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Ce soir, les chefs de gouvernement de l’Union européenne se réuniront pour un dîner de travail informel à l’invitation du président du Conseil européen, Herman Von Rompuy. Ce rendez-vous a été organisé en vue de préparer la prochaine réunion du Conseil prévue pour les 28 et 29 juin. La croissance et l’emploi seront au cœur des discussions du dîner, comme ce fut le cas ce week-end, lors du G8 dont le président Obama fut l’hôte à Camp David.

A l’occasion de la visite de François Hollande à Washington la veille du sommet du G8, le président Obama a exhorté les leaders européens à faire en sorte que les efforts de consolidation fiscale soient accompagnés d’un agenda pour la croissance. Pourtant, alors même que le monde les observait, et malgré l’inclusion du président de la Commission européenne, Manuel Barroso, et le président du Conseil européen, Herman Von Rompuy, les dirigeants sont repartis sur une déclaration riche en platitudes mais pauvre en substance. En dépit des espoirs suscités par l’élection de François Hollande comme président de la France pour changer la donne, la majorité des nations européennes restent gouvernées par le centre-droit. De celles-là n’émane ni une volonté politique suffisante, ni un appétit pour changer l’agenda. Comme le Wall Street Journal l’a noté, il est donc probable que le dîner à Bruxelles ce mercredi ne change pas grand-chose, peu importe les déclarations que feront les leaders.

Aujourd’hui, l’Europe a besoin d’urgence d’un plan d’action, pas de platitudes.

Des millions d’Européens continuent à souffrir aux mains d’une doctrine économique qui appelle à des coupes drastiques de toute part dans les dépenses publiques. L’activité économique à travers le continent continue à stagner. Et alors que la croissance se montre poussive ou inexistante, que plusieurs économies de taille entrent dans une nouvelle phase de récession, le chômage continue à grimper. Avec un taux de chômage proche de 50% dans certains pays, une génération de jeunes se voit dénier l’un des droits les plus fondamentaux, à savoir la chance de pouvoir se forger son propre destin dans le monde. Ces politiques sont impopulaires, pas seulement parce que L’austérité ne marche pas, mais parce que celle-ci ne fait qu’empirer la situation.

Alors, d’où peut venir le changement ?

Pendant que les chefs d’État européens se rencontrent à Bruxelles, une coalition d’institutions progressistes se prépare à lancer simultanément un mouvement en faveur d’un agenda pro-européen et pro-croissance. « L’austérité ne marche pas » s’inspire des campagnes civiques et virales d’outre-Atlantique qui ont fait évoluer le débat politique de l’enjeu de la dette et du déficit vers celui de la croissance. Le hub de ce mouvement – www.austerityisntworking.eu – affirme que l’objectif de cette coalition est d’illustrer le coût humain de l’austérité, de compiler des données démontrant qu’elle ne marche pas, et de promouvoir des idées nouvelles et destinées à formuler une réponse pro-croissance, pro-européenne et fiscalement responsable.

Pour l’heure, admettent les organisateurs, la campagne n’en est qu’à ses débuts. Ils n’en espèrent pas moins qu’elle catalysera les idées au cours des prochains mois pour ceux qui désirent avoir des politiques européennes plus progressistes, au moins autant qu’elle servira de force politique à ceux qui veulent un agenda européen plus équilibré. Et l’élection de François Hollande pourrait en ce sens être vue comme la première pierre apportée au renouveau de la gauche européenne.

Les initiatives paneuropéennes de ce type ne sont certainement pas encore légion. Et il reste encore à voir si les Européens embrasseront ce type de mouvements sociaux et médiatiques. Pourtant, alors que le sentiment de frustration continue de croître en Europe, « L’austérité ne marche pas » pourrait bien être cette initiative qui tombe à point nommé. Ceux qui soutiennent une alternative à l’austérité devraient espérer que ce soit le cas.