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Ce petit livre propose d’explorer le témoignage du Nouveau Testament sur l’espérance de la résurrection. Non pas ce qui concerne la résurrection de Jésus lui-même, mais de l’espérance des croyants qui, après Pâques, s’est greffée sur elle et qui, petit à petit, a appris à se dire et à s’approfondir. Cet ouvrage, fort condensé, exprime ce que la résurrection des corps recèle de particulier par rapport à d’autres types d’espérance.

L’A. part de la parole de Jésus qui sert de titre à cet ouvrage et que l’on retrouve au chapitre 6 de l’Évangile de Jean, « Je le ressusciterai au dernier jour », pour affirmer le visage spécifique de l’espérance chrétienne. Cette nouveauté, déjà anticipée dans l’Ancien Testament, s’exprime maintenant d’une façon claire et précise. « Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera nous aussi, par sa puissance » (1 Co 6,14).

Le débat rapporté dans l’Évangile de Marc qui oppose Sadducéens et Pharisiens au sujet de la résurrection des morts permet à Jésus de se positionner sur la question. Pour ce faire, il utilise le cas du mariage terrestre, situation liée à la procréation, qui sert essentiellement à assurer une postérité. À la résurrection, plus besoin de se marier. La résurrection est l’oeuvre de Dieu (Lc 20,37-38) qui, en quelque sorte, engendre tous les êtres à une condition nouvelle et éternelle.

Les croyants doivent se préparer à cette mutation, à cette métamorphose eschatologique. Ils doivent marcher comme des enfants de lumière. Ils doivent abandonner les conduites païennes, et ne pas contrister l’Esprit de Dieu. La mort-avec-le-Christ débouchera dans une vie-avec-le-Christ.

Le grand texte-témoin, le passage le plus développé de tout le Nouveau Testament en ce qui concerne l’espérance de la résurrection des croyants et son lien avec la résurrection du Christ, se trouve en 1 Co 15. Un long chapitre de 58 versets où le verbe « ressusciter », egeirô, revient dix-huit fois, neuf par rapport à la résurrection de Jésus et neuf par rapport à celle des croyants.

La question centrale est : avec quel corps les morts reviennent ? Paul utilise trois images pour aider à répondre à ce grand mystère. L’image du grain de semence, par exemple, sert à illustrer la possibilité qu’une réalité qui a connu la mort puisse être à nouveau « vivifiée ». Les deux autres images (les chairs animales et les corps célestes) viennent appuyer son propos. Bref, Paul affirme que ressusciter, c’est passer de la vie terrestre à la vie éternelle. Le corps ressuscité est en lien avec le corps terrestre, mais il est métamorphosé ; l’identité fondamentale demeure au niveau de l’être personnel.

C’est en s’adressant à la communauté de Corinthe, quelque temps après la première lettre envoyée à celle-ci, que Paul aborde à nouveau la question de l’espérance de la résurrection et de la vie après la mort. Qu’arrive-t-il des vivants, lors du retour du Seigneur ? Devront-ils passer par la mort avant d’entrer dans la vie éternelle ? Réponse : Les morts, ressusciteront incorruptibles, mais nous, nous serons transformés (1 Co 15,51-52). Mais avant cette métamorphose des vivants, les croyants devront vivre ce qu’a vécu le maître : souffrances, épreuves, châtiments. Confrontés sans cesse à la mort, les croyants doivent espérer contre toute espérance (Rm 4,18).

La deuxième lettre aux Corinthiens (chapitre 4 et 5) demeure, il va sans dire, un texte fondamental pour mieux comprendre le cheminement du propos de l’auteur. Il donne une place majeure au thème de la fragilité humaine en utilisant l’image des vases d’argile. Ainsi est introduite l’idée de faiblesse, de précarité et de vulnérabilité affectant les serviteurs de l’Évangile. La mort agit déjà dans l’homme. L’homme extérieur tombe en ruine. La tente qui sert de maison terrestre sera détruite. L’homme gémit, est accablé dans sa demeure provisoire. Et tout cela, à cause de Jésus. Mais, les croyants ne doivent pas se laisser abattre. Dieu est le Père des compassions et le Dieu de tout réconfort. Le corps dans lequel le croyant souffre, comparé à une tente, est un abri mobile, dressé provisoirement. Il est là, par opposition à un édifice solide, construit pour l’éternité, servant de résidence fixe et éternelle.

Ce livre montre bien la singularité de l’espérance chrétienne. Le lecteur sera confronté à de longues références exégétiques, mais sera comblé par la finesse et l’enchaînement des différentes parties du sujet traité. Mise à part la question de savoir si c’est Dieu qui a ressuscité Jésus ou si c’est Jésus lui-même qui a été l’agent de sa propre résurrection et qu’il le sera pour la nôtre, Michel Gourgues rappelle que le Christ est « l’esprit vivifiant » et il parle du « Seigneur Jésus qui transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire ».

Ce livre insiste sur un fait : dès le début de l’annonce du message chrétien, il y a certes une connivence certaine entre la résurrection du Christ et la résurrection des croyants. Il y a, de plus, des liens profonds entre la pensée de l’apôtre Jean et la pensée de Paul de Tarse. Ce qui importe, c’est que ceux qui se sont endormis dans la paix de Dieu seront un jour « vivifiés » en un corps de gloire.