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Avant d’explorer en profondeur cet ouvrage, il faut porter une attention particulière à son titre : L’histoire nationale telle qu’elle est enseignée dans nos écoles. Ce titre n’évoque en rien le contenu du livre, lequel ne porte pas sur la façon dont l’histoire nationale est enseignée dans nos écoles. En fait, l’objet de l’ouvrage est mieux servi par le sous-titre, malheureusement absent de la couverture, c’est-à-dire Débats et propositions. Cependant, ce sous-titre apparaît également imprécis : débats et propositions de quoi ? De la consultation publique menée par le Comité Beauchemin-Fahmy-Eid, apprenons-nous en introduction.

Dès les premières lignes, l’auteure indique ses trois objectifs : 1) faire le point sur les enjeux entourant le programme de 2016; 2) poursuivre le dialogue entre les acteurs éducatifs; 3) soutenir le travail quotidien des enseignants. Si les deux premiers points semblent atteints, bien que son ouvrage – qui devrait davantage être présenté comme un recueil ou une anthologie – rapporte davantage ce dialogue qu’il ne le poursuit, cela s’avère plus difficile pour le troisième. En fait, l’auteure omet de nous dire en quoi la lecture des mémoires présentés au Comité est susceptible de contribuer au travail quotidien des enseignants. Quoi qu’il en soit, elle poursuit son introduction en exposant les trois principales parties de l’ouvrage tout en fournissant au lecteur quelques clefs pour en comprendre les fondements.

La première partie du livre regroupe neuf textes provenant de didacticiens, dont deux seulement ne se trouvent (ou trouvaient) pas sur les sites web de la revue Histoire engagée ni de la Chaire en histoire et économie politique du Québec contemporain. Ces textes sont ceux de Christian Laville et Sabrina Moisan. Or, si l’on devine à sa lecture que le texte de Laville est un mémoire présenté au Comité, cela s’avère moins évident dans le cas de Moisan. Ce manque illustre l’une des principales failles de l’ouvrage : contrairement aux anthologies auxquelles nous ont habitué comme, par exemple, celles de la collection PUM-Corpus, aucune ligne ne met en contexte les textes présentés. S’agit-il d’un mémoire et quel est le profil des auteurs ? Le lecteur est livré à lui-même. Les mêmes constats se répètent dans les deux autres parties. Seulement deux textes ne se trouvent (ou trouvaient) pas sur les sites web susmentionnés, celui d’Éric Bédard, une réplique d’un texte publié au Bulletin d’histoire politique, et celui de Paul Zanazanian, dont on ne connaît pas le contexte de production.

Enfin, ce sont les didacticiens Joan Pagès Blanch et New Gonzales-Monfort qui terminent l’ouvrage en proposant une réflexion plutôt qu’une conclusion classique. À notre humble avis, il s’agit là d’un manque, car aucun retour sur les objectifs de l’introduction ou sur les textes présentés n’est effectué. Cela nous conduit donc à notre principale remarque : cet ouvrage souffre de deux grandes absences : le rapport Beauchemin-Fahmy-Eid, dont les grands traits auraient dû être présentés au lecteur dès les premières pages; l’absence d’une dimension interprétative et critique portant sur les travaux du Comité. Cela reste à faire.