Résumés
Résumé
Lorsque la municipalité d’Ottawa approuve en 1966 le plus vaste projet de rénovation urbaine jamais entrepris au Canada, à savoir celui de l’est de la Basse-Ville, le principal quartier francophone de la capitale, le journal Le Droit affiche un enthousiasme débordant. Il n’hésite pas à soutenir cette initiative, née d’une volonté de moderniser un centre-ville marqué par l’insalubrité. Il faudra attendre près d’une dizaine d’années, lorsqu’une grande partie du plan aura été réalisée, pour assister à un revirement dans la position du journal, qui constate alors les effets dévastateurs de la rénovation urbaine sur les conditions de vie des habitants. Les prises de position initiales des journalistes ont été influencées par le manque d’expertise des informateurs issus de la communauté locale. Les spécificités du journalisme de proximité desservant une population minoritaire ont ainsi joué un rôle dans la couverture du Droit. Telle est la thèse que nous explorons ici, à travers l’analyse de contenu du journal sur une période de près de 15 ans.
Abstract
In 1966, the municipality of Ottawa approved the largest urban renewal project ever undertaken in Canada. The target of this initiative was East Lower Town, the city’s principal Francophone neighbourhood, and local newspaper Le Droit was unequivocally enthusiastic in its endorsement of the project. At the outset, the newspaper did not hesitate to support the initiative, which was styled as an effort to modernise a downtown area characterised by poverty and urban decay. It was not until a decade later, after most of the urban renewal project had been undertaken, that Le Droit changed its position, realizing the devastating consequences that the renewal had imposed upon the quality of life of the neighbourhood’s inhabitants. The approach of the newspaper’s journalists was influenced by an initial lack of expertise on the part of informants from the local population. Thus the unique situation of journalism serving a minority community played an important role in the views of Le Droit. This issue will be explored here through an analysis of nearly 15 years of the newspaper’s publication.
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Parties annexes
Notes biographiques
Anne Gilbert est professeure titulaire au Département de géographie de l’Université d’Ottawa et occupe le poste de directrice du Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF). Elle dirige le Chantier Ottawa, projet collaboratif et interdisciplinaire réunissant une quinzaine de spécialistes de la francophonie de l’Université d’Ottawa, qui vise à mieux connaître Ottawa, sa population, ses institutions, ses réalisations, ses ambitions. Elle s’intéresse aux lieux et aux quartiers marqués par la présence française dans la ville, à leurs transformations et à leurs effets sur la vie communautaire. Le rôle de la frontière dans les pratiques et les identités de la minorité franco-ontarienne est au coeur de ses travaux. On lui doit deux ouvrages sur la francophonie canadienne : préparé sous sa direction en 2010, Territoires francophones rassemble différentes études géographiques sur la vitalité des communautés francophones du Canada et L’espace francophone en milieu minoritaire au Canada, dirigé conjointement avec Joseph Yvon Thériault et Linda Cardinal en 2008, porte sur les nouveaux enjeux de leur développement.
Kenza Benali est professeure adjointe au Département de géographie de l’Université d’Ottawa. Chercheure en géographie urbaine et culturelle, elle s’intéresse aux représentations sociosymboliques de la ville contemporaine et, en particulier, à celles liées à l’aménagement urbain. La plupart de ses analyses, portant respectivement sur les villes de Québec, Montréal et Ottawa, font appel à l’analyse de la presse écrite et s’inscrivent dans l’approche géographique qui aborde la ville comme champ de significations. Ses travaux ont notamment porté sur les représentations et les conflits des villes moderne et postmoderne et, plus récemment, de la ville durable. Elle participe à plusieurs projets de recherche, dont celui du Chantier Ottawa du CRCCF. Dans le cadre de ce projet collaboratif, Kenza Benali s’est penchée sur les impacts de la rénovation urbaine des années 1960-1970 sur la Basse-Ville Est d’Ottawa et sur les représentations de cet ancien bastion francophone. Sensible aux enjeux urbains de la minorité francophone, elle a effectué parallèlement des études sur le quartier Vanier et les plaines Lebreton de la capitale afin d’en saisir les spécificités, les revendications et les aspirations urbaines.
Caroline Ramirez est étudiante au doctorat en géographie à l’Université d’Ottawa. Sa thèse de maîtrise a porté sur l’héritage urbain de l’architecte français Jacques Gréber, concepteur du plan de 1950 pour la capitale nationale, thèse qui a donné lieu à la publication d’un article dans les Cahiers de Géographie du Québec en 2011. Prenant conscience, avec l’étude du plan Gréber, du mépris des décideurs pour la minorité francophone et ses territoires, Caroline Ramirez s’intéresse, dans la cadre de son doctorat, au quartier de la Basse-Ville Est d’Ottawa, qui comptait, avant la fin des années 1960, plus de 75 % d’habitants francophones. En 2012, elle publiait ainsi, dans la Revue canadienne d’études urbaines, un article portant sur les contradictions entre la volonté de préserver le patrimoine et celle de densifier le centre-ville, dans la Basse-Ville de la capitale. Dans le cadre du Chantier Ottawa, elle s’intéresse au maintien d’une identité francophone communautaire, malgré la disparition du quartier après la rénovation urbaine des années 1960 et 1970.
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