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Dans l’impatience épistémologique que lui donne sa jeunesse disciplinaire, la traductologie aime importer des architectures globalisantes. Parmi elles, tel concept, telle méthodologie, à peine adaptés, viennent grossir le lexique traductologique et alimenter publications et communications. On l’a connu avec la linguistique, puis avec les théories du discours et de la communication et, plus récemment, avec la sociologie. Au cours des vingt dernières années, les traductologues ont découvert tour à tour les écrits de Pierre Bourdieu, de Niklas Luhmann, de Bruno Latour, de Michel Callon, d’Anthony Giddens, de Bernard Lahire et d’autres encore. À chaque fois, on a clamé l’utilité des concepts et méthodes développés par ces penseurs, on a cherché à les « appliquer », sans toujours interroger en profondeur les limites d’une telle démarche, ni contextualiser les concepts et méthodes en question. C’est pourquoi, aussi riche et prolifique soit-il, le « virage sociologique » frappe également parfois par son apparente superficialité et une fragmentation croissante, à l’image de la traductologie.

La pratique traductive est d’emblée une pratique sociale, que son empiricité ait été théorisée ou non – seule sa théorisation institutionnalisée peut prétendre ouvrir une nouvelle étape dans la recherche traductologique. En effet, dans l’espace hérité du pupitre de Jérôme, pourvu ou non d’un ordinateur, la solitude du traducteur[1] est peuplée de multiplicités. Dès le départ, il est confronté à une duplicité sous la forme des deux langues de travail dont il sait qu’elles accueillent en elles-mêmes de nombreux registres et régimes ; puis il travaille en songeant en amont à la diffusion et à la réception du texte original, en aval à celles de sa traduction ; il songe aussi aux autres partenaires le long de la chaîne de publication, de l’éditeur au lecteur et à ceux qui suivent. Que le Geist de la phénoménologie hégélienne ait pu en anglais être traduit par Mind au début du siècle dernier puis par Spirit à la fin[2] prouve que les deux tissus culturels en présence, loin d’une homogénéité statique, sont parcourus de variations sémantiques et de redéfinitions herméneutiques dues au fait que les sociétés concernées, diachroniquement autant que synchroniquement, sont animées par un pluralisme incessant.

La conscience du traducteur ne saurait être autre que sociale. Or, le social est désormais perçu dans sa conflictualité et toute pensée s’y inscrivant doit prendre en compte cette dimension. Malheureusement, le domaine traductologique qui devrait par définition s’ouvrir à la diversité et au dialogue veut parfois l’ignorer et s’aveugle, tout en thématisant le conflit, sur les enjeux de pouvoir qu’il abrite en son sein, que ce soit quant à la domination d’une langue dissimulée sous la nécessité d’une lingua franca ou sur la territorialisation épistémologique, voire institutionnelle, des recherches et des enseignements.

Certains traductologues, en revanche, comprirent d’emblée la dimension engagée de la discipline. Pour eux, on pourrait affirmer, en paraphrasant le titre d’un documentaire de Pierre Carles (2001) consacré au sociologue Pierre Bourdieu, que « la traductologie est un sport de combat ». Daniel Simeoni fut de ces combattants-là et, dans son oeuvre, la conscience sociale se fait immédiatement éthique et politique. Ses travaux initièrent une perspective proprement réflexive incitant les traductologues à interroger leur rôle et à prendre leur place dans l’éventail des sciences sociales. Une discipline ne peut se définir uniquement par son objet, elle doit se doter d’un point de vue. Pour Simeoni, la première étape consistait à reconnaître que si le chercheur en sciences sociales ne peut s’extraire du monde qu’il étudie, le traductologue doit problématiser le double rapport – à la fois pratique et théorique – qu’il entretient avec son objet.

Short of taking the view of the translator in the act of translating as a solid reference point, any approach and even more so, any theory of translation or cultural transfer will run the risk of becoming estranged from its object. This is clearly not enough. The relationship between the objet thus defined […] and the view of the epistemic subject, must also be taken care of, but it certainly is a perequisite. Similarly, without taking the view (or “position”) of the translation scholar in the act of research as a reference point, one is at risk of losing sense of the most revealing aspects of his/her work.

Simeoni, 1995, p. 448

Un premier combat fut donc mené contre une traductologie désincarnée, déshumanisée et objectivante, au profit d’une autre, de type réflexif, axée sur l’agent. Inclusive, cette perspective serait aussi exigeante. Elle allait inviter le traductologue à analyser, par exemple, son rapport à la notion de norme et à quel point ce rapport a pu influencer sa façon d’écrire l’histoire de la traduction, à mettre au jour les logiques de domination qui sous-tendent la formation de ces normes pour, ultimement, remettre l’avant-plan des pratiques, et à travers elles des agents, trop souvent laissés pour compte, car considérés comme déviants, marginaux ou périphériques.

De la même façon, cette perspective allait inviter le traducteur, qui n’est jamais très loin du traductologue, à interroger les raisons historiques pour lesquelles il en est venu à accepter une définition de sa pratique le confinant à un statut second et subalterne. Si Simeoni a recherché les fondements de cette conception de la traduction chez les traducteurs eux-mêmes plutôt que dans des contraintes objectives, c’était non pas pour l’entériner, mais au contraire pour la remettre en question.

[t]he particular forms taken by the pressures and constraints exerted by the client or the reader, let alone the language, are all relative, should be historicized and crucially, are neither universal nor necessary. Such resistance would hardly deserve mention, were it not that the beliefs supporting it are easily converted into scientific claims to some kind of innate faculty of translating accounting for the differences between those who can and those who cannot.

Simeoni, 1998, p. 12-13 ; italiques ajoutés

Le traductologue s’est aussi attaché à combattre les discours et théories essentialistes ou celles qui favorisent un universalisme « facile » (pour reprendre l’expression utilisée par Michael Cronin dans son article). Dans son Esquisse d’une théorie de la pratique, Pierre Bourdieu note que « le privilège qui est au principe de toute activité théorique [...] ne gouverne jamais aussi subtilement cette activité que lorsque, faute de s’apparaître comme tel, il conduit à une théorie implicite de la pratique qui est corrélative de l’oubli des conditions sociales de possibilité de la théorie » (Bourdieu, 1972, p. 227). Simeoni n’a pas été le seul à souligner le caractère partiel, partial et contingent de tout rapport à la traduction. Mais il est peut-être celui qui a poussé le plus loin la réflexion en ce sens, en s’intéressant particulièrement à « l’impensé géopolitique de la théorie » (Simeoni, 2008, p. 337). Il a montré que cet impensé avait longtemps contribué à exclure la traduction du champ d’étude des sciences sociales (Simeoni, 2005) et qu’il continue d’imprégner certaines théories traductologiques, des plus scientistes à celles, plus récentes, qui encouragent de l’activisme culturel.

Si la traduction a longtemps échappé au « radar » des sciences sociales, c’est, selon Simeoni, en partie parce qu’elle n’est pas un objet ordinaire.

In the end, it would seem that there is something about translation itself that must have been unsettling for the disciplines, particularly for the more established disciplines in the social sciences. Could it be related to the fact that translation—like languages more generally—is nor an ordinary object, certainly not one that is easy to “objectify”? Where can one stand to turn it into an object and circumscribe its limits? Translation is also a cognitive “operator”, a mechanism which provides access to the social worldview in a double sense: firstly, as a necessary condition for the ordinary, day-to-day comprehension that we have of the social world around us, in our daily exchanges with others; and secondly as a prerequisite for scholarly interpretations of the social world, including the way we build our arguments and make use of “method”. Our research narratives require constant translation […]. Proper translation, as has been amply demonstrated in the restricted field of translation studies over the last twenty years or so, is never simply a replica. An appropriate dose of “friction”, in the sense of being neither too aggressive nor too ignorant of the other, is inevitable, giving rise to mutual misunderstandings as an ingenious solution to ordinary, yet potentially, devastating, disagreements in social life (La Cecla, 1997) […]. This of course is an uncertain path.

Simeoni, 2005, p. 13-14

Source de frictions et de malentendus aux effets potentiellement dévastateurs, la traduction – dans son acception restreinte ou élargie – ne se laisse donc pas aisément saisir. Celui qui la pratique ou/et l’étudie est un nomade amené à traverser constamment les frontières entre différentes langues, cultures et disciplines. Mais Simeoni laissait entendre que c’est peut-être en empruntant ce « chemin incertain » que la traductologie pourrait enfin redonner à son objet toute la place qui lui revient dans la société et dans l’ensemble des sciences humaines.

Traductologie de combat, en témoigne enfin la campagne qu’il a initiée – notamment suivie par l’ACT et l’EST – pour dénoncer l’exclusion en 2002 de deux universitaires israéliens de renom de deux comités éditoriaux sur la base de leur appartenance nationale. Nous publions pour ouvrir ce numéro le texte inédit tiré de la communication qu’a délivrée Daniel Simeoni en 2002 au congrès de la Modern Language Association of America. Il y montre que s’il existe une politique de la recherche, en traductologie comme ailleurs, cette dimension ne doit pas se transformer en politisation de la recherche qui exposerait celle-ci aux actions partisanes et arbitraires. En revanche, parce que la traductologie est désormais une discipline établie, elle engage ses membres à un devoir de responsabilité lorsqu’y règnent des mesures discriminatoires.

Les contributions suivantes relancent toutes, de différentes façons, les réflexions et l’engagement au coeur des écrits de Simeoni. Les trois premières sont des études empiriques de type sociologique analysant la façon dont des traducteurs perçoivent et se représentent leur métier. À partir d’études de cas, les trois articles suivants offrent une réflexion d’ordre méthodologique sur l’élaboration des sociographies de traducteurs. Enfin, les trois derniers réfléchissent à la portée sociale de la traduction et aux enjeux de la traductologie, à l’heure de l’autonomisation, du tout numérique et de la parcellisation des tâches.

Dans la lignée des travaux de Sela-Sheffy, Tanya Voinova et Miriam Shlesinger étudient la façon dont huit traducteurs ayant participé à la diffusion de littérature russe en hébreu depuis les années 1970 s’autoreprésentent dans la presse ainsi que dans les préfaces et postfaces accompagnant leurs traductions. Associant la théorie du polysystème à la notion d’habitus, les auteures soulignent l’existence de modèles par lesquels ces traducteurs se construisent une identité et donnent sens à leur pratique. L’étude met également en relief le lien entre les discours mobilisés et la position changeante de la littérature russe dans le sous-polysystème de la littérature traduite en hébreu. Il en ressort un portrait nuancé reflétant à la fois la diversité de ces modèles ainsi que leurs affiliations.

Gisèle Sapiro s’intéresse également aux traducteurs littéraires, plus spécifiquement à ceux qui ont contribué à la diffusion de la littérature hébraïque en France. L’auteure montre en quoi la perception que ces traducteurs ont de leur rôle est indissociable de leurs trajectoires professionnelle, sociale et culturelle et en quoi ces trajectoires s’inscrivent elles-mêmes dans des changements plus vastes, tels que la professionnalisation de la traduction et l’intensification des échanges de biens culturels. Comme dans l’étude précédente, l’auteure relève ici deux modes d’acquisition des compétences linguistiques menant à la traduction : une formation spécialisée et l’expérience d’émigration. La professionnalisation de la traduction, notamment à partir des années 1980, s’accompagne de sa féminisation, laquelle s’intensifie dans les années 1990. Malgré ce processus, la traduction demeure souvent vécue tantôt comme un passe-temps (un exercice d’écriture pour ceux qui aspirent à d’autres réalisations dans le champ de production culturelle), tantôt comme une vocation (en particulier chez les traducteurs « amateurs » ou chez les professionnels qui ont renoncé à d’autres fonctions afin de s’y consacrer pleinement). À la suite d’Isabelle Kalinowski et de Nathalie Heinich, Sapiro fait donc ressortir les facteurs structurant les perceptions et discours des traducteurs. Enfin, l’étude de ces trajectoires met en relief le rôle de la traduction dans la construction des identités culturelles.

LyseHébert compare les perceptions de deux groupes de traducteurs oeuvrant dans des contextes culturels distincts, Cuba et le Canada, afin d’y rechercher les traces de cette « servitude volontaire » constitutive, selon Simeoni, de l’habitus du traducteur. Son étude montre que si les traducteurs estiment offrir un « service » ils rejettent en bloc cette représentation du traducteur comme « serviteur » qui émane selon eux des personnes extérieures à la profession. L’optique comparative permet aussi de faire ressortir la pluralité des habitus et le fait que tout en partageant un ensemble de valeurs et perceptions – rejet de la servitude, désir de reconnaissance et d’émancipation, sensibilité aux inégalités linguistiques et culturelles – les traducteurs définissent leur rôle très différemment selon le contexte culturel dans lequel ils l’exercent, et que cette définition est étroitement liée à l’identité nationale. Si les traducteurs cubains traduisent pour Cuba, les traducteurs canadiens traduisent avant tout pour affirmer la politique linguistique officielle du Canada.

Reine Meylaerts et Paul St-Pierre nous présentent deux sociographies de traducteurs qui ont pris part aux mouvements intellectuels de leur époque en exerçant aussi les fonctions d’auteurs, critiques, éditeurs et enseignants. Reine Meylaerts s’intéresse à Roger Avermaete, traducteur et auteur flamand ayant vécu au début du vingtième siècle, époque marquée par des revendications sociolinguistiques et identitaires ; Paul St-Pierre retrace le parcours de Louis-Mathieu Langlès, spécialiste de l’Inde ayant joué un rôle central dans le développement de collections et recherches sur l’orient au début du dix-neuvième siècle, période où l’orientalisme se constituait en tant que champ du savoir. Dans chacun des cas, les auteurs explorent les questions suivantes : quelle relation la traduction entretenait-elle avec les autres sphères d’activité de ces agents ? S’en distinguait-elle vraiment ? À quel point le concept d’habitus (qui présuppose également celui de champ) permet-il de donner sens à leur pratique ? Pourquoi ces agents influents et dotés d’un fort capital culturel ont-ils vu leur position s’effriter avec le temps ? Pour Reine Meylaerts, l’explication réside avant tout dans la multiplicité des positions occupées par le traducteur, multiplicité porteuse de richesse mais aussi de tensions et conflits. Ainsi, à travers l’histoire de Roger Avermaete, elle nous montre que si le concept d’habitus permet de dépasser l’opposition entre la structure et l’agent, il doit être envisagé, comme le propose Bernard Lahire, sur un mode pluriel et dynamique, en particulier lorsqu’il est associé à des pratiques telles que la traduction dont la professionnalisation est récente et partielle. Tandis que Meylaerts reconnaît la pertinence du concept d’habitus dans une acception plus souple et plurielle, St-Pierre met en doute sa validité dans le cas étudié. Selon lui, les positions et prises de position de Langlès en tant que traducteur et orientaliste relèvent moins d’un quelconque champ ou habitus (aussi pluriel fût-il), que d’une logique profondément utilitariste : c’est la visée de la traduction qui en définissait l’essence et la forme. L’analyse montre en outre la difficulté de distinguer la traduction des autres pratiques discursives exercées par Langlès. Celui-ci ne pratiquait pas la traduction « au sens orthodoxe » et, loin d’afficher une attitude de soumission, affirmait dans ses traductions sélectives et lourdement annotées son autorité en tant qu’orientaliste.

María Constanza Guzmán explore les enjeux méthodologiques qui sous-tendent la constitution et l’écriture de « sociographies » de traducteurs. L’auteure s’intéresse plus particulièrement aux traducteurs américains qui ont participé à « l’explosion » de la littérature latino-américaine sur la scène littéraire mondiale, traducteurs dont elle a tenté de construire « l’archive ». Constituée de l’ensemble des pratiques discursives des traducteurs ainsi que d’éléments biographiques, « l’archive du traducteur », concept inspiré de celui développé par Foucault, est un espace tant physique que symbolique, une composition discursive organique et dynamique. Cette archive n’est à son tour que le fragment d’un ensemble discursif plus vaste sur la production culturelle et la mémoire, ensemble qu’il est toutefois impossible de saisir dans sa totalité. Fragmentée et discontinue, cette archive révèle comment les traductions prennent forme et participent à l’interprétation ainsi qu’à la circulation de récits, d’images culturelles et de savoirs. En tant que construit discursif, il permet de saisir la singularité des traducteurs et la nature hétérogène de leur collectivité. En tant que concept, l’archive tire sa force de son caractère inclusif et flexible, favorisant cette perspective interdisciplinaire nécessaire à la compréhension des phénomènes de traduction.

Michael Cronin interroge la fonction sociale et culturelle de la traduction et le rôle du traductologue à l’ère de l’autonomisation où se dessine le retour vers un nouvel universalisme « facile ». S’inspirant, à la suite de Simeoni, des écrits de Jean-Claude Milner, l’auteur reprend la distinction entre deux formes opposées d’universalisme : un universalisme facile résultant d’une pensée massive et extensive, et un universalisme difficile ancré dans le souci du détail et sensible au caractère unique, partiel et partial de toute énonciation. Si l’automatisation de la traduction favorise cette première forme d’universalisme, elle demeure constamment contrecarrée par l’existence et le rappel de ces « détails » qui ne cessent de lui échapper. Simeoni voyait dans ces détails, ou frictions, ce qui précisément révèle l’importance et les limites de la traduction, son caractère contingent. Pour saisir les implications tant pratique que théorique de cette deuxième forme d’universalisme, que Cronin préconise à son tour, il est nécessaire de repenser les notions mêmes d’identité et de différence. À la première, l’auteur propose de substituer l’idée de fécondité, et à la seconde celle d’écart, et ce afin de demeurer à l’affût de ces différences, sans pour autant les réifier.

Yves Gambier réfléchit également à l’impact des technologies informatiques sur la représentation et la pratique de la traduction. Longtemps sous le signe du déni et de l’invisibilité – à la fois comme pratique, comme profession et comme discipline – la traduction, sous l’effet des TIC, semble susciter aujourd’hui un véritable engouement. L’auteur s’attache à faire ressortir les multiples formes que la traduction et l’interprétation prennent aujourd’hui – de la myriadisation (crowdsourcing), au fansubbing, à la traduction bénévole en réseau ou la traduction collaborative – et souligne l’importance de les étudier, entreprise qui soulève toutefois des difficultés d’ordre éthique et méthodologique. Il rappelle la nécessité de porter un regard économique sur la traduction (et offre de nombreuses pistes de recherche en ce sens) ainsi que d’interroger ce que constitue aujourd’hui l’expertise en traduction, selon les multiples modalités que peut prendre de l’opération traduisante. La discussion rejoint ici les propos de Michael Cronin sur la définition de la qualité.

José Lambert, enfin, ne cache pas le doute qui est le sien lorsqu’il analyse l’évolution de la traductologie et son inscription dans les sciences sociales. Les pratiques d’interdisciplinarité lui servent d’indices pour évaluer les degrés de cette ouverture nécessaire et les résultats de son observation l’amènent à conclure que la discipline tend à se replier sur elle-même et à ignorer les opportunités de dialogue et de collaboration, un défaut aux conséquences graves dans le présent contexte de la mondialisation. Le pessimisme de sa lecture ne l’empêche pas d’exprimer un espoir dans la faculté de la traductologie à se reprendre et à mettre en place des procédures interdisciplinaires internes à la discipline et en rapport avec les disciplines voisines.

Pour notre part et dans le sillage de l’oeuvre de Daniel Simeoni, la parution du présent volume essaie de répondre à l’invitation en précisant un certain nombre de données fondamentales au débat.