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For much of the last century, the Enlightenment signified the project of modernity. Adorno’s and Horkheimer’s attack on instrumental reason and the concealed myth of foundations in Dialectic of Enlightenment cast suspicion on that project, a critique reinforced by postmodern and postcolonial theorists. All along, however, scholars continued to defend the Enlightenment project as the auspicious origin of modern liberalism. Gertrude Himmelfarb’s The Roads to Modernity (2004) and Tzvetan Todorov’s In Defence of Enlightenment (2009) are only the most recent studies to assert the significance of reason, autonomy, and progress. Thus, the Enlightenment’s legacy is a contradictory one: it is decried as false universalism while credited with handing down the principles of tolerance and human rights without which the ideal of inclusive civil society, among its other ideals, could not proceed as a global project.

In recent years, scholars of the eighteenth century have responded to this critical stand off by drawing attention to its reductive tendencies. Identifying lesser-known figures and marginalized constituencies as agents of the Enlightenment and accounting for the ways class, gender, the nation, imperialism, race, and technology engaged and transformed the cultures of eighteenth-century thought, new research has shifted the debate while broadening the Enlightenment canon.[*] The thirty-ninth annual meeting of the Canadian Society for Eighteenth-Century Studies, “Enlightenment Constellations,” was organized around this more pixilated image of an inclusive and multiform shift in ideas and practices across the eighteenth century. Scholars from Canada, Europe, and the United States presented papers ranging across disciplines and nations in their exploration of what “Enlightenment” meant for eighteenth-century writers, philosophers, and artists, and what it means for scholars in the field today. The Enlightenment that emerged from the conference appears not so much as representative of the beginnings of modernity, but as an exchange of ideas looking backward and forward in its unsettled relations with human and other natures.

Scholars presented papers on race, class, sexuality, gender, labor and indigeneity, Enlightenment conceptions of space and the vitality of matter. New perspectives on writing practices drew our attention to coterie writing as integral to the meaning of Enlightenment authorship, and book history was foregrounded in papers on eighteenth-century media networks. Another central Enlightenment topos, secularism, was complicated by papers on the persistence of religious thought in the long eighteenth century—for instance, the contributions of Catholic writers to Enlightenment discourse. Nancy Ruttenburg’s plenary address examined early American thinking about liberty of conscience, reminding us that the work of Enlightenment was undertaken by writers beyond the borders of western Europe. In a similar vein, “three kingdoms” historiography displaced England in its study of Irish and Scottish contributions to an emergent Britishness. Cosmopolitanism and aesthetics took on new valences in re-readings of these philosophical legacies. The papers collected here touch on each of the different strands that the conference as a whole wove together. Jenny McKenney’s essay, “‘That ‘Bossy Shield’: Money, Sex, Sentiment and the Thimble,” studies the rich material history and the imaginative representations of the lowly thimble. “In the Groves of the Academy: The Aikin Family, Sociability, and the Liberal Dissenting Academy,” by Kathryn Ready, traces the mutual imbrication of provincial and metropolitan, “sociable” and revolutionary, strands of Dissenting discourse in efforts to advance the principle of “free inquiry.” Scottish sociability serves as the starting point for Pam Perkins’ discussion of Edinburgh’s literary scene and its emergent professionalism in “‘A Constellation of Scottish Genius’: Networks of Exchange in Late 18th- and early 19th-Century Edinburgh.” In “Absences et présences de l’art du voyage dans la France du XVIIIe siècle,” Gabor Gelléri restores to view previously neglected materials in order to fill out our sense of European understandings of space, identity, and travel. A very different kind of space is the object of Richard Spavin’s reading of Sade’s Justine as allegory—and critique—of Voltaire’s economic theory. We turn to aesthetics in the last three essays of the volume: David Oakleaf invites us to reconsider the legacy of Swift’s and Manley’s political satires as literary texts that move beyond the local political debates to a larger aesthetics of “brawl”; Jesse Molesworth’s interdisciplinary reading of Joseph Wright of Derby documents how the painter’s aestheticization of science marries the beautiful and the sublime. Brian Michael Norton analyzes the tension that emerges in Addison’s and Steele’s attempt to reconcile, in their aesthetic theory, sensorial engagement with the world and spectatorial detachment. Norton’s attention to the competing Enlightenment tendencies governing The Spectator sums up the project of “Enlightenment Constellations,” realized both in the papers presented in London in 2013 and in the selected proceedings we offer here.


Pendant la majeure partie du siècle dernier, les Lumières ont été considérées comme un projet de modernité. L’attaque d’Adorno et de Horkheimer dans « La dialectique de la raison » sur la raison instrumentale et le mythe caché de l’origine des Lumières a jeté un doute sur ce projet et leur critique a été renforcée par les théoriciens postmodernes et postcoloniaux. Les chercheurs n’en ont cependant pas moins continué à défendre le projet des Lumières comme représentant le début prometteur du libéralisme moderne. The Roads to Modernity de Gertrude Himmelfarb (2004) et L’esprit des lumières de Tzvetan Todorov (2009) sont seulement les plus récentes recherches à associer les Lumières avec la raison, l’autonomie et le progrès. Ainsi, l’héritage des Lumières est contradictoire : il est à la fois décrié comme un faux universalisme et crédité comme étant la source des principes de tolérance et de droits de la personne sans lesquels l’idéal d’une société civile inclusive, entre autres idéaux, n’aurait pu devenir un projet global.

Ces dernières années, en réponse à cette défiance critique, les spécialistes du xviiie siècle ont attiré l’attention sur ses tendances réductrices. En reconnaissant que certaines figures moins connues et certains groupes marginalisés étaient aussi des agents des Lumières et en observant la façon dont les concepts de classe, de genre, de nation, d’impérialisme, de race et de technologie ont façonné et transformé la pensée du xviiie siècle, des recherches récentes ont déplacé le débat tout en élargissant le canon des Lumières[*]. Le trente-neuvième congrès annuel de la Société canadienne d’étude du dix-huitième siècle, « Constellations des Lumières », a été organisé autour de cette image plus pixélisée d’une évolution inclusive et multiforme des idées et des pratiques au cours du xviiie siècle. Des spécialistes venus du Canada, de l’Europe et des États-Unis ont présenté des communications qui chevauchaient disciplines et pays dans leur exploration de ce que « Les Lumières » signifiaient pour les écrivains, les philosophes et les artistes du xviiie siècle, et de ce qu’elles signifient pour les chercheurs d’aujourd’hui. L’image des Lumières qui a émergé du congrès ne les présente pas tant comme l’avènement de la modernité que comme un échange d’idées sur le passé et sur l’avenir dans leurs rapports instables avec la nature – nature humaine comprise.

Les spécialistes ont présenté des communications sur la race, la classe, la sexualité, le genre, le travail et l’appartenance indigène, les conceptions de l’espace et de la vitalité de la matière au temps des Lumières. De nouvelles perspectives sur les pratiques d’écriture ont attiré notre attention sur l’importance des cénacles littéraires pour définir la paternité des oeuvres au siècle des Lumières et l’histoire du livre a été mise à profit dans des communications sur les réseaux d’expression. Un autre topos des Lumières, la laïcité, est apparu plus complexe qu’au premier abord à l’issue de communications sur la persistance de la pensée religieuse tout au long du xviiie siècle – en abordant, par exemple, la contribution des écrivains catholiques au discours des Lumières. Dans sa conférence plénière, Nancy Ruttenburg a examiné la pensée des premiers Américains sur la liberté de conscience, nous rappelant que les concepts associés aux Lumières avaient dépassé les frontières de l’Europe occidentale. Dans la même veine, l’historiographie des « Trois Royaumes » a modifié la place de l’Angleterre en faisant valoir les contributions irlandaises et écossaises pour l’émergence de la notion de « britannique ». La relecture de ces héritages philosophiques a donné une portée nouvelle au cosmopolitisme et à l’esthétique.

Les communications réunies ici touchent chacune des fibres qui ont formé le tissu du congrès. La présentation de Jenny McKenney, « ‘That Bossy Shield’ : Money, Sex, and the Thimble », étudie la riche histoire matérielle et les représentations originales de l’humble dé à coudre. L’article « In the Groves of the Academy : The Aikin Family, Sociability, and the Liberal Dissenting Academy » de Kathryn Ready, s’intéresse aux imbrications des dimensions provinciales et métropolitaines, « sociables » et révolutionnaires, du discours dissident dans son effort pour faire avancer le principe du libre questionnement. La sociabilité écossaise sert de point de départ à l’analyse de la scène littéraire d’Édimbourg et de son professionnalisme naissant que fait Pam Perkins dans « ‘A Constellation of Scottish Genius’ : Networks of Exchange in Late 18th- and Early 19th-Century Edinburgh ». Dans « Absences et présences de l’art du voyage dans la France du xviiie siècle », Gabor Gelléri met au jour des documents jusqu’ici négligés qui nous permettent d’examiner la façon dont les Européens comprenaient les concepts d’espace, d’identité et de voyage. C’est un espace bien différent qu’explore Richard Pavin quand il présente la Justine de Sade comme une allégorie – et une critique – de la théorie économique de Voltaire. Les trois dernières communications du volume se tournent vers l’esthétique : David Oakleaf nous invite à reconsidérer l’héritage des satires politiques de Swift et Manley et à y voir des textes littéraires qui dépassent les débats politiques locaux pour atteindre l’esthétique plus vaste de la « bagarre » ; la lecture interdisciplinaire que nous propose Jesse Molesworth de l’oeuvre de Joseph Wright of Derby montre comment l’esthétisation de la science pratiquée par le peintre marie le beau et le sublime ; Brian Michael Norton analyse la tension qui émerge dans la tentative d’Addison et de Steele de réconcilier, dans leurs théories esthétiques, l’engagement sensoriel envers le monde et le détachement spectatoriel. L’attention portée par Norton aux différents idéaux des Lumières qui sous-tendent The Spectator clôt le projet de « Constellations des Lumières » tel qu’il apparaît la fois dans les communications présentées à London en 2013 et dans les textes choisis que nous proposons ici.