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Puissance du romanesque. Regard extérieur sur quelques romans contemporains d’expression française présente une étude de huit écrivains qui ont choisi le français pour se raconter. Cet essai tente de faire la lumière sur le lieu de la parole qui se joue chez eux et qui les inscrit dans la mouvance de la contemporanéité. Rédigé tel un ouvrage pédagogique et, pour cela, accessible à un large public, ce livre permet de plus, à travers le fil conducteur du lieu de parole comme écriture, de tisser des liens entre les caractéristiques de ces romans et l’ère contemporaine. Un désir de définir les marges du roman contemporain, à travers les formes d’écriture multiples des auteurs convoqués, se fait sentir, bien qu’une définition circonscrite ne nous soit pas fournie.

Dans la première partie de cet essai, l’auteure situe le roman contemporain dans une mouvance esthétique et effectue des rapprochements avec la vision que la Slovaquie, son lieu d’ancrage, a de l’art. Ainsi, elle constate que la France tente d’objectiver le roman contemporain et se montre plus frileuse à reconnaître comme artiste un écrivain, contrairement à la Slovaquie. Puis, dans la seconde partie, Malinovská dresse la typologie d’une écriture du moi, rappelant Philippe LeJeune et même, l’oeuvre ouverte d’Umberto Eco. Ce désir d’être entendu, par les voies multiples que peuvent prendre les voix de l’écriture, convoque les différents types d’expression des auteurs qu’elle analyse et lui permet de se pencher sur les particularités de leur écriture. Cette seconde partie est écrite comme une introduction à l’oeuvre des romanciers qu’elle étudie et contribue à donner un aspect scolaire à cet essai.

À la frontière de plusieurs types de romans, le roman contemporain semble vouloir s’affranchir des limites et convoquer la subjectivité du lecteur. Autant de formes de romans que de lecteurs, pourrait-on avancer. C’est dans cette optique que le roman contemporain est dépeint dans l’ouvrage de Malinovská, qui centre son travail de fond sur la langue des auteurs étudiés : parfois avec une syntaxe décousue (Angot) ; d’autres fois, en invoquant des mots d’enfants (Kourouma) ou en usant d’une langue crue, qui tente de choquer (Houellebecq). Quoi qu’il en soit, cet essai convoque des écritures différentes et se veut le portrait d’une sociologie du roman contemporain en tant qu’objet d’art. Il s’avérera utile à la personne qui souhaite s’initier à une réflexion sur le roman contemporain écrit par des romanciers reconnus d’expression française et d’origines diverses.