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Puozzo Capron a conçu et mis en oeuvre une recherche-action pour une éducation au bilinguisme dans plusieurs établissements scolaires de la Vallée d’Aoste, région institutionnellement bilingue de l’Italie. Dans l’ouvrage portant sur ce travail et visant à mettre en lumière la place prépondérante du sentiment d’efficacité personnelle dans l’apprentissage, la chercheure définit ce concept comme la croyance de l’individu en sa capacité d’organiser et d’exécuter la ligne de conduite requise pour produire des résultats souhaités, avant d’interroger les corrélations entre compétences, sentiment d’efficacité personnelle et objectifs d’enseignement et d’évaluation, des pistes de construction d’un environnement d’apprentissage qui développerait le sentiment d’efficacité personnelle dans le cadre de l’éducation linguistique, ainsi que les limites et les potentialités de cette théorie.

Cette recherche-action présente l’intérêt de proposer des pistes didactiques et pédagogiques, plus particulièrement pour la créativité, prenant en compte le sentiment d’efficacité personnelle. En outre, elle permet d’appréhender le rôle de celui-ci dans la construction de l’autonomie cognitive des élèves et l’importance de l’accroissement du sentiment d’efficacité personnelle linguistique dans l’objectif de favoriser la réussite scolaire, notamment d’élèves en difficulté.

Puozzo Capron a également le mérite de pointer la non-pertinence des évaluations de la quatrième épreuve de français, identiques pour tous les apprenants, quelle que soit leur formation, générale ou professionnelle, ainsi que la nécessité d’en repenser les typologies et les critères d’évaluation, afin de valoriser l’ensemble des compétences. La chercheure suggère d’élaborer cette épreuve en évaluant non seulement des compétences linguistiques formelles mais également les compétences en langue de spécialité propres à chaque formation.

Ainsi un aspect formateur de cette recherche est de s’appuyer sur une théorie sociocognitiviste à propos du sentiment d’efficacité personnelle et de penser cette dernière comme une théorie d’apprentissage et non uniquement comme une théorie psychologique afin de l’instituer en tant que cadre théorique à intégrer dans l’éducation linguistique.

On pourrait reprocher à Puozzo Capron, lors de la mise en oeuvre de son enquête, l’usage d’un questionnaire identique pour tous les apprenants, qu’ils soient de la formation classique ou professionnelle. Cette unicité ne permet pas de faire apparaître une perception du sentiment d’efficacité personnelle différente en fonction des compétences propres à la formation de chaque apprenant. Cependant ce questionnaire est pertinent par rapport aux compétences linguistiques évaluées actuellement dans la quatrième épreuve de français.

Enfin, un parallèle est établi implicitement entre les élèves en difficulté et ceux ayant un sentiment d’efficacité personnelle linguistique faible, ce qui peut amener à penser que les élèves en difficulté sont ceux qui suivent une formation professionnelle, dans la mesure où ces derniers ont une perception faible de leur compétence à écrire dans un français normatif. Cette représentation de référence au sujet des apprenants de la formation professionnelle pourrait être déconstruite lors de l’étude du sentiment d’efficacité personnelle au sujet des épreuves de spécialité.