentaire inuit : Les dimensions écologique, économique et environnementale de la transition nutritionnelle ». Thèse de doctorat, Université d’Ottawa, 298 pages.

De l’Arctique au Pacifique Sud, les peuples autochtones connaissent une transition nutritionnelle impliquant le déclin des modes de vie axés sur la subsistance (par exemple, la chasse, la pêche et la cueillette) et l’adoption d’un régime alimentaire « occidental », qui favorise la consommation d’aliments du commerce (notamment, les aliments transformés et les aliments riches en glucides, sucre, et graisses saturées). Ce changement nutritionnel a donné lieu a une prévalence accrue de l’obésité et autres maladies chroniques liées à l’alimentation. La transition vers une économie fondée sur la rémunération, la perte des savoirs traditionnels, ainsi que les changements biophysiques, écologiques, et sociaux dans l’Arctique, défient collectivement l’accès aux aliments sains pour les collectivités Inuites. Ainsi, l’insécurité alimentaire et la malnutrition constituent de défies particulièrement sérieux pour les Inuits. Cette thèse fondée sur la reconnaissance des interactions complexes et dynamiques entre les écosystèmes, les économies, et les sociétés (approche écosystémique à la santé) intègre de multiples pistes d’enquête dans le but de mieux comprendre la transition nutritionnelle chez les Inuits de l’Arctique canadien. La thèse comprend deux sections. La première section se concentre sur le système alimentaire relatif aux aliments traditionnels. Cette section aborde plusieurs questions clés sur l’état et la gestion des espèces nordiques et les répercussions sur la santé et la sécurité alimentaire inuits. Le caribou (Ranfiger tarandus), par exemple, est la principale source de protéine, et plusieurs micronutriments impliqués dans l’érythropoïèse (par exemple, le fer, le zinc, le cuivre, la riboflavine et la vitamine B12) dans la diète contemporaine des Inuits. De plus, la consommation de caribou est positivement associée aux taux d’hémoglobine chez les adultes inuits. Cependant, plusieurs hardes de caribou circumpolaires sont en situation périlleuses avec des déclins significatifs au cours des dernières décennies. La seconde section aborde le système alimentaire relatif aux aliments du commerce. Nous avons constaté que les aliments les plus souvent consommés par les Inuits (par exemple, les boissons sucrées, le sucre ajouté et le pain) contribuent de façon importante à l’apport énergétique, tout en contribuant de façon minimale à la plupart des micronutriments. À l’aide de la modélisation (optimisation), nous avons démontré qu’une saine alimentation est théoriquement réalisable selon un mélange d’aliments locaux et aliments provenant du marché. Cependant, des changements importants dans les dépenses alimentaires favorisant les produits laitiers, et les fruits et légumes entiers, sont nécessaires. Cette thèse fournit des informations importantes, ainsi que de nouveaux outils et approches pour permettre aux communautés, aux gestionnaires de la faune, et aux professionnels de la santé publique, de promouvoir conjointement la santé humaine et la durabilité des écosystèmes dans un environnement arctique en évolution rapide.

Kenny, Tiffannie. 2017. “The Inuit Food System: Ecological, Economic, and Environmental Dimensions of the Nutrition Transition”. PhD diss., University of Ottawa, 298 pages.

From the Arctic to the South Pacific, Indigenous Peoples have experienced a rapid nutrition transition involving the decline of traditional/subsistence-based ways of life and the adoption of a “Western” diet that is high in saturated fats, sugar, and processed foods. This dietary shift has been paralleled by an increased prevalence of obesity, diabetes, and, other diet-related chronic diseases. In the Arctic, rapidly changing biophysical conditions, globalization, and integration into market economies are collectively challenging access to both country foods and nutritious market foods. Food security and nutrient adequacy thus remain elusive for Inuit communities of northern Canada. Premised upon the view that human well-being is predicated upon complex and dynamic interactions between ecosystems, economies, and societies, this dissertation integrates multiple lines of inquiry and scales of engagement (community, regional, and national) to further understanding of the nutrition transition among Inuit in Canada. The thesis is comprised of two sections. Section 1 bridges the often-disparate fields of human nutrition and wildlife conservation by addressing key questions about the status and management of Arctic species, and the implications for Inuit food security and health. For example, caribou (Rangifer tarandus) populations across the circumpolar north are currently experiencing dramatic declines in abundance and restrictions on Inuit subsistence harvest are currently implemented for several caribou populations. Caribou, however, is the primary source of protein and several micronutrients involved in the prevention of anemia (e.g. iron zinc, copper, riboflavin, and vitamin B12) in the contemporary diet of Inuit adults. Caribou consumption is also positively associated with hemoglobin levels in Inuit adults. Section 2 considers elements of the market food system in Inuit communities. We found that the most popular market foods consumed by Inuit (e.g. sweetened beverages, added sugar, and bread) contribute significantly to total diet energy while contributing minimally to most micronutrients. Using optimization models, we have demonstrated that a nutritious diet (one meeting Health Canada dietary reference intake values) is theoretically feasible based on a mix of country food and market food, and at relatively little additional cost from current diets. However, significant deviations in patterns of food expenditure away from sweetened beverages, towards dairy, and whole fruits and vegetables would be required. Taken collectively, this thesis provides important information, as well as new tools, and approaches, for communities, wildlife conservation and public health professionals to jointly promote ecosystem and human health in a rapidly changing environment.

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Kjeldaas, Sigfrid. 2017. « Le Nature Writing comme zone de contact : Point de vue occidental et inuit sur le paysage et les animaux dans l’oeuvre Arctic Dreams de Barry Lopez ». Thèse de doctorat, Universitetet i Tromsø, 318 pages.

Cette thèse examine la façon dont l’oeuvre de Barry Lopez Arctic Dreams: Imagination and Desire in a Northern Landscape (1986) se lance dans la quête d’une compréhension plus inclusive, éthique et non-utilitariste du monde naturel, susceptible de mener à une approche nouvelle, plus prudente des animaux et des paysages arctiques. Tel que défini par Don Scheese et Timo Maran, le genre littéraire du Nature Writing, soit « écrire la nature », est particulièrement approprié pour tenir compte de l’hétérogénéité des points de vue nécessaire pour établir une telle compréhension. En utilisant le concept de zone de contact de Mary Louise Pratt, j’examine la façon dont Arctic Dreams fonctionne en tant que zone de contact littéraire permettant la rencontre et l’interaction des points de vue issus de domaines scientifiques modernes (incluant la biologie de terrain, l’écologie et la physique quantique), d’ontologies Inuits et de l’esthétique occidentale. Dans leur zone d’interaction, ces points de vue défient les concepts occidentaux modernes du monde naturel : les conceptions du paysage et de l’espace, des animaux et de la subjectivité. Grâce à l’inclusion d’une telle multitude hétérogène de points de vue, Arctic Dreams crée une image de l’arctique nord-américain qui le présente comme un lieu vibrant, animé, rempli de sociétés et de sujets humains et animaux : comme une zone de contact nature-culture, et une civilisation. Prenant pour prémisse le fait que les origines du Nature Writing puisent dans les explorations scientifiques et romantiques du monde naturel au dix-neuvième siècle, cette dissertation décrit également ce qu’il advient dans la zone de contact entre les représentations scientifique et esthétique de l’Arctique. Pour rendre justice au contexte et à l’histoire de ces représentations, j’étudie le rapport du texte à la tradition de la littérature d’exploration de l’Arctique et à la tradition du romantisme littéraire. Cela révèle comment Lopez dans Arctic Dreams applique et retravaille l’esthétique du romantisme, incluant l’esthétique du sublime naturel (ou arctique). Écrit à un moment de l’histoire où l’Arctique n’était plus une région située par-delà le monde connu et hors de la portée de la modernité, le texte de Lopez révèle comment le savoir scientifique peut évoquer une forme nouvelle et écologique du sublime quand il rencontre le monde naturel. Le sublime de l’Arctique dans Arctic Dreams devient une expression de la relation humaine non pas avec un Dieu transcendantal, mais bien avec la matérialité du monde naturel dans toute son altérité.

Kjeldaas, Sigfrid. 2017. “‘Nature Writing’ as Contact Zone: Western and Inuit Perspectives on Landscape and Animals in Barry Lopez’s ‘Arctic Dreams’.” PhD diss., Universitetet i Tromsø, 318 pages.

This dissertation investigates how Barry Lopez’s Arctic Dreams: Imagination and Desire in a Northern Landscape (1986) engages in a search for a more inclusive, ethical and non-utilitarian understanding of the natural world that may lead to a new and more cautious approach to arctic animals and landscapes. As defined by Don Scheese and Timo Maran, nature writing is uniquely suited to accommodate the heterogeneity of perspectives needed to establish such an understanding. Using Mary Louise Pratt’s concept of the contact zone, I examine how Arctic Dreams functions as a literary contact zone that occasions the meeting and interaction of perspectives from modern fields of science (including field biology, ecology, and quantum physics), Inuit ontologies, and Western aesthetics. In their zone of interaction, these perspectives challenge modern Western conceptions of the natural world: of landscape and space, animals and subjecthood. Through the inclusion of such a heterogeneous multitude of perspectives, Arctic Dreams engenders an image of the North American Arctic as a vibrant and lively place of human and animal subjects and societies: as a natural-cultural contact zone and a civilization. Taking as its premise nature writing’s origin in nineteenth-century scientific and Romantic explorations of the natural world, this dissertation also describes what happens in the contact zone between scientific and aesthetic representations of the Arctic. To do justice to the context and history of these representations, I study the text’s relationship to the tradition of arctic exploration literature and to the tradition of literary Romanticism. This reveals how Lopez in Arctic Dreams applies and reworks the aesthetics of Romanticism, including the aesthetics of the natural (or arctic) sublime. Written at a point in time in which the Arctic was no longer a region beyond the known world and the reach of modernity, Lopez’s text reveals how scientific knowledge can evoke a new and ecological form of sublimity in meeting with the natural world. The arctic sublime becomes in Arctic Dreams not an expression of the human relationship with a transcendental God, but with the materiality of the natural world in all its otherness.

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Knopp, Jennie A. 2017. « Relier le savoir et les observations inuits et scientifiques afin de mieux comprendre l’omble chevalier (Salvelinus alpinus L.) Community Monitoring ». Thèse de doctorat, Trent University, 316 pages.

L’omble chevalier (Salvelinus alpinus L.) a toujours été une importante ressource de subsistance pour les Inuvialuit, les Inuits de l’ouest de l’Arctique canadien, et le demeure encore aujourd’hui. Les effets des changements et variations climatiques dans cette région ont augmenté sensiblement au cours des trois dernières décennies. On s’inquiète de la façon dont les changements et variations climatiques affecteront l’omble chevalier et les Inuvialuit, eux qui dépendent de cette ressource et devront s’adapter aux changements dans la pêche. La surveillance communautaire est un outil important pour la gestion de l’omble chevalier. Par conséquent, ma thèse portait sur la question centrale suivante : quels facteurs et paramètres de surveillance communautaire fourniraient les informations nécessaires aux utilisateurs des ressources locales et aux décideurs pour qu’ils fassent des choix éclairés en matière de gestion des populations d’omble chevalier à la lumière des changements et variations climatiques ? Cette question est étudiée à l’aide d’une approche de recherche exploratoire et d’un modèle de recherche à méthodes mixtes, utilisant des méthodes scientifique et sociale ainsi que des données quantitatives (connaissances et observation écologiques scientifiques) et qualitatives (savoir et observations des Inuvialuit). Ma thèse est constituée de trois articles, d’une introduction et d’une discussion intégrative. Le premier article examine les paramètres potentiels d’habitat pour la surveillance d’état de l’omble chevalier dulcicole dans trois lacs de l’île Banks, dans la région désignée des Inuvialuit. Le deuxième article examine les paramètres environnementaux locaux potentiels pour la surveillance de la croissance de l’omble chevalier dulcicole dans les trois mêmes lacs. Le troisième article étudie les aspects des programmes de surveillance communautaire de l’omble chevalier dans le Nord canadien ayant mené à la collecte soutenue de données utiles à la gestion de la ressource. Cette thèse apporte des contributions au domaine de la recherche en démontrant l’utilité d’une approche de méthodes mixtes. Les résultats démontrent des similitudes et des différences dans la croissance et l’état de l’omble chevalier dans les lacs Capron, Kuptan et Middle sur l’île Banks. Cela appuie à la fois les changements climatiques régionaux et spécifiques aux lacs, ce qui signifie que les paramètres de surveillance environnementale de l’habitat lacustre et local devraient être utilisés dans les programmes de surveillance communautaire de l’omble chevalier. L’étude des programmes de surveillance communautaire de l’omble chevalier démontre qu’une approche de surveillance adaptative est importante pour les pêches de subsistance, car l’évolution des modes de vie et les changements climatiques ayant une incidence sur la pêche peuvent avoir un effet direct sur le succès des opérations d’un programme de surveillance communautaire de l’omble chevalier.

Knopp, Jennie A. 2017. “Linking Inuit and Scientific Knowledge and Observations to Better Understand Arctic Char (Salvelinus alpinus L.) Community Monitoring.” PhD diss., Trent University, 316 pages.

Arctic Char (Salvelinus alpinus L.) have been, and remain, an important subsistence resource for the Inuvialuit, the Inuit of the western Canadian Arctic. The effects of climate variability and change (CVC) in this region have been noticeably increasing over the past three decades. There are concerns as to how CVC will affect Arctic Char and the Inuvialuit who rely on this resource as they will have to adapt to changes in the fishery. Community-based monitoring, is an important tool for managing Arctic Char. Therefore, my dissertation focused on the central question of: Which community-based monitoring factors and parameters would provide the information needed by local resources users and decision-makers to make informed choices for managing Arctic Char populations in light of CVC? This question is investigated through an exploratory research approach and a mixed method research design, using both scientific and social science methods, and quantitative (scientific ecological knowledge and observation) and qualitative (Inuvialuit knowledge and observation) information. It is formatted as three journal manuscripts, an introduction, and an integrative discussion. The first manuscript examines potential habitat parameters for monitoring landlocked Arctic Char condition in three lakes on Banks Island in the Inuvialuit Settlement Region. The second manuscript examines potential local environmental parameters for monitoring landlocked Arctic Char growth in the same three lakes. The third manuscript investigates aspects of Arctic Char community-based monitoring programs (CBMP) in the Canadian North that have led to the sustained collection of useful data for management of the resource. This dissertation makes contributions to the field of research by demonstrating the utility of a mixed methods approach. The results demonstrate similarities and differences in char growth and condition within and among Capron, Kuptan and Middle lakes on Banks Island. This supports both lake-specific and regional climate-driven changes, meaning both lake habitat and local environmental monitoring parameters should be used in char CBMP. The investigation of char CBMP across northern Canada demonstrates that an adaptive monitoring approach is important for subsistence fisheries, as changing lifestyles and environmental changes impacting a fishery can have direct effects on the successful operation of char CBMP.

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Lachapelle, Marise. 2017. « La négociation d’un parcours d’intégration : Expériences postsecondaires d’Inuit du Nunavik ». Thèse de doctorat, Université Laval, 334 pages.

Cette thèse est une contribution à l’étude de l’éducation postsecondaire des autochtones, plus spécifiquement des Inuit du Nunavik. Située dans le champ de l’anthropologie de l’éducation, elle documente l’expérience d’intégration des Nunavimmiut (habitants du Nunavik) dans les établissements d’enseignement postsecondaires au Québec. Elle porte une attention particulière à l’expérience collégiale, car cette étape, spécifique à la province, fait suite aux études secondaires et est antérieure à l’université. Elle examine plus particulièrement la place qui est faite aux Inuit dans le système d’éducation postsecondaire québécois. En s’intéressant aux négociations quotidiennes qu’effectuent les étudiants inuit, elle discute des expériences et des pratiques dont les registres ne tiennent pas compte. Celles-ci sont tout aussi déterminantes sur les résultats scolaires, sinon davantage, en plus d’être révélatrices des obstacles rencontrés par ces étudiants. En trame de fond, la méconnaissance des Québécois à l’égard des Inuit vient soutenir la pertinence de s’affranchir d’une approche d’intégration vers l’inclusion scolaire. Il semble y avoir consensus entre le gouvernement québécois et les organisations inuit sur l’importance d’augmenter la participation des Inuit aux études postsecondaires. Cependant, les options offertes aux Nunavimmiut participent à leur marginalisation sociale. Même si l’importance d’adapter l’éducation scolaire aux cultures autochtones en y intégrant leurs langues, leurs histoires, leurs revendications, leurs représentations du monde et leurs savoir-faire, est reconnue, bien peu de changements se constatent. Certes, l’intégration favorise la mise en place de stratégies compensatoires afin de permettre aux Inuit de participer à cette éducation standardisée reflétant la société québécoise, mais dans ce processus, le système d’éducation n’est pas remis en question. Dans une discussion entre intégration et inclusion, cette thèse soutient que malgré les mesures proposées par le gouvernement du Québec et le service aux étudiants du postsecondaire de la commission scolaire Kativik pour favoriser l’intégration des Nunavimmiut dans les établissements d’enseignement postsecondaires et dans les programmes, cette approche maintient la prédominance de l’éducation occidentale. Dans ce contexte, il y a peu de place pour être inuit, car ces dernières doivent s’adapter à cette trajectoire normalisée. Cependant, l’inclusion scolaire, dont les bienfaits sont reconnus par de nombreux chercheurs, semble représenter une voie prometteuse pour enfin accorder une valeur comparable aux Inuit en matière d’éducation postsecondaire et soutenir la décolonisation de l’éducation qu’attendent les Inuit et les Premières Nations du Québec.

Lachapelle, Marise. 2017. “Negotiating a Pathway to Integration: Postsecondary Experiences of Nunavik Inuit”. PhD diss., Université Laval, 334 pages.

This thesis examines postsecondary education among Indigenous Peoples, specifically the Nunavik Inuit. It documents, from an educational anthropology perspective, the integration experiences of the Nunavimmiut (inhabitants of Nunavik) in Quebec’s postsecondary institutions. It focuses in particular on their experiences at the college (Cégep) level, an educational level unique to Quebec that bridges the gap between high school and university studies. It takes a close look at the reception given to the Inuit in Quebec’s postsecondary education system. By examining the day-to-day challenges Inuit students must negotiate, it addresses experiences and practices that tend to pass beneath the radar, experiences that play as important a role—perhaps more so—than other factors on academic performance, and are an indication of the obstacles these students face.

This observation, in combination with the general lack of knowledge among Quebecers about the Inuit, points to the need to adopt an integration approach promoting educational inclusiveness. There appears to be a consensus between the Government of Quebec and Inuit organizations with regard to the importance of boosting the numbers of Inuit who pursue a postsecondary education. However, the options available to the Nunavimmiut are contributing to their social marginalization. While the importance of tailoring school education to Indigenous cultures by incorporating their languages, histories, claims, know-how, and representations of the world is widely recognized, very few changes have been observed. Although integration encourages Inuit students to adopt compensatory strategies to be part of this standardized education that reflects Quebec society, the education system itself is not called into question in this process. In its discussion of integration and inclusion, this thesis maintains that, despite the measures proposed by the Government of Quebec and the Kativik School Board’s Postsecondary Student Services to promote the integration of the Nunavimmiut in the province’s postsecondary institutions and programs, this approach perpetuates the predominance of the Western education model. This model leaves little room for being Inuit, as these students must adapt to the standardized pathway. Educational inclusiveness, whose benefits have been recognized by numerous researchers, appears to be a promising way to attribute comparable value to the Inuit when it comes to postsecondary education, and to support the decolonization of education the Inuit and First Nations of Quebec have been calling for.

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Ladon, Agnes Elizabeth. 2017. « L’art de la souveraineté de l’Arctique : Vers la visualisation du Nord comme région canadienne, 1927-1974 ». Thèse de doctorat, Queen’s University, 200 pages.

Cette thèse aborde ce que j’appelle la « culture visuelle de la souveraineté de l’Arctique » en s’intéressant au contexte politique des représentations des régions arctiques et subarctiques dans l’art moderne canadien entre 1927 et 1974. Au cours des années couvertes par cette étude, le Canada a non seulement été témoin d’un certain nombre d’expéditions parrainées par l’État d’artistes canadiens du Sud dans le « Grand Nord » – défini comme la région au nord du soixantième parallèle – mais aussi la croissance et le développement rapides de l’art inuit grâce aux efforts promotionnels et organisationnels du gouvernement et des institutions culturelles du Canada. Cette dissertation soutient que ces développements de la façon dont l’art a été créé, organisé et ensuite diffusé auprès du public faisaient partie d’un processus plus large de la part des Canadiens du Sud pour visiblement définir et affirmer la présence souveraine du Canada dans le Nord par le biais de l’art. En s’appuyant sur des documents de source primaire et un large éventail de documents secondaires, cette thèse examine les initiatives parrainées par le gouvernement en lien avec la promotion des oeuvres des artistes afin d’explorer les façons dont l’art canadien a été mobilisé pour établir dans l’esprit du public la souveraineté du Canada dans le Nord. Elle se concentre sur l’élaboration contemporaine des activités impliquées dans la production, la circulation et l’exposition d’oeuvres d’art entre 1927 et 1974 afin de dévoiler comment les efforts pour imaginer le Nord s’appuyaient sur l’intérêt mutuel qu’avaient les artistes, les organismes culturels et l’État pour promouvoir des initiatives canadiennes, à la fois culturellement et politiquement. En retraçant les relations complexes qui se sont développées entre l’État, les artistes et divers intérêts privés et publics, cette thèse explique comment et pourquoi l’art a été utilisé pour diffuser de l’information sur le Nord canadien et comment de telles constructions visuelles – allant des oeuvres de membres du Groupe des Sept à l’art inuit – a contribué à faire du Nord une région canadienne dans l’imaginaire collectif, tant au pays qu’à l’étranger.

Ladon, Agnes Elizabeth. 2017. “The Art of Arctic Sovereignty: Towards Visualizing the North as Canadian, 1927-1974.” PhD diss., Queen’s University, 200 pages.

This dissertation deals with what I call the “visual culture of Arctic sovereignty” by attending to the political context of representations of the Arctic and Subarctic regions in Canadian modern art between 1927 and 1974. In the years covered by this study, Canada not only witnessed a number of state-sponsored expeditions of southern-based Canadian artists to “the Far North”—defined as the area north of the sixtieth parallel—but also saw the rapid growth and development of Inuit art through the promotional and organizational efforts of the Canadian government and cultural institutions. This dissertation argues that these developments in how art was created, organized, and then later circulated to audiences were part of a larger process on the part of southern Canadians to visibly define and assert Canada’s sovereign presence in the North using art. Drawing on primary source material and a wide range of secondary literature, this dissertation examines these government-sponsored initiatives in connection with the promotion of the artists’ works, to probe the ways in which Canadian art was mobilized to establish the idea of Canada’s northern sovereignty in the public mind. It focuses on the contemporary framing of the activities that were involved in the production, circulation, and exhibition of the artworks from the artistic ventures between 1927 and 1974, to uncover how efforts toward imagining the North were based on a mutual interest among artists, cultural organizations, and the state in advancing Canadian initiatives, both culturally and politically. In tracing the complex relationships that developed between the state, artists, and various private and public interests, this dissertation provides insight into how, and why, art was used to disseminate information about the Canadian North, and how such visual constructs—ranging from works by members of the Group of Seven to Inuit art—contributed to the collective imaginings of the region as “Canadian,” both at home and abroad.

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