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Introduction : pluralisme des recherches uqamiennes sur le journalisme

Effectuer une recherche sur les travaux en journalisme depuis la fondation de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) n’est guère chose aisée, et ce, pour une raison principale : que faut-il entendre par « journalisme »? Importerait-il de mettre surtout l’accent sur les recherches consacrées aux pratiques journalistiques au fil des années? Aux transformations de la profession sur le long terme? Au fruit de leur travail, à savoir la production d’information? À la nature des informations, à leurs rapports avec les transformations sociétales d’ordres culturel, économique, politique, social ou technologique? Importerait-il aussi de porter son attention aux conditions de production et de réception de cette information? D’ailleurs, de quelle information s’agit-il ici? Devrions-nous opter pour une définition qui restreigne l’information à l’actualité? Ou, au contraire, pour une définition plus large? Serait-il aussi opportun de penser l’information comme donnée, au sens informatique du terme?

Dans le cadre de cet article, nous avons clairement fait le choix de traiter de ces diverses dimensions, car elles nous semblent complémentaires. Nous avons aussi décidé de ne pas nous cantonner aux travaux effectués par les collègues de la Faculté de communication afin de pouvoir dresser un portrait le plus englobant possible des études effectuées au sein de l’UQAM.

Pour mener à bien ce projet éditorial, nous avons travaillé à « huit mains », une démarche peu évidente comme nous n’avions jamais écrit ensemble et que nous avons par ailleurs des expériences très différentes les uns des autres, même si nous sommes quatre universitaires. Un travail de « lissage » a été effectué après que chacun ait fait part de ses propres commentaires sur les textes des autres. Néanmoins, nous avons tenu à laisser certaines spécificités sur le plan de l’écriture, ce qui fait qu’il n’y a pas de complète uniformisation. Nous avons fait nôtre la diversité, l’une des qualités d’ailleurs attribuées au journalisme et à l’information.

Finalement, le texte a été divisé en cinq parties. Dans la première, nous découvrons que les études en journalisme ont été parmi les premières développées après la naissance de l’UQAM, à partir de la création du module d’information culturelle au sein de la Famille des Lettres. Très vite, alors qu’il est question de la création d’un département des communications, les comptes-rendus montrent que des tensions se développent entre « théoriciens » d’un côté et « praticiens » de l’autre. Nous allons revenir sur cette dimension qui tient un rôle important dans les formes que prend le développement des travaux consacrés au journalisme à l’UQAM.

La deuxième partie ouvre la description des recherches uqamiennes sur le journalisme en faisant état des études sur le contenu et les représentations. Dès les années 1970, ces études ont mobilisé les chercheur.se.s. À travers leurs travaux, on peut suivre les préoccupations des différentes décennies. Des chercheur.se.s de plusieurs facultés s’intéressent à ces questions.

La troisième partie est consacrée aux conditions de production de l’information et de la pratique journalistique. Il est possible de regrouper ces travaux sous le vocable de l’« économie politique du journalisme », à moins qu’il ne s’agisse plutôt d’effectuer une « économie politique de l’information’. Les éléments abordés renvoient souvent à des considérations d’ordres économique, politique et technique. L’ensemble de ces dimensions peuvent être soit contraignantes, soit habilitantes pour les journalistes.

La quatrième partie regroupe les travaux portant sur les relations de pouvoir qui imprègnent les échanges entre les journalistes et différents intervenants. Ces relations sont marquées par des dynamiques de conflit et de coopération qui influencent les contenus produits par les journalistes. Une partie importante de ces recherches porte sur les liens entre journalistes relationnistes. D’autres s’intéressent de façon plus pointue aux liens entre les journalistes et l’armée ou les journalistes et les corps policiers.

La cinquième partie se penche sur les « praticiens réflexifs », ces professeurs journalistes ou journalistes professeurs qui alimentent les recherches en journalisme avec leurs enquêtes sur le terrain et leurs réflexions d’experts.

Ainsi que vous pourrez le constater à la lecture des textes auxquels nous faisons référence, il est possible de distinguer deux types de production universitaire sur les écrits consacrés au journalisme avec, d’une part, des textes traditionnels comprenant problématisation, cadrage théorique, précisions d’ordre méthodologique et analyses de corpus, ces rubriques ayant une place plus ou moins grande selon les types de publications, et, d’autre part, des textes qui peuvent être considérés comme relevant plus de l’enquête que de la recherche entendue traditionnellement. Dans ce deuxième ensemble de productions universitaires, l’écriture est en effet souvent plus journalistique qu’universitaire. Par conséquent, il s’avère pertinent de distinguer ces deux catégories qui ne relèvent pas exactement des mêmes règles en matière de construction discursive. Néanmoins, effectuer une telle distinction ne doit pas conduire à les opposer. Ainsi, les enquêtes journalistiques peuvent être envisagées comme une forme de recherche empirique, d’ailleurs susceptible d’être mobilisée par la recherche plus traditionnelle. Elles ont toutes les deux leur pertinence et leur voisinage – y compris dans certaines revues – est intéressant, car il permet de repenser l’une à l’aune de l’autre.

L’enseignement du journalisme à l’UQAM : de séminaire à baccalauréat

L’information culturelle, l’embryon du journalisme

Les archives de l’UQAM montrent que le journalisme y a presque toujours été enseigné. Dès la deuxième année d’existence de l’UQAM (1970-1971), la Famille des Lettres offre un module d’« information culturelle » avec pas moins de 14 séminaires techniques et critiques en information. Dans l’un d’entre eux, offert en collaboration avec le Département d’histoire, on se penche sur le rôle de l’information dans l’histoire du Québec. Dans un autre, proposé conjointement avec le Département de sociologie, on se demande : « Qui informe? Qui est informé? Comment? ». Un troisième, en collaboration avec le Département de science politique, examine l’information comme marchandise.

Ce module devient l’année suivante un baccalauréat spécialisé en information culturelle visant à former, entre autres, des « concepteurs et coordonnateurs au sein des médias d’information ». Les cours sont regroupés autour de quatre différents « média » – radio, radio-télévision, cinéma et « écriture » – pour « ramasser ce que les autres médiums laissent tomber » (Audet, 1971, p. 2). Pêle-mêle, les étudiant.e.s y travaillent sur des « textes informatifs », mais aussi sur des « bandes sonores » et de la bande dessinée. Les cours vont dans tous les sens : « Selon l’animateur, on pouvait avoir tantôt un cours de journalisme, tantôt un cours de linguistique, tantôt un cours de publicité. » (Audet, 1971, p. 3.) Les responsables du module proposent de séparer les apprentissages en deux : le langage (les techniques) et les discours (série d’exercices en bonne partie de nature journalistique : entrevue, bulletin de nouvelles, reportage, éditorial, etc.).

En 1972-1973, le mot journalisme apparaît pour la première fois dans un annuaire de l’UQAM (UQAM, 1972). Le baccalauréat en information culturelle, sous la responsabilité de Jean-Paul Lafrance, dit pouvoir « assurer à l’étudiant une formation [en] journalisme : presse écrite et électronique ». Dans la description de ses objectifs, il dit s’inspirer des programmes de communication aux États-Unis en alliant « aux études interdisciplinaires une pratique des médias en laboratoire et une production dans le milieu sous forme de stages ». Le cours ICM300 – Initiation aux médias I, combine production en classe (fabrication d’un document imprimé, d’un montage sonore, d’un montage magnétoscopique) et conférences (dont une sur la « mondovision » – précurseur de YouTube?), preuve que la composante pratique des programmes de communication ne date pas d’hier.

Cependant, l’équipe de ce baccalauréat se sent à l’étroit dans la Famille des Lettres. Un manifeste intitulé Au module d’Information culturelle, on aspire à la communication! est une véritable déclaration d’indépendance. Ses auteurs disent vouloir « inventer la communication ». En y dénonçant des « mass média traditionnels […] devenus trop souvent autoritaires et ne produisant plus qu’une communication unidirectionnelle », ils invitent à une réflexion critique « sur les phénomènes de communication et de diffusion de l’information » (Anonyme, n. d., p. 3). On annonce vouloir créer un programme qui formerait des « communicateurs [qui] correspondent à un nouveau type de compétences réclamées par le marché québécois des communications » (p. 5).

« Le Vietnam de l’UQAM »

Les débats entre le module d’information culturelle et le reste de la Famille des Lettres provoquent « des dissensions profondes » et une « tension extrême ». Dans un rapport déposé en 1972, un vice-doyen décrit les relations comme « le Vietnam de l’UQAM » (Vallerand, 1972, p. 18)! La crise vient du choc, déjà, entre praticiens et théoriciens :

La recherche attirerait davantage les théoriciens, tandis que l’animation, l’éducation et l’information attireraient davantage les praticiens. Pour ces derniers, l’insertion de leurs différentes activités dans un champ culturel ambigu pouvait impliquer une renonciation au dynamisme interne de leurs pratiques perçues comme d’authentiques disciplines, alors que les gens de recherche, épouvantés par les tendances empiriques de leurs confrères, allaient tenter de s’imposer à eux comme une conscience régulatrice. Ainsi naquit le dilemme de la théorie et de la pratique à la Famille des Lettres. (Vallerand, 1972, p. 47.)

Noël Vallerand (1972) note que « la majorité des chargés de cours et l’écrasante majorité des étudiants appuient la démarche du directeur […] Lafrance qui demanda la création d’un secteur “Communications” » (p. 96) et que « le module Information culturelle n’a non seulement plus sa place dans un secteur “Lettres” traditionnel, mais qu’il devient […] étranger aux préoccupations épistémologiques des théoriciens de la culture » (p. 95). Il recommande donc la création d’un secteur de « Communications » qui offrirait un ou deux programmes dès septembre 1973.

Il faudra attendre deux ans avant que la recommandation se concrétise. Un « comité d’implantation du Département des communications » est mis sur pied. On entend y « consacrer le gros des énergies à développer un deuxième cycle, tout en développant un ou deux autres programmes de premier cycle ». On projette aussi que « le deuxième cycle serait axé sur l’intervention plutôt que sur la recherche “pure” ou “abstraite”. Il viserait à former des “praticiens” plutôt que des “chercheurs” » (UQAM, 1974, p. 1).

Premier accouchement : le module de communication

À la rentrée 1975, l’UQAM propose pour la première fois un baccalauréat spécialisé en communication, qui comprend un premier cours d’initiation à l’écriture journalistique, COM2650, et deux cours optionnels permettant aux étudiants de se spécialiser en journalisme : COM4900 et COM4911, « Techniques de journalisme I » et « Techniques de journalisme II ».

L’un des premiers à donner COM4900 n’est nul autre que Gérald Godin, qui a été chargé de cours puis professeur à l’UQAM avant de faire carrière en politique. Il consacre son cours à l’enquête journalistique, qu’il situe en opposition au « journalisme du tout-cuit » (Godin, n. d, p. 1).

L’accouchement ne se fait pas sans heurts. Le baccalauréat fait partie d’un nouveau « module de communication » mis sur pied alors que le Comité de développement du Département des communications n’a pas encore terminé ses travaux (UQAM, 1975, p. 337). Le 11 septembre 1975, Le Devoir titre « Communicateur ou communicologue ou explorateur/concepteur ou what the fuck » pour illustrer « cette galère » que serait le module des communications de l’UQAM. Le Jour rapporte que les étudiant.e.s dénoncent que « les professeurs enseignent de tout et de rien », qu’ils « passent leurs trois années […] à essayer de s’y retrouver » et sont « “complètement écœurés” de la formation qu’on leur donne ». En entrevue au Jour, Serge Proulx reconnaît que le module procède « par essais et erreurs ». Le Département des communications apparaîtra officiellement dans l’annuaire de la rentrée 1976-1977 (UQAM, 1976, p. 374).

En 1979, le baccalauréat en communication offre des spécialisations encore plus nettes : cinéma, télévision, radio et journalisme. Chaque spécialisation est faite de quatre ateliers pratiques. Pour enseigner ces cours, le département semble puiser directement dans l’équipe du défunt quotidien Le Jour, qui a fermé ses portes quelques années plus tôt : Roch Côté, Antoine Char, Alain Gerbier et Jacques Larue-Langlois.

Une nouvelle mouture du baccalauréat, qui sent encore très fort le laboratoire, est offerte en 1982 (UQAM, 1982, p. 28-29). L’objectif de ce programme renouvelé n’est pas de former des journalistes, mais des « agents de conception en communication œuvrant dans le domaine de la presse ». Le programme compte toujours des spécialisations dans quatre disciplines (journalisme, radio, télévision et cinéma), mais chacune compte désormais sept cours. Les étudiant.e.s qui souhaitent emprunter la voie du journalisme choisissent d’abord le cours d’écriture journalistique, puis six ateliers simplement appelés « Atelier de journalisme » (I à VI). S’ajoutent d’autres cours optionnels, qui subsistent aujourd’hui : « Journalisme et société » ou « Journalisme d’enquête », par exemple.

Le programme garde la même forme jusqu’en 1989, où une nouvelle modification fait passer à neuf le nombre de cours de chaque spécialisation. La description des ateliers de journalisme se cristallise. On y reconnaît plusieurs cours de l’actuel programme :

  • L’atelier I est consacré à la presse écrite quotidienne.

  • Dans l’atelier II, les étudiant.e.s produisent des bulletins de nouvelles radio et télé.

  • L’atelier III expose les aspects éthiques et légaux de la pratique.

  • Dans l’atelier IV, moins bien défini, les étudiant.e.s font à nouveau des reportages quotidiens autant à l’écrit qu’en presse électronique.

  • L’atelier V est un atelier d’écriture axé davantage sur l’opinion.

  • L’atelier VI, enfin, se concentre sur des projets de longue haleine, à l’écrit (feature magazine) comme à la radio ou la télé.

Second accouchement : le programme de journalisme

Cette longue période de stabilité n’est pas sans aspérités. Plusieurs finissant.e.s réclament un baccalauréat distinct en journalisme : « Dommage qu’il n’y ait pas encore une véritable “École de journalisme” au Québec. L’UQAM devrait y voir » (UQAM, 1989a). Dès le début de la décennie, Roch Côté (1982) écrivait d’ailleurs : « Une comparaison entre l’enseignement du journalisme dispensé au Québec et celui qui se donne au Canada anglais nous oblige à constater le retard du Québec en ce domaine » (p. 4). Pour y remédier, il élabore cette année-là un projet de programme en trois volets correspondant aux trois années du cheminement des étudiant.e.s :

  • Un premier volet théorique qui consiste à « faire acquérir […] une meilleure connaissance de la société » (p. 4) avec des cours d’histoire, de sociologie, de science politique et de communication;

  • Un deuxième sur la démarche journalistique : « Il ne s’agit pas d’une étape technique », tient-il à préciser, « [c]’est seulement par une saisie critique de sa démarche que le journaliste peut en arriver à une pratique consciente qui dépasse le niveau de la simple mise en forme technique de l’information » (p. 3);

  • Un troisième volet franchement technique avec une série d’ateliers.

Roch Côté s’était déjà inspiré du Canada anglais pour fonder, avec deux étudiants en 1980, le premier journal étudiant de l’UQAM, toujours vivant en 2020. Le Montréal Campus « sera un des points d’appui de la formation en journalisme à l’UQAM », écrivent-ils. « Nous entretenons l’espoir que par sa qualité il constituera un fleuron dont l’UQAM pourra s’enorgueillir » (Côté, Babin et Brossard, 1980, s. p.).

En 1992, trois professeurs rédigent un projet détaillé, qui rappelle une

incongruité dans le programme de baccalauréat en Communications : les étudiants, étudiantes qui s’orientent vers le journalisme sont […] tenus de suivre le même cheminement que ceux des autres profils (télévision, radio, cinéma) et sont donc astreints à une formation théorique fondamentale et élaborée en matière de communications, alors que […] le journalisme renvoie essentiellement à une pratique professionnelle [et] requiert bien davantage l’acquisition de connaissances poussées dans divers champs de l’activité publique et sociale, de même que l’apprentissage d’habiletés spécifiques à caractère intellectuel autant que technique (Larue-Langlois, Saint-Jean et Wener, 1992, p. 3).

Les auteurs du projet utilisent le même argument employé trois quarts de siècle plus tôt pour créer des écoles de journalisme aux États-Unis : un minimum de formation est requis pour exercer le métier qui consiste à « opérer quotidiennement le cerveau et le cœur d’une nation[1] » (Lippmann, 1920, p. 77). « Il importe de miser sur la compétence et le sens de l’éthique professionnelle de ceux et celles qui font profession de diffuser une information essentielle au fonctionnement d’une société démocratique. » (Larue-Langlois, Saint-Jean et Wener, 1992, p. 2.) Leur document est accompagné de onze lettres d’appui de médias et d’organismes professionnels du milieu.

En 1995, le journalisme devient la première spécialisation à s’affranchir du baccalauréat en communication pour former un programme de premier cycle distinct. Il « vise à former des professionnels de l’information aptes à réfléchir de manière critique aux fonctions et au rôle de l’information dans une société démocratique ». La culture générale des étudiant.e.s est assurée par trois cours obligatoires en géographie, en sciences juridiques et en sociologie, ainsi que par cinq cours de spécialisation dans un domaine de leur choix. Contingenté à 55 étudiant.e.s à sa première année, sa capacité d’accueil passe à 60 dès 1996. Il conservera cette structure jusqu’à sa première refonte majeure en 2014, où il s’est modernisé « pour tenir compte des changements technologiques sans ne jamais oublier les qualités fondamentales du métier que sont la rigueur, la curiosité, la qualité de l’écriture et de l’expression orale, ainsi que le sens de l’intérêt public » (UQAM, 2020, s. p.).

Les recherches sur le journalisme à l’UQAM

Les analyses de contenu

Jean-Guy Lacroix écrivait en 1988, dans sa revue de la littérature sur l’étude des médias au Québec, que la principale préoccupation des chercheur.se.s depuis les années 1970 était les analyses de contenu. Un peu plus de trente ans plus tard, cela est toujours le cas. Les analyses de contenu collent aux préoccupations sociales et politiques des différentes époques et chercheur.se.s, du nationalisme à la représentation des femmes, en passant par la religion catholique et le terrorisme. Elles lèvent le voile sur autant de réalités et d’angles qu’il y a de regards. Nous avons regroupé ces analyses en trois sous-thèmes.

Idéologie, nationalisme

Dès la fin des années 1970, Jean-Pierre Desaulniers amorce un cycle de recherche sur les actualités télévisuelles et ses relations sur la société québécoise. Il décortique, avec Philippe Sohet, les journaux télévisés Ce soir de Radio-Canada et Le dix vous informe de TVA, du 20 février au 20 mars 1978. Ils distinguent, dans les 840 nouvelles analysées, une double logique : d’un côté, un perpétuel mouvement, dynamisme, comme si le monde était rythmé chaque jour par des événements nouveaux, et, en même temps, des événements régis par des cadres figés et redondants, toujours les mêmes et toujours interprétés de la même façon : les actualités télévisuelles créent selon eux « une parade transparente, mais creuse au profit du pouvoir et de ses représentants » (Desaulniers et Sohet, 1979, p. 26). Les chercheurs constatent aussi que les nouvelles télévisées véhiculent un « ethnocentrisme culturel » (Desaulniers et Sohet, 1980). Dans un texte ultérieur, théorique celui-là, Desaulniers (1985) écrit qu’au Québec, la télévision a deux rôles historiques : le rattachement à la nation – la télévision produit des identités collectives nationales – et la promotion du mouvement de modernisation – s’éloigner des valeurs traditionnelles et embrasser la révolution tranquille.

Le nationalisme est également en toile de fond des recherches de Gaëtan Tremblay, qui se penche sur la lisibilité des articles publiés après le lancement du Livre blanc du gouvernement Lévesque sur une nouvelle entente Québec-Canada en novembre 1979. Tremblay (1984b) en vient à la conclusion que les articles publiés dans Le Devoir, La Presse et Le Journal de Montréal sont plus difficiles à lire que le document qu’ils tentent de résumer, notamment parce que les articles comportent plus de mots par phrase que le document d’origine.

Marie-France Cyr (1990a) analyse par la suite la couverture médiatique de la campagne électorale de 1988 à travers l’« écriture périphérique » (les titres, photos, légendes). Elle constate que les journaux privilégient, intentionnellement ou non, certains partis au détriment des autres : le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) obtient une cote négative dans tous les journaux, tandis que les chefs conservateurs et libéraux ont plutôt des cotes positives. Les journaux ont tendance à véhiculer des valeurs conservatrices, selon elle, non pas dans leurs articles, mais par les liens entre une image et un texte, par la manière de titrer ou par l’emploi de métaphores (Cyr, 1990b).

Près de dix ans plus tard, Martine Paquette (1998) analyse les unes des médias québécois. Son travail la mène à constater que, si les journaux ont pu participer à la construction identitaire de la société québécoise, on assiste maintenant à une transition vers une prépondérance individualiste : les journaux mettent en scène des individus à la poursuite de leur propre réalisation, dans un univers techno-économique.

Parmi les chercheur.se.s s’intéressant à l’idéologie, on trouve aussi Denis Bernier (1981), qui se penche sur la couverture médiatique de la mort de John Lennon : selon lui, la presse capitalise sur la tragédie, qu’elle amplifie pour stimuler ses ventes (Bernier, 1981). Bernard Schiele (1982) examine les émissions de ligne ouverte : ces émissions ne stimulent pas la conversation, écrit-il, elles la simulent et créent un dispositif favorisant la réponse dominante. Manon Niquette (1993, 1994) relate de son côté l’histoire du magazine Québec Science, magazine qui a été un lieu d’affranchissement, de débats et un moyen d’affirmation de l’Université du Québec, l’administration de Québec Science ayant longtemps été sous l’autorité des Presses de l’Université du Québec. Il est devenu, selon Niquette, un produit commercial, une marque de commerce et une marchandise.

Histoire(s) de la presse catholique, de la presse régionale et nationale

En 1998, Dominique Marquis soutient sa thèse sur la presse catholique au Québec (qui sera publiée comme livre en 2004) et devient professeure au Département d’histoire de l’UQAM, ce qui ouvre un cycle de recherche sur l’histoire de la presse religieuse aux 19e et 20e siècles. Marquis décrit le journal L’Action Catholique (1915-1962) comme à la fois une « œuvre de préservation de la foi » et un journal d’information : les journalistes catholiques rendent compte de l’information factuelle, ils couvrent l’actualité, mais toujours en utilisant le prisme de la foi et de la doctrine catholiques pour la présenter et l’expliquer. Le journaliste catholique, écrit-elle, doit être convaincu de « l’importance de répandre la pensée chrétienne et de combattre l’erreur en observant les événements d’actualité à la lumière de la doctrine catholique » (Marquis, 2002, p. 84).

Le travail des journalistes catholiques, ou encore des ultramontains (Marquis, 2013), ne disparaît donc pas avec l’arrivée de la presse d’information. Il prend un nouveau sens (Marquis, 2007) : si, au 19e siècle, les journaux catholiques étaient des journaux d’idées dotés d’un public très limité, au début du 20e siècle, les journaux s’adaptent à une clientèle plus vaste et diversifiée qui réclame de l’information factuelle. Apparaissent alors des journaux hybrides comme Le Devoir, qui sont soutenus par le clergé, mais voués à diffuser de l’information (Marquis, 2000).

L’avènement du journalisme d’information intéresse aussi Judith Dubois (2011). Elle analyse la couverture de l’actualité internationale du journal La Presse entre 1885 et 1915. Elle conclut que la transition vers le journalisme d’information est aussi une transition vers le journalisme de proximité, qui accorde moins d’importance aux nouvelles internationales.

Les archives numérisées des journaux québécois à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec permettent à Dominique Marquis (2016) de réaliser de son côté une étude sur l’histoire de l’hebdomadaire québécois Le Canada-Français de Saint-Jean-Sur-Richelieu. La chercheuse identifie trois périodes : l’ère politique jusqu’en 1908, où le journal relaie surtout les idées du Parti libéral fédéral; une période de transition à l’information jusqu’aux années 1930, où le journal délaisse les idées pour se concentrer sur les faits; une troisième période où le journal se développe comme le relais de la vie régionale en format tabloïd plus commercial.

Jean-Hugues Roy (2018) profite également des archives numériques pour analyser la couverture culturelle du journal Le Devoir. Il bricole une méthodologie en utilisant un script informatique pour extraire le texte de plus de 5 200 éditions publiées entre 1910 et 2011. Ce travail lui permet de créer un indice de la présence de la culture pour chaque période historique du journal, indice qui connaît son sommet dans les années 1990.

Les représentations du terrorisme et des femmes

Katharina Niemeyer s’intéresse, notamment avec son collègue suédois Staffan Ericson, à la représentation du terrorisme (Niemeyer et Ericson, 2019). Dans son analyse des unes des journaux publiés le jour suivant l’attaque contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, la chercheuse constate une uniformisation, liée aux phénomènes d’accélération et de présentisme médiatique : les médias s’enferment dans l’immédiat et le temps réel limite la possibilité de faire émerger des récits historiques. Certains médias se singularisent en insistant sur la dénonciation ou la résistance, par exemple en mettant une caricature en une en solidarité avec Charlie Hebdo (Niemeyer, 2019). La chercheuse parle aussi du journal Le Monde et de son initiative de créer un mémorial en ligne pour les victimes. Elle y voit l’exemple contemporain d’un « journalisme d’empathie » (Niemeyer, 2018).

Niemeyer (2011) analyse par ailleurs « la mise en scène de l’histoire » lors des couvertures de la chute du mur de Berlin et des attentats du 11 septembre 2001 par les journaux télévisés français, américains et allemands. Elle écrit que les journalistes contribuent à la construction de mémoires collectives, notamment à travers la production d’images-souvenirs. Le journal télévisé est un « lieu-de-mémoire-en-mouvement » et intervient même parfois dans le cours de l’histoire, devenant un acteur de cette histoire.

Isabelle Gusse (2016), elle, décortique les chroniques de Richard Martineau sur le débat sur la Charte des valeurs en 2014. Sur les 16 chroniques étudiées, huit diffusent des représentations orientalistes péjoratives et réductrices de l’islam et des musulmans, constate-t-elle. Le chroniqueur décrit une fausse bataille opposant les croyances islamistes (eux) aux valeurs démocratiques et modernes (nous) et dresse un portrait montrant « des États et des êtres dépolitisés, essentialisés en tant qu’entités mues par des motifs strictement religieux » (p. 61).

Chantal Francœur (2012b) analyse la couverture journalistique d’un autre moment de débats tendus, celui du mouvement étudiant de 2012. Elle démontre comment les formats de nouvelles compriment et enserrent le mouvement étudiant, mouvement qui ne rentre pas dans les « moules journalistiques traditionnels ».

Anne-Marie Gingras (2014) s’intéresse au cadrage du genre dans la médiatisation de la course à la direction du Parti québécois en 2005. La chercheuse constate que la question du genre de Pauline Marois s’est posée dans la couverture médiatique, mais souvent en rapport avec sa classe sociale. La politicienne n’a pas eu à subir de doutes sur son expérience, mais a reçu beaucoup de critiques sur son apparence physique, son âge, son charisme et son leadership.

Marianne Théberge-Guyon et Caterine Bourassa-Dansereau (2019) en arrivent à des conclusions similaires dans leur analyse des représentations médiatiques des candidates de la scène politique municipale québécoise lors de la campagne électorale de 2017. Les chercheuses démontrent que l’espace médiatique accordé aux femmes est moindre que celui auquel ont droit leurs homologues masculins. Les articles attribuent également plus souvent aux candidates qu’aux candidats une étiquette d’identification négative, par exemple en se faisant qualifier de « novice ».

Les études sur le contenu et les représentations produites par les journalistes sont donc très variées. Considérant que des chercheur.se.s de différentes facultés s’intéressent à ces questions, les études se parlent peu entre elles jusqu’à maintenant. Les recoupements et les regroupements sont beaucoup plus visibles dans notre prochain thème des études uqamiennes sur le journalisme, soit l’économie politique de l’information.

De l’économie politique du journalisme ou de l’information

L’économie politique du journalisme – à moins qu’il ne s’agisse d’économie politique de l’information, nous y reviendrons – s’intéresse principalement à l’analyse des contextes social, économique, politique, voire juridique dans lesquels les pratiques journalistiques se développent et prennent forme. Accorder de l’importance à cette perspective, c’est considérer que toute activité professionnelle relevant du journalisme prend place dans un ensemble de conditions de possibilités d’ordre macro qui permettent, mais aussi encadrent, contraignent, un vaste ensemble d’activités qui se déploient dans le registre de la vie professionnelle au quotidien. Au-delà de ces considérations importantes, adopter l’approche de l’économie politique, c’est fondamentalement travailler à la fois sur les rapports de domination qui concernent la profession qui nous intéresse dans le cadre de ce texte et sur les pratiques émancipatrices qui contribuent à ouvrir de nouveaux possibles pour celle-ci.

Les années 2000 sont propices au développement de recherches s’inscrivant dans cet axe. Le Centre d’études sur les médias (CEM), dirigé par Florian Sauvageau, commande alors à Gaëtan Tremblay, professeur au Département des communications à l’UQAM, une étude sur les rapports entre la propriété des entreprises médiatiques au Canada et le pluralisme de l’information produite au pays. Il s’agit de rassembler et d’analyser les différentes positions des professionnel.le.s du secteur, notamment des personnes dirigeant des entreprises et des journalistes, ainsi que les avis de différents experts, qu’il s’agisse d’un ancien président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) ou de la représentante de la Fédération nationale des communications (FNC) à la Confédération des syndicats nationaux (CSN). Une fois la recherche achevée (Giroux, Sauvageau et Tremblay, 2004), Tremblay et George s’interrogent sur la possibilité de poursuivre la réflexion sur les relations entre concentration de la propriété et pluralisme de l’information.

Ce thème est depuis plusieurs décennies à l’origine de nombreux débats qui ont mobilisé bien des acteurs dans le cadre de la constitution de plusieurs enquêtes nationales (George, 2007a). Il s’agit toutefois de choisir un angle novateur. Traditionnellement, les recherches en économie politique de la culture et de la communication – dont on peut considérer que l’économie politique du journalisme ou de l’information est une composante – accordent la priorité à l’analyse de la concentration du marché de la presse d’information, écrite, radio et télé, le web devenant un autre support notable au cours de la période. Cette fois-ci, George décide, avec Tremblay, de faire un vrai travail d’articulation entre la plus ou moins grande concentration de la propriété, d’une part, et le pluralisme plus ou moins présent dans les informations, d’autre part. Le choix est aussi fait de considérer, d’un côté, que les liens ne sont pas forcément directs et que, par exemple, la dimension technique peut jouer un rôle notable dans les rapports entre concentration et pluralisme et, d’un autre côté, qu’il importe d’articuler des travaux d’ordre macro avec d’autres d’ordre à la fois micro et meso.

Cette préoccupation va donner lieu à la rédaction et à l’obtention de quatre subventions de recherche auprès du CRSH (Conseil de recherches en sciences humaines du Canada) et du FRQSC (Fonds de recherche du Québec – Société et Culture) entre 2004 et 2012. Elles vont permettre à la fois le déploiement d’un vaste programme de recherche et l’embauche récurrente de quatre étudiants de maîtrise puis de doctorat, dont deux sont par la suite devenus professeurs. De nombreux travaux sont entrepris et les recherches qui se sont échelonnées sur une quinzaine d’années ont mené à de nombreuses publications individuelles ou collectives, parmi lesquelles : Carbasse, 2010, 2012; Carbasse et Goyette-Côté, 2013; George, 2007a, 2007b, 2010, 2011; George et al., 2014; Goyette-Côté, 2012; Goyette-Côté, Carbasse et George, 2012.

En 2015, l’ouvrage collectif Concentration des médias, changements technologiques et pluralisme de l’information (George, 2015) symbolise la fin de cet ensemble de recherches. L’introduction de George revient sur les enseignements d’ordre épistémologique à retirer de la « science en train de se faire », et sont présents les textes des quatre étudiants qui ont effectué une grande partie des travaux, tant sur le plan théorique que sur le terrain : Renaud Carbasse, Simon Claus, Marc-Olivier Goyette-Côté et Sylvain Rocheleau. L’ouvrage met notamment en lumière le fait que les développements du réseau internet et du web n’ont pas garanti une diversification de l’information, contrairement à ce qu’annonçaient certains discours techno-optimistes, et que l’information de qualité coûte toujours cher à produire, alors que bon nombre d’entreprises ont connu des situations socioéconomiques difficiles au cours des dernières années : Canwest Global a été dissoute; Bell a été plusieurs fois restructurée et, chaque fois, des licenciements, y compris de journalistes, ont eu lieu; la direction de Québecor a profité des lock-out de ses deux quotidiens, le Journal de Québec et le Journal de Montréal, pour inaugurer sa nouvelle agence maison multimédia, QMI, qui a pour ambition de travailler pour tous les médias du conglomérat. Là encore, l’idée qui se propage, c’est qu’il est possible de faire plus d’information avec moins de journalistes.

L’ouvrage dirigé par George (2015) propose aussi des textes montrant le fort développement de relations avec des collègues travaillant sur le thème du pluralisme dans d’autres pays, notamment le Bénin, le Brésil, la France, le Sénégal. Au cours des années 2000, une partie du travail a d’ailleurs été menée en parallèle avec une autre équipe, française celle-ci, comprenant, entre autres, Franck Rebillard, Béatrice Damian-Gaillard et Nikos Smyrnaios, qui se sont notamment interrogés sur les rapports entre le développement de l’internet et le pluralisme de l’information. Avant la sortie du livre, toutes ces recherches avaient donné lieu à la tenue d’un colloque international à l’UQAM sous le même titre en 2012.

D’un point de vue institutionnel, ce dynamisme a contribué, à l’UQAM, au développement du Groupe de recherches sur la communication, l’information et la société (GRICIS, cofondé par Gaëtan Tremblay au milieu des années 1980 et dont Éric George a pris la codirection en 2006). À la suite d’une augmentation notable du nombre de chercheur.se.s régulier.ère.s, le GRICIS devient en 2011 le Centre de recherche interuniversitaire sur la communication, l’information et la société (CRICIS).

C’est au sein du CRICIS que des activités de recherche consacrées au journalisme vont continuer de se développer dans le cadre de l’économie politique. À peu près au moment où l’ouvrage récapitulatif mentionné ci-dessus est publié, une nouvelle subvention de recherche est octroyée par le CRSH à Gaëtan Tremblay, Oumar Kane et Aimé-Jules Bizimana (ce dernier étant maintenant professeur au Département de sciences sociales de l’Université du Québec en Outaouais (UQO)). Il s’agit alors de travailler sur l’avenir du service public médiatique à l’ère d’internet. En 2015, le terme numérique est seulement sur le point de devenir hégémonique. Cette fois, le journalisme est considéré à la fois comme une facette parmi d’autres du service public et comme l’une de ses caractéristiques principales. Ce projet a lui aussi donné lieu à un nombre notable de publications (par exemple, Tremblay, 2016) avant que paraisse Le service public médiatique à l’ère du numérique aux Presses de l’Université du Québec (PUQ) en 2019. L’avenir de la notion de service public est au cœur du propos dans un contexte marqué, entre autres, par un accroissement considérable de la circulation des produits informationnels et culturels de toute nature. Est réaffirmée dans l’ouvrage la nécessité de produire des nouvelles fiables et crédibles et de consacrer des ressources importantes au journalisme d’enquête, ainsi que la pertinence de développer des initiatives telles que le laboratoire RAD au sein de la Société Radio-Canada.

Une autre membre du CRICIS, Chantal Francœur, s’est intéressée aux services d’information du radiodiffuseur public. Elle a documenté l’impact de la convergence généralisée des médias sur Radio-Canada en menant une enquête ethnographique au cœur de la salle de rédaction nationale. La fragmentation des identités et des méthodes de travail journalistiques a été mise en lumière (Degand et Francœur, 2012; Francœur 2012a, 2014b). Des réflexions théoriques sur les cultures et les pratiques journalistiques ont suivi (Francœur, 2015b, 2016b), de même que l’exploration de nouveaux formats journalistiques. Francœur (2012b, 2015b) suggère que le bris des formats journalistiques traditionnels ouvre la voie à « d’autres bris de statu quo » : en brisant les formats journalistiques, les journalistes ébranlent aussi le statu quo de leurs conditions de production et, par extension, le statu quo social.

Des recherches explorent par ailleurs les enjeux politico-économiques de l’information tant au Québec que sur le continent africain : Bizimana et Kane (2019) réfléchissent à l’avenir de la production d’information dans les régions du Québec, où les conditions d’exercice sont de plus en plus difficiles, et, à l’instar d’autres collègues eux aussi membres du CRICIS, Christian Agbobli et Ndiaga Loum, ils consacrent du temps à travailler sur une économie politique du journalisme sur le continent africain (Agbobli et Loum, 2016; Kane et Agbobli, 2016; Kane et Bizimana, 2016; Loum, 2006). Tremblay (2015) poursuit de son côté ses analyses, notamment sur les stratégies numériques de la presse papier au Québec.

C’est donc dans ces cadres relativement institutionnalisés et autour de trois professeurs très impliqués dans les activités de recherche financée, Gaëtan Tremblay, Éric George et Oumar Kane, que les recherches consacrées à l’économie politique du journalisme ont été développées à l’UQAM – mais pas seulement, étant donné qu’ils ont aussi collaboré à de nombreuses reprises avec des collègues du Québec, du Canada et de l’étranger. Cela ne veut toutefois pas dire que la recherche s’est limitée à ce regroupement institutionnel qu’est le CRICIS. Parallèlement aux recherches menées au CRICIS, Judith Dubois (2016) a sondé les journalistes québécois pour connaître leurs critères d’évaluation de la qualité de l’information et en quoi les bouleversements récents – nouvelles technologies, réseaux sociaux, concentration de la presse – influencent leur travail. Selon les 121 professionnels de l’information qui ont participé à son enquête, les trois premiers critères caractérisant une information de qualité sont « la qualité de la recherche, la clarté du reportage ainsi que l’intégrité et le respect de la déontologie journalistique » (p. 16). Quant aux facteurs influençant à la baisse la qualité de l’information, les sondés montrent du doigt le manque de ressources, les politiques internes des médias et les conditions de travail. Par ailleurs les innovations technologiques et les réseaux sociaux sont appréhendés positivement, car ils permettent « d’accélérer la recherche et d’avoir accès à davantage d’informations » (p. 32).

Jean-Hugues Roy développe aussi des activités de recherche qui relèvent de certains aspects de l’économie politique du journalisme. Dans deux textes publiés en 2017 et 2019, il plaide notamment pour une rénovation du Fonds des médias du Canada afin de surmonter la crise de l’industrie. Théorêt (2002) et Théorêt et Char (2011) traitent de façon plus générale d’économie politique de la culture et de la communication. C’est d’ailleurs pourquoi, pour achever cette partie, il s’avère intéressant de revenir sur l’appellation employée au départ. Est-il vraiment pertinent de parler d’une économie politique du journalisme alors que, si les journalistes tiennent toujours un rôle central dans la production de l’information, ils ne sont plus les seuls auteur.trice.s de celles-ci? Ces changements ne sont d’ailleurs pas nouveaux, car leur « monopole » a toujours été contesté. Néanmoins, cette remise en cause de leur domination apparaît plus présente à l’ère qualifiée de « numérique », d’où l’interrogation concernant la pertinence de parler d’une économie politique de l’information…

Des rapports de pouvoir entre les journalistes et leurs interlocuteurs

Les recherches scrutant les relations de pouvoir entre les journalistes et les personnes avec qui ils interagissent mettent à jour les lieux et les moments de tension, de lutte ou de coopération entre des acteurs travaillant ensemble, mais n’ayant pas toujours des objectifs communs. Des intervenant.e.s veulent diriger ou contrôler les regards, les gestes et les écrits des journalistes. L’étude de ce phénomène aide à saisir de quelles façons les reportages journalistiques sont le résultat de négociations et de compromis.

Relations journalistes/relationnistes

Chantal Francœur a dirigé, de 2013 à 2018, un programme de recherche sur les liens entre les relations publiques et le journalisme financé par le CRSH et le FRQSC, auquel ont participé sept étudiant.e.s de maîtrise, dont deux poursuivent aujourd’hui leurs études au doctorat en communication à l’UQAM. L’équipe de recherche a interviewé une centaine de journalistes et plus de soixante relationnistes. L’examen de ces entretiens longs a mené à la réalisation de portraits fins des liens entre les deux groupes d’acteurs.

L’analyse des discours de responsables des relations médias au Québec montre notamment comment ils doivent concilier leurs principes de transparence, de rigueur, de diligence et d’équité avec des limites organisationnelles : les relationnistes média veulent tous fournir rapidement de « l’information vraie » aux journalistes, mais ils doivent jongler avec des contraintes de temps et d’accès, auxquelles s’ajoute l’impératif de servir les intérêts de leur client. Cela mène à une interprétation et une mise en œuvre restreinte de leurs principes, qui peuvent alors devenir de simples « plaidoyers pro-relations publiques » (Francœur, 2018b, paragr. 40).

L’analyse du discours des journalistes montre qu’ils ont quant à eux de la difficulté à avoir les coudées franches pour développer un discours inédit, différent du discours officiel. Dans le même souffle, les journalistes insistent sur le fait qu’ils refusent d’agir comme courroie de transmission. Pour ce faire, ils s’aménagent des espaces d’autonomie où les relationnistes jouent différents rôles : le collègue obligé, l’émissaire, la proie, l’antagoniste et la cible. Ainsi, les relationnistes font partie tour à tour des conditions de production, des contraintes et des outils de production des journalistes (Francœur, 2017a, 2017b). Cela mène les journalistes à exploiter différents répertoires interprétatifs pour décrire leurs liens avec les relations publiques. Ils utilisent, par exemple : le discours institutionnel du journalisme – « les relationnistes servent des intérêts privés »; le discours institutionnel des relationnistes – « le relationniste média est là pour aider le journaliste »; ils puisent dans la déontologie journalistique – leurs obligations d’équilibre et d’équité, qui les obligent parfois à donner la parole à un relationniste; ils se servent du répertoire « réaliste » – « les relationnistes font partie de la game médiatique ». Ces différents répertoires interprétatifs peuvent être mobilisés dans une seule et même phrase, montrant la complexité des liens entre les deux acteurs (Francœur, 2014a, 2016a).

L’équipe de recherche a par ailleurs réalisé une analyse de contenu permettant de quantifier la présence de contenu venant des relations publiques dans les nouvelles. L’analyse a repris la méthodologie de Tremblay et al. (1988), dont la recherche avait établi, en 1988, que près de la moitié des nouvelles contenaient des éléments venant des relations publiques. Près de trente ans plus tard, en 2016, ce pourcentage était de 66 % à 76 %. Au moins le deux tiers, et jusqu’aux trois quarts, des nouvelles contiennent aujourd’hui des éléments venant des relations publiques, c’est-à-dire qu’elles ont été écrites avec des informations ou des références fournies par des relationnistes. La « convergence relations publiques/journalisme fait partie des mœurs » des salles de rédaction (Francœur, 2018a, paragr. 48).

Ces recherches ont mené à une proposition de théorisation foucaldienne des liens relations publiques/journalisme, où les relations publiques sont une puissance concrète « occupant » le discours journalistique et profitant de la puissance du journalisme. En opérant dans le discours journalistique, les relations publiques maintiennent la crédibilité et le pouvoir du discours journalistique et en bénéficient (Francœur, 2015a, 2017c).

Nadège Broustau (2017; Broustau et Côté, 2014) s’est, pour sa part, intéressée aux liens entre les relations publiques et le journalisme dans le domaine culturel. Ses recherches ont bénéficié de subventions du FRQSC. Elle a réalisé une importante analyse des processus de circulation de l’information entre journalistes et relationnistes et leur évolution dans une démarche sociohistorique allant des années 1970 aux années 2010. Son travail montre l’évolution du genre journalistique culturel au fil de la période observée, d’un journalisme culturel proche du journalisme « littéraire » dans les années 1970 à un journalisme culturel de service public, ou de médiation dans les années 2010. L’analyse met aussi en relief la « reconfiguration » des échanges entre relationnistes et journalistes du domaine culturel : la circulation de l’information est basée sur deux modes : l’échange et le rebond. Dans le mode échange priment la défense et la promotion des arts et de la culture. Dans le mode rebond, le discours promotionnel particulier des relationnistes, soit l’organisation des arguments construisant la promotion, est directement publicisé par les journalistes, même lorsque la conclusion de la critique est défavorable à l’égard de l’organisation culturelle (Broustau, 2017).

Les travaux de Broustau et Francœur (2017) ont ouvert la voie à un colloque, puis à la production d’un ouvrage commun faisant état d’autres recherches au Québec, mais aussi en France, en Belgique et en Italie sur le thème des dynamiques relations publiques/journalisme à l’ère numérique.

Relations entre les journalistes et l’armée ou les journalistes et les corps policiers

Bizimana, qui a participé à l’ouvrage de Broustau et Francœur, a beaucoup travaillé sur les liens entre les journalistes et les militaires – débutant ses recherches à l’UQAM et les poursuivant à l’UQO. Il s’est d’abord penché sur les risques du journalisme de guerre (Bizimana, 2006a). Il décrit l’évolution des relations militaires/journalistes dans une perspective américaine, de la guerre de Sécession jusqu’aux conflits dans le Golfe et en Irak. Bizimana (2006b, 2016c) écrit que le contrôle de l’information par l’armée s’accentue pendant les deux guerres mondiales avec l’organisation de bureaux de censure et d’organes d’information. La guerre du Vietnam est le moment de bascule entre l’accès contrôlé d’avant et l’accès très limité et les restrictions sévères qui vont caractériser les guerres suivantes. Bizimana (2008) a aussi scruté l’histoire et les conditions de travail des correspondants de guerre canadiens-français pendant la guerre de 1939-1945.

Christian Agbobli s’intéresse aussi aux conflits armés, plus précisément à l’influence des médias sociaux numériques sur l’information en période de conflits armés. Dans un texte théorique écrit avec Boqui (Boqui et Agbobli, 2017), il fournit des définitions utiles de « crise », de « conflit » et de « médias numériques », pour ensuite discuter des façons dont les médias sociaux contribuent à réduire le pouvoir des médias de masse sur le contrôle et la circulation de l’information et, dans le même temps, celui des pouvoirs publics exerçant une emprise sur eux. Les deux auteurs précisent toutefois qu’« à la mobilisation citoyenne peut aussi succéder la manipulation citoyenne. Les médias sociaux numériques ne sont pas à l’abri de la désinformation et sont en passe de devenir au même titre que les médias traditionnels ou avec leur complicité de redoutables outils de propagande » (paragr. 35).

Judith Dubois (2003, 2004) s’est de son côté penchée sur les liens entre les journalistes et les policiers au début des années 2000. Son enquête montre que des crimes comme les fraudes et le blanchiment d’argent sont jugés très graves par les policiers, mais peu rapportés par les médias. Les médias accordent aussi trop d’intérêt aux événements liés au crime organisé qui impliquent de la violence, selon les policiers, qui croient que cela apporte une distorsion de la réalité. Les policiers jugent que les procès et les interventions policières sont par contre bien couverts. De leur côté, les journalistes couvrant le monde judiciaire et la police disent s’intéresser avant tout aux crimes violents du crime organisé parce que le public s’y intéresse. Selon les journalistes, écrit Dubois, ce sont les événements violents qui sèment la peur et non la couverture journalistique.

Maillé, Saint-Charles et Lucotte (2010) font des constats similaires à ceux de Dubois, mais dans le domaine scientifique : les scientifiques reprochent aux journalistes d’être trop pressés, de véhiculer des inexactitudes et de s’intéresser trop peu à la méthodologie scientifique. Les journalistes se défendent en affirmant qu’ils doivent vulgariser, écrire pour leur lectorat, qu’ils ont des deadlines et veulent des punchlines des scientifiques.

Les relations de pouvoir entre les journalistes et leurs différents interlocuteurs sont donc marquées par des visées et des visions différentes du rôle des journalistes et des médias. Lorsque les visées convergent, les liens peuvent s’apparenter à de la coopération. À l’inverse, quand les visées divergent, les liens deviennent imprégnés de tensions. Les frontières entre ces phénomènes sont mouvantes, bougeant au cas par cas.

Les praticiens réflexifs

Les professeur.e.s de journalisme à l’École des médias sont tous des journalistes chevronné.e.s à l’affût des changements technologiques et économiques qui ont un impact sur les pratiques journalistiques. Leurs enquêtes servent les recherches en journalisme parce qu’elles proposent un regard particulier de praticien réflexif. Deux auteurs retiennent ici notre attention.

Le journaliste et professeur à l’École des médias Antoine Char a formé plusieurs générations d’étudiant.e.s à l’écriture journalistique (cf. Char, 2002), mais il a aussi publié quantité de reportages sur le journalisme. Deadline America (2007) fait état des fruits de son enquête dans dix salles de rédaction de journaux américains où il examine la complexité des rapports de pouvoir inhérents à la production journalistique, reflet des luttes au sein de la société américaine. Char (2009) dresse par la suite un portrait du Christian Science Monitor, un des premiers journaux américains à avoir abandonné sa version papier, puis il s’intéresse à la rivalité entre le média établi The Washington Post et le média en ligne Politico, dont le succès, selon Char (2011), est lié au fait qu’il est adapté à l’ère numérique : articles plus courts et mise en page plus aérée, images, vidéos et contenus interactifs accompagnant le tout. La crise du journalisme américain l’incite à visiter cinq salles de rédaction de médias numériques financés par la philanthropie, où l’information est considérée comme un service public, au même titre que l’éducation et la santé, et non comme une marchandise (Char, 2016).

Il s’intéresse aussi aux clubs de presse au Japon, lieux de connivence entre journalistes et politiciens (Char, 2010); il se penche sur OhmyNews, un site de journalisme citoyen sud-coréen qui publie 200 articles et attire un million de visiteurs par jour (Char, 2012); il relate l’évolution du journal Evening Standard à Londres et en Suède pour résumer l’initiative de Meganews, le premier kiosque de journaux robotisé au monde (Char, 2013, 2014); une enquête sur les fausses nouvelles le conduit en Italie pour une entrevue avec l’équipe de Walter Quattrociocchi, spécialiste de la désinformation ou de la mésinformation en ligne (Char, 2018); enfin, un voyage en Inde le mène à faire le portrait de la presse indienne, très en santé (Char, 2019).

Jean-Hugues Roy (2016) s’intéresse de son côté à l’impact des technologies sur les pratiques journalistiques. Il plaide pour étendre les frontières professionnelles du journalisme en incorporant des pratiques liées à l’informatique pour effectuer la collecte, le traitement et la présentation de l’information. Selon lui, si les journalistes veulent éviter de se faire manipuler par les nouveaux outils de propagande, ils doivent notamment comprendre le fonctionnement des algorithmes pour s’assurer qu’ils servent l’intérêt public : les journalistes doivent « s’attaquer aux algorithmes comme ils s’attaquent aux autres pouvoirs, politiques ou économiques » (Roy, 2015, s. p.), d’où l’intérêt de développer un journalisme « hacker » qui maîtrise, entre autres, la cryptographie, la programmation et l’analyse de mégadonnées (big data).

Conclusion

La recension des recherches uqamiennes sur le journalisme montre leur pluralisme et leur diversité. Il est difficile de les regrouper et de les classifier, comme nous avons tenté de le faire dans ce texte. Des travaux comme ceux du professeur Vincent Lavoie, du Département d’histoire de l’art à l’UQAM, qui se penche depuis plusieurs années sur le photojournalisme (voir, à titre d’exemple, ses textes de 2010a, 2010b, 2011 et 2017), n’ont pas trouvé leur place, tout comme l’étude de Caroline Émond et Lucie Ménard (2010) sur les « marques prosodiques » (par exemple l’intonation, le ton, l’accent) des lecteur.rice.s de nouvelles dans laquelle elles ont démontré que pour capter l’attention du public, les lecteur.rice.s de nouvelles montent le ton, ralentissent leur débit et modifient des accents d’insistance. Soulignons que des réflexions sur la déontologie journalistique (Francœur, 2013) et sur les méthodologies de recherche en journalisme sont aussi présentes dans les études uqamiennes (Boulay et Francœur, 2014; Broustau, 2017; Broustau et al., 2012).

Enfin, nous n’oublions pas les mémoires et les thèses sur le journalisme effectués par des étudiant.e.s au fil des ans. Au 16 janvier 2020, le dépôt institutionnel de l’UQAM contenait des informations sur 8 786 thèses et mémoires réalisés à l’UQAM entre 2008 et 2020. Pas moins de 181 (près de 2,1 %) concernent le journalisme. On y traite des pratiques journalistiques ou des représentations médiatiques de différents phénomènes à différentes périodes au moyen d’analyses de contenu dans un corpus d’articles ou de reportages diffusés dans les médias du Québec ou d’ailleurs. L’importance de ces travaux témoigne du dynamisme du « journalisme » en tant qu’objet de recherche et mériterait à elle seule une recension spécifique. De plus, plusieurs des doctorant.e.s ayant rédigé les thèses sont maintenant devenus professeur.e.s ou chercheur.e.s et continuent de travailler sur ce même objet.

Il ressort finalement de la présente recension que, s’il y a bien développement de recherches consacrées au journalisme à l’UQAM, celles-ci reposent sur des initiatives individuelles ou collectives avec peu de synergie entre enseignement et recherche, alors que l’institution universitaire repose justement sur la nécessaire complémentarité entre ces deux types d’activité. Cela constitue un des défis à relever, l’autre étant de créer plus de liens entre les différentes recherches, ce que le présent texte favorisera.

Cela dit, les futurs projets de recherche uqamienne sur le journalisme sont nombreux – et variés –et il importe d’en faire la liste en guise de conclusion. Judith Dubois veut vérifier en quoi les médias sociaux influencent le travail des journalistes et de quelle manière ils contribuent ou non, à leur avis, au concept d’intérêt public auquel sont liées leurs valeurs professionnelles. Katharina Niemeyer s’intéresse à la façon dont les médias d’information canadiens (presse et télévision) ont couvert le terrorisme avant le 21e siècle (donc avant le 11 septembre 2001). Il s’agit de saisir les enjeux politiques, historiques et juridiques qui influent sur et se révèlent à travers la médiatisation. Alexandre Coutant, Florence Millerand et Marie-Danielle Tremblay étudient comment Radio-Canada pourrait mieux servir les citoyens à l’ère numérique et examinent les rapports entretenus par les citoyen.ne.s aux contenus informationnels qu’ils croisent dans leur quotidien. Ils se penchent aussi sur les fake news, pour participer à la mise à jour destinée aux professionnel.le.s de l’information des programmes d’éducation aux médias et à l’information et mettre au point une méthode de rédaction de contenus mettant en valeur leur fiabilité. Olivier Turbide termine avec Nadège Broustau – maintenant professeure à l’Université libre de Bruxelles – un projet de recherche sur la circulation de l’information entre journalistes, relationnistes et publics citoyens à l’ère du web 2.0. Anne-Marie Gingras travaille sur les liens entre les journalistes et les premiers ministres, des années 1960 à nos jours, de l’impact de la Révolution tranquille à l’effet Watergate en passant par la crise des médias et la baisse du nombre de médias présents sur la colline parlementaire. Chantal Francœur a créé des œuvres sonores (2011, 2019) faisant écho à ses réflexions théoriques sur les formats journalistiques et l’étude des discours des journalistes. Les pièces audio ouvrent la voie à des projets de recherche création, dont Occuper et préoccuper l’oreille citoyenne, qui vient de recevoir du financement du FRQSC. Francœur (à paraître) s’intéresse aussi à la mobilisation du corps du journaliste dans la démarche journalistique. Jean-Hugues Roy entame notamment une étude des nouveaux modèles de coopératives de solidarité dans les quotidiens de l’ex-Groupe Capitales Médias (en collaboration avec April Lindgren, de l’Université Ryerson). Le journaliste Patrick White, nouvellement embauché à l’École des médias, s’intéresse à l’impact de l’intelligence artificielle et de la blockchain sur les pratiques journalistiques. Enfin, une équipe du CRICIS s’affaire à lancer un nouveau cycle de recherche sur la construction des problèmes publics, dont un volet portera sur le journalisme. Éric George et Oumar Kane portent leur attention sur la place des enjeux environnementaux dans l’espace public au sein duquel les journalistes continuent de jouer un rôle important. Les recherches se poursuivent donc, toujours à l’aune du pluralisme.