Corps de l’article

1. Introduction

Le décrochage scolaire engendre une multitude de conséquences négatives à long terme, ce qui en fait une cible d’intervention prioritaire dans plusieurs pays occidentaux (Organisation de coopération et de développement économiques, 2019). Au Québec, selon les données ministérielles les plus récentes, le taux de sortie sans diplôme ni qualification est de 13,6 % (ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, 2020). Bien que ce taux soit en baisse marquée depuis les 20 dernières années, il demeure relativement élevé au Québec comparativement aux autres provinces canadiennes, particulièrement dans les communautés défavorisées (20,6 %) (Blaya et Fortin, 2011 ; Statistique Canada, 2020). Cette concentration du décrochage dans certains milieux contribue à maintenir et exacerber les inégalités sociales (Leventhal et Dupéré, 2019). Dès lors, identifier les facteurs modifiables perpétuant ces inégalités est une priorité. Parmi ces facteurs, la contagion sociale, définie comme la transmission de comportements par contacts sociaux (Dishion et Tipsord, 2011), pourrait mener à la concentration du décrochage scolaire dans certaines communautés. Même dans les communautés où le décrochage est plutôt commun, une majorité d’élèves gradue, possiblement parce que tous les jeunes ne sont pas exposés au décrochage dans leur réseau social au même degré (Harding, 2011). En effet, à l’adolescence, le réseau social est complexe et se décline en une multitude de configurations où les amis, les partenaires amoureux et la fratrie peuvent jouer un rôle plus ou moins prépondérant. Selon ces configurations, la teneur de l’influence des pairs pourrait varier, notamment sur le fait de rester ou non à l’école (Furman et Rose, 2015).

La présente étude vise à examiner si les adolescents qui décrochent de l’école entretiennent des relations sociales avec des amis, des partenaires amoureux ou des membres de la fratrie dans des milieux où les décrocheurs récents sont surreprésentés. Le décrochage scolaire est typiquement considéré comme le point culminant d’une trajectoire scolaire marquée par des difficultés chroniques (Alexander, Entwisle et Kabbani, 2001 ; Finn, 1989). Il n’est cependant pas strictement déterminé par des vulnérabilités individuelles ou par une accumulation de problèmes en lien avec l’école, si bien qu’entre le tiers et la moitié des jeunes qui interrompent leur scolarité ne présentaient pas, au préalable, de difficultés apparentes (pour recension, voir Dupéré, Leventhal, Dion, Crosnoe, Archambault et Janosz, 2015). Les modèles théoriques proposent que chez ces jeunes au profil dit discret, le décrochage résulte plutôt de perturbations de vie récentes, lesquelles seraient particulièrement dommageables lorsqu’elles émanent de l’environnement social (Dupéré, 2015 ; Romeo, 2017). En effet, certains résultats empiriques suggèrent que l’apparition soudaine d’événements stressants, tel le redoublement d’une année scolaire, précipite le décrochage (Dupéré, Dion, Leventhal, Archambault, Crosnoe et Janosz, 2018 ; Kretschmann, Vock, Lüdtke, Jansen et Gronostaj, 2019). Ainsi, selon des considérations conceptuelles et empiriques, le décrochage scolaire serait conçu, dans plusieurs, cas comme la réponse à une dégradation récente des circonstances de vie de l’adolescent, notamment dans son réseau social.

2. Cadre conceptuel

2.1 Contagion sociale

La transmission de comportements par contact entre individus découle parfois de l’émulation de comportements émis par un pair reconnu populaire ou ayant un statut social perçu comme enviable (Akers, 2017 ; Bandura, 2016). Étant donné que les adolescents traversent une période de recherche identitaire, ils sont plus vulnérables à cette contagion sociale, surtout lorsqu’un comportement est répandu chez les membres de leur réseau (Brechwald et Prinstein, 2011). À titre d’exemple, Lonardo, Giordano, Longmore et Manning (2009) ont démontré que les adolescents sont plus à risque de présenter des comportements délinquants lorsqu’ils fréquentent plusieurs types de pairs délinquants (par exemple, amis et fratrie). La pluralité de modèles délinquants rendrait ces comportements socialement acceptables aux yeux des adolescents (Haynie, Silver et Teasdale, 2006 ; Simon, Aikins et Prinstein, 2008).

Il est cependant peu probable que le décrochage scolaire d’un pair soit imité pour ces raisons. L’abandon prématuré des études est en effet peu ou même négativement relié au prestige du statut social, car il entraine habituellement une coupure avec la sphère sociale de l’école (Lansford, Dodge, Pettit et Bates, 2016 ; Véronneau, Vitaro, Pedersen et Tremblay, 2008). Pour ce comportement, la contagion pourrait plutôt opérer par l’entremise de normes éducatives. Harding (2011) propose notamment que, dans les communautés où le décrochage est répandu, les adolescents sont exposés à des normes plurielles dans leur réseau de pairs, suggérant que le décrochage fait partie des options possibles et acceptables socialement.

Selon les modèles théoriques en santé publique, la temporalité joue aussi un rôle dans la contagion sociale, qui se propagerait au travers de contacts récents entre le porteur (par exemple, les amis) et le receveur (par exemple, le jeune) (Heyman, 2014). La contagion sociale pourrait de façon analogue dépendre de la récence de l’exposition au comportement, particulièrement pour des événements qui surviennent à un point précis dans le temps, comme c’est le cas du décrochage. Le risque de décrochage est effectivement exacerbé par des événements qui perturbent la vie des adolescents, mais seulement sur une période allant de quelques mois à quelques années. Le décrochage pourrait alors n’être contagieux socialement que pour une courte période (Dupéré et coll., 2018 ; Kretschmann et coll., 2019).

2.2 Relations avec les pairs et contagion sociale menant au décrochage scolaire

Peu d’études se sont penchées sur l’influence du réseau social des adolescents comme facteur de propagation du décrochage scolaire. Qui plus est, les rares études existantes n’intègrent qu’une seule catégorie de pairs significatifs du même âge et ne considèrent pas l’ensemble du réseau social. Or, les amis, les partenaires amoureux et les frères et soeurs sont tous des sources d’influence pouvant, indépendamment et cumulativement, inciter au décrochage.

2.3 Les amis

La plupart des études portant sur la contagion sociale des comportements problématiques à l’adolescence, incluant celles sur le décrochage scolaire, ciblent exclusivement les amis (Brechwald et Prinstein, 2011). Selon ces écrits, les adolescents qui décrochent entretiennent davantage d’amitiés avec des pairs qui présentent des comportements déviants ou qui ont eux-mêmes décroché (Véronneau et coll., 2008 ; Vitaro, Larocque, Janosz et Tremblay, 2001). Les adolescents avec des amis décrocheurs seraient jusqu’à trois fois plus à risque de décrocher que ceux qui n’ont pas d’amis décrocheurs (Carbonaro, 1998).

Or, ces études présentent deux limites importantes. D’une part, la proximité temporelle entre le décrochage du participant à la recherche et celui de son ami décrocheur n’est pas clairement établie, soit parce que les caractéristiques des amis sont mesurées plusieurs années avant que le participant ne décroche (par exemple, Véronneau et coll., 2008 ; Vitaro et coll., 2001) ou parce qu’il n’est pas démontré que la relation d’amitié s’était formée avant le décrochage du participant (Carbonaro, 1998). Considérant que les relations d’amitié des adolescents ne sont que modérément stables dans le temps (Meter et Card, 2016), il est possible qu’elles aient changé au cours des années précédant le décrochage. D’autre part, malgré l’importance des amis dans le réseau social des adolescents, ceux-ci passent aussi une partie importante de leur temps avec des partenaires amoureux ou des membres de la fratrie (Christakis et Fowler, 2007 ; Larson, Richards, Sims et Dworkin, 2001) qui pourraient aussi avoir une influence sur l’abandon scolaire prématuré. En somme, notre compréhension des mécanismes de contagion sociale en lien avec le décrochage scolaire n’est que partielle, en raison de la non-considération de la proximité temporelle du décrochage des amis et du rôle complémentaire d’autres pairs significatifs, soit les partenaires amoureux et les membres de la fratrie.

2.4 Les partenaires amoureux

Considérant l’abondance de littérature liant l’activité sexuelle précoce et la parentalité des adolescents à l’abandon scolaire prématuré (Dupéré et coll., 2015 ; Frisco, 2008 ; Steward, Farkas et Bingenheimer, 2009), il est surprenant que peu d’études se soient penchées sur l’influence des partenaires amoureux sur le décrochage scolaire. Pourtant, les relations amoureuses, au même titre que les relations amicales, peuvent exercer une influence sociale sur les adolescents (Brechwald et Prinstein, 2011 ; Dishion et Tipsord, 2011), possiblement parce que les partenaires amoureux à l’adolescence proviennent du réseau d’amis (Furman et Collibee, 2018).

Entretenir une relation amoureuse avec une personne qui décroche n’a cependant pas les mêmes implications que si la relation est amicale. Les relations amicales des adolescents sont plus durables que leurs relations amoureuses (Connolly et McIsaac, 2011). En contrepartie, les particularités des relations amoureuses, comme la possibilité de cohabitation, pourraient faciliter la transition hors de l’école (Manning, Cohen et Smock, 2011 ; Thorsen, 2017). Les relations amoureuses et amicales pourraient donc jouer un rôle distinct dans le décrochage.

2.5 La fratrie

La famille est considérée comme un acteur important dans la trajectoire éducative des adolescents. Souvent, l’accent est placé sur les risques parentaux, comme le faible niveau d’éducation de la mère. Pourtant, certaines données suggèrent que le faible niveau d’éducation et l’abandon précoce de la fratrie seraient encore plus étroitement associés au décrochage (Bharathi, Sasikala, Nandhitha et Karunanidhi, 2015 ; Björklund et Salvanes, 2011 ; Gleason et Dynarski, 2002 ; Jacob, 2001 ; Oettinger, 2000 ; Rumberger, 2011). Or, ces études sont rares, basées sur des données collectées dans les années 1970 et 1980, ne reflétant donc pas les récents changements démographiques, tels que la taille de la famille ou les recompositions familiales (Cherlin, 2010), pouvant moduler l’importance de la fratrie dans la décision de quitter l’école ou non. De plus, contrairement aux amis et aux partenaires amoureux, la fratrie n’est pas choisie par l’adolescent et l’essentiel des interactions avec celle-ci a lieu à la maison plutôt qu’à l’école. Le décrochage au sein de la fratrie pourrait donc représenter un facteur de risque additionnel et indépendant de la contagion provenant d’autres types de relations sociales.

3. Objectifs de l’étude

Cette étude vise à examiner le lien entre la présence de décrocheurs récents dans le réseau social de pairs et le décrochage scolaire, en considérant les relations avec les amis, les partenaires amoureux et la fratrie. Trois hypothèses sont testées. D’abord, nous anticipons que le décrochage chez chaque type de pair significatif sera associé de façon indépendante au décrochage des participants. Ensuite, nous envisageons des effets cumulatifs, avec un risque accru de décrochage pour les participants exposés à plus d’un type de pair significatif ayant décroché. Finalement, nous estimons que seuls les cas de décrochage récents dans le réseau social seront associés à un accroissement des risques.

4. Méthode

4.1 Devis et participants

4.1.1 Devis à cas témoins appariés

Les hypothèses de recherche ont été testées avec des données recueillies suivant un devis à cas témoins appariés. Ce devis permet de documenter de façon rétrospective l’exposition à des événements significatifs (par exemple, le décrochage d’un ami) avant l’avènement d’une problématique (ici, le décrochage du participant) et de comparer les participants touchés par cette problématique (ici, les décrocheurs) à des participants appariés présentant certaines caractéristiques communes, mais qui se distinguent sur le phénomène d’intérêt principal (ici, les non-décrocheurs).

4.2 Échantillon

La phase initiale de recrutement a été effectuée dans 12 écoles secondaires publiques de Montréal et des environs. Les écoles ciblées avaient un taux élevé de décrochage (M = 36 %), soit deux fois plus élevé que la moyenne au Québec. Selon les critères ministériels, 10 des 12 écoles se situaient dans un quartier défavorisé caractérisé par une proportion importante de parents ayant un faible statut socioéconomique. La première phase de la collecte de données s’est déroulée au début de l’année scolaire. Lors de cette phase de dépistage, tous les élèves d’au moins 14 ans ont été invités à remplir un court questionnaire mesurant leur risque de décrochage (voir la section mesures pour les détails) ainsi que leurs caractéristiques sociodémographiques. La majorité d’entre eux (97 %) ont accepté de participer (Ndépistage = 6773).

La deuxième phase a eu lieu au cours des douze mois suivants le dépistage. Lors de celle-ci, des entrevues individuelles ont été menées auprès d’un sous-échantillon de 545 jeunes choisis selon leur correspondance à trois profils recherchés. Le premier sous-groupe ciblé était les adolescents décrocheurs qui ont abandonné l’école en cours d’année (n = 183, voir la section Mesures pour les détails). Le deuxième groupe ciblé était les élèves présentant un profil similairement à risque, mais fréquentant toujours l’école (n = 183). Ceux-ci étaient sélectionnés par appariement, et devaient être du même sexe, de la même école, du même secteur (régulier ou adaptation scolaire) et présenter un indice de risque de décrochage similaire à celui de leurs pairs décrocheur. Les deux groupes étaient aussi appariés sur des variables socio-familiales lorsque possible. Le troisième groupe ciblé était les adolescents normatifs (n = 179), un groupe constitué d’élèves ayant un indice de risque de décrocher semblable à la moyenne de leur école. Le taux de participation lors de la deuxième phase de recrutement était de 70 %, un taux relativement élevé considérant les vulnérabilités sociodémographiques et scolaires des participants. Le tableau 1 présente les caractéristiques individuelles et familiales par sous-groupe (adolescents décrocheurs, appariés et normatifs).

Tableau 1

Caractéristiques des participants

Caractéristiques des participants

* Les moyennes et les pourcentages qui partagent la même lettre en indice dans chaque rangée présentent des différences statistiquement significatives à p < 0,05, selon des tests t (pour les moyennes) ou des tests de χ2 (pour les pourcentages). 1 Niveau maximum d’éducation d’un parent ; 1 = primaire à 4 = université.

-> Voir la liste des tableaux

4.3 Mesures

4.3.1 Variable dépendante : décrochage scolaire (données administratives)

Les participants étaient considérés comme ayant décroché du secteur des jeunes lorsqu’ils étaient, selon le personnel de l’école, dans l’une des trois situations suivantes : 1) avoir signé un avis de départ officiel ; 2) s’être absenté de manière prolongée et non justifiée ; 3) avoir demandé un transfert à la formation générale des adultes.

4.3.2 Variables de contrôle utilisées pour l’appariement (auto rapportées)

Le questionnaire de dépistage inclut un indice de risque de décrochage qui comprend sept questions sur les principaux facteurs reliés au décrochage, dont l’engagement et le rendement scolaire (Archambault et Janosz, 2009). La fiabilité et la validité prédictive dans cet échantillon sont bonnes (aire sous la courbe ROC = 0,81 ; α = 0,76) et les scores prédisent mieux le décrochage que les données administratives sur les échecs, la délinquance et les suspensions (Gagnon, Dupéré, Dion, Léveillée, St-Pierre, Archambault et Janosz, 2015). Le sexe et le secteur (adaptation scolaire ou régulier) sont aussi considérés, car les risques de décrocher sont plus élevés chez les élèves qui ont des difficultés d’apprentissage ou de comportements et chez les garçons (Rumberger, 2011).

4.3.3 Variables de contrôle utilisées pour l’appariement lorsque possible (auto rapportées)

Les élèves ont rapporté leur âge et leur statut d’immigration (au moins un parent né hors du Canada) ainsi que le niveau d’éducation parental (plus haut niveau d’étude atteint par un parent), le statut d’emploi des parents (employé ou sans emploi) et la structure familiale (parents séparés ou famille intacte).

4.3.4 Variables de contrôle non utilisées pour l’appariement (données d’entrevue)

D’autres variables sociodémographiques ont été obtenues pendant l’entrevue, et n’ont donc pas pu être utilisées pour l’appariement. Celles-ci incluent le statut de minorité visible, défini comme représentant « les personnes, autres que les Autochtones, qui ne sont pas de race blanche ou qui n'ont pas la peau blanche » (Statistique Canada, 2017, s. p.)et la taille de la fratrie (biologique ou par alliance).

Selon une étude menée à partir du même échantillon, l’exposition récente à des stresseurs est reliée au décrochage scolaire (Dupéré et coll., 2018). Pour cette raison, deux variables supplémentaires ont été incorporées aux modèles, captant l’exposition à des stresseurs ponctuels et chroniques (dans les 6 derniers mois). Celles-ci ont été mesurées lors de l’entrevue avec la version pour adolescents du Life events and difficulties schedule (Brown, Harris, Andrews, Hepworth, Lloyd et Monck, 1992 ; Frank, Matty et Anderson, 1997). Dans cet échantillon, cet instrument a démontré une bonne fidélité interjuge (entre 0,79 et 0,90) et une bonne validité convergente (Dupéré, Dion, Harkness, McCabe, Thouin et Parent, 2017).

4.3.5 Variables indépendantes : décrochage chez les amis, partenaires amoureux et membres de la fratrie (données d’entrevue)

Lors de l’entrevue, les participants devaient mentionner si un ami, un partenaire amoureux ou un membre de la fratrie avait récemment décroché du secondaire, puis situer l’événement dans le temps. Une première variable dichotomique a été créée pour représenter la présence de décocheurs dans le réseau social (les pairs) du participant, peu importe le type de relation. Trois autres variables dichotomiques ont également été dérivées pour représenter la présence de décrocheurs dans chaque type de relation. Deux variables catégorielles de type factice (dummy) ont aussi été créées pour examiner la présence d’un potentiel effet cumulatif de la contagion du décrochage et pour examiner l’incidence de la temporalité (timing) du décrochage des pairs. Pour l’effet cumulatif, la variable catégorielle contenait les trois niveaux suivants : 1) les élèves sans décrocheur dans leur réseau ; 2) les élèves ayant un seul type de pair décrocheur (par exemple, parmi les amis, mais ni chez un partenaire amoureux, ni dans la fratrie ; 3) les élèves ayant plusieurs types de pairs décrocheurs (par exemple, parmi les amis et les partenaires amoureux). La variable captant la temporalité était quant à elle composée de cinq paliers de réponse : 1) les élèves sans décrocheur dans leur réseau ; 2) les élèves ayant au moins un décrocheur dans leur réseau, dans la dernière année ; 3) les élèves ayant au moins un décrocheur dans leur réseau, datant de plus d’un an, mais de moins de deux ans ; 4) les élèves ayant au moins un décrocheur dans leur réseau, datant de deux ans ou plus ; 5) les élèves qui ne se rappelaient plus le moment de survenue du décrochage.

4.4 Stratégie analytique

La stratégie analytique comprend deux types d’analyse recommandés pour les devis à cas témoins appariés. Les données issues de ce type de devis peuvent faire l’objet d’analyses bivariées (par exemple, tests de chi-carrés (χ2)) servant à comparer l’exposition des participants et celle d’un groupe apparié concernant un événement en particulier (par exemple, décrochage d’un pair significatif) (Rothman, Greenland et Lash, 2008). Ce type d’analyse, bien qu’utile à des fins descriptives, ne permet pas de tester rigoureusement les hypothèses, car il ne tient pas compte des variables potentiellement confondantes. La régression logistique est alors préconisée puisqu’elle permet ce type de contrôle dans l’examen du degré d’influence d’un facteur donné (décrochage dans l’entourage social) sur les participants y étant exposés : sont-ils plus à risque de développer le problème étudié (décrochage scolaire) que ceux qui n’y sont pas exposés ?

5. Résultats

5.1 Résultats bivariés

5.1.1 Comparaisons bivariées préliminaires : variables de contrôle

Des comparaisons bivariées préliminaires ont permis de vérifier que la procédure d’appariement avait adéquatement limité les différences entre les participants du groupe des décrocheurs et ceux du groupe des élèves appariés. Selon les résultats rapportés au tableau 1, les décrocheurs et les élèves appariés n’affichent pas de différence significative concernant la plupart des variables d’appariement. Quelques divergences existent toutefois sur les plans de l’emploi du père et de la structure familiale, ceci justifiant l’ajout de variables de contrôle supplémentaires dans les modèles finaux de régression. En ce qui concerne les variables de contrôle issues de l’entrevue et non utilisées pour l’appariement, des différences significatives émergent entre les participants décrocheurs et appariés quant à l’exposition à des stresseurs récents.

Les résultats montrent aussi que, tel qu’attendu, le groupe normatif non apparié diffère des deux autres groupes. Celui-ci est généralement plus avantagé en matière de risque de décrochage et de situation socioéconomique.

5.1.2 Comparaisons bivariées : influences sociales potentielles

Comparativement aux élèves appariés et normatifs, les participants décrocheurs rapportent davantage de décrochage scolaire chez leurs amis, partenaires amoureux et membres de leur fratrie (tableau 2). Cette tendance s’observe tant pour l’exposition à seulement un type de pairs significatifs (par exemple, ami) qu’à deux types et plus (par exemple, ami et fratrie) ; l’ampleur de la différence entre les adolescents décrocheurs et appariés est toutefois plus marquée pour ce dernier cas de figure. Les adolescents décrocheurs rapportent également plus de cas de décrochage récent (dans la dernière année) dans leur entourage que les appariés ou les normatifs. Cela dit, les proportions sont les mêmes pour les trois groupes en ce qui concerne les cas de décrochage datant de plus d’un an.

Tableau 2

Pourcentage de participants ayant au moins un pair décrocheur parmi ses amis, ses partenaires amoureux et/ou sa fratrie, en fonction des groupes

Pourcentage de participants ayant au moins un pair décrocheur parmi ses amis, ses partenaires amoureux et/ou sa fratrie, en fonction des groupes

* Les moyennes et pourcentages qui partagent la même lettre en indice dans chaque rangée présentent des différences statistiquement significatives à p < 0,05. 1Groupe de référence : participants sans décrochage dans leur réseau social.

-> Voir la liste des tableaux

5.2 Régressions logistiques

À l’instar de travaux déjà publiés à partir des mêmes données (Dupéré et coll., 2018), les régressions logistiques ont été effectuées seulement auprès des adolescents décrocheurs et appariés (n = 366), car nous suspections que l’inclusion du groupe normatif risquait d’affecter la qualité des résultats. Bien que les variables d’appariement constituent des prédicteurs importants du décrochage, elles ne devraient pas être significativement liées à la variable dépendante étudiée (décrochage scolaire du participant), car le devis à cas témoin appariés neutralise en amont l’effet des variables d’appariement. La structure nichée des données (les élèves imbriqués dans les écoles) a également été considérée par la technique bootstrap (Cameron et Miller, 2015).

Les résultats des régressions logistiques sont présentés dans le tableau 3. Le modèle 1 montre, avec une taille d’effet non négligeable (rapport de cote [RC] = 2,85), qu’après l’ajout de variables confondantes et sans égard au type de relation, les élèves ayant au moins un pair significatif ayant décroché de l’école, sont plus à risque de décrocher. Dans le modèle 2, intégrant les trois types de pair significatif simultanément, mais de manière désagrégée, les cas de décrochage chez chaque type de pairs sont associés au décrochage avec des tailles d’effets similaires (RC variant entre 1,97, et 3,12). Le modèle 3, évaluant les effets cumulatifs, montre que les élèves qui ne comptent, dans leur réseau, qu’un seul pair significatif ayant décroché (tous types confondus) sont plus à risque de décrocher : il en va de même pour ceux qui en comptent deux pairs ou plus. Toutefois, pour ces derniers, les tailles d’effets sont presque doublées (RC = 2,53 contre RC = 4,88). Dans le modèle 4, examinant la temporalité, seuls les cas de décrochage récents (dans la dernière année), ou de date inconnue, sont significativement associés au décrochage des participants. Enfin, dans le but de jauger la robustesse des résultats, plusieurs spécifications alternatives ont été testées. Les résultats se sont montrés très stables sous différentes conditions (pour plus de détails, voir Dupéré, Dion, Cantin, Archambault et Lacourse, 2021).

Tableau 3

Modèles de régression logistique multiple reliant les cas de décrochage parmi les pairs significatifs (amis, relations amoureuses et fratrie) et le décrochage, chez les participants décrocheurs et appariés (n = 366)

Modèles de régression logistique multiple reliant les cas de décrochage parmi les pairs significatifs (amis, relations amoureuses et fratrie) et le décrochage, chez les participants décrocheurs et appariés (n = 366)

1 Groupe de référence : participants sans décrochage dans leur réseau social. 2 Groupe de référence : participants ne se définissant pas comme faisant partie d’une minorité visible. 3 Groupe de référence : participants dont la mère/le père est en emploi. 4 Groupe de référence : participants dont la famille est intacte. 5 Groupe de référence : participants dont les deux parents sont nés au Canada. RC = Rapport de cote ; IC = Intervalle de confiance. *p < 0,05, ** p < 0,01, ***p < 0,001

-> Voir la liste des tableaux

6. Discussion

Cette étude visait à examiner la propagation du décrochage scolaire à travers le réseau social des adolescents, plus spécifiquement par l’entremise des amis, des partenaires amoureux et des membres de la fratrie. Les résultats corroborent nos hypothèses : le décrochage chez tous les types de pairs significatifs est effectivement associé, de façon indépendante, à un risque plus élevé de décrochage. Ces associations sont de surcroît amplifiées pour les participants ayant été exposés au décrochage chez différents types de pairs significatifs (par exemple, un ami et un membre de la fratrie). La temporalité semble aussi être un facteur d’influence. En effet, le lien entre le décrochage scolaire d’un proche et l’augmentation du risque de décrocher se manifeste uniquement lorsque l’exposition est survenue au courant de la dernière année. Les résultats indiquent également que la contagion sociale menant au décrochage est un phénomène apparemment répandu : trois décrocheurs sur quatre rapportent la présence de pairs ayant décroché dans leur réseau. Ainsi, la contagion sociale pourrait contribuer à expliquer la concentration du décrochage dans certaines communautés défavorisées.

6.1 Implications théoriques

Les adolescents ont un réseau social diversifié qui les expose à de multiples influences positives et négatives. Les résultats de cette étude appuient les théories proposant que la contagion sociale de comportements néfastes puisse s’opérer dans différentes sphères (Brechwald et Prinstein, 2011 ; Overton, 2015). À l’instar de tendances bien documentées dans les écrits sur la délinquance (Lonardo et coll., 2009), les adolescents semblent particulièrement à risque de décrocher lorsqu’ils appartiennent à un réseau social marqué par la présence de décrocheurs récents parmi plusieurs types de pairs jouant des rôles distincts dans leur réseau.

Malgré la similitude des associations observées pour les amis, les partenaires amoureux ou la fratrie composant le réseau social des adolescents, les mécanismes à l’oeuvre pourraient varier en fonction du type de pair concerné (Shortt, Capaldi, Dishion, Bank et Owen, 2003). Les adolescents ont habituellement plus d’amis que de partenaires amoureux ou de frères et de soeurs. Le décrochage chez les amis est donc susceptible d’entrer en jeu chez une proportion plus large d’adolescents. Le décrochage d’un partenaire amoureux pourrait, au contraire, avoir un effet plus localisé, considérant le caractère exclusif de la relation. En ce qui a trait au décrochage scolaire d’un membre de la fratrie, celui-ci pourrait être interprété comme un signe que l’abandon scolaire précoce est acceptable du point de vue des parents, ou que ceux-ci ne sont pas en mesure de le prévenir (Black, Devereux et Salvanes, 2005 ; Conger, Conger et Martin, 2010 ; McHale, Updegraff et Whiteman, 2012). Chaque type de pair significatif pourrait donc contribuer au décrochage de manière différente, mais tout aussi significative.

L’observation de gains à court terme chez les pairs ayant décroché pourrait être un autre mécanisme sous-jacent (Burgess, Riddell, Fancourt et Murayama, 2018). Par exemple, un élève pourrait en venir à considérer le décrochage sous un jour plus favorable après avoir constaté les gains pécuniaires d’un pair ayant quitté l’école pour entrer en emploi à temps plein (Dupéré et coll., 2018). De même, découvrir qu’un pair n’a plus à subir d’intimidation après avoir cessé la fréquentation scolaire pourrait faire miroiter le décrochage comme une solution enviable à ce problème. La perception de gains à court terme pourrait ainsi contribuer à légitimer le décrochage aux yeux des adolescents qui l’envisagent (Harding, 2011).

Contrairement aux bénéfices émergeant souvent à court terme, les coûts réels associés au décrochage scolaire. Par exemple, les possibilités d’emploi, souvent restreintes à des postes instables et mal rémunérés (Rumberger, 2011), tendent à prendre quelques années avant de devenir manifestes. Les pairs décrocheurs pourraient ainsi devenir des modèles moins inspirants à plus long terme, ce qui pourrait en partie expliquer pourquoi les cas de décrochage survenus depuis plus d’un an dans le réseau d’un individu ne sont pas associés au décrochage. Il est aussi possible que l’effet de contagion moindre dans le temps soit induit par une baisse graduelle des contacts avec les pairs décrocheurs. Des adolescents qui fréquentent toujours l’école pourraient en effet passer de moins en moins de temps avec des amis ou d’anciens partenaires amoureux qui ne la fréquentent plus. Ce mécanisme pourrait aussi s’appliquer à la fratrie puisqu’un frère ou une soeur ayant décroché de l’école serait possiblement plus enclin ou encline à quitter le domicile familial pour vivre de façon indépendante.

6.2 Forces, limites et recherches futures

Cette étude repose sur un devis à cas témoins appariés conçu spécifiquement pour mesurer avec exactitude et de manière exhaustive l’environnement social des adolescents dans la période précédant leur décrochage. Malgré ses forces, ce type de devis est sujet à certains biais. Plusieurs stratégies recommandées dans les écrits ont toutefois été mises en place pour limiter l’impact potentiel de ceux-ci et augmenter la confiance en nos résultats (Rothman et coll., 2008 ; Schulz et Grimes, 2002). Ainsi, afin de représenter le plus fidèlement possible les liens entre l’exposition aux pairs significatifs et le décrochage, des données administratives fiables ont été utilisées afin d’identifier indépendamment chaque cas de décrochage. De plus, les participants appariés ont été choisis parmi une population bien définie, sans que la présence, ou non, de proches décrocheurs dans leur réseau n’influence leur sélection.

Le caractère rétrospectif de la mesure d’exposition peut toutefois induire des biais liés à l’imprécision ou à la sélectivité du rappel (Rothman et coll., 2008 ; Schulz et Grimes, 2002). Des biais peuvent émerger si, par exemple, les décrocheurs se remémoraient plus facilement les cas de décrochage dans leur entourage que les élèves appariés. Il est cependant improbable que les résultats soient entièrement attribuables à ce type de biais. D’abord, il est possible que ce biais survienne pour le groupe d’amis, mais il est beaucoup moins probable pour les relations amoureuses et la fratrie, des groupes beaucoup plus restreints et mieux définis. Ensuite, l’objectif de l’étude était présenté aux participants de manière très générale (une étude sur le stress dans la vie des adolescents) et non comme une étude portant sur les causes proximales du décrochage, ce qui limite les biais liés à la désirabilité sociale et aux attentes perçues des chercheurs. Finalement, les jeunes étaient interviewés peu après avoir quitté l’école, en utilisant des outils mnémoniques (une ligne du temps) conçus pour faciliter le souvenir d’événements récents (Axinn, Chardoul, Gatny, Ghimire, Smoller, Zhang et Scott, 2019).

Enfin, il est possible que certaines variables potentiellement confondantes aient été omises (Rothman et coll., 2008 ; Schulz et Grimes, 2002). D’importants efforts ont été déployés tant au niveau du devis que des analyses afin de réduire la possibilité que les résultats ne soient expliqués que par le processus de sélection. De plus, des tests de robustesse ont été réalisés à cet effet. Différentes variables confondantes ont également été considérées dans les analyses, incluant des facteurs de risque chroniques (faible éducation parentale) et des facteurs de risque ponctuels, comme l’exposition à des événements de vie stressants. Malgré tout, certaines variables confondantes pertinentes pourraient avoir été omises. Cela étant dit, ces variables confondantes devraient avoir une forte association indépendante avec le décrochage pour changer les résultats obtenus, compte tenu de l’ampleur des tailles d’effets. Qui plus est, l’ajout de variables de contrôle n’est recommandé que dans le cas où celles-ci sont fortement appuyées par la théorie, ce pour quoi les variables incluses dans cette étude ont été méticuleusement sélectionnées. Autrement, les variables supplémentaires ajoutent une complexité superflue aux modèles d’analyse, mais en changent rarement les résultats (Bernerth et Aguinis, 2015 ; Carlson et Wu, 2012 ; Spector et Brannick, 2011).

Il est nécessaire que davantage de travaux soient conduits sur la contagion sociale menant au décrochage scolaire en tenant compte des limites de la présente étude, notamment en caractérisant le réseau social à partir de diverses sources d’information, autres que les données auto rapportées (Christakis et Fowler, 2013). Ces études pourraient aussi intégrer des mesures ciblant les mécanismes qui sous-tendent le phénomène de la contagion sociale qui n’ont pas été abordés dans la présente étude. Une méthode recommandée consiste à tracer une carte exhaustive du réseau social des adolescents en utilisant l’information de tous leurs pairs, ce qui permet de porter attention aux dynamiques sociales plus globales qui régissent la contagion sociale.

6.3 Implications pratiques

Cette étude suggère tout de même que l’exposition récente au décrochage d’un ami, d’un partenaire amoureux ou d’un membre de la fratrie est un facteur augmentant le risque de décrocher. Ainsi, une connaissance de l’historique du décrochage au sein du réseau social des jeunes, particulièrement dans les milieux défavorisés, pourrait s’avérer bénéfique pour la prévention. À titre d’exemple, les données administratives peuvent être utilisées pour déceler le décrochage chez un membre de la fratrie : cette information pourrait dès lors être intégrée aux systèmes de dépistage des élèves à risque et ainsi faciliter l’intervention précoce au niveau familial et scolaire (Blaya, 2010 ; Hugon, 2010). Les relations d’amitié ou amoureuses, de par leur nature plus volatile, sont plus difficiles à cerner. Les membres de l’équipe-école (par exemple, des professeurs impliqués dans des activités parascolaires) pourraient alors jouer un rôle-clé, puisqu’ils sont souvent bien informés de la vie sociale des élèves et peuvent ainsi facilement repérer les adolescents ayant été récemment exposés au décrochage de leurs amis ou de leur partenaire amoureux, afin de leur apporter un soutien supplémentaire.

De manière générale, les programmes de prévention du décrochage gagneraient à être bonifiés, tant en termes de dépistage que de contenu (Freeman et Simonsen, 2015). Des interventions mieux ciblées, grâce à des processus de dépistage améliorés, représentent assurément des atouts. En ce sens, les résultats suggèrent que les programmes pourraient être améliorés en considérant le réseau social d’élèves. Cet aspect, rarement mobilisé, pourrait améliorer les efforts de prévention du dérochage, comme l’ont démontré certains programmes visant directement les relations avec les pairs étant parvenus à améliorer les normes sociales de groupe et à limiter la contagion d’autres comportements problématiques tels que la consommation de substances illicites et les tentatives de suicide (Osgood, Feinberg, Gest, Moody, Ragan, Spoth et Redmond, 2013 ; Spoth, Redmond, Shin, Greenberg, Feinberg et Trudeau, 2017). Au Québec, Check and Connect compte parmi les programmes de prévention du décrochage les plus prometteurs (Archambault, Janosz, Pascal, Lecoq, Goulet et Christenson, 2016). Ce programme mise sur la relation des élèves avec les adultes significatifs (enseignants et mentors). À la lumière des présents résultats, l’ajout d’une composante ciblant les adolescents témoins de décrochage dans leur réseau social permettrait potentiellement d’améliorer le programme en limitant la contagion.

En plus des interventions axées sur le milieu scolaire, certaines initiatives de prévention s’adressent de façon plus globale aux communautés (Leventhal et Dupéré, 2019). Si l’on considère que le décrochage semble se répandre par exposition, à la manière d’un virus, dans certaines d’entre elles, il est légitime de se demander d’où provient cette contagion, surtout si l’on considère que les communautés où le décrochage est fréquent ne sont pas d’emblée des environnements qui encouragent les adolescents à quitter l’école. En effet, la plupart des membres de ces communautés valorisent l’obtention du diplôme d’études secondaires et seule une minorité d’adultes exposent les adolescents à un mode de vie incompatible avec la persévérance scolaire (Harding, 2011). Plusieurs communautés défavorisées se mobilisent afin de limiter les influences néfastes sur certains sous-groupes d’adolescents. Par exemple, au Québec, le programme Passeport pour ma réussite parvient à augmenter la persévérance scolaire au secondaire à l’aide d’une collaboration entre l’école, les parents et plusieurs bénévoles actifs dans la communauté (Emploi et Développement social Canada, 2019 ; Oreopoulos, Brown et Lavecchia, 2017). Les présents résultats suggèrent que la prise en compte de la contagion sociale du décrochage dans le programme pourrait contribuer à son efficacité. Des études portant plus spécifiquement sur la mobilisation communautaire pour faire face à la contagion sociale menant au décrochage sont toutefois nécessaires avant de déployer de telles stratégies préventives, bien qu’elles apparaissent comme une voie prometteuse pour réduire le décrochage scolaire, au Québec comme ailleurs dans le monde.