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Une décennie après la publication de son article sur la « logique du praticable » dans International Organization (io), il est utile de faire un retour critique sur la notion mise en avant par Vincent Pouliot dans le but de faire progresser la théorie des Relations internationales. Et cela, d’autant plus que son auteur a eu l’occasion de préciser son approche dans de nombreux autres travaux, en particulier dans son livre International Pecking Orders (Pouliot 2016). Nul doute que l’article de Pouliot paru en 2008 dans io a représenté une contribution majeure au « virage pratique » des Relations internationales. Il a inspiré de nombreux chercheurs qui avaient envie de s’émanciper des principales approches disponibles dans la boîte à outils des théories des Relations internationales. Dans notre cas, Pouliot a été une source d’inspiration pour mener à bien nos recherches récentes portant respectivement sur les pratiques des diplomates français (Lequesne 2017) et sur les pratiques ayant trait à l’acquisition d’armements (Faure 2016), toutes deux dans le contexte de l’État français.

C’est à partir de nos travaux que nous formulons trois questionnements relatifs à la logique du praticable. Dans un premier temps, nous interrogeons l’enchâssement de la logique du praticable avec les logiques réflexives dans la construction théorique de Pouliot. Dans un deuxième temps, nous réfléchissons à l’opérationnalisation méthodologique de la logique du praticable. Dans un troisième temps, nous examinons le statut des données et de leurs usages dans la logique du praticable. Notre objectif est de formuler des commentaires qui soient utiles (Bueger et Gadinger 2015 ; Schindler et Wille 2015) aux tenants du « virage pratique » (Pouliot et Cornut 2015), en évitant les critiques scolastiques[1] et péremptoires (Ringmar 2014).

I – De la singularité de la logique du praticable ?

Pour fonder « sa » théorie au sein de la communauté savante des théoriciens des Relations internationales (Bueger 2014 ; Bueger et Gadinger 2015 ; Bourbeau 2017), Pouliot présente la logique du praticable comme un mode d’action distinct qui précède et façonne les logiques réflexives des conséquences (théorie du choix rationnel), de la convenance (constructivisme et néo-institutionnalismes) et de l’argumentation (analyse discursive). Cette définition théorique nous conduit à formuler trois remarques : la première porte sur le recours au terme de logique du praticable plutôt que de logique de la pratique ; la deuxième a trait à l’articulation entre la logique du praticable et les logiques réflexives ; et la troisième examine la portée explicative de la logique du praticable.

En premier lieu, Pouliot choisit de nommer « logique du praticable » la logique d’action constitutive des pratiques, se distinguant ainsi de Bourdieu qui utilise le terme « logique de la pratique ». Pour Pouliot, la logique du praticable renvoie à des savoirs exclusivement tacites, c’est-à-dire à une logique préréflexive de l’action, alors que la logique de la pratique mêle les savoirs tacites aux logiques réflexives. Mais Pouliot, qui fait régulièrement référence à Bourdieu dans son travail, utilise parfois les deux termes de manière interchangeable et donc sans distinction nette (Pouliot, ce numéro : 23). Cette ambiguïté est confortée par le fait que la logique du praticable chez Pouliot est constituée du même triptyque conceptuel que la logique de la pratique chez Bourdieu : habitus, champ et sens pratique. Aussi une note de bas de page n’est-elle pas suffisante pour se convaincre de la différence (Pouliot, ce numéro : 3). D’ailleurs, l’expression logique du praticable est peu utilisée dans les travaux les plus récents de Pouliot : on relève seulement deux occurrences dans son dernier ouvrage (Pouliot 2017). En somme, quelle est la singularité de la logique du praticable par rapport à la logique de la pratique ?

En deuxième lieu, Pouliot distingue explicitement la logique du praticable de l’ensemble des logiques réflexives (conséquence, convenance et argumentation), en affirmant à la fois la primauté et la compatibilité de la première sur les secondes.

D’une part, la logique du praticable prévaut chez Pouliot sur les logiques réflexives, puisqu’elle « rend possibles les logiques réflexives » (Pouliot 2011 : 12). À l’inverse de Bourdieu, Pouliot dissocie la logique du praticable des modes d’action réflexifs. Cette distinction est équivoque pour une approche théorique qui revendique de faire tomber les dichotomies analytiques traditionnelles (agent/structure, idées/intérêts, objectif/subjectif). En outre, un tel séquençage est souvent impossible à établir avec netteté dans la pratique scientifique du chercheur.

D’autre part, la logique du praticable est compatible chez Pouliot avec les logiques réflexives. Nous sommes sceptiques sur la capacité de la logique du praticable à dialoguer avec les trois modes d’action réflexifs, parce qu’ils ne partagent pas les mêmes fondements épistémologiques et ontologiques (Bueger et Gadinger 2015 : 451). De plus, si Pouliot soutient l’argument théorique qu’il faut articuler logique du praticable et logiques réflexives, on ne voit pas chez lui d’opérationnalisation qui s’établit à partir d’un terrain empirique. Par exemple, dans son ouvrage le plus récent, Pouliot n’indique pas à quel moment et de quelle manière la logique du praticable est enchâssée dans certains modes d’action réflexifs (Pouliot 2016). La reproduction de l’ordre hiérarchique international, qui perpétue les inégalités politiques au sein de la diplomatie multilatérale, est expliquée par la logique du praticable. Encore conviendrait-il de démontrer empiriquement la valeur d’un tel enchâssement qui reste chez Pouliot une abstraction conceptuelle. Celui-ci gagnerait donc à rendre compte plus nettement de la manière dont s’emboîtent logique du praticable et logique réflexive avec des preuves empiriques à l’appui.

En troisième lieu, la primauté accordée par Pouliot à la logique du praticable conduit à s’interroger sur sa portée explicative. La logique du praticable constitue-t-elle la pierre angulaire d’une « nouvelle grande théorie des Relations internationales » (Bueger et Gadinger 2015 : 458), la théorie de la pratique, qui aurait la capacité d’expliquer l’ensemble des phénomènes liés à la politique internationale ? Cette question peut sembler hors de propos, tant ce courant théorique valorise, au contraire, la pratique scientifique, la considérant comme « le juge de la validité scientifique » (Pouliot 2015 : 259). Pourtant, Pouliot ne précise jamais ce que ne peut pas expliquer la logique du praticable, ni a priori lors du lancement des enquêtes de terrain, ni a posteriori lors de l’interprétation des données obtenues.

II – Une ou plusieurs logiques du praticable ?

La logique du praticable est efficace pour interpréter les processus de reproduction des pratiques qui façonnent les relations internationales, comme celles de la diplomatie multilatérale qui perpétuent « encore et toujours… » l’ordre hiérarchique international (Pouliot 2017 : 179). Plusieurs auteurs ont interrogé Pouliot quant à la capacité de la logique du praticable à expliquer le changement des pratiques à l’origine de la reconfiguration de la politique internationale (Bueger et Gadinger 2015 ; Schindler et Wille 2015). Pouliot cherche à démontrer ce changement à partir des relations instables qui unissent l’Otan à la Russie dans la période post-guerre froide, plus précisément entre 1992 et 2008. Après deux ans de relations pacifiées (1992-1994), l’annonce du Conseil de l’Atlantique Nord, en décembre 1994, d’élargir spatialement et fonctionnellement l’Otan y met fin. Une nouvelle période dite de paix froide s’ouvre. La rupture est expliquée par « l’hystérésis de l’habitus » (Pouliot 2010 : 48-49), qui correspond à un décalage entre la position et les dispositions des agents.

D’une part, Pouliot montre que la fin de la guerre froide a transformé la structure du champ de la sécurité internationale. Les acteurs otaniens et russes partagent les nouvelles règles du jeu mondial selon lesquelles la sécurité et donc la paix ne sont plus construites par la constitution d’alliances entre les États (sécurité « externe »), mais par des normes produites au sein de chaque État (sécurité « interne ») (Gheciu 2005). Les ressources symboliques (droits de l’homme, valeur de la liberté) sont alors considérées comme plus influentes que les ressources matérielles (force militaire) dans l’élaboration de la politique étrangère des États (Pouliot 2010 : 151).

D’autre part, les dispositions des acteurs russes qui puisent encore leurs fondements dans la guerre froide, à savoir le fait de se percevoir comme les représentants d’une « grande puissance », se reproduisent (Pouliot 2010 : 179). Les actions des Russes sont inadaptées au contexte de l’après-guerre froide, parce qu’ils continuent d’agir comme à l’époque de la guerre froide (Pouliot 2010 : 48). Pouliot explique que les acteurs de l’Otan ne sont pas affectés par l’hystérésis parce que, disposant d’une position dominante, leur habitus est en accord avec le nouvel ordre de la sécurité internationale. La démonstration de Pouliot selon laquelle la logique du praticable permet d’expliquer la transformation de pratiques par l’effet d’hystérésis de l’habitus est tout à fait convaincante.

Toutefois, deux pans de cette démonstration demeurent ambigus pour expliquer le changement de la politique internationale : le premier a trait aux événements exceptionnels et le second aux actions routinières.

Pouliot considère, comme d’autres tenants du « virage pratique » (Williams 2007 : 40), la fin de la guerre froide et l’attentat du 11 septembre 2001 comme des « jonctions critiques » (Pouliot 2010) qui ont reconfiguré la structure du champ de la sécurité internationale. Mais sa démonstration reste muette sur les conditions constitutives de ces « chocs exogènes » (Pouliot 2010 : 211), les prenant comme point de départ de l’analyse plutôt que comme objet d’étude. Comment la logique du praticable explique-t-elle des événements politiques exceptionnels produisant des effets majeurs ? Pourquoi le champ de la politique mondiale se restructure-t-il de façon aussi radicale qu’imprévue en 1991 et en 2001 ? Quels sont les facteurs causaux à l’« arrière-plan » de la chute de l’Union soviétique et de l’attaque terroriste contre le World Trade Center à New York ? Dans la mesure où Pouliot ne réfute pas une forme de dichotomie entre l’« endogène » (les pratiques) et l’« exogène » (les jonctions critiques), il n’a pas d’autre choix que de réfléchir davantage à leur articulation.

La dialectique entre la reproduction et la transformation des pratiques nous amène à esquisser une suggestion. L’une des caractéristiques du modèle explicatif proposé par Pouliot est de combiner (a) un type d’habitus au sein (b) d’un champ social spécifique qui génère (c) un sens pratique propre. Cette version de la logique du praticable au singulier mériterait d’être conjuguée au pluriel. Il convient de mieux distinguer différents types de dispositions et de positions qui caractérisent les agents, produisant plusieurs modèles de sens pratiques (Lahire 2011 ; 2012). Concernant les dispositions, elles devraient être précisées en fonction de leur nature (primaire ou secondaire ; privée ou professionnelle ; fonctionnelle ou institutionnelle) et de l’échelle à laquelle elles s’établissent (infranationale, nationale, internationale)[2]. Concernant les positions, le pluriel permettrait de considérer les différents champs au sein desquels se situe un agent, et non d’enfermer celui-ci dans un seul champ, aussi bien temporel[3] que spatial (Fligstein et McAdam 2012 ; Vauchez 2015).

Les combinaisons multiples entre dispositions et positions forment autant de modèles de sens pratique qui permettent de préciser et d’enrichir les mécanismes constitutifs de l’hystérésis de l’habitus ou de son antinomie[4]. Une typologie des logiques du praticable devrait ainsi être formulée en fonction des sens pratiques identifiés, certains conditionnant la reproduction des pratiques et d’autres leur transformation. De plus, il serait utile de s’interroger davantage sur les différentes manières d’aborder le préréflexif. Les recherches en neurosciences et en sciences cognitives[5], mais aussi celles mobilisant les oeuvres littéraires, comme celle de Samuel Beckett (Lisle 2016), pourraient être des sources d’inspiration pour l’avenir du travail de Pouliot.

III – Utilisation des données : rééquilibrer le rapport entre théorie et empirie

Pouliot éclaire tout autant la pérennité de certaines pratiques (la diplomatie multilatérale au sein de l’Otan et de l’Onu) que leur instabilité (les relations Otan-Russie). En somme, un argument explique plusieurs types de résultats politiques. Cependant, comme dans tout modèle parcimonieux, le risque est que l’argument devienne assez vite tautologique : la reproduction des pratiques perpétue l’ordre des choses et leur évolution transforme le monde. Pour le dire autrement, les conditions qui favorisent la reproduction ou le changement des relations internationales demeurent ambiguës[6]. On retrouve la critique que fait Michel de Certeau à Bourdieu sur une théorie de la pratique qui passe d’un modèle construit à une réalité supposée, et de celle-ci à l’interprétation des faits observés (de Certeau 1990 : 93).

C’est uniquement à partir de la démarche inductive du terrain que Pouliot devrait se demander pourquoi la logique du praticable perpétue les pratiques dans certains cas et les modifie dans d’autres. Pourquoi la doxa se maintient-elle parfois, alors qu’elle se transforme à d’autres moments ? Et, donc, comment générer des « quasi-prédictions à une petite échelle » (Pouliot 2007 : 251) ? Pouliot rappelle que, malgré les crises qu’a connues la communauté de sécurité transatlantique (Otan) après 2002, les Alliés n’ont jamais abandonné une pratique qui allait de soi, à savoir la diplomatie (Pouliot, ce numéro : 20). S’il est trop tôt pour étudier les évolutions de la relation de l’Otan avec les États-Unis sous la présidence de Donald J. Trump, il est en revanche possible de s’interroger sur le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne (ue) : comment la logique du praticable explique-t-elle que le Royaume-Uni ait décidé, à la suite d’un référendum en juin 2016, de préférer la pratique de l’autarcie (l’option du « Leave » ou du « Brexit ») à celle de la coopération européenne (l’option du « Remain » ou du « status quo ») ?

Si l’investissement empirique de Pouliot est réel[7], les protocoles d’enquête mis en oeuvre pour générer des données et l’utilisation de ces dernières sont discutables. Pouliot privilégie comme sources les entretiens semi-directifs. En effet, si l’observation participante est pour lui la « méthode de choix » (Pouliot 2017 : 187) pour reconstituer les pratiques, la difficulté d’accès du chercheur aux organisations internationales l’amène à se replier sur l’entretien. D’autres chercheurs ont pourtant réalisé des travaux ethnographiques approfondis sur des terrains aussi sensibles que ceux étudiés par Pouliot (Neumann 2002 ; Autesserre 2014). Par conséquent, Pouliot devrait procéder à un retour réflexif plus complet sur son immersion sur le terrain. Pourquoi n’a-t-il pas passé six mois au sein de la Représentation permanente du Canada à l’Otan et aux Nations Unies, expérience qui lui aurait permis un travail inductif beaucoup plus poussé ?

Quant à l’utilisation des entretiens semi-directifs, le manque de précisions sur leur utilisation dans l’annexe méthodologique du livre le plus récent de Pouliot (2017a : 190) interroge. Mis à part le nombre d’entretiens, on ne dispose en effet d’aucune précision sur les acteurs interrogés. Respecter la règle de l’anonymat n’empêche nullement d’apporter des informations élémentaires (ratio homme/femme, âge, nationalité, position fonctionnelle des interviewés), comme cela se fait communément en sociologie de la politique étrangère (Irondelle 2011). Il est gênant de ne pas discuter la manière dont les entretiens se sont déroulés. Quant à la restitution des données, elle paraît souvent trop sporadique : « un ambassadeur chevronné » ; « d’après un diplomate » ; « comme un ancien doyen l’explique » (Pouliot 2017 : 118-121). Que l’on nous comprenne bien : nous ne réclamons pas forcément un travail biographique, voire prosopographique, se situant à un niveau d’analyse micro. Toutefois, sans précision supplémentaire, l’utilisation des entretiens laisse à penser que l’enquête n’a pas abouti à des résultats tangibles.

Ce déséquilibre du rapport entre théorie et empirie se trouve en contradiction avec le principe énoncé par Pouliot de prendre au sérieux une approche inductive de la pratique scientifique en Relations internationales. De manière intéressante, l’argument explicatif tel qu’il est développé par Pouliot – ainsi que par d’autres tenants du « virage pratique » comme McNamara (2015) ou Adler-Nissen (2016) – ne déroge pas aux canons qui dominent le champ de la théorie des Relations internationales : fixer d’abord un cadre théorique, puis trouver quelques exemples pour nourrir ce cadre. Cette dépendance des habitudes scientifiques dominantes constitue une limite essentielle. En identifiant et en explicitant par le terrain ce que la logique du praticable échoue à expliquer, Pouliot pourrait éviter ce piège. Notre invitation serait de prendre le risque d’avancer à contre-courant des règles du jeu et des pratiques du champ de la théorie des Relations internationales, au sein duquel les modèles explicatifs « purs et parfaits » sont trop valorisés. La compétence remarquable acquise par Pouliot lui permet de prendre ce risque scientifique en fondant davantage le développement de son argument explicatif sur les aspérités, les incohérences et les anomalies du terrain.

IV – Conclusion

La logique du praticable, telle que l’a développée Pouliot, est une contribution majeure à la théorie des Relations internationales. Épistémologiquement, elle déplace le regard du chercheur des savoirs explicites de l’acteur vers ses connaissances tacites. Ontologiquement, elle privilégie une approche relationnelle qui dépasse la dichotomie entre agent et structure. Enfin, méthodologiquement, elle prend au sérieux l’enquête de terrain et la contextualisation de l’action pour analyser la politique internationale. Nous avons cherché à discuter trois éléments majeurs de la logique du praticable : sa primauté vis-à-vis des logiques d’action réflexives, sa singularité en tant que logique préréflexive unique et son processus de fabrication.

Moins de dix ans après la publication de la logique du praticable dans International Organization, le « virage pratique » a été pris, en particulier, grâce à l’oeuvre construite par Pouliot. Difficile d’imaginer en 2018 un manuel de Relations internationales ou de diplomatie qui ne consacrerait pas un chapitre à cette approche théorique. Toutefois, l’agenda de recherche reste ouvert. Nous souscrivons au voeu de Pouliot (2017a : 55-57) de voir des chercheurs s’intéresser à d’autres facettes de l’étude des Relations internationales que la diplomatie (Forget et Rayroux 2012 ; Adler-Nissen 2016) et d’étirer la construction de ces objets pour leur donner une dimension historique affirmée. À cette fin, la théorie du praticable doit progresser dans sa réflexion méthodologique et empirique. Elle doit améliorer le dialogue continu entre théorie et travail de terrain, la clarté du protocole d’enquête ainsi que la réflexivité du chercheur sur sa pratique scientifique. Pour reprendre une expression célèbre d’Iver Neumann, la théorie de la pratique n’a pas encore amené le chercheur à quitter suffisamment son statut de « armchair academic » (Neumann 2012).

Pour éviter que le chercheur en Relations internationales, à l’image du « diplomate compétent », ne fasse qu’accepter sa tragédie – à savoir que l’ordre du champ scientifique de la théorie des Relations internationales se reproduise « encore et toujours… » (Pouliot 2016 : 271) –, il faut le pousser à s’approprier davantage la recherche ethnographique de terrain. Cela prend du temps, nécessite de bonnes connexions dans le monde politique et diplomatique, et n’est pas toujours le meilleur moyen de voir ses manuscrits acceptés dans les revues les plus connues de Relations internationales publiées en langue anglaise. À moins que ce ne soit le seul moyen…