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Le dernier opus de Jacques Roy utilise les résultats de sa thèse de doctorat pour présenter un portrait sociologique de la réussite scolaire au collégial. Partant de l’hypothèse que la réussite est influencée par des facteurs exogènes au milieu scolaire, l’ouvrage en huit chapitres tente de répondre à la question générale : « Est-ce que le rapport à la société qu’entretiennent les cégépiens conditionne leurs aspirations et leur cheminement scolaire ? »

L’ouvrage se divise en trois parties. La première pose les bases de l’étude et de son sujet. La deuxième présente les réponses à l’hypothèse de départ selon différents facteurs. La troisième synthétise et discute les résultats, et présente la conclusion de l’étude.

Utilisant le modèle d’écologie sociale, l’auteur aborde l’étude en s’appuyant sur les deux niveaux d’analyse qu’offre le modèle. Un premier niveau cherche à catégoriser les différents environnements dans lesquels évolue le sujet, l’étudiant collégial ; un deuxième niveau analyse les interactions entre ces différentes sphères.

Dans la deuxième partie, l’auteur présente ses résultats en suivant la piste des facteurs externes : le genre, les valeurs des étudiants, le réseau social et le travail durant les études. On a souvent observé que les filles réussissent mieux que les garçons en raison, selon Roy, de leur socialisation développant un rapport plus positif aux études. L’auteur identifie les valeurs, notamment celles liées à l’importance accordée aux études et à la valorisation de l’effort, comme ayant une influence importante sur la réussite. Le soutien de la famille et des amis, le réseau social primaire, constitue un élément majeur du cocktail des ressources externes au monde scolaire. Finalement, l’auteur rejoint plusieurs autres études sur l’influence négative du travail rémunéré sur la réussite, dont le point de non-retour se situe à vingt heures par semaine.

La troisième partie permet d’ajouter quelques points de réflexion et de conclure. L’auteur y présente entre autres une analyse de résultats de ses précédentes recherches sur la réussite. Ce faisant, l’ouvrage arrive notamment à situer les résultats de ces autres recherches dans une dichotomie facteurs endogènes/exogènes influençant la réussite scolaire. Ce travail confirme que ce sont les facteurs exogènes qui influencent le plus la réussite ; on doit cependant ajouter que la réussite est tout de même influencée par certains facteurs endogènes, comme les difficultés scolaires, la qualité de la relation avec les professeurs et la participation à des activités parascolaires.

Les cégépiens et la réussite scolaire trace un portrait somme toute rafraîchissant du phénomène de la réussite au collégial. Les résultats et l’analyse amènent le lecteur à s’éloigner des préconceptions éducationnelles ou institutionnelles de la réussite, ce que l’auteur appelle de « l’éducatiocentrisme », pour recentrer le questionnement sur les caractéristiques exogènes du statut d’étudiant. La discussion est particulièrement fertile en pistes de réflexion, tant sur les modèles d’engagement selon le genre que sur le poids des valeurs des étudiants dans la réussite scolaire. Cette discussion devrait servir de base pour les recherches à venir sur la réussite au collégial, un modèle unique de formation auquel on s’intéresse souvent trop peu.