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L’apprentissage est-il la finalité en soi d’une entreprise éducative ? Dans cet ouvrage, l’auteur répond par la négative à cette question centrale et mise plutôt sur l’importance de fournir les moyens à un apprenant de s’approprier et d’utiliser de façon personnelle les apprentissages qu’il réalise.

Pour articuler son propos, l’auteur dresse d’abord le portrait des mutations réalisées dans le champ éducatif et plus précisément en formation des adultes depuis les années 1970. D’une façon habile et avisée, il met aussi en lumière les critiques énoncées quant aux postulats relatifs à ces mutations. Il mobilise deux concepts centraux : d’une part, l’apprenant à titre de sujet, c’est-à-dire un sujet inscrit dans une culture et une histoire qui est capable de penser et d’agir en « je » ; d’autre part, la subjectivation.

Afin de miser sur les composantes menant à la construction du sujet dans sa relation avec autrui et d’établir les assises conceptuelles du processus continu qu’est la subjectivation, quatre dimensions sont ensuite présentées : le sentiment d’exister, l’agentivité, l’indépendance et la réflexivité. La description exhaustive et nuancée de ces dimensions ainsi que leur articulation témoignent d’une rigueur conceptuelle qui ne peut qu’être saluée. Qui plus est, l’apprentissage et la transmission sont identifiés comme indissociables alors qu’il ne peut y avoir d’apprentissage sans transmission et vice-versa. L’un et l’autre peuvent être identifiés comme les deux faces d’un même processus, selon l’auteur. Cela dit, bien qu’il ne puisse y avoir de subjectivation sans apprentissage, le contraire ne va pas forcément de soi.

Cinq moments cruciaux caractérisés par des mouvements de va-et-vient constants entre soi et autrui menant de l’apprentissage à la subjectivation sont aussi présentés. Il est entre autres question de l’apport des connaissances nouvelles, des connaissances acquises, de la résonance avec soi et des autres. Bien que pertinente, l’articulation de ces cinq moments est appuyée par des exemples ainsi que des sections explicatives qui ont tendance, selon nous, à alourdir, voire à rendre confus pour les néophytes le propos de l’auteur. Puis, l’auteur aborde notamment la double dimension de la transmission : l’une verticale, qui lie le sujet apprenant à la figure du maitre ; l’autre horizontale, qui le lie à ses pairs.

En somme, cet ouvrage aborde la transmission, l’apprentissage et la subjectivation. Il met en évidence deux positions opposées quant à l’apprentissage : d’une part, celle basée sur la transmission qu’on associe au concept d’éducateur-accoucheur ; d’autre part, celle de construction de l’apprenant à titre de sujet. La mise en relation de ces positions est pertinente pour aller au-delà de certaines conceptions statiques sur le sujet. Quant à lui, l’auteur propose non pas de trouver une position médiane, mais bien de miser sur un entre-deux où l’une et l’autre de ces positions sont sollicitées et mises en dialogue. Cet ouvrage, dont la perspective est interdisciplinaire, s’adresse plus particulièrement aux formateurs, aux éducateurs et aux enseignants.