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« Le mythe américain de la banlieue produit un espace absolument fixe, que résume la vue aérienne. Le mythe québécois de la banlieue produit au contraire un environnement absolument mobile : le chantier. »

Laforest, 2016, p. 102

La littérature québécoise a pensé la modernité, la sienne et celle de la société globale, par la ville, et ce depuis les romans réalistes des années 1940 (Biron, Dumont et Nardout-Lafarge, 2007) jusqu’aux analyses de l’écriture migrante (Mata Barreiro, 2004). La revue Lèvres urbaines, fondée en 1983, s’inscrit pour sa part dans la postmodernité. Dans les études littéraires québécoises, ville et modernité, voire postmodernité, sont ainsi pratiquement synonymes, et l’extérieur de cette ville est rejeté dans les limbes de la tradition (la ruralité) ou de l’aliénation (la banlieue). C’est cette réputation d’uniformité et de conformité entachant la banlieue qui est mise à mal dans les ouvrages ici discutés. En effet, désormais la majorité de la population vit en banlieue et y grandissent majoritairement les enfants, ce qui tend à infléchir l’imaginaire de la banlieue. Mais à en croire Laforest et les auteurs ayant collaboré au collectif Suburbia[1], la littérature québécoise peine à s’installer en banlieue : les mots lui manquent pour en parler, et quand elle a parlé de la vie quotidienne dans cet espace en perpétuelle mutation, elle n’a pas toujours été entendue.

Entre la représentation d’une part, et le quotidien d’autre part, loge l’imaginaire, sur lequel portent ces deux livres. Les liens entre la littérature et la société québécoises, auxquels Recherches sociographiques a déjà consacré deux numéros[2], sont scrutés ici à partir de l’espace habité. L’âge de plastique et Surburbia ont été écrits par des spécialistes de la littérature, mais leur point d’ancrage en banlieue renvoie aux travaux du géographe Pierre-Mathieu Le Bel (2012) sur les romans de la métropolisation, définie par trois axes : limites, fragmentation et connectivité de la ville. La « géographie romanesque » de Le Bel, selon le titre de son ouvrage, l’amène à puiser aux travaux aussi bien des géographes et sociologues que des analystes de la littérature et du récit, ainsi qu’aux approches géocritiques (Westphal, 2007) et sociocritiques (Popovic, 2011). Symétriquement pourrait-on dire, Laforest et certains collaborateurs au collectif Suburbia, notamment Michel Nareau, puisent abondamment chez les sociologues, géographes et urbanistes, ce qui les mène sur les sentiers de l’urbanisation, c’est-à-dire de l’étalement, de la « ville comme forme toujours en développement » (Laforest, p. 158, les italiques sont dans le texte[3]). Il n’en demeure pas moins une différence importante entre la démarche des sciences sociales et celle des études littéraires, ces dernières étudiant les auteurs reconnus par l’institution et la critique, alors que le géographe se penche sur une large production, qui comprend des romans « parfois très mauvais et parfois excellents » (Le Bel, 2012, p. 14).

La spécificité de la banlieue québécoise

Lire la ville contemporaine, pour Daniel Laforest, c’est lire la banlieue, non pas comme espace fixe mais « comme forme de vie et comme force d’expansion agissant sur les histoires individuelles » (p. 23); la question est donc de savoir comment cette dynamique agit sur ceux et celles qui y vivent. Du point de vue littéraire, tout commencerait sur la Rive Sud et la banlieue idéal-typique, la « ville matrice », pour reprendre l’intitulé du chapitre 2 de Laforest, c’est Ville-Jacques Cartier (désormais intégrée à Longueuil), dont plusieurs écrivains ont parlé, les plus connus étant Jacques Ferron, Pierre Vallières et Michael Delisle. Selon Laforest, la banlieue québécoise est différente de la banlieue nord-américaine, en ce qu’elle ne serait pas née dans la planification, mais dans le chaos, ce dont témoigne la part autobiographique de Nègres blancs d’Amérique (Vallières, 1968), ce qu’évoque également L’amélanchier (Ferron, 1970), deux ouvrages écrits à la même époque et témoignant de la naissance de cette ville/banlieue, ainsi que de la façon dont les enfants y grandissent. « Ville Jacques-Cartier est une banlieue d’ouvriers et ceux-ci y ont imprimé la marque de leur appartenance sociale. Plusieurs des maisons sont construites sans devis par leurs propriétaires. » (Laforest, p. 86.)

Sans qu’il y ait héritage direct de l’origine ouvrière de cette « matrice » banlieusarde, la spécificité québécoise se manifeste dans des registres très divers, par exemple : « si le hip-hop est né aux États-Unis dans un contexte on ne peut plus urbain qui devrait exclure les régions limitrophes des grandes villes, la situation au Québec est inverse, puisque c’est de la banlieue qu’ont émergé les premiers balbutiements du rap québécois » (Gabriel Tremblay-Gaudette « Les déclinaisons multiples de la banlieue dans le hip-hop québécois », p. 70). La dispersion sur le territoire des classes sociales diffèrerait ainsi de celle caractérisant l’imaginaire des banlieues, associées à la classe moyenne, à la consommation et à l’aliénation, alors que la ville est associée dans les représentations à la modernité, à la solidarité et à l’émancipation.

La question demeure : comment vit-on en banlieue? En quoi réside la différence entre la ville et la banlieue, si tant est qu’il y en ait une, car comme le fait remarquer Michael Delisle, « si la ville favorise le rapport à l’autre, il n’est pas garanti que ce rapport se réalise : le thème de la solitude dans la grande ville est même assez usé » (« Banlieue. Mon point de départ », p. 130). Le pari des deux ouvrages est qu’en se mettant à l’écoute, ou plutôt à la lecture, des écrivains québécois, on entend autre chose que les clichés sur l’aliénation de la classe moyenne vivant en banlieue, dont des films comme Deux femmes en or (Claude Fournier, 1970) ou Les voisins (Micheline Guertin, 1986) témoigneraient[4].

Des maux et des mots de la banlieue

« […] l’inventaire est la condition première du réalisme : nouveaux objets, nouveaux mots et nouvelles dispositions quant aux mots ».

Laforest, p. 130

Selon Laforest, c’est par le chantier qu’il faut penser la banlieue québécoise, et c’est là que réside son caractère distinctif en Amérique du Nord. « Chantier » au sens propre, car elle ne cesse de se construire, de se reconstruire, de s’emparer de nouveaux territoires, mais surtout « chantier » métaphorique, car les mots manquent encore pour la nommer. La banlieue serait innommable dans le paradigme de la modernité urbaine ; il y aurait « absence d’une langue vive, légitime, pour raconter son expérience » (Laforest, p. 145), les maux présumés de la banlieue (consommation, uniformité, aliénation), faisant écran aux mots pour la décrire. De plus, quand les écrivains trouvent les mots de la banlieue, leurs textes demeurent en partie « irrecevables » (Laforest, p. 78), ce que soulignent chacun à leur façon Laforest et Nareau :

« Si L’amélanchier de Jacques Ferron investit dès 1970 la question de la banlieue, de sa pertinence sociale et du récit des origines qui la constitue, il a fallu attendre longtemps pour que cette optique soit lisible. Lu d’emblée à partir d’une grille d’interprétation nationale, le récit de Ferron n’a pas mené à l’émergence d’un nouvel habitat pour le roman québécois, dans la mesure où la forme de familiarité qui constituait la grandeur de la vie quotidienne de la banlieue ferronienne était renvoyée davantage à la prise de parole nationale qu’à l’organisation discursive du jardin américain. »

Michel Nareau, « Espace de transition(s) », p. 150-151

« Après que s’étaient installés aux commandes les héros du verbe, de la glossolalie et des traditions revisitées fébrilement au nom du pays, dans la foulée de ces héros qui jetaient des passerelles entre la rudesse des chantiers anciens, le phrasé des airs d’antan, la fierté meurtrie des belles-soeurs, et la nouveauté des expériences contre-culturelles, qui pouvait laisser tomber du bout des lèvres avoir découvert la vie dans un bungalow sur une rue qui n’avait pas encore dix ans? »

Laforest, p. 120

À quoi tient cette difficulté de dire la banlieue ? Est-elle due à ce que les romans de la banlieue sont souvent des romans de l’enfance ou plus largement de la jeunesse, et que l’âge des protagonistes favorise les récits un peu « abracadabrants » comme Tarmac, voire le réalisme magique, comme dans Le ciel de Bay City de Catherine Mavrikakis (2008) ou L’amélanchier de Jacques Ferron (1970), qu’évoque tour à tour Laforest ? Ou est-ce à cause de la nouveauté incessante dans la société de consommation – ce à quoi renvoie l’âge de plastique du titre de l’ouvrage discuté – et de l’obligation d’inventer ces mots, ou d’en introduire dans les textes certains non associés a priori à la littérature, comme split-levels, driveways, pour lesquels il n’existe pas de traduction, mais aussi des marques de commerce où le lecteur peut ne voir que la consommation alors que cela renvoie aussi à la vie quotidienne ? Les deux explications se rejoignent en ce que la banlieue est racontée du point de vue des enfants qui y grandissent, soit, mais surtout que ceux-ci « n’habite[nt] pas le monde de l’enfance, mais l’enfance du monde » (Laforest, p. 75).

La construction du monde à l’oeuvre dans la banlieue transparaît éloquemment dans l’analyse de Bertrand Gervais du film Bienvenue au conseil d’administration (Serge Cardinal, 2005), dont le récit est « campé dans une banlieue qui elle-même n’existe pas. Du moins pas encore » (Gervais, « L’idiot de la banlieue », p. 107). Cet espace inachevé « de maisons non habitées, de cours arrières dont le terrassement n’a pas été complété » (idem, p. 103), c’est Terrebonne. La « matrice » du chantier se transpose ainsi de la rive sud jusqu’à la rive nord. Plus largement, l’analyse de Jonathan Lachance sur l’architecture des bungalows proposée dans les années 1950 par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) montre que les plans de maisons individuelles et des « groupements de petites maisons » – selon l’intitulé d’un document de la SCHL (1954) – proposent une façon d’habiter l’espace, tant domestique que collectif. Ces plans passent rapidement du modèle à ceux à qui il est destiné, une famille typique composée de deux parents et de deux enfants. Maison modèle et quartier modèle, sont les chantiers du mode de vie de la famille modèle, lequel s’implante durablement dans l’après-guerre. Sophie Marcotte et Sylvain David montrent pour leur part comment les journaux communautaires fournissent aux banlieusards actuels les codes de ce mode de vie : conseils pratiques et « justification du choix de vivre en banlieue » (« La banlieue en périphérie d’elle-même ». p. 57). Le modèle se produit et se reproduit de la sorte en même temps que la banlieue se développe. Mais il y a plus, car Marcotte et David se penchent sur la publicité immobilière, laquelle joue avec les idées reçues, mais en même temps infléchit la représentation de l’espace : la banlieue y tiendrait à la fois de la ville et de la campagne. Il n’y a pas là qu’un argument de vente ; cela témoigne d’un problème de définition.

Définir la banlieue

Si les mots peinent à dire la banlieue, une autre raison en est certainement la difficulté à cerner les contours de celle-ci. Que la banlieue soit une « forme-en-développement » (Laforest, p. 151), entraine inévitablement des difficultés à saisir cet objet, comme le soulignent en introduction les directeurs du collectif Suburbia. En fait, deux problèmes surgissent dans l’entreprise de définition. Le premier est que les frontières de la banlieue changent, puisque qu’elle ne cesse de s’étendre : « J’habitais dans le quartier des années 90, où on parlait de celui des années 80 comme du vieux quartier, bien que de nouvelles constructions n’eussent pas tardé à apparaître dans les champs qui se trouvaient derrière les maisons de ville, à l’orée de mon quartier […] » (Fannie Loiselle, « Inventer une mémoire pour la banlieue », p. 123). La périphérie d’hier est happée, encerclée, par celle d’aujourd’hui, alors que les attributs urbains et suburbains se superposent dans le même espace[5].

Le second problème de définition tient à ce que la banlieue, c’est aussi « un mode de vie qui comporte ses formes de sociabilité, ses objets, ses arts de faire » (Suburbia, intro), qu’on ne peut réduire à la maison unifamiliale, sa cour, sa haie de cèdre et la voiture. Ce mode de vie s’étend de la ville à la campagne, et embrasse tout le territoire québécois en cet âge de plastique, de Saint-Léonard ou Montréal-Nord quartiers autrefois périphériques et désormais arrondissements de Montréal, jusqu’à la campagne. Écoutons les écrivains.

« Mon régionalisme littéraire est truffé de bungalows, de clapboard, de voitures familiales, de pelouses coupées à l’aide de ciseaux et d’aménagements paysagers extravagants. La ruralité que je m’efforce de représenter ressemble plus à une banlieue excentrique, et puis je m’intéresse moins à ses charmes bucoliques qu’aux éléments de la vie ordinaire qu’on peut y rencontrer : le langage vernaculaire, la façon dont on y circule, les arts de faire, etc. »

William S. Messier, « Totalement ville, complètement nature », p. 142

Pour William S. Messier, la banlieue, c’est Granby, où il a grandi et « vécu comme en banlieue » (p. 142). Dans le même sens, la banlieue ce peut être Rivière-du-Loup pour Nicolas Dickner (2009). C’est pourquoi, selon Laforest, lire la ville, grande ou petite, c’est lire la banlieue. La ville, chez Laforest, c’est donc la banlieue, car statistiquement c’est dans la banlieue et dans des maisons unifamiliales que vivent les résidents des métropoles (ce que soulignait aussi Le Bel, 2012), et même des régions. C’est ainsi que Michael Delisle parle du « banlieusard en chacun de nous » (p. 130). La banlieue n’apparaît pas de la sorte comme un territoire bien précis, car elle s’étend de la ville à la campagne. En ce sens, la banlieue plus que la « ville contemporaine », embrasse une large part de « l’espace contemporain », d’où l’intérêt de s’y pencher.

Le chantier de l’écriture

« […] une banlieue qui soit un espace défini par ses propres relations internes, un espace habitable d’où la nouveauté puisse surgir dans le tissu microscopique des actions quotidiennes, peu importe qu’on l’habite ou qu’on le traverse, peu importe qu’on s’y réfère comme lieu d’une mémoire déjà ancienne ou comme lieu d’un avenir à concrétiser. »

Laforest, p. 123

Le livre de Daniel Laforest est à la fois une analyse et un plaidoyer : analyse de la façon dont les écrivains ont jusqu’ici raconté la banlieue, mais aussi plaidoyer pour des romans la décrivant dans ses multiples dimensions, strates et variantes. Si les Étatsuniens espèrent toujours lire thegreat american novel révélant leur identité collective, voire l’esprit de la nation, Laforest attend le grand roman/les grands romans de la banlieue. Pourquoi ? Puisque c’est là que la population vit, tant dans la métropole, la capitale que les régions, un grand roman de la banlieue serait un grand roman national ; quatre composantes devraient s’y retrouver selon Laforest : le réalisme, l’action d’habiter, des « présents inaboutis » et la vie ordinaire. Cela permettrait de se déprendre d’un imaginaire réducteur car, actuellement, « pour coller à la réalité admise par le plus grand nombre, il faut maintenir la caricature. En d’autres mots, pour demeurer vraisemblable, il faut tourner le dos au réalisme. » (Laforest, Suburbia, p. 26.) Dans le même sens, Nareau écrit : « c’est cette nouvelle sociabilité, qui ne place plus la banlieue dans un unique rapport à la ville centre, qu’il faut explorer » (Nareau, p. 154).

Le collectif Suburbia révèle divers aspects de la banlieue dans la littérature québécoise, lesquels demeurent aussi en chantier, non tant, peut-être, chez les écrivains que chez les analystes : la résistance active ou passive aux stéréotypes banlieusards ; en effet « une forme de résistance est possible en banlieue […] un détournement subversif de la banlieue, de ses prescriptions et de ses clichés. » (Alice van der Klei, « La banlieue vue d’ici », p. 178). Cette résistance passerait, notamment, par les relations, parfois faciles, parfois difficiles, entre voisins.

La banlieue comporte une part d’ombre, autre chantier d’analyse, qui ne tient pas tant à la conformité et à l’aliénation, qu’à la violence qui s’y déploie selon Mata Barreiro, notamment sous la plume de Stanley Péan et Émile Ollivier. Plus largement, Nareau souligne « le caractère fragile et violent de la vie de banlieue » (p. 156) et Delisle n’hésite pas à affirmer qu’ « il existe une violence sourde typique du sous-sol fini » (p. 131).

Thème non pas en chantier mais bien en friche dans les romans et nouvelles sur la banlieue, celui de la politique, évoqué par Carole David (« Dix minutes en banlieue ») à propos de Saint-Léonard et des luttes linguistiques. Comme le fait remarquer Laforest, Kanesatake et Wendake, sont des banlieues ; van der Klei nous y fait entendre pour sa part l’écho du printemps érable.

Enfin, dernier chantier, les deux ouvrages pointent obliquement l’importance de creuser les liens entre l’imaginaire de la banlieue et d’autres formes de création ; ainsi dans Suburbia, l’article sur le hip-hop ouvre sur des interrogations sur la chanson en général, ceux de Bertand Gervais et de Laurence Côté-Fournier, ce dernier davantage centré sur les États-Unis (« Le cadre banlieusard »), entrouvrent la porte sur le cinéma[6].

Dans les deux livres, la réconciliation avec l’espace suburbain ne se dessine que chez Carole David. Gageons que d’autres écrivains ou écrivaines en témoigneraient également. Les deux ouvrages n’abordent pas le polar, que Le Bel (2012) avait trouvé sur son chemin, sans l’avoir cherché. Le roman policier québécois a en effet gagné la banlieue, et je ne mentionne ici que deux exemples, presque au hasard : Un ménage rouge de Richard Ste-Marie (2013) et L’homme du jeudi de Jean Lemieux (2012); je formulerais l’hypothèse qu’ils sont porteurs aussi bien de violence que de réconciliation avec la banlieue. La littérature « populaire » compte de nombreuses sagas dont certaines se déroulent en banlieue, comme celles de Rosette Laberge (2012, 2013, 2014), Souvenirs de la banlieue et Un voisinage comme les autres; on y trouve d’autres protagonistes que les enfants, ou des enfants autres que la Tinamer de Ferron (1970), s’échappant dans la poésie du « bon côté des choses », ou la Dée de Delisle (2002), inexorablement ancrée dans la désespérance de leur « mauvais côté ». La banlieue étant l’enfance du monde et le monde de l’enfance, pour reprendre l’expression de Laforest citée plus haut, la littérature jeunesse est certainement porteuse d’un rapport plutôt positif avec la banlieue ; encore une fois, je ne mentionne que deux ouvrages : C’est pas moi je le jure de Bruno Hébert (1997), et Un été sans point ni coup sûr de Martin Robitaille (2004), qui ont tous les deux été portés à l’écran.

Bref, se multiplient les écrivains écrivant sur la banlieue et même depuis la banlieue (Soulières, 1996), et ce depuis belle lurette ; pensons aux susmentionnés Jacques Ferron et Pierre Vallières, auxquels on peut ajouter Victor-Lévy Beaulieu (1969) et son Morial-Mort (Montréal Nord), ceux à qui le collectif Suburbia donne la parole, mais aussi ceux auxquels sont consacrés certaines analyses dans les deux ouvrages : notamment Mathieu Arsenault, Catherine Mavrikakis, Patric Nicol, Lise Tremblay, Pierre Yergeau, sans oublier Michael Delisle, dont le nom revient souvent au fil des pages. Mais ce ne sont pas les seuls. Tout n’a pas été dit, loin de là, sur la banlieue, ni par les écrivains, ni par les analystes de la littérature.

Chantier, vraiment que la banlieue, pour les écrivains, critiques, mais aussi pour les lecteurs. Ces deux ouvrages s’appliquent à nommer, à décrire la vie quotidienne, non seulement dans la banlieue, mais plus largement dans le Québec d’aujourd’hui.