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Chaque année, en France, les questions figurant au programme des concours de l’enseignement ou d’entrée aux grandes écoles donnent lieu à la publication de toute une série de manuels. Cet ouvrage dirigé par Alexandra Monot figure ainsi parmi la demi-douzaine de livres parus à l’occasion du programme du CAPES et de l’agrégation sur « L’Amérique du Nord : Canada, États-Unis, Mexique ». Publié d’abord en mai 2012 aux éditions Bréal, avec un titre et une couverture légèrement différents dans une collection s’inscrivant explicitement dans cet objectif, il a été republié en août de la même année par le même éditeur avec quelques remaniements du contenu (un plan plus lisible, la suppression de quelques pages, l’ajout d’un chapitre, l’insertion de quelques cartes et encadrés supplémentaires), sans doute pour favoriser un élargissement du lectorat.

L’ouvrage parvient indiscutablement à répondre aux exigences de la préparation aux épreuves canoniques de géographie. Il propose en effet, en 236 pages, une vision claire et synthétique de l’ensemble territorial composé du Canada, des États-Unis et du Mexique. L’introduction et le premier chapitre exposent la problématique générale justifiant le sous-titre (« Unité, diversité, ou complexités géographiques ») : l’Amérique du Nord ainsi définie constitue un pôle mondial majeur partageant un certain nombre de caractéristiques communes, mais de plus en plus contesté et traversé par de forts clivages internes qui ne se réduisent pas aux frontières nord-sud. Les cinq chapitres restants sont construits autour de cette idée centrale et abordent successivement, d’une manière relativement classique, la question de la mise en valeur de l’espace (chapitre II), de la géographie de la population (démographie, migrations et urbanisation) (chapitre III), des enjeux de la frontière (chapitre IV), des fondements de la puissance économique (chapitre V) et de la place de l’Amérique du Nord dans le monde (chapitre VI). Chaque chapitre réussit l’effort de présenter une problématique pertinente, et est enrichi d’un certain nombre de cartes de synthèse bien conçues (l’un des exercices incontournables des épreuves de géographie aux concours en France) ainsi que de quelques encadrés proposant des zooms intéressants.

Ce petit ouvrage comporte certes quelques limites. Ainsi, on aurait souhaité que soit mise en question la pertinence du découpage proposé, quand la plupart des géographes du Canada, des États-Unis et du Mexique considèrent que « l’Amérique du Nord » est constituée de l’ensemble des territoires situés au nord de la frontière entre la Colombie et le Panama, les îles Caraïbes comprises, ou quand d’autres, moins nombreux, la restreignent aux seuls États-Unis et Canada. Par ailleurs, la difficulté majeure est de proposer un traitement relativement équilibré et cohérent des trois pays composant l’ensemble, et l’ouvrage y parvient plutôt bien globalement, quoique certains passages, sur les questions urbaines notamment, laissent croire que les tendances à l’oeuvre dans les villes étasuniennes se retrouveraient sans nuance dans les deux autres pays. On pourrait regretter, cependant, que cela conduise à ne pas proposer une vue synthétique sur les grandes dynamiques régionales.

En conclusion, en dépit de ces quelques limites qui tiennent en bonne partie à son format, et à condition de ne pas se méprendre sur sa nature, ce petit livre présente une bonne vue d’ensemble de l’Amérique du Nord à partir d’une bibliographie essentiellement francophone et française.