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Tout en couleurs, ce livre présente l’évolution du syndicalisme enseignant au Québec à partir des années 1930 jusqu’aux années 2010 en faisant une large place à l’iconographie. Entamé à la suite d’une exposition de documents d’archives dans un musée, l’ouvrage s’appuie sur des photographies, des articles de journaux et d’autres documents. Par une présentation très dynamique, il laisse place à des témoignages d’acteurs ayant vécu les événements décrits. L’ouvrage est préfacé par Jacques Rouillard.

Suivant les grandes étapes du récit historique, les auteurs illustrent les débuts du mouvement avec la naissance du premier syndicat d’institutrices rurales fondé en 1936 par Laure Gaudreault, qui était à la fois institutrice et journaliste. L’ouvrage présente la situation qui prévalait au début du xxe siècle et la lutte menée pour l’amélioration des salaires, ainsi que des conditions de travail et de vie des institutrices des écoles de rang. L’Église et l’État sont alors des acteurs sociaux majeurs avec lesquels il faut négocier. Au fil du temps, les acteurs de cette lutte ont dû concilier divers enjeux et tensions liés au contexte social, faire face à des tiraillements entre syndicalisme et corporatisme, ruralité et urbanité, syndicalisme catholique et syndicalisme de métier.

À partir de la fin des années 1960, de grands changements s’opèrent dans le monde de l’éducation : Les Insolences du Frère Untel et le Rapport Parent viennent déstabiliser l’ordre établi. L’État se fait employeur. L’Église se fait moins présente. Dans le monde syndical, le mouvement traverse une phase de combat qu’illustrent les négociations en front commun. Les rondes de négociation des conventions collectives dans les années 1970 laissent place à une confrontation entre les syndicats et l’État et à une grève des employés des secteurs public et parapublic. La défense des institutrices des écoles de rang s’élargit graduellement à la défense des travailleurs de l’éducation.

À partir des années 1980, l’ouvrage évoque de façon souvent superficielle divers événements : initiatives des gouvernements ou de la société ; conséquences d’une crise économique (1982) ; préoccupations pour le décrochage scolaire ; États généraux sur l’éducation (1995-1996) ; réforme (2000) ; mécontentement face au gouvernement (2000-2010) ; etc. Dans le monde de l’éducation, le syndicalisme semble s’illustrer comme la construction d’un rapport de force constant avec l’État. Les photos des écoles de rang ont laissé place aux photos de manifestants.

En mettant l’accent sur l’action humaine, individuelle et collective, les auteurs invitent le lecteur à vivre l’Histoire en le plaçant dans un contexte sociohistorique. Cette perspective permet au lecteur de comprendre certains événements liés au syndicalisme, à l’ensemble de la société québécoise en général et au monde de l’éducation en particulier. Une histoire du syndicalisme enseignant : de l’idée à l’action apparaît comme un bon ouvrage pour ceux qui aiment les lectures dynamiques et imagées, et un bon complément à des lectures plus savantes, surtout en ce qui a trait au début du xxe siècle.