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Regard sur la pratique du service social scolaire en milieu francophone dans l’Est ontarien

Analyse des enjeux liés à la médicalisation et à la psychologisation du social dans le domaine de la santé mentale

Sandra Barrette
École de service social, Université d’Ottawa

La santé mentale des jeunes est depuis quelques années une priorité politique en Ontario. De nombreuses personnes sont susceptibles d’intervenir dans ce domaine en milieu scolaire, notamment les travailleuses et les travailleurs sociaux. Ce projet vise à mieux comprendre les enjeux liés à l’intervention sociale et à la pratique du service social dans le contexte des orientations politiques en santé mentale.

À la lumière des besoins dans ce domaine, ce projet présente les principales politiques sociales en éducation. Il soulève les enjeux liés à la multidisciplinarité. Puisque différents paradigmes d’intervention sont à l’origine du service social scolaire, ce projet dresse aussi un bilan d’une variété de pratiques en service social scolaire. Ce projet porte principalement sur l’influence de la médicalisation et de la psychologisation du social sur l’intervention scolaire en santé mentale.

L’idéologie dominante du néolibéralisme et l’influence du domaine de la santé sur l’intervention dans le domaine de la santé mentale favorisent pour certains auteurs la promotion de l›individualisme. Cette valeur peut se traduire par des orientations politiques misant sur la réduction des mesures de sécurité économique et sociale. En d’autres mots, de nombreux facteurs sociaux contribuent à la santé mentale. Pourtant, l’intervention sociale ne tient compte principalement que des facteurs individuels.

Afin de mieux cerner les enjeux liés à la pratique du service social dans le contexte de la médicalisation et de la psychologisation du social, ce projet prévoit des entretiens auprès d’intervenantes sociales et de gestionnaires responsables de l’application des politiques liées au bien-être des élèves. Ce projet se termine par une réflexion sur les enjeux actuels du service social scolaire dans le domaine de la santé mentale en milieu scolaire francophone de l’Est ontarien et offre quelques pistes de recherche complémentaire.

Les personnes âgées francophones de Timmins et des environs et l’accès aux services sociaux et de santé : l’âge, la langue et le contexte d’éloignement

Ariane Flamain
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire cherche à contribuer aux connaissances visant à cerner l’accès aux services sociaux et de santé en français. Il explore par l’entremise de six entrevues qualitatives le point de vue de l’expérience de personnes âgées francophones du Nord-est de l’Ontario. Ces dernières vivent une réalité unique liée à leur âge, à leur langue, à leur région et à leur contexte d’éloignement.

Puisque les communautés francophones en situation minoritaire ont dans le passé longtemps formé un groupe socioéconomiquement défavorisé, les facteurs de risque liés à leur santé sont accentués. Étant donné le statut socioéconomique inférieur à la majorité, un revenu et un niveau de scolarité moins élevés, un accès plus limité aux ressources, services et informations, et le travail plus dangereux et précaire dans des industries primaires telles que la foresterie et les mines, les personnes aînées franco-ontariennes du Nord-est ont un niveau de santé moindre que les anglophones du Nord de l’Ontario et même des francophones des autres régions de la province. Les Ontariens du Nord ont moins de contacts avec des professionnels de la santé que dans le Sud. Les barrières d’accès aux services sociaux et de santé sont plus nombreuses dans le Nord, ce qui empiète aussi sur l’état de santé. D’ailleurs, les ressources financières et humaines, les infrastructures et les technologies y sont plus rares. Le transport représente aussi un énorme défi pour les communautés rurales du Nord vivant loin des services.

Les participants mettent en évidence les barrières linguistiques, culturelles et socioéconomiques d’accès aux services sociaux et de santé, particulièrement en français, ainsi que la qualité des services reçus. En conclusion, nous présentons des recommandations sur les implications spécialement pour la pratique.

Le parcours des garçons mineurs ayant été confrontés à des actes de violence sexuelle au Québec et au Canada

Erica Vienneau
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire traite du parcours des garçons mineurs ayant été confrontés à des actes de violence sexuelle au Québec et au Canada sous l’angle d’une analyse éco-systémique inspirée du modèle de Bronfenbrenner qui apporte une meilleure compréhension des structures propres aux interactions entre l’enfant et son environnement et leurs impacts sur son parcours. Nous avons pu déceler les facteurs de protection et de risque d’une nouvelle victimisation, la perception de l’incident de violence sexuelle, la minimisation ou non de l’agression, les raisons entourant le dévoilement ou le non-dévoilement, les impacts à court et à long terme, l’image de soi ou encore le questionnement quant à l’orientation sexuelle. Cette analyse approfondie a permis de constater qu’il est faux de croire que l’arrêt des épisodes de violence sexuelle suffit à lui seul à juguler les conséquences néfastes pour la victime sur le plan psychosocial. Un travail de prévention et de sensibilisation doit être fait sur le plan social, car les valeurs et les normes de la société par rapport à la violence sexuelle envers les garçons mineurs contribuent possiblement à la loi du silence et aux sentiments de culpabilité, de peur et de honte. S’il est difficile de prévenir une agression sexuelle, il n’en demeure pas moins qu’une nette amélioration peut être faite en ce qui concerne l’intervention directe ou indirecte afin que les incidents de violence ne perdurent pas, que le délai entre l’agression et le dévoilement soit plus court et que les garçons ne soient pas « revictimisés » par les regards et les jugements de leur entourage à la suite d’une agression sexuelle.