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La Charte des valeurs québécoises : de l’ombre à la mise en lumière

Fatima Abdo
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire de maîtrise cherche à comprendre les différentes représentations sociales des femmes musulmanes en contexte du projet de loi de la Charte des valeurs québécoises proposée par le Parti Québécois. Précisément, l’objectif de notre recherche est de démontrer comment cette charte contribue à une propagation d’images défavorables de la femme musulmane. Afin de mieux saisir la situation présente du Québec, nous discutons tout d’abord du monde occidental et des fameuses représentations qu’il admet de l’Islam et particulièrement des femmes musulmanes. Puis, nous discutons du contexte sociohistorique du Québec et de son effet sur le monde québécois d’aujourd’hui et le regard qu’il pose sur cette communauté. À partir de ces deux contextes, nous tentons d’explorer le rôle joué dans cette transmission d’images par les deux dimensions primordiales que sont les médias et le mouvement féministe radical durant le débat autour de la charte. Pour ce faire, nous avons opté pour le cadre théorique des représentations sociales. La méthodologie qualitative choisie porte sur une recherche sur document, plus exactement les blogues concernant la charte retrouvés sur le réseau internet de Radio-Canada. La Charte des valeurs québécoises est identifiée comme une solution aux multiples problématiques, affectant le Québec d’aujourd’hui en matière politique, sociale ou en ce qui concerne la question des femmes. Particulièrement en raison de la pratique contestée du port du voile, le projet de loi est décrit comme un projet équilibré pour le bien-être de la collectivité québécoise et pour le respect des droits individuels surtout ceux des femmes musulmanes qui ne disposent pas d’une même liberté.

De l’igloo aux bancs d’école : un historique de la scolarisation chez les Inuits du Nunavik pour tenter de comprendre le rôle de la continuité du sentiment identitaire jusqu’à l’obtention d’un diplôme d’études postsecondaires

Vickie Asselin
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire a pour objet de décortiquer l’histoire de la période coloniale chez les Inuits du Nunavik, synonyme d’éducation. Toutes les périodes significatives y sont soigneusement analysées tout en y pointant les lacunes scientifiques des études jusqu’à récemment entreprises au sujet de l’éducation de cette population. De manière macrosociale et microsociale, le coeur de la recherche y est dévoilé en contextualisant la question du sentiment identitaire individuel ainsi que collectif dans la continuité des études aux niveaux postsecondaires. L’importance de prendre en considération le concept d’« identité » pour saisir le portrait d’ensemble de la situation scolaire chez les Inuits du Nunavik est d’emblée plus importante aujourd’hui, puisque cette population adhère actuellement à une autonomie gouvernementale, et ce, autant sur les plans politique et territorial qu’éducationnel.

De l’anéantissement à la reconstruction de nouveaux repères : le rétablissement du traumatisme chez les Rwandais demandeurs du statut de réfugié au Canada

Alice Barengayabo
École de service social, Université d’Ottawa

Le rétablissement est un concept qui est de nos jours largement utilisé dans le domaine de la santé mentale. Dans le cadre de notre recherche, nous avons voulu explorer les facteurs qui participent au rétablissement du traumatisme vécu par les survivants du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Plus précisément, ce travail consiste à savoir comment dans un contexte migratoire canadien qui est de plus en plus restrictif et dont les lois et les politiques en matière d’immigration et de protection des réfugiés enfreignent sur les droits des demandeurs d’asile, les survivants du génocide parviennent à se rétablir du traumatisme subi. Pour ce faire, nous avons procédé à une recherche qualitative dans laquelle nous avons réalisé une analyse de contenu thématique de cinq entrevues effectuées auprès de survivants du génocide qui sont venus au Canada en tant que demandeurs d’asile. Nos résultats montrent que les stigmatisations que le système d’immigration canadien leur fait porter ainsi que leur exclusion du marché du travail rendent difficile le rétablissement du traumatisme des survivants du génocide. Toutefois, ils arrivent, grâce à d’autres facteurs tels l’espoir, l’autodétermination, la responsabilisation de soi et l’entraide, à continuer de se battre pour atteindre un état de bien-être.

Les obstacles à l’intégration professionnelle des immigrants travailleurs qualifiés au Canada : perception des immigrants de l’Afrique subsaharienne établis à Ottawa

Félix Bigirimana
École de service social, Université d’Ottawa

Le gouvernement canadien attache une grande importance à l’immigration des travailleurs qualifiés, dans la perspective de maintenir une croissance économique et démographique afin de rester compétitif à l’échelon international. Pour réussir cette politique gouvernementale, beaucoup d’efforts ont été déployés dans le sens d’opérer des réformes en matière de sélection des candidats à l’immigration. Des critères de sélection ciblant les immigrants ayant certains profils sociodémographiques et certaines caractéristiques en matière d’éducation et d’expérience professionnelle en lien avec les besoins du marché du travail canadien ont été adoptés.

Les résultats de cette recherche ont mis en évidence les différents obstacles auxquels les immigrants travailleurs qualifiés doivent faire face dans leurs processus de recherche d’emploi. Parmi eux, nous retenons la non-reconnaissance des diplômes et d’expériences professionnelles antérieures à l’immigration; l’exigence d’expérience canadienne et de références professionnelles; l’exigence de la maitrise parfaite de l’anglais; l’incompréhension culturelle; le manque d’information; le manque de programmes de transition ou de stages; et d’autres pratiques discriminatoires des employeurs. Néanmoins, il ressort de nos interviews que beaucoup de ces immigrants ont choisi de reprendre les études ou de faire des formations de courte durée, voire du bénévolat, comme stratégies pour contourner ces obstacles; bien que d’autres ayant beaucoup de charges familiales se contentent d’emplois de survie pour faire vivre leurs familles.

Quand l’intervention risque de perpétuer le cycle de contrôle : les expériences de quatre femmes vis-à-vis les services de protection de l’enfance

Naomi Bonhomme
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire documente l’expérience de quatre femmes franco-ontariennes victimes de violence conjugale qui sont en contact avec les services de protection de l’enfance. Les deux questions de recherche qui guident cette étude sont : Comment les femmes victimes de violence conjugale perçoivent-elles l’intervention des services de protection de l’enfance? Quels sont les impacts de ces interventions sur leur maternité et sur la relation mère-enfant? Il a été possible d’y répondre en nous basant sur les témoignages recueillis lors d’entrevues individuelles et semi-structurées menées auprès de quatre Franco-ontariennes qui ont vécu des épisodes de violence conjugale et qui ont été en contact avec les services de protection de l’enfance.

L’analyse effectuée dans cette recherche démontre que les femmes ont généralement des perceptions négatives des services de protection de l’enfance, et que leur maternité ainsi que leurs relations avec leurs enfants sont affectées par ces services, et ce, surtout d’une manière négative.

Les participantes ont indiqué qu’elles ne se sentaient pas crues, tout en étant confuses en raison des messages flous et contradictoires qu’elles ont reçus. Des femmes ont été victimes d’incompétence de la part d’intervenantes. D’autres ont reçu des services axés sur leurs incapacités en tant que mères et non sur la violence subie par l’ex-conjoint.

Lorsque les « fofolles » portent ombrage aux gens « normaux » : étude de la représentation sociale des conséquences des images de l’homosexualité auprès des hommes gais dans la ville d’Ottawa et de Québec

David Buetti
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire a pour objectif d’explorer la représentation sociale des conséquences des images de l’homosexualité en société sur les hommes gais. La réalisation de dix entretiens menés auprès d’hommes s’identifiant comme homosexuels (n=10) nous a permis d’obtenir des données actualisées sur 1. la représentation de l’homosexualité par les hommes gais; 2. les images perçues quant à l’homosexualité dans la société canadienne; 3. les conséquences de ces images sur les hommes gais; 4. les interventions souhaitées afin d’améliorer les conditions globales de cette population. Les résultats démontrent que les hommes homosexuels ne forment pas un groupe homogène. En fait, bien que le climat social manifeste de la tolérance envers les gais, elle se limite principalement à ceux qui se conforment aux attentes hétéronormatives promues socialement. Afin de ne pas être associé aux stéréotypes liés à une image flamboyante de l’homosexualité en société, les hommes gais peuvent vouloir se distancer des personnes qu’ils catégorisent comme colorées. Ils peuvent également modifier leurs comportements, attitudes ou apparences afin de ne pas être associés à ce groupe. De plus, les résultats indiquent que les hommes gais peuvent blâmer les personnes perçues comme « flamboyantes » de perpétuer une image négative de l’homosexualité dans la société canadienne. Suivant ces constats, diverses interventions psychologiques et sociales sont analysées et discutées.

La trajectoire de services sociaux et de santé d’aînés atteints d’une démence vivant en contexte francophone minoritaire : un engagement de multiples piliers durant une navigation complexe

Corine Carbonneau
École de service social, Université d’Ottawa

Cette étude de nature exploratoire et qualitative cherche à connaître l’expérience d’aînés francophones atteints d’une démence et certaines des particularités de leur trajectoire au sein des services sociaux et de santé. Nous avons comme objectifs d’examiner les défis rencontrés durant ce parcours, en plus d’éclaircir les facteurs facilitateurs et les bienfaits des services, sous la perspective de leur proche aidant. L’échantillon est composé de quatre proches aidantes de la région d’Ottawa qui accompagnent une personne aînée francophone atteinte d’une démence.

Les analyses de nos résultats offrent une perspective sur la complexité du contexte et des expériences de la population à l’étude. Nous notons une entrée difficile dans la trajectoire de services pour trois des quatre aînés concernés. Or, pour le dernier, la présence d’un professionnel de la santé et des services sociaux assouplit l’accès au diagnostic et aux ressources pertinentes. En fait, malgré les défis constants durant la trajectoire de services, le caractère collaboratif et l’engagement entre le professionnel, l’aîné et le proche aidant sont marquants pour une navigation réussie des services sociaux et de santé. Nos résultats indiquent aussi le besoin d’une meilleure sensibilisation de la société en général et des professionnels de la santé et des services sociaux aux maladies neurodégénératives et au rôle des proches aidants. Finalement, les défis d’accès aux services dans la langue de la minorité signalent le besoin d’offrir plus activement le français dans le contexte de services aux aînés, notamment à ceux ayant des troubles démentiels.

Créer au-delà des murs. L’art comme résistance à la violence structurelle vécue par les jeunes femmes judiciarisées

Sarah Cloutier
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire est basé sur une recherche-action participative avec méthodes par les arts, ancrée dans le projet de recherche pancanadien La jeunesse se raconte : Des voix s’élèvent contre la violence. Le mémoire explore les formes de violence structurelle vécues par les jeunes femmes judiciarisées, et le rôle que l’art peut jouer dans la résistance à cette violence. Huit jeunes femmes ont participé au projet. Des rencontres hebdomadaires ont eu lieu durant dix semaines, menant à la création d’un zine collectif. Ce dernier ainsi que l’ensemble de la démarche artistique du groupe permettent de constater que les jeunes femmes judiciarisées font face à de la violence structurelle en lien avec leur rapport avec la police et avec l’État, et également sous forme d’hétérosexisme et de sexisme. De plus, on remarque que la création artistique favorise la résistance en permettant l’appropriation et l’action, la prise de parole, la collectivisation et l’espoir du changement, tout en présentant toutefois des limites significatives.

Un nouveau modèle d’intervention de crise appliquée en contexte d’hébergement

Marie-Pierre Corriveau
École de service social, Université Laurentienne

Au Québec, l’intervention de crise est teintée d’un historique politique et institutionnel. À la suite de la désinstitutionnalisation hospitalière entreprise dans les années 1970, les centres de crise ont vu le jour au milieu des années 1980 dans un effort de désengorgement des urgences des hôpitaux offrant des services en psychiatrie. Presque 30 ans après la création des centres de crise, il importe de bien connaître l’intervention de crise et sa typologie, les bases de l’intervention ainsi que ses étapes, et le portrait de la clientèle qui utilise ces services, et les problématiques pour lesquelles ces personnes les consultent.

Qu’en est-il des techniques d’intervention actuelles? Se basent-elles encore et principalement sur le modèle d’intervention élaborée par Caplan et ses successeurs, une approche qui se veut cognitive et axée sur les capacités de résolution de problème des individus? Selon le type, la gravité et l’urgence de la crise, certaines personnes sont invitées à séjourner pendant quelque temps au sein des résidences thérapeutiques des centres de crise. À cet égard, comment décide-t-on de la durée optimale du séjour pour chacun des usagers afin d’assurer le rétablissement de cette personne, qu’elle ait retrouvé un équilibre et acquis des compétences d’adaptation lui permettant de faire face à des situations de crise futures?

Voilà quelques questions que nous nous sommes posées sur la pratique de l’intervention en situation de crise et auxquelles cet essai de stage spécialisé cherche à répondre à l’aide d’une réflexion théorique basée sur le modèle de Larose et Fondaire (2011).

LAROSE, Suzanne, et Marie FONDAIRE (2011). Détresse psychologique en situation de crise, Montréal, Les Éditions Québecor, 360 p.

Quand « les pauvres nous ralentissent ». Les apories de la lutte gouvernementale contre la pauvreté et ses effets sur l’action communautaire au Québec

Lovanie Anne Côté
École de service social, Université d’Ottawa

En 2002, le gouvernement du Québec a adopté une loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Cette loi avait comme objectif spécifique de placer le Québec parmi les pays industrialisés comptant le moins de personnes pauvres d’ici 2013. C’est ainsi que l’État mit en place une Stratégie nationale en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale prenant ancrage dans une approche territoriale intégrée et interpellant tous les acteurs de la société à être partenaires de cette lutte, dont les groupes communautaires. Les groupes communautaires sont donc appelés à mettre en place des projets concertés dans leur milieu selon les plans régionaux et locaux pour la solidarité et l’inclusion sociale de leur territoire. Dans ce mémoire, nous nous intéressons aux manières dont le Plan d’action gouvernemental pour la solidarité et l’inclusion sociale (PAGSIS) a été accueilli par les travailleuses des groupes communautaires et quels ont été ses effets sur leurs pratiques. À travers des entretiens semi-structurés auprès des travailleuses des groupes communautaires de Gatineau, nous explorons leurs expériences et leurs perceptions vis-à-vis du Plan d’action de Gatineau pour la solidarité et l’inclusion sociale. Nous verrons en quoi le PAGSIS s’inspire des prémisses de la Nouvelle gestion publique pour donner lieu à une action communautaire par projets qui a plusieurs effets sur les travailleuses du milieu et remet en question la lutte à la pauvreté menée par le gouvernement.

L’expérience de la maternité dans un contexte de violence conjugale et de toxicomanie : de la dérive de l’oppression à la libération de soi

Vicki Coughlan
École de service social, Université d’Ottawa

La plupart des études abordant la maternité dans un contexte de violence conjugale ou de toxicomanie insistent sur la responsabilité des mères et sur les conséquences pour l’enfant. Cette recherche se veut une alternative à ces études, puisqu’elle explore le vécu subjectif de deux femmes ayant un vécu de violence conjugale et de toxicomanie, ayant un ou plusieurs enfants, et vivant dans des contextes socioéconomiques très différents, tout en misant sur leurs forces. Ce mémoire, fondé sur deux études de cas, présente la trajectoire de la violence vécue par les participantes, les comportements de consommation et les interprétations de la toxicomanie des femmes, le rôle de mère et la place qu’il occupe dans leur vie ainsi que leurs impressions sur les services d’intervention. Les perceptions des deux femmes de leur vécu varient grandement lorsqu’il est question de l’expérience de la violence conjugale et de la toxicomanie ainsi que des services d’intervention. L’expérience de la maternité est chargée de sens et occupe une place prépondérante dans le discours des deux participantes. Ce fait laisse à supposer que même si le contexte socioéconomique qui leur est particulier peut avoir une influence sur leurs perceptions, peu importe le contexte socioéconomique dans lequel elles vivent, la maternité peut représenter pour les femmes un important facteur motivationnel face au changement.

L’identité des adolescentes et adolescents pupilles de la Couronne : au-delà de l’étiquette « d’enfants placés »?

La construction identitaire du point de vue des adolescentes et adolescents pupilles de la Couronne

Samantha Godard
École de service social, Université d’Ottawa

Bien que le développement et la réalité des pupilles de la Couronne de l’Ontario soient documentés, la construction identitaire des adolescentes ou adolescents placés n’a pas fait l’objet de recherches. On dresse un bilan de leur bien-être avec des outils d’intervention, mais on ne s’attarde pas aux éléments liés à la prise en charge qui influencent plus spécifiquement l’identité. Cette recherche s’intéresse ainsi à la perspective des adolescentes et des adolescents pupilles de la Couronne au sujet de leur processus de construction identitaire. Les résultats de cette étude contribuent à nourrir un domaine de recherche jusqu’à maintenant peu exploré.

En raison des multiples enjeux liés à la prise en charge, il importe, tant pour les chercheuses ou chercheurs que pour les intervenantes ou intervenants, de cerner ce qui permet la construction d’une identité positive. Cette étude permet de faire ressortir les éléments personnels et sociaux, liés à la prise en charge, qui influencent la construction identitaire des adolescentes et adolescents pupilles de la Couronne dans le but de contribuer à l’amélioration des pratiques d’intervention et de les faire mieux connaître afin que ces jeunes ne soient plus aussi aisément oubliés. Puisqu’une identité positive est un élément clé du développement du plein potentiel des individus, il est essentiel de favoriser sa construction chez les adolescentes et adolescents pupilles de la Couronne. Ce faisant, cela pourrait réduire certaines des difficultés et la précarité que rencontrent ces jeunes au moment de leur transition à la vie adulte. Les conclusions de cette recherche mettent en lumière l’importance de prendre le temps de chérir l’unicité de chacun des pupilles, de les accepter et de les valoriser tel qu’ils sont.

La Sécurité alimentaire au Nunavut : une histoire de colonisation

Maya Fatma Jelali
École de service social, Université d’Ottawa

La sécurité alimentaire est un problème inquiétant au Nunavut causant de plus en plus de graves problèmes de santé. Les aliments périssables et traditionnels ne représentent qu’une modeste partie du régime alimentaire des résidents, qui par contre consomment fréquemment des aliments « vides ». En fait, les habitudes alimentaires des Inuits ont énormément changé pour le pire durant les quatre-vingts dernières années. Plusieurs aspects de la vie des Inuits ont été affectés au cours du dernier siècle, depuis l’arrivée des non-Inuits sur ce territoire. Les difficultés quant à la pratique de leur culture, l’impossibilité de chasser et pêcher comme autrefois et les expériences d’assimilation ont été engendrées suite à de nombreuses politiques implémentées par l’État canadien. La colonisation du Nunavut est la cause de nombreux changements économiques, politiques et sociaux, qui ont affecté la vie et la santé des Inuit, physiquement et psychologiquement.

La présente étude vise à fournir des explications dans l’analyse de l’insécurité alimentaire par une exploration historique du Nunavut. Ces constats permettront d’évaluer l’incidence de la colonisation interne de ce territoire sur la sécurité alimentaire des ménages et leur qualité de vie en général. Ce travail fait ressortir un certain nombre de préoccupations en matière de nutrition, tel l’apport nutritionnel des individus, les coûts désastreux des aliments périssables, mais essentiels, ainsi que les difficultés de chasser et de pêcher pour, entre autres, obtenir des aliments traditionnels.

Les violences sexuelles dans les conflits armés, ni fatalité, ni dommage collatéral, mais une arme stratégique qui cible délibérément les femmes : état de la situation en République démocratique du Congo

Kon Kapend
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire a pour objectif de montrer, à travers une recension des écrits et de cas spécifiques comment, depuis toujours dans les conflits armés, les femmes constituent des enjeux et que leur identité de genre fait d’elles des cibles de choix. Les inégalités de genre existantes en temps de paix sont exacerbées lors des conflits armés, entrainant une augmentation de la violence envers les femmes notamment des violences sexuelles, dont le viol, utilisées sciemment et délibérément de façon massive et systématique comme une arme de guerre, une arme stratégique, une arme de destruction. Malgré sa reconnaissance comme crime de guerre, de génocide et crime contre l’humanité et sa prohibition par la législation et les résolutions internationales les femmes en demeurent les principales victimes lors des conflits. La situation actuelle de la République démocratique du Congo (RDC), où le corps des femmes est littéralement un champ de bataille pour toutes les fractions qui s’opposent, illustre cette réalité. Ces violences ont des conséquences néfastes sur la santé et la vie des femmes et les mettent souvent sur la route de l’exil, à la recherche de paix et de sécurité. Ainsi, beaucoup d’entre elles se retrouvent à la porte du Canada et leur présence ici engendre des défis tant en ce qui concerne les femmes elles-mêmes et leur intégration que les intervenantes ou intervenants de la santé et des services sociaux quant à l’intervention appropriée à leur fournir.

Le sens de la guérison du point de vue autochtone

Hélène Kauffmann
École de service social, Université d’Ottawa

Le processus de destruction et d’assimilation des sociétés autochtones déclenché au nom de la civilisation n’a pas représenté un progrès pour les membres de ces sociétés. Le colonialisme et le système des pensionnats ont détruit leurs cultures et les problèmes liés aux traumatismes intergénérationnels sont extrêmement sérieux, entraînant une multitude de problèmes sociaux. Sur le plan national, l’impact cumulé des traumatismes non résolus a eu un effet profond sur la relation avec les autres Canadiens. Un des problèmes qui se posent est de savoir comment envisager une guérison et une réconciliation si nous ne comprenons pas ce que signifie la notion de « guérison » du point de vue autochtone. En tenant compte du moment historique que représente actuellement la Commission de Vérité et de réconciliation, cette étude cherche à mieux comprendre le sens que revêt la notion de guérison pour les peuples autochtones.

Notre analyse documentaire inclut des écrits publiés sur une période allant de 1995 à 2014. Trois constats majeurs se dégagent : 1. la guérison doit être considérée en fonction des dommages et effets exercés par la colonisation; 2. il ne peut y avoir de guérison sans décolonisation; 3. la plupart des Autochtones ne semblent pas être entièrement avertis des impacts étendus du processus de colonisation/décolonisation. La « conscience » des effets du colonialisme et de l’oppression intériorisée devrait être ressentie et expérimentée : elle devrait habiter tous les aspects de l’être. Un processus parallèle de conscientisation devrait se produire dans la société canadienne pour pouvoir éliminer le stigma et la discrimination envers les Autochtones aux niveaux personnel et structurel de la société.

Les soins de fin de vie québécois : allons-nous vers une réelle appropriation de l’expérience de la fin de vie?

Amélie Lambert
École de service social, Université d’Ottawa

Dans une perspective critique, cette étude a comme objectif de comprendre la nature des discours institutionnels entourant les services de soins de fin de vie québécois et d’en déceler les mécanismes de contrôle pouvant limiter les personnes et leurs proches de l’appropriation de cette expérience. Pour atteindre cet objectif, une analyse de contenu documentaire de cinq cadres de références a été réalisée à partir d’une perspective théorique inspirée des concepts du biopouvoir et de la médicalisation. De cette analyse de documents se sont distingués cinq axes de manifestations du contrôle, soit : organiser et structurer; informer et sensibiliser; développer l’expertise; prendre en charge la douleur et le vécu; suivre la loi. Il est ensuite question de discuter des façons dont ces mécanismes de contrôle, tels que la centralisation du pouvoir décisionnel vers un seul organisateur, le développement du savoir-pouvoir et les nouveaux dispositifs d’encadrement légaux en matière de soins de fin de vie, limitent les personnes et leurs proches de l’appropriation de cette expérience. En deuxième partie de cette discussion des résultats seront proposées des pistes de réflexion au sujet des services de soins de fin de vie à l’aide de l’intervention sociale. Nous avons donc situé le positionnement du travail social dans l’optique de soutenir l’actualisation de la pratique d’intervention et de la réflexion critique continue sur le plan des services de soins de fin de vie. Enfin, nous présentons certaines pistes pour la poursuite de la recherche en service social en contexte de soins de fin de vie.

L’autodivulgation délibérée au prisme du travail social : requalification des savoirs d’expérience ou délégitimation professionnelle?

Hélène Le Scelleur
École de service social, Université d’Ottawa

L’autodivulgation délibérée tend à avoir du mal à s’instaurer de manière légitime chez les différents professionnels qui oeuvrent dans le domaine de la santé, incluant les travailleuses ou travailleurs sociaux. Dans ce mémoire, nous verrons que d’une part, elle vient brouiller la distinction entre expert et profane (entre savoirs experts et savoirs d’expérience, les premiers se rapportant, dans les sociétés contemporaines occidentales, aux savoirs dits « scientifiques »). D’autre part, elle crée un flou entre l’espace public et l’espace privé, distinction sur laquelle s’édifie et se distingue la légitimité professionnelle de certaines pratiques. Cette édification de ce qui constitue une pratique professionnelle légitime est l’objet d’enjeux de lutte entre disciplines et professions, où le travail social, dans le champ de la santé mentale, occupe une position de subordination par rapport aux savoirs médicaux, à dominante positiviste. Ainsi, en nous attardant à l’expérience singulière de travailleuses ou travailleurs sociaux francophones oeuvrant dans le domaine de la santé dans la région d’Ottawa, nous tentons de saisir la complexité de ces dynamiques qui interviennent dans la mise en application de l’autodivulgation délibérée de la part de l’intervenante ou de l’intervenant, en empruntant les concepts de « savoir » et de « pouvoir » tels que mis de l’avant par Foucault. En créant des espaces de réhabilitation des savoirs d’expérience là où ils sont disqualifiés, nous soutenons que les travailleuses ou travailleurs sociaux, par l’usage de l’autodivulgation délibérée, contribuent à amoindrir les effets de domination, tant du discours scientifique et médical que de la gestion managériale, sur l’usagère ou l’usager comme sur elles-mêmes ou eux-mêmes.

Les personnes âgées en CHSLD : est-il possible de s’adapter à la vie dans une « auberge de la mort »? Le point de vue des résidents et des gestionnaires

Baba Samare Makagni
École de service social, Université d’Ottawa

Cette étude a pour but de comprendre et de documenter l’adaptation des personnes âgées en perte d’autonomie à travers leur processus de transition d’un milieu de vie naturel vers un milieu de vie substitut, et plus particulièrement l’expérience de vivre en CHSLD. Le point de vue des gestionnaires nous permet de comprendre l’impact de l’organisation des soins sur l’adaptation des personnes âgées. La collecte de données de cette recherche qualitative s’est faite à partir de cinq entrevues individuelles semi-dirigées menées auprès de personnes âgées de 65 ans et plus, en perte d’autonomie, et qui vivent depuis au moins un an dans l’un des CHSLD de Gatineau. Deux entretiens de groupe semi-dirigés ont été menés. La perspective théorique de cette recherche s’inspire du constructivisme.

Les résultats démontrent que le processus décisionnel qui mène à l’hébergement est complexe et diffère d’une personne à une autre. Les facteurs tels que la transition du milieu de vie naturel vers le CHSLD, l’expérience du déménagement, le rapport à la mort, la déshumanisation, la perte de liberté, la perte de l’intimité et la violence structurelle à laquelle sont assujetties les personnes âgées sont des obstacles à l’adaptation. Aussi, cette recherche démontre que les politiques néolibérales guident la gestion des CHSLD ce qui occasionne une déresponsabilisation de façon hiérarchique.

Comprendre au-delà des préjugés pour mieux intervenir : deux histoires de mères qui ont fait le choix du travail du sexe

Josée Mallet
École de service social, Université d’Ottawa

Il y a longtemps que nous entendons parler du débat entourant la prostitution ou le travail du sexe. Ce débat est toujours d’actualité. Quoi qu’il en soit, la vie des personnes pratiquant ce métier reste encore mal connue. Elles continuent de vivre dans la marginalité et d’être victimes de préjugés. Dans ce contexte, la question d’avoir et d’élever des enfants est pratiquement impossible. Ce mémoire se veut une contribution pour mieux comprendre le vécu des mères travailleuses du sexe dans le but de mieux intervenir auprès d’elles. Il s’agit d’une recherche qualitative fondée sur deux entrevues menées auprès de femmes travailleuses du sexe étant tout d’abord des mères. Les récits ont été traités en s’inspirant de la théorie des connaissances situées.

L’analyse rapporte les points de vue des répondantes et découpe leur expérience de vie de la manière la plus significative pour elles. Il en ressort quatre catégories : le milieu familial d’origine; le contexte de leur maternité; le contexte de leur travail du sexe; leur rapport aux enfants. De là, trois moments de transition de plus grande vulnérabilité dans la vie de ces femmes ont été identifiés, soit le départ de la maison familiale, l’arrivée du premier enfant et le début du travail du sexe. Pendant ces moments, une meilleure approche structurelle aurait pu prévenir leur isolation et leur stigmatisation, tout en améliorant leur santé, leur sécurité et leur dignité.

Les enjeux de la politique du logement d’abord dans le domaine de la lutte contre l’itinérance : point de vue des groupes de défense de droits

Claire McDonald
École de service social, Université d’Ottawa

L’itinérance est un phénomène d’ampleur au Canada, avec d’innombrables personnes qui vivent dans des situations de grande précarité et marginalisation. L’une des approches plus récemment privilégiées dans le domaine de la lutte contre l’itinérance est le « logement d’abord » (housing first). Cette approche, fondée sur des données probantes et qui a vu le jour à New York (Pathways to Housing), cible de manière spécifique les personnes en situation d’itinérance chronique dans le but d’offrir avant toute chose un logement et, par la suite, d’autres services connexes en lien avec la santé mentale et la toxicomanie selon les désirs et les besoins de la personne. À l’aide d’entrevues qualitatives réalisées auprès d’intervenantes ou d’intervenants oeuvrant dans des groupes de défense de droits à Ottawa et à Gatineau, nous nous sommes interrogée sur les enjeux en lien avec la priorisation de cette approche du « logement d’abord ». Comment affecte-t-elle, notamment, l’offre des services possible pour lutter contre l’itinérance à Ottawa et à Gatineau? Ce mémoire comporte trois chapitres. Les thèmes qui se dégagent de notre analyse portent sur l’efficacité et le fonctionnement du logement d’abord, sur les limites et défis de sa mise en oeuvre, sur les enjeux individuels, systémiques et structurels du phénomène de l’itinérance et sur le changement social et les philosophies alternatives d’intervention.

L’alimentation, une question de structure : un regard sur Stormont, Dundas, Glengarry, Prescott et Russell

Karine Millette
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire a pour objectif de fournir un vocabulaire commun en matière de crise alimentaire et d’insécurité alimentaire versus la sécurité alimentaire et la souveraineté alimentaire. Pour ce faire, une revue de littérature sur le concept est de mise. Nous ajoutons à la sécurité alimentaire et à la souveraineté alimentaire une revue de littérature ayant les particularités de Stormont, Dundas, Glengarry, Prescott et Russell (SDGPR). Ensuite, nous présentons la problématique de ces quatre concepts ayant comme cadre notre démarche personnelle, le contexte historique, sociopolitique, économique de SDGPR ainsi que celui qui est global. Notre méthodologie est l’analyse sur documents des solutions issues de la communauté de SDGPR. Puis, se pose la question : comment cela va-t-il changer notre vision?

L’engagement paternel chez les jeunes pères : la relation avec la mère de l’enfant et le soutien des grands-parents comme facteurs d’engagement

Vestine Ndayishimiye
École de service social, Université d’Ottawa

Les jeunes hommes qui deviennent pères avant l’âge de vingt ans présentent habituellement plusieurs facteurs de vulnérabilité alors qu’ils doivent faire face aux défis qu’entraîne la paternité. Au fil des années, plusieurs facteurs influencent leur engagement paternel. Dans le cadre de ce mémoire, huit pères ayant connu la paternité avant ou à 20 ans ont été rencontrés alors que leur enfant était âgé de dix ans. Ces pères avaient participé à une recherche précédente durant la période entourant la naissance de leur enfant.

Les données recueillies ont permis d’identifier comme élément central l’influence de la qualité de la relation entre le père et la mère sur l’engagement paternel, et ce, particulièrement à la suite d’une séparation. En effet, si la mère est identifiée comme une source d’aide précieuse à différentes étapes de leur expérience de la paternité, les conflits faisant suite à une séparation nuisent au maintien de leur lien avec leur enfant, malgré leur désir d’être présents dans leur vie. De plus, les résultats révèlent que les parents du jeune père et ceux de la jeune mère constituent un appui important à l’exercice de leur rôle sous plusieurs aspects. Ces constats permettent de dégager différentes pistes d’intervention, dont une plus grande intégration des pères aux services, ainsi que les grands-parents maternels et paternels.

La contribution du programme « Vieillir en santé » dans le processus d’intégration des personnes âgées immigrantes nouvellement arrivées au Canada

Divine Numuhorakeye
École de service social, Université d’Ottawa

Les conditions d’insécurité sociale, économique et politique ont toujours été les facteurs qui poussent les individus à quitter leur pays. Mais s’établir dans un nouveau pays comporte plusieurs étapes essentielles afin d’assurer une continuité de vie. Au Canada, on constate qu’il y a un grand nombre des personnes âgées immigrantes qui font face aux défis et aux obstacles d’intégration dès leur arrivée en terre d’accueil. Étant donné que le programme « Vieillir en santé » du Conseil Économique et Social d’Ottawa-Carleton (CÉSOC) a comme objectif de contribuer à l’intégration de ces personnes à travers ses différentes composantes, ce mémoire a pour but de présenter son impact sur les personnes âgées immigrantes francophones qui y participent.

L’analyse des résultats indique que les femmes âgées immigrantes rencontrées vivent seules. Un besoin de briser l’isolement a été affiché par toutes les aînées comme motif d’intégrer le programme « Vieillir en santé ». L’analyse des données sous un angle intersectionnel a révélé que les femmes âgées immigrantes interviewées éprouvent des difficultés d’intégration en raison de différents facteurs dus à leur race, leur âge, leur origine ethnique, leur genre et à leur parcours migratoire. Bien évidemment, le programme « Vieillir en santé » présente beaucoup de limites, il a besoin d’être enrichi à l’avantage des bénéficiaires.

Parcours d’usage et savoirs expérientiels des femmes francophones en contexte minoritaire : l’exemple du Centre espoir Sophie à Ottawa

Mélanie Parent
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire explore les parcours de femmes marginalisées, usagères de services francophones en contexte minoritaire, et en particulier ceux offerts par le Centre espoir Sophie (CeS), une halte d’accueil pour les femmes francophones à Ottawa. En nous appuyant sur une méthodologie qualitative féministe, nous avons réalisé cinq entretiens semi-dirigés auprès de femmes qui fréquentent le CeS. Nous avons cherché à mieux connaître les limites, les apports ainsi que les impacts identifiés de ces services sur le bien-être et la condition de vie des femmes dans le besoin en contexte minoritaire. Le rôle et les impacts du CeS, la qualité et l’usage des services, les barrières à l’accessibilité aux services francophones ainsi que le cheminement des femmes sont parmi les thèmes abordés lors de ces entretiens. L’analyse des données, combinée à une perspective féministe intersectionnelle et constructiviste, permet de montrer comment la marginalisation des femmes et leur recours aux services en contexte francophone minoritaire doivent être saisis à l’intersection des diverses formes d’oppression qui les concernent et des stratégies de résistance qu’elles mettent en oeuvre pour avoir accès à un certain pouvoir dans la société.

Les enjeux autour d’un possible dévoilement de la séropositivité au VIH chez les femmes originaires d’Afrique et des Caraïbes au Canada

Alie Pierre
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire s’inscrit dans le cadre d’une quête de nouvelles connaissances et d’une meilleure compréhension des réalités des femmes vivant avec le VIH (virus de l’immunodéficience humaine) en ce qui concerne le dévoilement de leur état de santé à leurs enfants. Voulant comprendre le processus de divulgation et de la non-divulgation du statut sérologique au VIH de la mère à l’enfant chez les femmes originaires de l’Afrique saharienne et des Caraïbes, nous avons dans le cadre de notre mémoire mené une recherche qualitative auprès de quatre femmes. Notre étude nous a permis de montrer que le dévoilement du VIH de la mère à l’enfant occupe une place importante dans la vie de nos participantes. Certaines ont choisi de le faire et d’autres préfèrent attendre que leur enfant soit plus âgé ou plus mature pour entreprendre cette démarche. Le concept du dévoilement prend tout un autre sens pour les femmes qui ont participé à notre recherche. Elles doivent faire face aux différents enjeux sociaux représentant des barrières, faisant en sorte qu’elles hésitent à entreprendre ce processus. Aussi, celles qui ont divulgué leur diagnostic à leurs enfants l’ont fait pour s’enlever un poids de leurs épaules et dans le but de les sensibiliser afin qu’ils se protègent contre le VIH. Cette recherche illustre la complexité du dévoilement en contexte du VIH que les femmes porteuses de ce virus doivent aborder tant dans le présent que dans le futur auprès de leurs enfants.

Entre reproduction et résistance : les effets d’un programme sportif d’intervention sur les dynamiques d’inclusion et d’exclusion vécues par les adolescentes ou les adolescents

Catherine Plante
École de service social, Université d’Ottawa

Malgré sa popularité comme outil d’inclusion sociale auprès d’adolescentes et d’adolescents, la pertinence du sport s’effrite lorsqu’elle est mise en relation avec les dynamiques d’exclusion inhérentes aux pratiques sportives hiérarchiques et compétitives qui prédominent aujourd’hui. Devant ces effets mitigés, nous nous appuyons sur les expériences des jeunes, dont la parole est souvent peu considérée socialement, afin de proposer des pistes d’intervention pour lutter contre les dynamiques d’exclusion rencontrées par les adolescentes et adolescents dans les programmes récréatifs et d’intervention, mais aussi plus largement dans la société.

Notre démarche s’inscrit dans une recherche-action (2011-2013) auprès d’un programme d’intervention psychosociale utilisant le sport comme outil (Alter-Action de l’organisme DesÉquilibres). L’analyse secondaire de 27 entretiens semi-dirigés auprès de jeunes participantes et participants met en lumière l’influence du programme sur les dynamiques d’inclusion et d’exclusion. Pour enrichir notre réflexion, nos résultats ont été triangulés avec un groupe de discussion réalisé auprès des intervenantes ou intervenants, l’observation participante de deux cohortes et des entretiens semi-dirigés avec des partenaires de l’organisation.

Cet exercice a permis de proposer des pistes d’interventions pour les praticiennes et praticiens, gestionnaires et bailleurs de fonds des milieux communautaires, institutionnels et récréatifs qui travaillent auprès d’adolescentes et d’adolescents.

La conciliation travail, famille et soins : une réalité pour les filles aidantes

Véronique Robert
École de service social, Université d’Ottawa

Cette recherche examine le vécu quotidien de deux proches aidantes de personnes âgées dépendantes précisément de leur parent. L’objectif principal est de comprendre comment elles concilient les différentes sphères de leur vie. Très peu de recherches ont été réalisées jusqu’à présent sur ce sujet. C’est dans cette perspective que je réalise une étude de type qualitatif en utilisant l’approche narrative basée sur les récits de vie.

L’étude fournit une compréhension de la conciliation des obligations associées à la prestation des soins à un parent et des tâches et responsabilités quotidiennes. Établies dans une perspective féministe, les notions de la socialisation et de la construction sociale du genre sont utilisées pour analyser les rôles des hommes et des femmes dans les soins auprès d’une personne âgée. Les données recueillies révèlent que les femmes occupent une place prédominante dans la prise en charge d’une personne âgée dépendante. Les résultats dévoilent que l’organisation est au centre de la conciliation. La capacité d’organisation est influencée par la position sociale et économique de l’aidante, mais aussi par la disponibilité des autres membres de sa famille. La conciliation est dite plus accessible à celles qui vivent dans un milieu économique aisé qu’à celles qui proviennent d’un milieu économique précaire. Toutefois, la prise en charge d’une personne âgée dépendante apporte aussi des bienfaits.

Rôles sexués et programmes culturellement adaptés en santé sexuelle pour les Autochtones

Isabel Salas
École de service social, Université d’Ottawa

La surreprésentation des Autochtones dans l’épidémie du VIH au Canada n’est plus un secret depuis longtemps. En effet, malgré une lutte qui dure depuis 30 ans et une diminution de l’incidence du VIS chez les Autochtones, en 2011, le taux estimé était de 3,5 fois plus élevé que chez les populations non autochtones.

Parmi les causes de l’épidémie, découlant pour la plupart du colonialisme, toujours en cours, on note la pauvreté, la toxicomanie, mais aussi le dépérissement des cultures et le manque d’adaptation culturelle de services et de programmes. Alors, on investit dans des programmes se voulant adaptés, culturellement conçus par les Autochtones, qui véhiculent les rôles sexués comme outil d’épanouissement identitaire et d’estime. Or, nous nous sommes demandée dans quelle mesure la diversité est respectée dans ces programmes en ce qui regarde particulièrement l’adhésion aux traditions et aux valeurs concernant les rôles sexués. Nous avons exploré l’effet que pourrait avoir l’enseignement, voire la promotion de ces rôles sur le sentiment d’inclusion ou d’exclusion ainsi que sur le façonnement de l’identité et de l’estime des destinataires de tels programmes, et par conséquent, sur leur réceptivité.

Les jeunes femmes de « second plan »

Les effets des troubles alimentaires sur les soeurs des jeunes filles vivant avec l’anorexie et la boulimie

Jasmine Sarazin
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire vise à analyser les effets psychosociaux et physiologiques des troubles alimentaires sur les soeurs des jeunes femmes atteintes de l’anorexie ou de la boulimie. À partir d’une approche qualitative, de même qu’un point de vue féministe et constructiviste, nous avons réalisé une analyse documentaire systématique des écrits ayant trait aux changements et modifications de la cellule familiale dans un tel contexte. Cela nous a permis d’atteindre une saturation des données, ainsi qu’une compréhension plus globale du phénomène : le vécu des soeurs en santé et leur conceptualisation des troubles alimentaires.

Les études recensées démontrent l’existence d’un lien intime entre les soeurs, qui peut avoir un effet sur le développement de comportements diététiques malsains chez ces dernières. Toutefois, ce processus nous a permis de découvrir des contradictions entre les résultats des recherches : certains auteurs soutiennent que les soeurs en santé seront plus susceptibles de devenir anorexiques/boulimiques, alors que d’autres croient que le fait de vivre avec une personne « malade » ne garantit pas nécessairement le développement de troubles de santé mentale liés à l’alimentation. Hormis cette dichotomie, nous ne pouvons pas nier le fait que la biologie et les facteurs environnementaux non partagés viennent influencer chacun des groupes à l’étude. Les soeurs — ayant souvent été délaissées dans la littérature — ne sont pas un groupe à négliger; elles jouent des rôles cruciaux dans l’évolution de la maladie.

« Ensemble on peut réussir nos enfants »

L’institution de la maternité et l’approche de la pédiatrie sociale en communauté

Stéphanie Talbot
École de service social, Université d’Ottawa

Ce projet vise à mieux comprendre la place de la mère au sein de l’approche de la pédiatrie sociale en communauté, en s’appuyant sur une étude qualitative exploratoire. Pour ce faire, nous avons tenté de répondre aux questions suivantes : 1. Quelles sont les représentations de la maternité qui prévalent dans le discours des intervenantes en pédiatrie sociale? 2. Comment les intervenantes perçoivent-elles le rôle de la pédiatrie sociale dans l’intervention auprès des mères? 3. Quelle est la nature des interventions réalisées? 4. Quels sont les éléments qui facilitent l’intervention auprès des mères? 5. Quels sont les défis dans l’intervention auprès des mères? Les résultats s’appuient sur des données recueillies auprès de neuf intervenantes de divers domaines (travailleuse sociale, psychoéducatrice, musicothérapeute, médecin, directrice) oeuvrant au sein dans trois centres de pédiatrie sociale dans trois régions du Québec.

Dans une première section, l’analyse des données recueillies met d’abord en lumière les fondements et les principes de l’approche de la pédiatrie sociale en communauté. La section suivante porte sur l’importance des mères dans le développement de l’enfant plus particulièrement la disponibilité de la mère, le lien d’attachement, la réponse aux besoins de l’enfant, la protection ainsi que les modèles parentaux. Les résultats semblent démontrer que la société influence le comportement que devraient adopter les femmes. Suit une section portant sur l’intervention des femmes en tant que mères; y sont abordés le soutien, les éléments facilitants l’intervention et les défis qui ont été soulevés par les participantes, soit la santé mentale des femmes, la pauvreté et l’assiduité aux rencontres. La section sur l’intervention des femmes en tant que femmes, portant sur la place de la femme au niveau des services et les limites de l’intervention adressée à elles, semble démontrer que l’identité de la femme est mise de côté au profit de l’identité de la mère. Pour finir, une section sur la parentalité et l’implication des pères montre que ces derniers sont moins impliqués que les mères sur le plan des services de l’enfance et de la famille.

Cette étude révèle que les pratiques en pédiatrie sociales sont influencées par les attentes de la société à l’endroit des mères.

La double invisibilité des femmes qui agissent comme proches aidantes auprès d’une personne atteinte de trouble mental

Wesline Thelot
École de service social, Université d’Ottawa

La présente recherche a pour but de comprendre le travail des femmes qui agissent comme proches aidantes auprès de personnes atteintes de trouble mental et de comprendre la double invisibilité liée à leur rôle en lien avec le diagnostic de ces dernières. Ces femmes ont été recrutées à l’aide d’un organisme qui offre des services de soutien aux proches aidantes ou aidants. Il s’agit d’un travail exploratoire qui s’inscrit dans une démarche méthodologique axée sur l’approche qualitative narrative. Le cadre d’analyse féministe intersectionnelle a été retenu pour analyser les données en raison de cette double invisibilité vécue par ces proches aidantes.

Les participantes ont articulé plusieurs impacts de leur prise en charge : rapprochement avec la personne aidée, tension dans le milieu familial, insomnie, fatigue, isolement social, baisse de revenu, difficulté à gérer les comportements difficiles, sentiment de honte et de culpabilité, discrimination, stigmatisation. Aussi, les proches aidantes sont confrontées à divers types de pouvoir : interpersonnel, disciplinaire et systémique. Conséquemment, les amis et la famille s’éloignent d’elles; elles ne sont pas traitées comme des partenaires vis-à-vis certains membres du personnel du système de santé et des services sociaux. Et certains programmes gouvernementaux qui pourraient leur venir en aide sont rigides et si minimes qu’ils contribuent à les maintenir davantage dans des rôles traditionnels de la femme, soit le care domestique.

Entre épreuves et identité : le rite de passage dans la construction de l’identité des jeunes modernes

« D’un équilibre à l’autre, DesÉquilibres comme intervention par le sport et rite de passage contemporain »

Julien Thibault Lévesque
École de service social, Université d’Ottawa

Dans les sociétés traditionnelles, les rites de passage ont longtemps offert aux jeunes une identité d’adulte. S’ils réussissaient l’épreuve rituelle, ils ne seraient plus jamais considérés comme des enfants. Contrairement à ces sociétés, la place de l’individu n’est aujourd’hui plus assurée. Elle est plutôt une quête constante; une quête de soi.

Les théories de la seconde modernité démontrent que les individus sont désormais dans l’obligation de se former eux-mêmes en tant qu’individus. Parallèlement, les recherches sur les rites de passage contemporains affirment que les jeunes s’imposent des rites dans l’objectif de se forger une identité et de faire valoir leur singularité. Il devient alors pertinent de se questionner sur le rôle des rites de passage dans la construction contemporaine de l’identité des jeunes. Plus précisément, cette question est étudiée à l’intérieur d’un organisme, DesÉquilibres, qui utilise le sport comme outil d’intervention.

Les résultats de la recherche permettent de constater qu’il y a bel et bien présence d’un rite de passage à l’intérieur du programme de DesÉquilibres. Il se dégage aussi de l’analyse que les interventions ritualisées semblent agir comme une forme d’accompagnement vers l’identité d’adulte. En effet, il est apparu que les acquis faits dans le cadre du programme peuvent ensuite être utilisés par les jeunes, lors des « épreuves », au sens où Martuccelli emploie cette notion. Enfin, dans l’optique d’une modélisation du programme de DesÉquilibres, il nous a aussi été possible d’identifier certains éléments essentiels à la production d’un rite de passage en contexte d’intervention par le sport.