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Cet ouvrage dirigé par Constantin Xypas, Michel Fabre et Renaud Hétier (2011, « Perspectives en éducation et formation », Éditions De Boeck) compte 10 chapitres, regroupés en 4 parties. Il soulève d’emblée des questions d’ordre identitaire. Il traite des conditions d’expression ou d’affirmation de l’identité personnelle et décrit les contextes d’émergence, voire de construction de l’identité professionnelle ; il s’adresse a priori aux acteurs évoluant dans le contexte de formation aux adultes, en particulier ceux de l’enseignement supérieur. Dès l’incipit, les auteurs font appel à des expériences significatives destinées à illustrer leur thème ou thèse principale : l’influence éducative d’un « tiers », appelé médium, guide, maître, formateur ou éducateur. Ce dernier apporte son expérience dans le soutien au développement de la mission de formation et dans l’ouverture de perspectives nouvelles. Il apparaît comme un actant majeur et un adjuvant, mais jamais comme un opposant dans le processus complexe de l’accompagnement.

Les parties du livre sont structurées comme autant d’exemples des défis à relever pour quatre types d’acteurs, choisis pour illustrer l’évolution du processus d’accompagnement. Il s’agit des défis du maître (partie 1), de ceux de l’universitaire (partie 2), des défis du formateur (partie 3) et de ceux de l’éducateur (partie 4). Dans la première partie, les auteurs montrent la place du tiers dans la genèse des questions de découverte du moi et dans la construction de la pensée logique. Ils établissent des liens entre l’aménagement d’un cadre conceptuel de l’accompagnement et l’avènement des pistes de maîtrise de soi, pour les candidats engagés en formation des adultes.

La deuxième partie est axée sur la formation du chercheur, par le biais des mémoires et des thèses. Nombre de situations étudiées témoignent de la construction progressive de la nouvelle identité de chercheur ; elles permettent de souligner les ambivalences de la dialectique du tiers. La place du tiers peut être occupée par différents dispositifs sur lesquels s’appuie la formation (carnet de bord, journal de recherche, portfolios électroniques, etc.), susceptibles d’aider les apprenants à s’engager dans une pratique réflexive. La troisième partie, consacrée aux défis du formateur, met l’accent sur les démarches qui permettent d’agir à la fois comme modèle et comme passeur. Le recours aux référentiels de compétences et à de nouveaux curriculums permet notamment de mieux articuler les différents savoirs aux exigences des pratiques de terrain. Par exemple, certains programmes d’études insistent sur les mécanismes de construction identitaire et travaillent sur les stratégies encourageant la réflexivité ; ils soutiennent aussi les expériences de socialisation dans le but de favoriser la réussite éducative.

La quatrième partie apporte des réponses aux questions touchant la formation du sujet, en prenant appui sur l’univers des contes merveilleux. Elle décrit les mouvements créateurs du changement dans la vie des héros et montre leurs capacités à traverser des luttes et des épreuves, avant de retrouver leur pouvoir d’agir.

Chacun des chapitres de cet ouvrage renvoie ainsi à une interprétation de la figure du tiers qui devient, dans l’optique de Greimas (1966), un actant capable de s’engager à la fois comme un maître, une personne, un conseil, un ordre ou une posture. La seule orientation assumée se déploie autour du soutien de l’apprenant dans ses efforts ou dans son élan en vue de franchir le seuil de passage.