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L’ARIC commence bien l’année 2018. Entre deux congrès, l’association continue à développer des réseaux de recherche et d’analyse des pratiques en créant des espaces d’échanges de savoirs et de construction de nouvelles connaissances dans le domaine interculturel. Huit axes de recherche, référant aux travaux menés par nos membres et aux enjeux contemporains, ont été définis. Coordonnés par des membres de divers pays et disciplines, ils permettront de rassembler les ariciens et ariciennes intéressés à échanger et à produire ensemble de nouvelles connaissances sur ces thématiques. L’objectif de ces axes est d’initier et développer des collaborations internationales et multidisciplinaires, sans les institutionnaliser ni trop les formaliser. Les membres de l’ARIC peuvent participer (ou non) à un (ou plusieurs) axe(s) et le bureau veillera à ce que ces thématiques puissent être abordées lors des différents colloques et congrès que nous organisons. Les productions seront variées. Pour certains axes, on envisage surtout la mise en réseau de chercheurs, pour d’autres, la conception de symposiums lors de prochaines rencontres, pour d’autres encore, on pense à la rédaction d’un ouvrage ou à une demande de subvention conjointe… Les axes de l’ARIC veulent ainsi ouvrir, de manière conviviale et informelle, de nouveaux possibles à la recherche interculturelle.

L’axe 1, Les études de la paix et la résolution de conflits : une approche interculturelle, est très contemporain et coordonné par Abhijit Karkun – professeur à l’Université Jawaharlal Nehru de New Delhi (Inde). Il vise le développement de débats sur les questions de justice et d’éthique en lien avec les minorités, souvent dans des situations de conflits et de guerres, ainsi qu’une réflexion interculturelle permettant d’entamer des études sur la paix et la résolution de conflits.

L’axe 2, Pratiques en santé, soin et interculturalité, coordonné par Nassima Ouandelous – maître de conférences HDR à l’Université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou (Algérie) –, a toujours fait partie des préoccupations et travaux de l’ARIC. On s’y intéressera aux manières d’aborder et de traiter les situations où le culturel et l’interculturel déterminent les attitudes ainsi que les représentations face à la maladie, aux pratiques de soin. Entre savoir profane et savoir scientifique, il s’agira de questionner ces représentations dans des domaines divers : psychologie, médecine, médecine alternative, mais aussi de développer des perspectives interculturelles ouvrant sur une nouvelle compréhension des liens entre culture du soignant et du soigné.

L’axe 3, Jeunes et interculturalité, sous la coordination de Liliana Kremer – professeure à l’École de travail social de l’Université nationale de Cordoba (Argentine) –, s’intéresse aux jeunes dans leur diversité et dans leurs situations de précarité, de marginalisation ou d’exclusion mais aussi dans leurs potentiels citoyens. Il vise à recueillir les expériences des jeunes, à proposer des actions/stratégies/consultations basées sur des diagnostics participatifs et inclusifs avec les jeunes et visant le développement de la cohésion sociale et la prévention de la violence. Il s’agit d’encourager les réflexions avec les jeunes, de mener des dialogues dans une approche intersectionnelle de leurs réalités et des enjeux qui les concernent.

L’axe 4, Handicap et interculturalité, est coordonné par Geneviève Piérart – professeure à la Haute école de travail social de Fribourg (Suisse). Il porte sur le rôle de l’environnement dans la définition et l’appréhension du handicap, et ce, d’autant plus qu’il est divers et pluriel. Dans une perspective écosystémique, la dimension culturelle est envisagée avec les autres dimensions contextuelles (historique, politique, économique, sociale) susceptibles de créer des situations d’altérité et d’inégalité renforçant le handicap. Cet axe offre ainsi d’interroger l’articulation entre diverses formes d’altérité qui, bien que reconnues comme des constructions sociales, n’en exercent pas moins un impact important sur la vie des personnes concernées.

L’axe 5, Catastrophes, contemporanéité et interculturalité, sous la coordination de Jamil Zugueib – professeur à l’Université fédérale du Parana (Brésil) –, porte sur des situations très contemporaines où sont incluses catastrophes naturelles comme catastrophes sociales. Ces événements font du trauma un instrument de lecture de notre contemporanéité. L’axe permettra d’aborder, autour de ces catastrophes quelles qu’elles soient, les conflits d’intérêt politique-social, les différences, la stigmatisation et les préjugés culturels récurrents qui y participent sur divers plans.

L’axe 6, Arts, créativité et interculturalité, coordonné par Myriame Martineau – professeure à l’Université du Québec à Montréal (Canada) –, réfère aussi à des intérêts nouveaux au sein de l’ARIC. Cet axe a comme objectif une réflexion sur les pratiques artistiques et culturelles, leur professionnalisation, la sous-représentativité presque systémique des femmes et des artistes dits de la « diversité » dans plusieurs champs artistiques, les politiques culturelles qui les encadrent. Il permettra d’analyser ces savoir-faire « autres » dans une perspective interculturelle et d’en souligner les enjeux contemporains.

L’axe 7, Femmes, intersectionnalité et interculturalité, sous la coordination de Michèle Vatz-Laaroussi – professeure à l’École de travail social de l’Université de Sherbrooke (Canada) –, prend la suite de plusieurs activités, échanges et projets déjà menés au sein de l’ARIC. Il vise à croiser, autour de questions concernant les femmes, une approche intersectionnelle et des méthodologies, de recherche et d’action, interculturelles. On vise ainsi des recherches innovantes, l’enrichissement des théories de l’intersectionnalité et de l’interculturalité ainsi que des pratiques solidaires originales et plus égalitaires.

Finalement l’axe 8, Technologies de l’Information et de la Communication (TICs) et interculturalité, coordonné par Elaine Costa Fernandez – enseignante à l’Université Fédérale de Pernambuco (Brésil) et chercheure associée à l’Université de Toulouse (France) –, est aussi très novateur. Cet axe a pour objectif d’interroger les enjeux éthiques, conceptuels, méthodologiques et les nouveaux champs d’application posés par la recherche sur les TICs dans une perspective transdisciplinaire et interculturelle, qu’on pense par exemple aux migrants ou à la mondialisation numérique. On y travaillera sur des définitions, argumentaires et questionnements ouvrant sur un débat éclairé concernant les spécificités de l’utilisation des TICs en recherche, dans la pratique professionnelle et dans les politiques publiques. Cet axe émergent au sein de l’ARIC a déjà produit un événement scientifique et une publication.

Dans cette perspective, l’ouvrage Mobilités, réseaux et interculturalités. Nouveaux défis pour la recherche scientifique et la pratique professionnelle, sous la direction d’Elaine Costa-Fernandez, Patrick Desnoux et Odette Lescarret, vient de sortir chez L’Harmattan, dans la collection de l’ARIC Espaces interculturels. S’inscrivant dans le prolongement du colloque de l’ARIC qui s’était tenu à Olinda en 2016, cette publication réunit des travaux d’auteurs issus de cultures différentes pour aborder la complexité des phénomènes traités. Dans un contexte international marqué par une mondialisation généralisée et une amplification de la communication, les mobilités deviennent des enjeux centraux, qu’elles soient géographiques ou socioprofessionnelles, choisies ou subies. Nous vous invitons à consulter cet ouvrage qui s’intéresse à ces phénomènes nouveaux qui bousculent et redéfinissent les savoirs mais aussi le champ de l’interculturalité.

L’ARIC, avec ces axes et leurs diverses questions, ouvre la voie aussi bien à de nouveaux travaux qu'à des collaborations internationales et interdisciplinaires renouvelées. Pour s’inscrire dans un axe, il faut bien sûr être membre de l’ARIC. Aussi nous invitons les lecteurs intéressés à consulter le site de l’ARIC pour plus d’informations sur l’association, ses travaux, ses axes et les modalités d’adhésion.

Michèle Vatz Laaroussi, présidente de l’ARIC, et les membres du bureau de l'ARIC