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Sous la direction de Vincent Martin, Mathieu Thibault et Laurent Theis, ce collectif aborde le thème de l’enseignement et de l’apprentissage des premiers concepts de probabilités. Plus précisément, cet ouvrage contribue à approfondir une riche réflexion didactique visant à mettre en lumière les principales modalités d’enseignement de ce domaine relevant des mathématiques.

Écrits par 20 auteurs, issus pour l’essentiel de la francophonie, mais aussi de la communauté internationale, les 11 chapitres que ce collectif se répartissent en trois principales parties. La première partie aborde le thème des éléments historiques, épistémologiques et contextuels autour des probabilités et de leur enseignement. La deuxième partie traite de l’enseignement des probabilités dans les classes du primaire et du secondaire. La troisième partie aborde la thématique de la formation universitaire à l’enseignement des probabilités. La préface et la postface sont respectivement signées par J. Michael Shaughnessy et Nathalie Sinclair.

À mon sens, Martin, Thibault et Theis ont frappé un grand coup en publiant leur ouvrage en lien avec l’enseignement des premiers concepts de probabilités. La contribution de ce collectif au domaine de la didactique des mathématiques est indéniable.

Une grande force de l’ouvrage découle de la diversité des contributions, tant à l’échelle nationale qu’internationale, permettant d’outiller et de développer le sentiment de compétence des pédagogues quant à l’enseignement des probabilités qui est souvent méconnu dans le domaine des mathématiques. Peu importe le milieu d’enseignement d’appartenance (le primaire, le secondaire et même l’adaptation scolaire), le contenu présenté pourra contribuer à bonifier les compétences professionnelles du lecteur.

J’ai apprécié en particulier le souci d’intégrer la théorie et la pratique, ainsi que la liberté éditoriale offerte aux auteurs dans la présentation de leur chapitre. L’authenticité du propos est mise en lumière par des contributions appuyées parfois sur des résultats de recherche, mais aussi, à quelques reprises, sur des récits d’expérience colorés. À ce propos, mon chapitre « coup de coeur » a été rédigé par Egen J. Chernoff. Dans un contexte de pédagogie universitaire, cet auteur a su attiser mon intérêt en présentant des exemples d’enseignement des probabilités créatifs, et ce, en faisant preuve d’humilité lorsque ces activités ne se déroulaient pas tel qu’anticipé.

En abordant différentes modalités pédagogiques telles que les jeux probabilistes, la réalisation d’expérience, la présentation de tâches contrintuitives (problème de Monty Hall) ou l’utilisation des technologies de l’information et des communications, l’ouvrage présente de solides assises théoriques concernant l’enseignement des premiers concepts de probabilités. Au demeurant, la diversité des contributions permet de circonscrire trois grandes approches sous-jacentes à l’enseignement des probabilités, soit les approches théorique, fréquentielle et subjective.

En tant que néophyte dans le domaine de la didactique des probabilités, j’aurais souhaité que l’approche subjective soit détaillée et exemplifiée davantage. Du reste, je crois qu’une part du lectorat pourrait s’étonner qu’elle soit associée aux cadres utilisés par les mathématicien·ne·s, qui sont en général associé·e·s à un mode de pensée déterministe.

À titre de lecteur critique, j’ai eu à prendre du recul afin de réfléchir et d’identifier une limite de l’ouvrage. À ce sujet, j’ai relevé que la succession des différents chapitres peut engendrer une certaine redondance concernant la présentation d’assises théoriques sous-jacentes à l’enseignement des probabilités. Cela s’explique entre autres par le fait que les différents auteurs abordaient individuellement certains éléments théoriques afin de détailler et d’approfondir leur propos. D’un chapitre à l’autre, il est possible de relever de la redite concernant les capsules théoriques mises de l’avant. Pour pallier la situation, les directeurs du collectif auraient pu envisager le regroupement et la présentation des fondements théoriques relatifs à la didactique des probabilités, par exemple en un chapitre distinct, afin que les auteurs puissent s’y référer dans leur contribution, sans avoir à s’y attarder. Il importe cependant de mentionner que le lecteur ayant un intérêt pour un chapitre spécifique ne relèvera pas de répétitions dans la présentation des contenus mis de l’avant.

Je retiens de cet ouvrage traitant de l’enseignement des premiers concepts de probabilités une diversité de contributions authentiques, élaborées dans un souci d’arrimage théorie-pratique, qui pourra contribuer au développement professionnel des pédagogues en leur offrant des balises et des idées fort prometteuses, et ce, dans le but d’enseigner les probabilités dans leur milieu.