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Cet ouvrage collectif, composé de 28 chapitres et réalisé sous la direction de Paul A. Haslam, Jessica Schafer et Pierre Beaudet, traite en trois grandes parties des diverses approches théoriques, des principaux acteurs et des questions cruciales du développement international. Destiné à devenir un livre de référence, l’ouvrage n’est pas facile à recenser, étant donnée la diversité thématique des contributions, qui intègrent à la fois la pensée critique et l’approche multidisciplinaire. Il sera d’une grande utilité non seulement pour les étudiants au baccalauréat en développement international, mais aussi pour ceux en relations internationales, en économie ou en sociologie. On y explore les divers aspects du développement international en lien avec plusieurs disciplines telles que l’anthropologie, l’économie, l’éducation, la géographie, l’histoire, les relations internationales, la science politique, la sociologie, l’urbanisme et les études féministes. Prenant appui sur cette dimension multidisciplinaire, le but du livre n’est pas seulement d’initier le lecteur à cette discipline, mais aussi de lui fournir des outils théoriques et méthodologiques.

Les contributions, dont les auteurs sont majoritairement des universitaires canadiens, brossent à grands traits les enjeux majeurs du développement international. Pour mieux guider le lecteur de manière pédagogique, chaque chapitre est doté de boîtes d’objectifs d’apprentissage, de concepts importants, de situations critiques et d’actualité. Les lecteurs peuvent consulter à la fin de chaque contribution les questions critiques, les recommandations de lecture, les bibliographies et les liens web associés. En outre, de nombreux tableaux, photos, cartes et schémas pertinents servent à mieux appréhender la matière étudiée, tout comme les concepts mis en gras, qui sont réunis à la fin du livre dans un glossaire.

Les chapitres offrent une approche d’ensemble sur la notion de développement international, son contexte et ses théories, avec une cohérence thématique entre les différentes parties de l’ouvrage. Tout d’abord, et c’est le constat principal du livre, le développement international n’est pas un domaine isolé ; il reste plutôt en rapport direct avec une multitude de disciplines, surtout la sociologie, les études politiques et l’économie. La première partie est ainsi fondée sur les théories et les approches du développement. Elle sert d’introduction, avec une présentation des concepts clés, du contexte historique et des courants théoriques du développement. Ensuite, dans une deuxième grande partie, on découvre les acteurs importants dans ce domaine : les États, les agences nationales, les institutions financières internationales, les Nations Unies, les multinationales, la société civile, etc. La dernière partie de l’ouvrage, et la plus importante, met l’accent sur les enjeux et les principaux thèmes liés au développement, comme la pauvreté et l’exclusion, la dette, la démocratie, le développement rural et urbain, les conflits, les migrations, la culture, etc.

Dans le premier chapitre, les directeurs de l’ouvrage mettent l’accent sur les principaux concepts et idées et ils s’ interrogent sur les définitions de concepts tels que « pays en développement », « tiers-monde », « Sud », « pauvreté » ou « inégalité », ainsi que sur les connotations variées qui leur sont associées. Considérant le développement comme une notion contestée, ils essaient de la cerner et de la mesurer en clarifiant le lien entre développement et éthique. Ils s’attardent aussi à l’avenir du développement dans l’épilogue du livre. Cependant, le dernier chapitre évoque plutôt les principales tendances qui peuvent affecter l’avenir du développement dans le monde. Les auteurs y analysent les nouveaux acteurs que sont les brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), les impacts des nouvelles approches émergentes comme le New Institutional Economics – qui est en faveur de l’intervention des États dans une certaine mesure afin d’ajuster le marché et se méfie des programmes d’ajustement structurel (sap) des années 1980 et 1990, marqués par le consensus de Washington. Enfin, ils abordent les questions toujours actuelles du réchauffement climatique, de la crise alimentaire et de la crise financière de 2008.

La contribution de Radhika Desai est particulièrement éclairante quant à l’étude des théories de développement dans le cadre historique du capitalisme moderne, qui va de la révolution industrielle à nos jours en passant par les aspects géopolitiques de cette trajectoire, dont le colonialisme. Parallèlement à ces analyses, Eunice N. Sahle analyse l’école du post-développement et les alternatives au développement en se basant sur la critique des approches orthodoxes à travers les oeuvres d’Arturo Escobar, de Stuart Hall et de Michel Foucault ainsi que les notions de représentation et de reproduction des images. De son côté, Pierre Beaudet analyse en détail le rapport entre mondialisation et développement ainsi que les nouvelles formes alternatives de mondialisation face à l’internationalisation de l’économie mondiale.

En somme, c’est un ouvrage qui synthétise assez bien les divers sujets liés au développement. Les directeurs de l’ouvrage s’adressent à un public qui dispose d’un minimum de bagage à propos du sujet, ce qui en fait une leçon agréable à lire pour les étudiants au baccalauréat. Le plan choisi par les directeurs, qui intègre à la fois les approches, les acteurs et les principales questions grâce à une vision multidisciplinaire, est judicieux car il crée une cohésion au contenu traité dans l’ouvrage.