Corps de l’article

-> Voir la liste des figures

L’ouvrage intitulé Les représentations de l’Autre, publié en 2017 par Seydi Diamil Niane aux éditions L’Harmattan, est axé de façon générale sur les perceptions de l’être humain. Il aborde des questions importantes, dont les conséquences sur la société retiennent l’attention et ne laissent personne indifférent. Il donne une idée globale des questionnements qui se développent et se rapportent à plusieurs aspects de la considération de l’Homme à la fois, d’où le choix du titre très expressif Les représentations de l’Autre.

Il ressort de ce travail que les questionnements sur l’altérité constituent un problème qui mine la société française, en général, et le citoyen français de confession islamique, en particulier. Le citoyen cité, comme l’Africain ou la femme avant l’histoire du genre, n’est pas toujours considéré à sa juste valeur, en raison de son appartenance familiale ou religieuse, ou encore de la couleur de sa peau. Pourtant, bien que la religion islamique soit victime des actions de ses fidèles extrémistes, elle favorise l’intégration culturelle des peuples à travers le principe oecuménique. Dans le même sens, l’Église catholique promeut le dialogue interreligieux visant à faciliter la découverte de l’autre. Aujourd’hui, avec l’évolution des perceptions qui en résulte, l’intégration de l’autre devient une réalité. Et face au manque de représentativité de la diversité d’une population au sein d’une société, lequel engendre le communautarisme, l’auteur prescrit le dialogue aux citoyens du monde. La raison en est qu’il considère ce dialogue comme un facteur de perception égalitaire des peuples.

Selon Niane, l’appartenance à des confessions différentes est une cause de séparation plutôt qu’une occasion de rencontre. Pourtant, la connaissance de l’autre devrait jouer un rôle capital dans le développement physique, matériel, mental et psychologique de soi, comme le souligne Houssame, cité en ces termes : « Il semblerait que le contact avec l’autre permet d’en savoir plus non seulement sur l’autre mais sur soi-même ». L’appartenance à des confessions différentes nuit à la fusion sociale, au lieu de permettre de façonner les identités et d’assurer une certaine cohésion des individus et des groupes sociaux.

Aussi, pour une intégration de tous les citoyens, seuls le dialogue et les langues jouent un rôle capital. Mais dans le contexte colonial, la relégation de certaines langues au second rang au profit de celle du colonisateur fut une source de confrontation des assujettis au colonisateur. Il en fut de même de l’infériorisation de la culture africaine par des Français, que François Fillon reprend, au détriment des Africains une fois de plus, en soulignant que le but de la colonisation était le partage de la culture française. Quand Niane réalise que cette colonisation était tout sauf une volonté de civiliser les peuples africains auxquels on apporte une autre culture, il se demande : pourquoi une autre culture si les Africains en avaient déjà une ? Il réalise, en outre, que l’esprit révisionniste de François Fillon n’était qu’un moyen de continuer à nier la vérité historique qui aurait pu aider les Français à réparer le tort causé aux Africains, perçus par les colonisateurs comme des êtres inférieurs aux Européens et, en conséquence, différents d’eux. Niane pense également que c’est avec le même esprit que la femme africaine, en raison de sa couleur, est considérée comme un être inférieur et limité, en dépit de sa volonté réelle d’épanouissement, et ce, contrairement à la femme blanche qui ne souffre d’aucune discrimination sociale. Heureusement pour la femme en général, l’histoire du genre vient mettre fin à toutes ces polémiques en reconnaissant une dignité humaine à la femme.

Au sortir de l’analyse, l’auteur signale que tout porte à croire qu’aujourd’hui, malgré les différents facteurs de divergence ou de similitude des milieux confessionnels et du rejet dont le citoyen musulman est victime en Europe, une nette évolution des relations entre les croyants de confessions différentes se fait sentir. Dans le cadre de telles avancées aux plans relationnel et perceptuel, le dialogue, et singulièrement le dialogue interreligieux promu jusqu’ici par l’Église catholique, reste la seule voie pour une intégration et une coexistence pacifique des peuples de différentes confessions religieuses. Tout dépend de la construction à venir, qui ne saurait se faire par l’association de toutes les composantes socioprofessionnelles. Néanmoins, poser la question identitaire et y répondre par la lutte contre les discriminations sociales reste un combat de libération de tout citoyen français de confession islamique, une stratégie efficace de promotion du vivre-ensemble à la faveur d’une véritable fraternisation au contact de l’autre, de la révision des fondements des identités, qui pourrait être une piste pour l’acceptation de l’autre, le respect de l’unité et de la diversité des humains.