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Tout au long de son histoire, l’Hôpital Montfort a été perçu comme un symbole de survie de la langue française et un lieu d’affirmation des droits linguistiques des Franco-Ontariennes et des Franco-Ontariens. D’ailleurs, le mouvement populaire SOS Montfort (1997-2001) s’opposant à la fermeture du seul hôpital spécialisé à offrir des services de santé en français en Ontario sert toujours d’exemple dans les écoles de langue française de partout en Ontario pour illustrer la persévérance de la communauté franco-ontarienne dans la lutte pour sa survie. Le contexte démographique de la francophonie dans les régions desservies par l’hôpital a grandement facilité la décision politique d’offrir des soins de santé en français en Ontario; c’est en effet dans le centre et dans l’est de la province que se trouve au Canada, hors Québec, le plus grand nombre de francophones (Office des affaires francophones, 2009, p. 5). Cette reconnaissance venait confirmer l’intuition des dirigeants de Montfort. En effet, pour se démarquer des autres centres hospitaliers, l’établissement se dotait dès 1975 d’une politique linguistique articulée autour des principes suivants :

  • son caractère francophone est la raison d’être de Montfort;

  • il est nécessaire d’offrir tous les services hospitaliers en français;

  • il est nécessaire d’offrir un éventail complet de soins médicaux, à l’exception de certains services très spécialisés déjà disponibles dans d’autres établissements de la région. (Commission de restructuration des services de santé, 2001)

À partir des évènements historiques que l’on connaît, les générations montantes apprennent que Montfort est plus qu’un établissement de soins de santé et d’enseignement, mais qu’il symbolise aussi la fierté de la population franco-ontarienne en s’inscrivant dans ses luttes les plus mémorables visant à affirmer son identité et à garantir sa pérennité.

En revanche, beaucoup de changements ont eu lieu au cours des vingt dernières années et ont affecté le fonctionnement de l’hôpital. Entre autres, la communauté francophone en Ontario est devenue de plus en plus diversifiée s’ouvrant aux apports des différentes vagues d’immigration en provenance d’horizons culturels divers; de plus, en 2013, la mission de Montfort a été élargie en vertu de sa désignation comme centre hospitalier universitaire (CHU), groupe A.

Afin de mieux comprendre ces changements et leur impact, nous avons rencontré le vice-président de l’enseignement à l’hôpital, le Dr André Bilodeau, pour recueillir ses propos et son point de vue de cette transformation et ainsi, enrichir le contenu du présent article. À cette occasion, il a tenu à faire la distinction entre un hôpital affilié et un hôpital désigné. Par la suite, il a expliqué l’impact de la désignation en tant que CHU pour l’organisation, l’administration et la livraison des services de santé de Montfort de même que pour l’ensemble de la communauté franco-ontarienne. Finalement, le Dr Bilodeau a partagé ses réflexions sur les changements démographiques de la nouvelle francophonie ontarienne et leur impact sur la mission universitaire de l’Hôpital Montfort. En somme, l’hôpital a dû modifier son fonctionnement organisationnel afin de répondre à sa nouvelle désignation comme CHU et beaucoup reste à faire pour mieux répondre aux besoins de la communauté francophone de l’Ontario, lesquels évoluent rapidement.

Hôpital Montfort, affilié aux établissements d’enseignement

L’hôpital jouissait déjà depuis 1961 d’une relation privilégiée avec les programmes de formation s’adressant aux professionnelles ou aux professionnels de la santé de l’Université d’Ottawa. À la suite de sa désignation comme CHU, son rôle s’est accru bien au-delà des paramètres antérieurement définis.

Depuis la création de l’école de médecine à l’Université d’Ottawa en 1945, les hôpitaux de la région d’Ottawa-Carleton ont accueilli en tant que milieux de formation pratique des futurs médecins afin de parfaire leur apprentissage. L’Hôpital Général d’Ottawa a été le premier à développer ce partenariat avec l’école de médecine en 1948, suivi de l’Hôpital Civic, puis de l’Hôpital Montfort en 1959 (Gelfand, 1996).

À ce moment, l’enseignement faisait partie de la culture de Montfort en tant que milieu desservant principalement les besoins de la communauté francophone de la région. Bien que l’Université d’Ottawa soit bilingue, ses cours de médecine étaient principalement offerts en anglais (Gelfand, 1996). Pour garantir une formation professionnelle en français, Montfort veillait à la formation des infirmières, des techniciens en radiologie et des techniciens en laboratoire. Dès 1955, l’hôpital fondait une école d’infirmières et, à partir de 1958, offrait des formations en technique de radiologie et de laboratoire. L’objectif derrière ces programmes de formation au sein de son propre établissement était de garantir la disponibilité de professionnelles ou de professionnels francophones qualifiés et aptes à répondre aux besoins de sa clientèle majoritairement de langue française (Hôpital Montfort, 2013). Montfort a donc toujours privilégié un enseignement professionnel en français, et ce, bien avant sa désignation officielle de 2013. D’ailleurs, en 2001, cette fonction d’assurer une formation professionnelle en français a été l’un des facteurs déterminants évoqués par la Cour d’appel provinciale dans sa décision de garder l’hôpital ouvert et d’y maintenir l’ensemble de ses services cliniques. Selon la Cour d’appel, « la population franco-ontarienne est mieux desservie par des professionnels de santé ayant reçu leur formation en français dans un établissement qui offre une variété de services primaires de santé » (Commission de restructuration des services de santé, 2001). Cette idée transpire également dans la philosophie du Groupe de travail sur les services de santé en français, à savoir que la communauté franco-ontarienne doit assurer la gouvernance de ses propres services de santé (Groupe de travail sur les services de santé en français, 2005, p. 6). De ce fait, il est important que la formation professionnelle dans le domaine de la santé soit dispensée non seulement en français, mais aussi dans un milieu empreint de la culture franco-ontarienne. Comme établissement de santé fonctionnant entièrement en français, l’Hôpital Montfort est un milieu idéal pour former la relève appelée à desservir les besoins de la communauté franco-ontarienne.

Tout en maintenant son partenariat de longue date avec l’Université d’Ottawa, l’hôpital a su développer au fil du temps de nombreuses affiliations avec d’autres établissements d’enseignement, une vingtaine en tout, dont La Cité et le Collège Boréal. Les ententes d’affiliation et de collaboration avec les établissements d’enseignement stipulent que lors des stages des étudiantes et des étudiants l’hôpital est responsable :

  • de protéger la santé et la sécurité des stagiaires;

  • de les familiariser avec le fonctionnement de l’établissement;

  • de travailler en collaboration avec l’établissement d’enseignement s’il y a un problème quelconque impliquant les stagiaires;

  • de les superviser et de participer au processus de leur évaluation.

En 2011-2012, l’hôpital a cumulé 16 059 jours d’enseignement dispensés à des stagiaires de divers domaines de la santé, en plus des 16 024 jours à des étudiantes et étudiants en médecine ou résidentes et résidents.

Hôpital Montfort, désigné CHU, groupe A

Dans la région d’Ottawa, cinq centres hospitaliers sont désignés en tant que CHU, mais seuls trois d’entre eux (Hôpital d’Ottawa, Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario Hôpital Montfort) sont du Groupe A, soit la catégorie assurant des services de santé aux personnes atteintes de problèmes aigus de santé. Les deux autres centres hospitaliers de la région désignés comme CHU, l’Hôpital Royal et l’Hôpital Élizabeth-Bruyère, ne font pas partie du Groupe A.

Cette désignation de l’Hôpital Montfort valide son rôle d’établissement spécialisé dans l’offre de services de santé en français. De ce fait, en plus de sa contribution à la formation de professionnelles et de professionnels pouvant oeuvrer en français, il participe au développement de l’enseignement et de la recherche visant à outiller la province et à l’amener à mieux répondre aux besoins en santé de la population francophone.

Enseignement en français

Un centre hospitalier a aussi la responsabilité d’offrir une formation aux étudiantes et aux étudiants en médecine provenant des universités avec lesquelles il est affilié, en plus d’offrir des programmes de formation aux résidentes ou aux résidents voulant se spécialiser dans un des domaines reconnus par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, tels que l’anesthésie, la chirurgie et la psychiatrie (Ministère de la Santé et des Soins de longue durée, 2013). Cela n’inclut pas les résidents en médecine familiale. Bien qu’il offre depuis 1992 le seul programme en français de résidence en médecine familiale dans la province de l’Ontario, l’Hôpital Montfort doit aussi développer en français d’autres programmes de résidence en médecine spécialisée. En ce moment, il s’apprête à développer des programmes en psychiatrie et en médecine interne.

Expert-conseil aux services de santé provinciaux

En tant qu’hôpital désigné, Montfort a une responsabilité dépassant celles de la formation de la relève francophone en Ontario, soit celle d’appuyer les organismes de santé qui desservent à travers la province des usagères ou usagers francophones. Normalement, les centres hospitaliers universitaires de la région d’Ottawa ont pour mandat de combler des besoins en soins spécialisés qui dépassent le strict cadre régional. Par contre, en tant que CHU groupe A, Montfort est le premier hôpital en Ontario à recevoir un mandat lié aux besoins spécifiques d’une communauté et non à une spécialité médicale. Plutôt que d’offrir des services de santé directement à la population ontarienne, tel que doit le faire les autres centres hospitaliers désignés d’Ottawa, l’Hôpital Montfort a plutôt le mandat d’appuyer les organismes de santé à mieux desservir les besoins de la population francophone au sein de leurs communautés respectives.

Recherche pour mieux desservir les besoins de santé en français

Afin de mieux répondre à son mandat dans le domaine de l’enseignement et comme expert-conseil, l’Hôpital Montfort est dans le processus d’effectuer des projets de recherche pour déterminer les meilleures pratiques visant à répondre aux besoins en santé de la population franco-ontarienne. Un des domaines de recherche porte sur l’offre active. Déjà, de nombreuses recherches démontrent que les services de santé, quand ils sont offerts dans la langue de choix de la personne, augmentent son engagement dans son plan de traitement et de soins. Or, les fournisseurs et les consommatrices ou consommateurs de services ont tendance à s’exprimer principalement en anglais dans les établissements de santé, ce qui nuit non seulement à la qualité desdits services, mais aussi au rétablissement des personnes qui les reçoivent. Afin de résoudre ce paradoxe, l’Hôpital Montfort étudie en partenariat avec d’autres établissements d’enseignement les facteurs qui favorisent l’offre active de services de santé en français par des professionnelles ou professionnels de la santé, puisqu’il est bien établi que la langue est un déterminant de la santé (Le Regroupement des Entités de planification des services de santé en français de l’Ontario et l’Alliance des Réseaux ontariens de santé en français, 2015). Cela dit, le seul fait de recevoir une formation professionnelle en français n’est pas suffisant pour garantir l’offre active de services dans cette langue. Cette recherche établira les conditions essentielles pour accompagner les établissements des soins à soutenir l’offre active au sein de leur établissement ou de leur organisme (Casimiro, et collab., 2015).

Un autre projet de recherche en cours à l’Hôpital Montfort est celui de l’offre de services psychothérapeutiques par l’entremise de la télémédecine (Grenier, et collab., 2015). Selon certains paramètres et critères précis, la recherche démontre que la consultation psychothérapeutique au moyen d’outils de visioconférence (internet et webcam) s’avère aussi efficace que la psychothérapie de vive voix. À la longue, toute personne vivant en Ontario, peu importe la région, pourra bénéficier de tels services psychothérapeutiques assurés par des professionnelles ou des professionnels francophones.

Centre d’excellence franco-ontarien d’enseignement et de pratiques exemplaires en santé

À long terme, l’Hôpital Montfort vise à mettre sur pied un Centre d’excellence franco-ontarien d’enseignement et de pratiques exemplaires pour améliorer l’enseignement en français destiné aux professionnelles ou professionnels de la santé et pour inventorier les pratiques leur permettant de livrer les services de santé les meilleurs possible à la communauté franco-ontarienne. Bien que Montfort participe déjà au développement des connaissances dans ces domaines, un centre d’excellence permettrait de consolider les efforts en établissant plus facilement la corrélation entre la recherche, l’enseignement et la pratique, en plus de renforcer leur crédibilité scientifique auprès de leurs partenaires académiques.

Défis à surmonter

Nouvelle communauté franco-ontarienne

Afin de satisfaire les exigences de la province en tant que CHU, groupe A, l’Hôpital Montfort doit offrir conjointement aux médecins et aux professionnelles ou professionnels de la santé un milieu clinique d’enseignement et un milieu de recherche en français. D’ailleurs, pour justifier sa décision de garder l’hôpital ouvert, la Cour d’appel a reconnu en 2001 qu’il avait la responsabilité « de maintenir la langue française, de transmettre la culture francophone et de favoriser la solidarité au sein de la minorité franco-ontarienne » (Commission de restructuration des services de santé, 2001). Par contre, afin de maintenir sa spécificité en tant qu’organisme francophone, l’hôpital devra s’adapter aux changements démographiques auxquels fait face la population franco-ontarienne.

Telle que nous la connaissions, l’identité de Montfort était surtout centrée sur une population francophone d’origine ontarienne, composée majoritairement de personnes blanches, catholiques et, sur le plan politique, enclines à favoriser le parti libéral. Or, la communauté franco-ontarienne d’aujourd’hui change rapidement d’aspect et l’hôpital doit s’adapter à ces transformations afin de continuer d’agir en tant que porte-étendard de cette même culture franco-ontarienne. D’ailleurs, plusieurs auteurs mentionnent que pour garantir sa survie la communauté franco-ontarienne se doit d’accueillir et d’intégrer davantage la population immigrante provenant de pays francophones d’Afrique, d’Asie, du Moyen-Orient ou d’Europe. La nouvelle communauté franco-ontarienne ne correspond donc plus à cette image identitaire traditionnelle qui avait façonné l’Hôpital Montfort à ses débuts (Gouvernement de l’Ontario, 2009). Par exemple, déjà en 2009, un résident d’Ottawa sur quatre est un immigrant; cette population croît deux fois plus vite que le reste des citoyens de la Ville (Ville d’Ottawa, 2009).

Par ailleurs, le profil traditionnel de la communauté franco-ontarienne a lui aussi connu des changements. Plusieurs personnes vivent dans des familles exogames ou en sont issues. En 2009, seulement 55 % des francophones en Ontario affirmaient parler « le plus souvent » le français à la maison (Office des affaires francophones, 2009, p. 5). Ces données sont importantes, car elles déterminent habituellement l’identité linguistique des gens. Ce phénomène contribue aussi au fait que la population francophone de la région d’Ottawa est en baisse. Comparativement à la communauté anglophone en Ontario qui maintient un taux constant de croissance, celui de la population franco-ontarienne est en déclin (Statistique Canada, 2010, p. 12). D’ailleurs, selon le Dr Bilodeau, au moment où le gouvernement de l’Ontario avait initialement annoncé la fermeture de Montfort en 1997, l’hôpital desservait une clientèle composée à 70 % de Francophones. Près de 20 ans plus tard, cette proportion a considérablement diminué. En 2013-2014, seulement 50 % de la clientèle de l’hôpital est francophone. À la longue, ce taux risque de diminuer à un point tel que cela peut mettre en péril sa viabilité et sa capacité de répondre aux mandats que le gouvernement et la communauté lui ont attribué.

Langue de travail

En tant que milieu de formation et de pratique francophone, l’Hôpital Montfort se faisait un devoir de fonctionner entièrement en français, c’est-à-dire que les notes de dossiers, les réunions administratives se déroulaient en français. Comme l’observait en 2001 la Commission de restructuration, « une personne qui circule dans les couloirs de Montfort peut constater que la langue française est utilisée par choix » (Commission de restructuration des services de santé, 2001). Or, cet environnement francophone est difficile à maintenir et il faut toujours y rappeler l’importance du fait français.

En effet, de plus en plus, les nouveaux employés et les stagiaires à l’Hôpital Montfort s’expriment davantage entre eux en anglais, bien qu’ils proviennent majoritairement de programmes français de formation et que l’hôpital maintienne un fonctionnement entièrement en français. Selon le Dr Bilodeau, les critères d’admission aux programmes francophones de formation sont plus souples que les programmes offerts en langue anglaise. De ce fait, plusieurs personnes non francophones, mais francophiles, s’inscrivent aux programmes de formation en français dans l’espoir d’augmenter leur chance d’y être admises. Ainsi, bien qu’ils soient offerts en français, les programmes de formation professionnelle en santé ne desservent pas nécessairement des personnes de langue française.

Aussi, il est de plus en plus difficile de recruter des professionnelles ou des professionnels francophones pour offrir les soins spécialisés de santé. De plus en plus de spécialistes sont unilingues anglais. Malgré que le français soit prédominant au sein de l’établissement, un travail important doit être effectué pour s’assurer qu’il le demeure.

Conclusion

Les changements dans la composition de la communauté franco-ontarienne dans la région comme ailleurs en province et la désignation en 2013 de l’Hôpital Montfort en tant que CHU, groupe A, avec mandat de soutenir les organismes de santé en vue de mieux desservir cette même communauté, comportent des défis de taille. Pourtant, les motifs invoqués dans la décision de la Cour d’appel en 2001 pour justifier le maintien de l’Hôpital Montfort comme centre hospitalier autonome, avec tous les services que cela implique, doivent nous servir de guide. Ainsi, 

  • seul l’Hôpital Montfort doit garantir à la population francophone d’Ottawa-Carleton et des régions rurales de l’est de l’Ontario des services de santé en français à « temps plein » en ayant du personnel apte à s’exprimer entièrement en français 24 heures par jour;

  • seul l’Hôpital Montfort doit offrir la formation non seulement en français à la relève des professionnelles ou professionnels de la santé, mais aussi dans un environnement reflétant la culture de la nouvelle communauté francophone en Ontario;

  • bien au-delà des services en français qu’il offre à la population qu’il dessert, l’Hôpital Montfort, en tant qu’institution, doit « maintenir la langue française, transmettre la culture francophone et favoriser la solidarité au sein de la minorité franco-ontarienne » (Commission de restructuration des services de santé, 2001).

La formation en français n’est pas suffisante pour garantir la livraison en français des services de la santé à la population francophone, comme nous l’avons mentionné plus haut. Montfort devra continuer d’assurer une structure administrative en français, de découvrir, par l’entremise du développement d’un Centre d’excellence franco-ontarien, les meilleures pratiques dans les domaines de l’enseignement et des soins de santé dans le but de répondre aux besoins de toute la population francophone en Ontario. Si Montfort ne maintient pas un fonctionnement adapté à la langue et à la culture francophone au sein de son propre organisme, il ne sera pas apte à répondre aux besoins plus larges au sein de la communauté francophone de la province.