Corps de l’article

Concevoir une formation continue et en ligne est un guide qui permettra à la⋅au pédagogue de se retrouver dans les dédales de la conception d’un cours en ligne. Produit des travaux qui ont conduit à la mise sur pied d’un cours en ligne, interdisciplinaire et en formation continue, le livre traduit efficacement le cheminement des auteurrice⋅s. Bien que le cours ait été bâti selon les principes de l’éducation médicale continue, la⋅le pédagogue des disciplines non médicales pourra s’y reporter, puisque c’est surtout le populaire modèle ADDIE (Analyse, Design, Développement, Implémentation et Évaluation) qui est au coeur du dispositif retenu.

Avant toute chose, le premier chapitre, qui offre « quelques considérations préliminaires » sur la formation continue en ligne, constitue un utile bréviaire sur le sujet, ses concepts centraux et ses défis, le tout étant exposé avec une juste parcimonie.

Le coeur de l’ouvrage est ensuite structuré en recourant aux critères d’évaluation des formations des modèles de Kirkpatrick et Moore : la satisfaction des apprenant⋅e⋅s (chapitre 2) ; l’acquisition des connaissances (chapitre 3) ; le changement d’attitudes (chapitre 4) ; le changement dans les comportements (chapitre 5). Même si les modèles retenus par les auteur⋅rice⋅s sont largement adoptés, on doit toutefois en souligner les limites. Ainsi, les travaux de Guskey différencient la simple satisfaction du soutien apporté par l’organisation à la formation. L’omission de cette dimension n’est pas anodine, car on conçoit aisément le soutien organisationnel comme un facteur important de « réussite » d’une formation.

Concernant la satisfaction, comme il s’agit d’un écueil fréquent, on aurait pu craindre qu’il traduise une conception centrée sur l’« apprenant⋅e-client⋅e » ou sur une approche techniciste. En commençant par rappeler le rôle de la satisfaction dans l’apprentissage, les auteur⋅rice⋅s se gardent de tomber dans ces pièges et témoignent plutôt d’une sensibilité à l’égard de l’« utilisabilité » des interfaces numériques adoptées et, bien sûr, à l’égard de la pédagogie et des interactions humaines. Le chapitre sur l’apprentissage apporte une lecture très accessible de la théorie cognitive de l’apprentissage multimédia et insiste sur la nécessité d’apporter de la cohérence aux dispositifs pédagogiques. Les deux chapitres portant respectivement sur les changements dans les attitudes et dans les pratiques nous semblent être les sections les plus importantes de l’ouvrage. L’orientation du livre (la formation continue en santé) explique cette contribution que les pédagogues de toutes les formations professionnalisantes pourraient remobiliser avantageusement.

Au final, chacun des chapitres repose sur une bibliographie solide qui permettra à la⋅au jeune chercheurse ou à la⋅au pédagogue curieux⋅se de prolonger leurs investigations dans l’abondance d’écrits scientifiques.

Tandis qu’elles ils concluent que la recherche établit une équivalence entre cours en ligne et en présentiel, on regrettera que les auteur⋅rices n’abordent pas l’hybridation des formations (c’est-à-dire les formations à la fois à distance et en présentiel) dans cet ouvrage : en fait, les travaux les plus récents suggèrent que l’hybridation amène des résultats supérieurs, notamment dans les formations médicales telles que le montrent des métaanalyses récentes.