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Depuis 2008, le paysage universitaire, que ce soit au Canada ou à l’international, a été marqué par des soubresauts de magnitude variable qui ont été la source de différentes transformations, certaines mineures, d’autres plus importantes. Que ce soit les débats liés à l’augmentation des frais de scolarité et au taux d’endettement des étudiants dans plusieurs provinces canadiennes (Dufour et Savoie, 2014 ; Smeltzer et Hearn, 2015 ; Raynauld et al., 2016 ; CBC News, 2017) ; la stagnation ou, dans certains cas, la chute des demandes d’admission dans certaines universités[2] (Brown, 2014 ; Tamburri, 2015) ; ou encore les débats concernant la présence croissante de mécanismes permettant de rapporter les opinions tendancieuses et la liberté d’expression sur les campus universitaires (Miller et al., 2017 ; Roll, 2017), une série d’enjeux a contribué à l’évolution de la réalité sociale, politique et économique du monde universitaire. Cet article porte sur un aspect de cette réalité, soit la contraction du marché de l’emploi pour des postes de professeur menant à la permanence et, de manière plus large, les perspectives d’emploi des étudiants qui complètent leurs études doctorales.

Plusieurs études récentes ont mis en lumière une hausse marquée du nombre d’étudiants qui obtiennent un diplôme d’études doctorales, au Canada et à l’international. Un rapport produit par le Conference Board of Canada (2014) révèle que le nombre de doctorants par 100 000 habitants au Canada est passé de 54,8 en 1998 à 87,7 en 2011. Plus récemment, 7059 étudiants à l’échelle pancanadienne ont satisfait avec succès les conditions pour l’obtention d’un diplôme d’études doctorales en 2014 (toutes disciplines confondues) (Gray, 2017). Cette tendance se manifeste également à l’étranger. Aux États-Unis, le nombre de personnes ayant décroché un diplôme d’études doctorales annuellement a augmenté de près de 42 000 entre 1957 et 2014 (National Science Foundation, 2015). En France, ce nombre est passé de 8000 durant l’année universitaire 2000-2001 à 12 210 durant l’année 2011-2012 (Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, 2015). Plus récemment, 13 729 personnes ont obtenu un diplôme d’études doctorales en 2014 en France (Gray, 2017).

Le nombre de postes de professeur (tous rangs confondus) a, quant à lui, crû modérément au cours des dix dernières années. Des données gouvernementales canadiennes révèlent en effet que le nombre de professeurs titulaires et agrégés a augmenté de 12,4 % et 8,8 % respectivement entre les années universitaires 2010-2011 et 2016-2017. De manière plus importante, le nombre de postes de professeur au rang d’adjoint ainsi qu’à des rangs inférieurs a chuté de 18,5 % et de 2,7 % respectivement (Statistics Canada, 2017). Cette situation n’est pas unique au Canada. Un rapport de l’American Association of University Professors (2015) fait état d’une transformation importante de la structure de la force de travail en milieu universitaire aux États-Unis. La proportion de professeurs ayant la permanence a chuté de 7,58 % entre 1975 et 2014, comparativement à 8,07 % pour celle des professeurs en voie de permanence[3]. Les proportions de professeurs à temps plein qui ne sont pas sur la voie de la permanence et de professeurs à temps partiel ont, quant à elles, augmenté de 6,4 % et de 16,93 % respectivement entre 1974 et 2014 (American Association of University Professors, 2015). Bref, un nombre croissant de doctorants font face à un marché de l’emploi universitaire de plus en plus limité et, par conséquent, compétitif[4] (Bartkowski et al., 2015 ; Larson et al., 2015). Aux États-Unis, il n’est pas rare que les départements qui ouvrent des postes de professeur menant à la permanence reçoivent plus de 100 dossiers de candidature pour un seul poste (Saiya, 2014).

Cet article prend acte de cette réalité pour un grand nombre de doctorants désireux de décrocher un poste de professeur menant à la permanence et entreprendre une carrière dans le monde universitaire. Alors que les dynamiques décrites dans les paragraphes précédents sont la source d’un resserrement du marché de l’emploi, cet article propose une série de stratégies permettant aux candidats à un poste de professeur menant à la permanence de mieux se positionner dans le cadre de leurs études doctorales et de leur recherche d’emploi. Les recommandations formulées dans cet article sont regroupées sous trois thèmes complémentaires : 1) la nécessité d’être au fait des dernières tendances dans le monde universitaire ; 2) l’importance de développer une trajectoire de recherche et d’enseignement claire, significative et durable ; 3) le rôle central du rayonnement du doctorant ainsi que de ses travaux. Bien qu’il existe plusieurs guides offrant aux étudiants des suggestions pour « survivre » à la thèse doctorale et la compléter (entre autres : Mongeau, 2008 ; Gavard-Perret et al., 2012 ; Sternberg, 2014), moins de publications portent sur les possibilités d’emploi dans le monde universitaire après l’obtention du diplôme. Le présent article contribue donc à ce sujet de discussion qui gagne en importance dans le contexte actuel. De plus, il offre la perspective d’une personne qui a complété des études de deuxième et de troisième cycles au Canada et décroché un poste de professeur menant à la permanence à l’international, soit aux États-Unis.

Être au fait des dernières tendances

Une série de facteurs sociaux, politiques, culturels et économiques ont contribué à la transformation des pratiques de recherche et d’enseignement dans le monde universitaire pendant la dernière décennie et ces changements devraient s’intensifier au cours de la prochaine. Les doctorants doivent donc être à l’affût de ces tendances et les prendre en considération lors de leur recherche d’emploi. Un bon nombre de rapports produits récemment démontrent que plusieurs éléments contextuels ont entraîné des changements parfois importants au sein des universités, tant au Canada qu’à l’international (Association of Universities and Colleges of Canada, 2011 ; University of Oxford, 2015). Les dernières années ont fait l’objet d’une internationalisation et d’une diversification sociale, économique, ethnique, politique et religieuse marquée des nouvelles cohortes d’étudiants qui ont des préférences, des besoins et des objectifs différents de ceux des cohortes précédentes. À titre d’exemple, certains de ces étudiants s’attendent à des cours dont le contenu reflète davantage leurs intérêts, alors que d’autres – qui sont plus clientélistes – s’attendent à obtenir de meilleurs services de la part des différents bureaux au sein des universités. Cette situation force les administrateurs universitaires et les professeurs à revoir leurs approches et, en certaines occasions, les ajuster ou en développer de nouvelles afin de combler plus efficacement les attentes des étudiants (University of Oxford, 2015). Mon expérience personnelle confirme cette tendance. Il y a eu une hausse progressive du nombre d’étudiants provenant de l’extérieur des États-Unis dans les salles de cours de mon université au cours des dernières années. À l’automne 2017, il y avait dans un de mes cours de deuxième cycle une majorité d’étudiants étrangers. Cette situation m’a poussé à revoir les exemples que j’utilisais pour la présentation de théories et de concepts clés, afin qu’ils soient adaptés à un groupe d’étudiants résolument international, et à recadrer certains exercices en classe.

Dans un tel contexte, les doctorants doivent accorder une grande importance à la section de leur dossier de candidature consacrée aux pratiques d’enseignement et à l’encadrement d’étudiants. Bien que le dossier de recherche et de publications revête un caractère primordial dans le processus d’embauche, plusieurs études récentes démontrent que l’enseignement est de plus en plus valorisé par les administrations universitaires dans un contexte où il existe une intense compétition entre les universités désireuses d’attirer des étudiants de qualité dans leurs programmes. Un rapport d’Elizabeth Miller et Peter Seldin (2014) démontre que dans un grand nombre d’universités aux États-Unis, la performance des professeurs en salle de cours ainsi que leur capacité à encadrer les étudiants sont considérées comme des facteurs plus déterminants pour l’obtention de la permanence ou une promotion que les activités de recherche et le dossier de publications. Il est à noter aussi qu’il existe au Canada un grand nombre d’universités dont les activités sont consacrées à l’enseignement plus qu’à la recherche et qui représentent des débouchés intéressants pour les doctorants.

Par ailleurs, la dernière décennie a été marquée par une refonte des pratiques pédagogiques au sein et à l’extérieur des salles de cours. Ainsi, un nombre croissant d’universités accordent une plus grande importance aux environnements d’apprentissage en ligne alors que plusieurs professeurs adoptent des stratégies pédagogiques hybrides fusionnant l’enseignement en ligne et l’enseignement traditionnel dans les salles de cours. D’autres optent pour une approche de type « classe inversée » où les salles de cours sont transformées en laboratoire dédié à des études de cas pratiques (University of Oxford, 2015). La performance dans les salles de cours ainsi que ma capacité à développer de nouveaux cours et des pratiques d’enseignement novatrices ont occupé une importante partie des discussions lors de mon entrevue d’embauche. On m’a notamment posé des questions sur mon approche pédagogique et mes aptitudes à renouveler mes pratiques d’enseignement avec l’émergence constante de nouvelles technologies. Mes pratiques d’enseignement revêtent pareillement un caractère de premier plan dans l’évaluation de mes activités à titre de professeur. Depuis mon embauche, j’ai co-enseigné plusieurs cours avec des collègues de différents départements. J’ai aussi développé un cours portant exclusivement sur l’usage des médias sociaux pour des fins de communication politique. On m’a également donné beaucoup de ressources afin que je puisse développer un programme d’échange international portant sur l’engagement civique et politique. Ce programme a été bâti et lancé au mois de mai 2016 en collaboration étroite avec une professeure dans une université canadienne. Bref, il est primordial pour les doctorants désireux de décrocher un poste de professeur menant à la permanence d’être au fait de ces nouvelles réalités, de leurs implications futures, ainsi que d’en tenir compte lors la préparation de leur dossier de candidature.

Positionnement stratégique en recherche et en enseignement

Il est important pour les candidats de développer et maintenir une trajectoire de recherche et d’enseignement claire, dynamique, significative et durable, associée étroitement à leur domaine de spécialisation, mais tenant aussi compte des besoins actuels et des perspectives futures de leur champ disciplinaire. Comment cela est-il possible ? Premièrement, des activités de recherche et d’enseignement portant sur un secteur en croissance peuvent renforcer la valeur à long terme de leur candidature. Bien que les embauches effectuées par les départements visent souvent à combler des besoins immédiats et ciblés (notamment lancement de nouveau programme, exigences liées à des domaines de recherche ou à des cours spécifiques), la viabilité à long terme d’un candidat ainsi que sa polyvalence peuvent constituer un facteur déterminant lors de la prise de décision par un comité d’embauche. Ainsi, des réalisations qui sont gages d’avenir ainsi que la démonstration par les candidats de leur capacité d’intensifier leurs travaux, de collaborer avec d’autres chercheurs, que ce soit dans la même discipline ou dans d’autres champs disciplinaires, et, plus important, d’atteindre des objectifs de performance ambitieux et d’obtenir la permanence, sont des éléments qui guident les délibérations des membres de comités d’embauche dans plusieurs universités[5]. Dans plusieurs pays, dont les États-Unis et le Canada, les universités ont adopté différents systèmes d’évaluation des professeurs basés en grande partie sur la performance, tant sur le plan de la recherche que celui de l’enseignement (Shin et Jung, 2014 ; voir également : Locke et al., 2011).

Au début de mes études doctorales, en 2006, j’ai ciblé un champ de recherche et d’enseignement qui allait, selon moi, gagner en popularité et rendre ma candidature à un poste de professeur attrayante à la fin de mes études. Ainsi, même si je m’intéressais à la communication politique, un domaine établi qui est tout de même en croissance constante[6], j’ai orienté mes travaux vers l’utilisation des médias sociaux par les acteurs en périphérie de l’arène politique plus traditionnelle à des fins de communication et d’engagement politique. En plus de me permettre de produire une thèse doctorale portant sur un phénomène de contestation politique en ligne aux États-Unis, ces intérêts de recherche m’ont permis de forger des partenariats de recherche dynamique avec plusieurs professeurs au Québec et en Ontario qui étaient intéressés par mon expertise et mes travaux. Ces initiatives de recherche ont ultimement mené à plusieurs publications (quatre en anglais et une en français) qui m’ont aidé à générer de l’intérêt pour mon dossier de candidature.

Deuxièmement, des activités de recherche significative menant à des présentations dans des conférences scientifiques réputées et à des publications dans des revues avec comité de lecture avec un facteur d’impact élevé[7], c’est-à-dire dont les articles sont cités fréquemment, ou dans des livres produits par des maisons de presse prestigieuses, peuvent contribuer à mousser le dossier d’un candidat. Une étude menée par David van Dijk, Ohad Manor et Lucas B. Carey (2014) renforce ce constat. Ces derniers démontrent en effet que le facteur d’impact des publications d’un candidat ainsi que sa feuille de route universitaire sont plus importants dans le processus d’évaluation et d’embauche que d’autres variables, y compris la qualité des publications. Il faut toutefois noter que la publication de travaux dans des revues scientifiques bien cotées peut parfois être contraignante, notamment à cause des délais parfois importants (pouvant aller jusqu’à 2 ou 3 ans) liés au processus d’évaluation des publications par les comités de lecture ainsi que le degré de difficulté concernant les attentes élevées de ces revues.

Ainsi, les étudiants désireux de diffuser leurs travaux dans des revues scientifiques en prévision de leur démarche de recherche d’emploi doivent tenir compte de différents éléments. En premier lieu, il est important de sélectionner une publication dont les intérêts et les objectifs sont relativement similaires à ceux de leurs travaux (et de leurs objectifs d’emploi). Cette compatibilité peut augmenter les chances d’acceptation des soumissions pour publication et, dans certains cas, accélérer le processus d’évaluation et de révision (Gastel et Day, 2016). Alors que mes activités de recherche au doctorat chevauchaient plusieurs champs d’étude (communication, science politique, technologies) et que je comptais chercher un emploi au Canada ainsi qu’aux États-Unis, j’ai soumis des articles coécrits avec différents collègues et portant sur des objets de recherche tant canadiens qu’internationaux à des revues interdisciplinaires bien cotées qui sont connues dans les départements de sciences politiques ainsi que les départements de communication. Nous avons réussi à publier un article dans une revue américaine, deux revues canadiennes, et une revue internationale. Ce type d’activité de publication requiert une connaissance intime des pratiques de recherche et de publication dans différents pays ainsi que dans divers champs disciplinaires. Ces articles m’ont permis de bien me positionner en prévision de ma recherche d’emploi. En second lieu, le choix de la langue de publication peut jouer un rôle primordial. Bien qu’il existe de nombreuses publications en français de grande qualité, il est d’intérêt pour les doctorants de considérer également des publications en langue anglaise. Ces dernières ont souvent (mais pas tout le temps) un facteur d’impact plus élevé dû entre autres à leur bassin de lecteurs plus large tant au Canada qu’à l’international. Elles se trouvent en outre sur des bases de données qui ont généralement un nombre d’abonnés plus conséquent (Garfield, 2003). Bref, tous ces éléments peuvent avoir un impact direct sur le nombre de personnes qui ont accès à des articles et, par conséquent, sur le nombre de citations qu’ils peuvent recueillir. Tel que mentionné ci-dessus, trois des quatre articles publiés avant mon embauche sont parus dans des revues scientifiques de langue anglaise. Au mois de décembre 2017, ces publications ont recueilli un nombre beaucoup plus élevé de citations que mon article publié dans la revue de langue française. Il est également à noter que mes publications en langue anglaise (y compris un chapitre de livre corédigé avec mon directeur de thèse) ont suscité beaucoup de discussions dans le cadre de mon entrevue d’embauche en anglais. En collaborant étroitement avec leur directeur de thèse qui a généralement une expérience de publication plus importante que la leur, ainsi qu’un réseau de contacts professionnels plus large, les doctorants peuvent développer une stratégie de publication basée sur un équilibre entre la qualité des publications et les besoins liés à une recherche d’emploi future dans le milieu universitaire (Curtin et al., 2016).

Troisièmement, la compatibilité des travaux de recherche d’un candidat avec ceux des membres actuels du département ainsi que des besoins futurs peut jouer un rôle déterminant dans le processus de sélection et d’embauche dans les universités. Un sondage mené en 2003 auprès de 231 directeurs de département à l’échelle des États-Unis, indépendamment du type d’université, démontre que le « fit » – qui est défini par les répondants au sondage comme la « compatibilité entre le champ de spécialisation d’un candidat et les besoins du département dans ses différents sous-champs de recherche » – constitue le critère le plus important lors de la sélection d’un candidat pour un poste de professeur menant à la permanence ([traduction libre] Fuerstman et Lavertu, 2005 : 732). Mon expérience personnelle de recherche d’emploi confirme ces statistiques. La question de « fit », tant sur le plan professionnel que personnel, a joué un rôle majeur dans le cadre de mon processus d’embauche. Ainsi, plusieurs questions posées tout au long de la journée d’entrevue portaient directement ou indirectement sur ma capacité à m’intégrer aux activités de recherche et d’enseignement du département. Bref, les doctorants doivent tenir compte de cette réalité lors du développement de leur trajectoire de recherche, et celle-ci doit demeurer flexible, fluide et dynamique.

Il est bon de se faire connaître…

Finalement, les dernières années ont été marquées par un effort croissant de la part des membres de la communauté universitaire internationale de se mettre en valeur par le biais de différents canaux de communication en ligne (par ex. : sites Internet personnels, médias socionumériques). En fait, un grand nombre d’universités encouragent leurs membres, professeurs comme chercheurs, à établir et à maintenir une présence active et constante sur Internet (Mewburn et Thomson, 2013). Que ce soit en offrant des détails sur leur profil biographique, sur leurs réalisations professionnelles (publications, présentations lors de conférences scientifiques) ou sur leurs projets en cours, les universités ont développé une série de stratégies visant à bonifier les informations, souvent très sommaires, fournies sur les pages biographiques des sites Internet de leurs départements (Times Higher Education, 2010). Cela est encore plus important pour les doctorants dont l’objectif est de se forger une réputation auprès de leurs pairs et, ultimement, décrocher un poste de professeur menant à la permanence.

Une présence professionnelle active sur différents médias socionumériques (comme Twitter ou LinkedIn) constitue un moyen efficace pour ceux qui souhaitent accroître leur notoriété au sein de leurs réseaux professionnels et, ainsi, rehausser leur profil public. Plusieurs études récentes portant sur l’utilisation de Twitter le confirment. Elles démontrent que les membres de la communauté universitaire internationale utilisent cette plateforme pour partager informations et ressources en lien avec leurs domaines de recherche et d’enseignement, demander de l’aide à leurs pairs ou leur en proposer dans le cadre de leurs activités professionnelles, offrir des suggestions ou critiques sur les travaux de collègues, participer à des conversations en ligne dans le cadre de conférences ou commenter des publications (Veletsianos et Kimmons, 2016). Ces activités peuvent permettre aux doctorants de développer leur réseau professionnel, de forger des partenariats de recherche avec des collègues au doctorat ou des professeurs, et de se faire connaître au sein de leur champs de recherche. J’ai bénéficié à plusieurs reprises de mes activités de publication professionnelle soutenues sur la plateforme Twitter tout au long de mes études doctorales, de 2007 à 2013, que ce soit parce que des professeurs et des chercheurs m’ont reconnu lors de conférences ou en raison de partenariats de recherche qui ont émergé à la suite de conversations sur ce canal de communication en ligne.

Le développement et la popularisation rapide des sites de réseautage universitaire tels qu’Academia.edu[8] et ResearchGate[9], offrent également une opportunité attrayante pour les doctorants. Mis en ligne en 2008, ces sites permettent aux chercheurs de rendre leurs travaux disponibles à un vaste public, de déterminer le degré de diffusion et d’influence de ces derniers[10], ainsi que de découvrir et suivre les travaux de collègues. Par exemple, le site Academia.edu comptait près de 31 millions d’utilisateurs avec un profil plus ou moins complet en janvier 2016 (Meishar-Tal et Pieterse, 2017). Ces sites de réseautage donnent la possibilité aux doctorants de se tenir informés des dernières tendances sur le plan de la recherche dans leur champ de spécialisation et dans des domaines connexes (connaître les dernières tendances est un élément important mentionné plus tôt dans cet article). Ils leur permettent également d’accroître leur visibilité en partageant leurs réalisations scientifiques et en élargissant leur réseau de contacts professionnels en prévision de leur recherche d’un poste de professeur (Manca et Ranieri, 2017 ; Meishar-Tal et Pieterse, 2017). Ainsi, un article partagé sur la plateforme Academia.edu augmente de 69 % en moyenne son taux de citation dans d’autres publications scientifiques sur une période de cinq ans (Niyazov et al., 2016). En somme, il est possible qu’une présence active sur les canaux de communication en ligne, qui sont de plus en plus utilisés à des fins professionnelles par les membres de la communauté universitaire, aide un doctorant à mieux se positionner professionnellement en prévision d’une recherche d’emploi en milieu universitaire. Bien que ces plateformes offrent des statistiques sur la consultation des profils de chercheurs et de publications, certaines d’entre elles demandent maintenant à leurs utilisateurs de débourser un montant mensuel pour avoir accès à leurs services statistiques. Ces statistiques m’ont permis d’observer une croissance importante du nombre de consultations de mon profil sur le site Academia.edu dans les jours précédant et suivant immédiatement mes entrevues dans des départements d’université. Cela a effectivement permis aux professeurs et autres membres des départements, tant au Canada qu’aux États-Unis, d’avoir une meilleure compréhension de mes activités de recherche en général, et de se familiariser avec mes publications.

Perspectives d’avenir

Les prochaines années n’apporteront certes pas une amélioration significative des conditions du marché de l’emploi dans le monde universitaire. Une série de facteurs conjoncturels devraient forcer les universités à ouvrir un nombre limité de postes de professeur menant à la permanence, une tendance qui semble être confirmée par les données statistiques mentionnées plus tôt dans cet article. Il est donc primordial pour les étudiants au doctorat désireux de décrocher un tel poste d’être audacieux et stratégiques dans le développement et l’intensification de leurs activités de recherche et d’enseignement tout au long de leurs études doctorales. Alors que le marché de l’emploi universitaire devrait demeurer compétitif dans un avenir proche, il offre des possibilités intéressantes. Par exemple, des postes de professeurs menant à la permanence dans des domaines de spécialisation souvent très pointus sont offerts régulièrement par les universités. Il est donc impératif pour les étudiants au doctorat de tenir compte des obstacles du marché de l’emploi universitaire, d’y faire face avec énergie, réalisme et de manière résolue, de tenir compte des conseils et des suggestions de leur directeur de thèse, de leurs mentors ainsi que de leurs collègues au doctorat, et de profiter des possibilités qui s’offrent à eux.