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Ce numéro thématique s’intéresse au dilemme qui caractérise les sciences sociales depuis plus d’un siècle (Dilthey, 1883) : faut-il privilégier les recherches axées sur les relations causales (pour expliquer) ou les recherches axées sur la contextualisation du phénomène étudié (pour comprendre). Grace à la perspective ontologique avancée dans le cadre du réalisme critique (Bhaskar, 1975 et 1979) et à certaines approches méthodologiques originales (Burawoy, 1998; Ragin, 2000; etc.), ce débat épistémologique peut aujourd’hui être transcendé. Cette transcendance est particulièrement importante pour les recherches menées en management international. En effet, ce dernier est un champ transversal qui repose - pour l’essentiel et sans exclusive - sur deux principales dimensions :

  • le(s) jeu(x) d’acteurs (individus, groupes d’individus, organisations…);

  • l’environnement multidimensionnel (politique, économique, socio-culturel…) dans lequel ces acteurs sont plongés.

La première dimension renvoie principalement aux recherches portant sur des relations causales; la deuxième renvoie naturellement aux travaux qui mettent l’emphase sur la contextualisation. Si nous croisons ces axes clés, nous obtenons une matrice présentant les positionnements possibles des recherches menées dans le champ (figure 1).

Dans ce numéro thématique, nous proposons une sélection de cinq articles qui illustrent l’importance de combiner ces deux objectifs de recherche (expliquer et comprendre). Ces articles, sélectionnés à la suite de la conférence Atlas AFMI (Association francophone de management international) organisée à Antananarivo (Madagascar) en mai 2017, montrent que les recherches en management international qui s’intéressent à des relations causales dans un contexte déterminé sont particulièrement riches en termes d’analyses et de recommandations. Pour introduire ces articles, une réflexion est proposée par les rédacteurs invités sur la notion d’intégration qui – pour être cernée dans sa complexité - appelle aussi à associer explication et compréhension.

Présentons sommairement les cinq recherches sélectionnées

Dans le premier article, Katia Angué propose une analyse sur les « Réseaux et processus d’internationalisation dans le secteur des sciences du vivant ». A partir de l’observation de 241 firmes de ce secteur, sur une période de 23 ans (1993-2016), elle constate que le processus d’internationalisation des entreprises est fortement impacté par les réseaux locaux et nationaux dont elles dépendent. L’auteure démontre ainsi l’importance du contexte local sur les différentes dimensions d’internationalisation (vitesse, diversité et intensité) des entreprises.

Figure 1

Axes de positionnement des recherches menées en management international

Axes de positionnement des recherches menées en management international

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Dans le deuxième texte, Noémie Domiguez étudie l’importance des relations réticulaires en République populaire de Chine. Sa recherche, dont le titre est « Les réseaux d’affaires : moteurs ou freins de l’internationalisation des PME en Chine ? », est fondée sur une étude de cas longitudinale menée auprès d’une PME française implantée en Chine. L’auteure constate que le recours aux réseaux d’affaires engendre des risques de dépendance, des tensions relationnelles et des coûts spécifiques. Sur la base de ce constat, elle invite les PME qui souhaitent travailler en Chine à diversifier leurs réseaux et à sélectionner des intermédiaires expérimentés.

Dans le troisième article, dont le titre est “Chinese Foreign Direct Investment in France : Motivations and Management Style”, Ni Gao et Johannes Schaaper travaillent sur les logiques décisionnelles et managériales des investisseurs chinois en France. Ils s’intéressent, plus particulièrement, aux motivations et aux styles de management qu’ils adoptent pour gérer leurs filiales. A partir d’une enquête qualitative menée auprès de 17 filiales, les auteurs constatent que l’accès aux marchés français/européen et l’accès à de nouvelles compétences sont les principales motivations de ces investisseurs.

Dans le quatrième article, intitulé « La communication, moteur de la confiance dans le cas extrême d’un partenariat sino-français », Valérie Anglès propose un modèle qui permet de comprendre le processus de création de la confiance dans un contexte pluriculturel. A partir d’un cas extrême, elle démontre que l’augmentation des opportunités et le recours à des facilitateurs de la communication favorisent la confiance. Elle observe, parallèlement, que l’expression de la confiance des membres d’un groupe A envers un groupe B peut entrainer une augmentation de la confiance du groupe B envers le groupe A.

Dans le dernier article, intitulé “Retaining Repatriate Knowledge at the Crossroad between Global Knowledge Management and Global Talent Management”, Christoph Barmeyer, Eric Davoine et Clelia Rossi s’intéressent à l’articulation de la gestion combinée des talents et des connaissances à l’échelle internationale. A partir d’une étude qualitative menée dans une entreprise multinationale allemande, ils soulignent l’importance de cette articulation pour faciliter le transfert des connaissances acquises lors de l’expatriation et favoriser les processus d’apprentissage au sein de l’organisation concernée.


This special issue focuses on the dilemma that has characterized the social sciences for more than a century (Dilthey, 1883): should we concentrate on research that focuses on causal relationships (to explain) or research that focuses on the contextualization of the studied phenomenon (to understand)? Thanks to the ontological perspective advanced in the critical realist philosophy (Bhaskar, 1975 and 1979) and some original methodological approaches (Burawoy, 1998; Ragin, 2000; etc.), this epistemological debate can now be transcended. This transcendence is particularly important for research in international management. Indeed, the latter is a transversal field which rests - essentially and without exclusivity - on two main dimensions:

  • the game(s) of actors (individuals, groups of individuals, organizations, etc.);

  • the multidimensional environment (political, economic, socio-cultural, etc.) in which these actors are emerged.

The first dimension refers mainly to research on causal relationships; the second dimension refers naturally to work that emphasizes contextualization. If we cross these key axes, we obtain a matrix presenting the possible positioning of research carried out in the field (Figure 1).

In this special issue, we offer a selection of five articles that illustrate the importance of combining these two research objectives (explaining and understanding). These articles, selected from the Atlas AFMI (Association francophone de management international) conference held in Antananarivo (Madagascar) in May 2017, show that international management research that focuses on causal relationships in a given context is particularly rich in terms of analysis and recommendations. To introduce these articles, a reflection is proposed by the guest editors on the notion of integration which - to be understood in its complexity - also requires an association of explanation and understanding.

Let us briefly present the five selected research

In the first article, Katia Angué offers an analysis on “Networks and Internationalization Process in the Life Sciences”. Based on the observation of 241 firms in this sector over a 23-year period (1993-2016), she notes that the process of internationalization of companies is strongly impacted by the local and national networks on which they depend. The author thus demonstrates the importance of the local context on the different dimensions of internationalization (speed, diversity and intensity) of companies.

In the second text, Noémie Domiguez studies the importance of reticular relations in the People’s Republic of China. Her research, entitled “Business Networks: Drivers or Obstacles to the Internationalization of SMEs in China?” is based on a longitudinal case study of a French SME in China. The author notes that the use of business networks generates risks of dependence, relational tensions and specific costs. Based on this observation, she invites SMEs wishing to work in China to diversify their networks and select experienced intermediaries.

Figure 1

Positioning axes for research conducted in international management

Positioning axes for research conducted in international management

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In the third article, entitled “Chinese Foreign Direct Investment in France: Motivations and Management Style”, Ni Gao and Johannes Schaaper work on the decision-making and managerial logic of Chinese investors in France. In particular, they are interested in the incentives and leadership styles they adopt to manage their subsidiaries. Based on a qualitative survey of 17 subsidiaries, the authors find that access to the French/European markets and access to new skills are the main motivations of these investors.

In the fourth article, entitled “Communication as a Trust Engine in the Extreme Case of a Sino-French Partnership”, Valérie Anglès proposes a model that helps to understand the process of trust creation in a multicultural context. Based on an extreme case, she shows that increasing opportunities and using communication facilitators promotes trust. At the same time, she observes that the expression of trust of members of a group A towards a group B can lead to an increase in trust of the group B towards the group A.

In the final article, entitled “Retaining Repatriate Knowledge at the Crossroad between Global Knowledge Management and Global Talent Management”, Christoph Barmeyer, Eric Davoine and Clelia Rossi look at the articulation of combined talent and knowledge management on an international scale. Based on a qualitative study conducted in a German multinational company, they underline the importance of this articulation to facilitate the transfer of knowledge acquired during expatriation and to promote learning processes within the concerned organization.


Este número temático pone énfasis en el dilema que caracteriza a las ciencias sociales desde hace más de un siglo (Dilthey, 1883): Se debe privilegiar las investigaciones orientadas a las relaciones causales (para explicar) o privilegiar las investigaciones orientadas a la contextualización del fenómeno estudiado (para comprender). Gracias a la perspectiva ontológica avanzada dentro de un marco de realismo crítico (Bhaskar, 1975 et 1979) y a ciertos enfoques metodológicos originales (Burawoy, 1998; Ragin, 2000; etc.), este debate puede hoy ser trascendido. Esta trascendencia es particularmente importante en las investigaciones realizadas dentro del marco de la gestión internacional. De hecho, este último es un campo transversal que se apoya por lo esencial y sin exclusiva en dos dimensiones principales:

  • el rol o roles de actores (individuos, grupos de individuos, organizaciones…);

  • el entorno multidimensional (político, económico, sociocultural…) en el que los actores están sumergidos.

La primera dimensión hace referencia principalmente a las investigaciones que se tratan de las relaciones causales; la segunda pone énfasis naturalmente en los trabajos sobre la contextualización. Si cruzamos estos ejes claves, obtenemos una matriz que presenta los posicionamientos posibles de las investigaciones llevadas en el campo (Figura 1).

Dentro de este número temático, proponemos una selección de cinco artículos que ilustran la importancia de combinar estos dos objetivos de la investigación (explicar y comprender). Estos artículos, seleccionados después de la conferencia Atlas AFMI (Asociación francófona de gestión internacional) organizada en Antananarivo (Madagascar) en mayo de 2017, muestran que las investigaciones en gestión internacional se enfocan en las relaciones causales en un contexto determinado son particularmente ricos en términos de análisis y de recomendaciones. Para introducir estos artículos, una reflexión ha sido propuesta por los redactores invitados sobre la noción de integración, que para ser entendida en su complejidad, llama también a asociar la explicación y la comprensión.

Les presentamos someramente las cinco investigaciones seleccionadas

En el primer artículo, Katia Angué propone un análisis sobre las “Redes y el proceso de internacionalización en el sector de las ciencias de la vida”. A partir de la observación de 241 empresas de este sector, sobre un período de 23 años (1993-2016), comprueba que el proceso de internacionalización de las empresas está consideradamente afectado por las redes locales y nacionales de las que dependen. La autora demuestra así, la importancia del contexto local sobre las diferentes dimensiones de internacionalización (velocidad, diversidad e intensidad) de las empresas.

FigurA 1

Ejes de posicionamiento de las investigaciones realizadas en gestión internacional

Ejes de posicionamiento de las investigaciones realizadas en gestión internacional

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En el segundo texto, Noémie Domiguez estudia la importancia de las relaciones reticulares en República Popular de China. Su investigación, que lleva como título “Las redes de negocios: ¿motores o frenos de la internacionalización de las PYMES en China?”, está fundada en un estudio de caso longitudinal realizado en una PYME francesa implantada en China. La autora demuestra que el uso de las redes de negocios engendra riesgos de dependencia, tensiones relacionales y costos específicos. Teniendo como base esta constatación, la autora invita a las PYMES que desean trabajar en China a diversificar sus redes y seleccionar a los intermediarios experimentados.

En el tercer artículo, cuyo título es “Chinese Foreign Direct Investment in France: Motivations and Management Style”, Ni Gao y Johannes Schaaper trabajan en las lógicas decisorias y de gestión de los inversores chinos en Francia. Se interesan, más particularmente, en las motivaciones y en los estilos de gestión que adoptan para administrar sus filiales. A partir de una encuesta cualitativa llevada a cabo en aproximadamente 17 filiales, los autores comprueban que el acceso a los mercados franceses / europeos y el acceso a nuevas competencias son las principales motivaciones de estos inversores.

En el cuarto artículo, titulado “La comunicación, el motor de la confianza en el caso extremo de una colaboración sino-francesa”, Valérie Anglès propone un modelo que permite comprender el proceso de creación de la confianza en un contexto pluricultural. A partir de un caso extremo, demuestra que el aumento de las oportunidades y el uso de facilitadores de la comunicación favorecen la confianza. Observa, paralelamente, que la expresión de la confianza de los miembros de un grupo A hacia un grupo B puede generar un aumento de la confianza del grupo B hacia el grupo A.

En el último artículo, titulado “ Retaining Repatriate Knowledge at the a Crossroad between Global Knowledge Gestión and Global Talento Gestión “, Christoph Barmeyer, Eric Davoine y Clelia Rossi se interesan en la articulación de la gestión combinada con los talentos y los conocimientos a escala internacional. A partir de un estudio cualitativo ralizado en una empresa multinacional alemana, subrayan la importancia de esta articulación para facilitar la transferencia de conocimientos adquiridos en el momento de la expatriación y favorecer los procesos de aprendizaje en el seno de la organización concernida.