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Pour les universités, le thème de la formation à distance est devenu incontournable. Papi, dans un ouvrage dense, traite de cette question en utilisant le contexte de la formation des adultes, autrement dit, des personnes effectuant un retour aux études. Pour ces étudiants, qui ont souvent des obligations professionnelles ou familiales parallèles à leur formation, la Formation ouverte et à distance (FOAD) permet de contourner les limites de temps et de lieu associées à la formation en présentiel.

L’ouvrage se divise en trois grandes parties. Dans la première, l’auteure présente un historique double : celui de la formation à distance et celui de la formation aux adultes en France. Dans la seconde, Papi décrit les notions de dispositif et d’usage qui expliquent comment l’usage réel (ou vécu) est souvent différent de celui prévu par les concepteurs des dispositifs. Dans la troisième partie, l’auteure expose les résultats de sa recherche sur Pégasus, un campus numérique créé par un consortium d’universités pour des adultes désireux d’obtenir un Diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU).

Une grande force de cet ouvrage, appuyée par le retour historique, est de remettre en question l’impression de nouveauté de la formation à distance. En effet, en remontant jusqu’à l’invention de l’imprimerie, Papi montre que la formation universitaire est souvent peu perméable aux changements et que la formation ouverte et à distance n’en est que le plus récent exemple. Elle montre aussi que l’évolution de la formation pour les adultes, bien que parallèle, est distincte de celle de la formation ouverte et à distance.

Aussi, grâce aux entrevues avec différents acteurs de Pégasus, Papi met en lumière que la réticence n’est pas que du côté des tuteurs habitués au contexte de la classe, elle est aussi présente chez les étudiants participants. À plusieurs reprises, et ce, de façon cohérente avec le cadre théorique proposé, les étudiants se détournent de certaines activités, principalement celles s’inscrivant dans un paradigme où l’échange est source d’apprentissage. Par exemple, les forums sont peu utilisés, les étudiants préférant communiquer directement avec le tuteur par courriel ou par téléphone et avec les autres étudiants par des moyens externes à la plateforme, comme des services de messagerie instantanée. L’auteure propose comme explication que les étudiants perçoivent la plateforme comme un espace surveillé et préfèrent n’y poser que des actes officiels, certains allant même jusqu’à visiter la plateforme périodiquement, et ce, même s’ils n’ont rien à y faire.

Malgré plusieurs éléments pertinents dans cet ouvrage, le contenu s’appuie principalement sur le contexte de la France. Cela est manifeste dans l’historique et dans le choix du dispositif de formation touché par la recherche, qui est unique à l’Hexagone. Plusieurs des éléments s’expliquent par les différentes lois touchant les universités et le rôle changeant de celles-ci dans le contexte français. Le lecteur hors de la France peut parfois se questionner sur la pertinence de ces aspects et la transposition à d’autres contextes.

S’appuyant sur une description détaillée d’un dispositif spécifique de formation à distance, Papi propose un ouvrage qui, bien que solidement ancré dans la réalité française, permet de décrire un réel dispositif de formation à distance qui met en évidence plusieurs défis de la création d’une formation ouverte et à distance.