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Gisèle Halimi, née Gisèle Zeiza, était « une défenseuse passionnée de la cause des femmes », une insoumise, une battante (Savigneau 2020).

Née à La Goulette en Tunisie, Gisèle Halimi étudie le droit à Paris et s’inscrit au Barreau de Tunis en 1949. Elle défend des syndicalistes, des personnes liées à l’indépendance de la Tunisie et de l’Algérie et dénonce les traitements infligés à la population algérienne par l’armée française. Ainsi plaide-t-elle, au début des années 60, pour Djamila Bouchapa, activiste et militante violée et torturée en prison. En 1967, Gisèle Halimi préside la Commission d’enquête du tribunal Russel (aussi appelé « Tribunal international des crimes de guerre ») sur les crimes de l’armée américaine au Vietnam.

Gisèle Halimi signe, le 5 avril 1971, le « Manifeste des 343 » femmes, souvent connues, qui affirment avoir avorté et réclament, dans Le Nouvel Observateur, le libre accès à l’avortement. Avec Simone de Beauvoir, notamment, elle fonde, la même année, le mouvement « Choisir la cause des femmes » qui milite pour l’avortement libre. Au célèbre procès de Bobigny (1972), elle défend avec succès une jeune fille de 16 ans accusée d’avoir avorté à la suite d’un viol. Ses plaidoiries contribuent à l’évolution de la société, car les procès où elle intervient mènent peu à peu vers l’adoption de lois plus justes comme la loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse en 1974 et la loi de 1980 sur le viol.

Élue à l’Assemblée nationale en 1981 sous la présidence de François Mitterrand, Gisèle Halimi participe à l’élaboration de la loi sur la dépénalisation des relations homosexuelles avec des personnes mineures de plus de 15 ans, ainsi qu’aux débats au sujet des quotas ou de la parité au sein des institutions politiques. Elle devient, en 1985, ambassadrice de la France auprès de l’UNESCO. Au cours des années, elle poursuit son idéal de justice en contribuant par exemple à la création de l’Observatoire de la parité entre les hommes et les femmes (1995) en compagnie de Roselyne Bachelot; elle y préside la commission « Vie politique ». Elle défend la cause des femmes en prenant parti publiquement contre le voile à l’école et contre la marchandisation du corps des femmes, entre autres sujets. Elle est auteure ou coauteure de plusieurs ouvrages tels que La nouvelle cause des femmes (1997), Ne vous résignez jamais (2009) et, interviewée par Annick Cojean, Une farouche liberté (2020).

« Commandeur de l’Ordre national de la Légion d’honneur », Gisèle Halimi obtient de nombreuses autres distinctions, dont un doctorat honorifique de l’Université de Montréal en 2007.

Des milliers de personnes réclament que cette avocate extraordinaire, qui a tant fait pour les femmes et pour la France, rejoigne Marie Curie, Simone Veil, 3 autres grandes femmes et 73 grands hommes au Panthéon. Cette reconnaissance confirmerait l’importance des luttes qu’elle a menées et l’impact de ses réalisations. Espérons que son nom figurera dans ce temple, car la vie, la pensée et l’action de Gisèle Halimi méritent d’être davantage reconnues, maintenant et pour les générations à venir.