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Dans son ouvrage, Agnès van Zanten s’intéresse à la problématique du choix de l’école que font des parents en France, au Québec, aux États-Unis et dans d’autres pays où ce quasi-marché (p. 7) existe. Elle précise que différents types de choix scolaires existent et rappelle que ce choix n’est pas pratiqué par tous les groupes de parents d’une société donnée, que les différents types de choix sont pratiqués par des types de parents différents, et que les parents de régions rurales ont rarement la possibilité de choisir l’école de leurs enfants. Ces constats ont amené Agnès van Zanten à mener des enquêtes auprès des parents les plus engagés (p. 12) dans la pratique du choix scolaire en France, soit ceux de la classe moyenne, dans le but de développer un modèle théorique des choix scolaires. Les données d’enquête retenues pour l’ouvrage ont été recueillies auprès d’un total de 167 familles entre 1999 et 2002 et entre 2003 et 2005 ainsi qu’auprès de 32 membres de comités de parents et de 34 chefs d’établissement scolaire. L’analyse des données recueillies est fondée sur trois outils théoriques : l’analyse du choix scolaire comme stratégie de clôture sociale ; l’utilisation d’une typologie des différentes fractions de la classe moyenne ; un modèle d’analyse original où sont distingués et mis en interrelation les motifs du choix, les intérêts, les théories des parents quant au choix scolaire, leur capital culturel ou économique, les médiations familiales et locales, les effets directs et indirects de l’offre éducative locale sur les différents groupes de parents et la façon dont les parents prennent position et participent activement à la régulation politique à l’échelle locale (p. 22). Les résultats sont présentés sous deux thèmes principaux : les stratégies associées au choix scolaire par les parents et les médiations.

L’ouvrage d’Agnès van Zanten apporte une contribution significative aux sciences de l’éducation pour deux raisons. Tout d’abord, la question du choix de l’école par les parents, ou du libre marché offert aux clientèles, est d’une très grande pertinence sociale, économique et politique, comme on le constate rapidement au Québec dès qu’on prend le temps d’examiner la situation dans la province et de réfléchir aux impacts négatifs que la tendance actuelle a sur une véritable égalité entre les citoyens et citoyennes et, conséquemment, sur le tissu social du Québec. Ensuite, ce rapport de recherche est d’une qualité scientifique nettement supérieure à la majorité des travaux publiés en français depuis plusieurs années, que ce soit en ce qui a trait à l’exhaustivité de l’état de la question présenté au début du livre, à la rigueur méthodologique empruntée pour les enquêtes, à la richesse et à la solidité du cadre théorique, à la finesse de l’analyse et à l’éclairage original que les résultats apportent sur le sujet. Il serait très intéressant qu’une étude similaire soit réalisée au Québec afin de comparer les résultats obtenus dans deux sociétés où le choix scolaire se répand rapidement et de voir de quelle manière ces résultats convergent ou divergent.