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Littératie et inclusion est un ouvrage collectif, qui s’adresse aux enseignants non spécialisés (p. 5) désireux d’explorer des pistes d’intervention innovatrices pour développer les compétences en littératie de tous les élèves en classe inclusive. Cet ouvrage trace le portrait d’expériences de terrain regroupant les élèves, les enseignants et, à une échelle moins grande, les familles.

Le volume se divise en deux parties. La première traite des pratiques et des outils pédagogiques au préscolaire et au primaire (chapitres 1 à 7), tandis que la deuxième (chapitres 8 à 10) porte sur des stratégies expérimentées au secondaire. Dans l’introduction, les éditrices présentent l’organisation des textes, les concepts de l’inclusion et de la littératie ainsi que les fondements véhiculés au fil des chapitres. Après une mise en contexte aussi pertinente, il aurait été enrichissant qu’elles concluent par un bilan et des perspectives d’avenir.

Cet ouvrage cependant a le mérite d’offrir des pratiques d’observation et d’intervention en littératie qui se sont révélées des ressources pédagogiques signifiantes pour les élèves. Sans généraliser les résultats, les pratiques présentées s’avèrent constructives pour les enseignants, dans la mesure où la conceptualisation, la description et les retombées pédagogiques facilitent leur appropriation et leur mise en oeuvre. La plupart de ces pratiques prennent soin de jumeler la lecture, l’écriture et l’oral dans le processus d’enseignement-apprentissage. Néanmoins, nous remarquons que l’oral est délaissé au détriment des deux autres volets de la littératie. D’autre part, les enseignants qui ont davantage d’expérience professionnelle y trouveront leur compte. Les stratégies employées, les témoignages et les limites des différentes expérimentations constituent des assises solides pour nourrir leur réflexion au sujet de leurs pratiques pédagogiques ou pour repositionner leurs savoirs dans de nouvelles perspectives telles que l’accessibilité universelle pour l’apprentissage (chapitre 1) et la littératie émotionnelle (chapitre 6). Toutefois, le lecteur sera surpris et même déçu de constater le peu de place allouée aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. À l’ère du Web 2.0, cet outil complémentaire émerge comme un apport incontournable au développement du goût de lire chez les élèves. Il serait aussi intéressant de socialiser la lecture en assurant des relations plus systématiques avec les parents dans les démarches de construction d’un environnement favorable au développement des habiletés en littératie.

Cet ouvrage trouvera certainement écho auprès des enseignants soucieux d’accueillir et d’accompagner tous les types d’élèves en leur permettant d’être des acteurs à part entière de leur avenir scolaire, tant sur le plan professionnel que personnel. L’acquisition des habiletés de haut niveau en littératie dépasse donc les aspects fonctionnels des apprentissages de l’oral, de la lecture et de l’écriture. Ces habiletés sont un vecteur de développement de l’identité et du rapport au monde (p. 4).