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Politique et Sociétés célèbre en 2017 ses 35 ans d’existence. D’abord parue sous l’appellation Politique en 1982, puis devenue Revue québécoise de science politique en 1993, la fondation de la revue constitue une étape cruciale dans le développement et la consolidation de la science politique québécoise. C’est dans les années 1970 que les départements de science politique (francophones) essaiment dans la province et que les premières générations de chercheurs, de chercheuses, de professeurs et de professeures développent une appartenance disciplinaire qui s’ancre dans la société québécoise. Comme le mentionne le premier directeur de la revue Denis Monière, dans sa présentation du premier numéro, celle-ci répond à des besoins spécifiques : la volonté de créer un espace pour permettre aux politologues québécois de publier leurs travaux en français (une préoccupation toujours d’actualité) ; diffuser la recherche auprès des collègues francophones et des étudiants afin de créer une communauté académique ; engager un dialogue avec les acteurs sociaux et politiques de la société québécoise et ancrer la recherche universitaire dans son temps. Elle se veut donc au départ un outil de diffusion des connaissances et de débat académique pluraliste et accessible permettant de suivre l’évolution de la science politique, ou « un reflet de la science politique telle qu’elle se développe au Québec » (Monière 1982, 6).

En 1995, la revue devient Politique et Sociétés. Ce changement marque un tournant dans la volonté du comité de rédaction de la revue d’ouvrir ses pages à la francophonie internationale, et au-delà. En effet, le directeur de la revue de l’époque, Alain G. Gagnon, soulignait dans son éditorial la volonté de non seulement élargir le regard de la revue à celui de l’ensemble des champs de la science politique afin de mieux cerner les rapports entre l’État et la société dans une perspective interdisciplinaire, mais aussi de le faire dans une perspective comparée en faisant appel à de nouveaux chercheurs-collaborations hors Québec (Gagnon, 1995, p. 3). De fait, ce changement portera ses fruits : seule revue scientifique francophone en science politique en Amérique du Nord, la Revue Politique et Sociétés est aujourd’hui devenue une référence pour la diffusion de la recherche francophone d’excellence et un espace privilégié pour la relève en science politique. Fière d’un bassin de contributeurs et contributrices provenant notamment du Québec, du Canada, d’Europe et d’Afrique, la revue attire aujourd’hui un lectorat partout dans le monde.

En 2017, la revue a consolidé son statut dans le paysage des revues scientifiques et su conserver un équilibre entre les différentes perspectives géographiques et les préoccupations des chercheurs et des chercheuses travaillant sur le Québec et le Canada. À Politique et Sociétés, nous travaillons également à préserver le pluralisme méthodologique et théorique au fondement de notre discipline.

Afin de souligner cet anniversaire, le comité de rédaction de la revue propose de revisiter ces 35 ans et de retracer l’évolution de la science politique québécoise (et francophone) à travers le regard de ses auteurs sur trois thématiques : la politique canadienne et québécoise, la représentation et la participation politiques, et la question des femmes en politique. Ces trois thèmes ont été identifiés par les membres du comité de rédaction comme étant au coeur de la contribution scientifique de la revue depuis ces débuts. Bien sûr, la richesse de la production scientifique publiée dans Politique et sociétés ne se réduit pas à ces trois thématiques, mais elles nous semblaient constituer des fils assez solides pour entreprendre un travail de rétrospective.

Nous avons donc demandé à des collègues spécialistes de ces questions (François Rocher, Allison Harell et Francis Dupuis-Déri, Manon Tremblay) de sélectionner deux textes pour chacune de ces thématiques, qui leur apparaissaient particulièrement parlants. Ils sont republiés dans ce numéro anniversaire. En introduction à ces articles, ces collègues partagent une réflexion personnelle sur la base de l’ensemble des textes publiés depuis 1982, ce qui permet de porter un regard historicisé et comparatif sur chacune des thématiques proposées. Nous les remercions d’avoir accepté généreusement de se prêter à cet exercice, et espérons que les éléments de réflexion qu’ils soulignent nous permettront collectivement de jeter un regard nouveau sur les 35 ans de production scientifique de la revue, ainsi que d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexion pour l’avenir de la recherche francophone, tant au Québec qu’à l’international.

Nous souhaitons longue vie à Politique et Sociétés !