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En 1937, les Éditions du Cerf lançaient la collection « Unam Sanctam ». Son promoteur, Yves Congar, en donnait l’intention, souhaitant que les publications de cette collection puissent remettre « dans le commerce des idées un certain nombre de thèmes et de valeurs ecclésiologiques, profondément traditionnels […] plus ou moins oubliés[1]… » Dans un texte rétrospectif, commentant cette fondation, il écrivait : « En particulier, comme la théologie, selon sa loi propre ne vit que d’un contact intime et organique avec son donné, on s’applique à faire une part sérieuse à l’étude des sources où doit se puiser une connaissance authentique de l’Église une, sainte, catholique et apostolique : Écriture sainte, Pères, liturgie, vie des institutions ecclésiastiques, etc.[2] » Enfin, revenant sur cet événement et réfléchissant au rôle d’une telle entreprise, il notait :

Car, pour la [l’ecclésiologie] « réinventer » en notre temps, si l’on peut parler ainsi, il faut revenir à ses sources les plus profondes qui sont beaucoup plus spirituelles, et en même temps plus humaines, que cette vision trop juridique, trop extérieure et étriquée que l’on s’en fait habituellement. Je résolus de fonder une collection d’études théologiques, historiques, oecuméniques pour libérer toutes les sources auxquelles on pouvait s’alimenter. […] Je cherchai donc à renouveler l’ecclésiologie à partir de la tradition qui est tout autre chose qu’une répétition du passé[3].

En 2009, les Éditions du Cerf décidaient de relancer la collection « Unam Sanctam ». Le premier volume de cette nouvelle série était cette fois signé par Christoph Theobald, et portait le titre La réception du concile Vatican II, I. Accéder à la source. Cet ouvrage monumental, 944 pages, respectait parfaitement l’esprit et l’intention de la première fondation. D’une part, le souci de remettre « dans le commerce des idées un certain nombre de thèmes […] plus ou moins oubliés… » est au rendez-vous. La collection « Unam Sanctam », qui a servi le renouveau théologique préconciliaire et contribué grandement à la réception de Vatican II en consacrant 23 volumes à la présentation des textes de Vatican II, reprend le flambeau 50 ans après l’annonce par Jean XXIII de convoquer un Concile oecuménique. Alors que Vatican II n’est plus connu par la nouvelle génération et marginalisé par ceux qui ne veulent pas entendre ses interpellations, la nouvelle série de la collection veut se consacrer à Vatican II, remettant ainsi « dans le commerce des idées » un certain nombre de thèmes plus ou moins oubliés.

De plus, le sous-titre du premier volume, Accéder à la source, l’énonce explicitement, la deuxième série, comme la première, visera au renouveau en nous faisant revenir aux sources.

La Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval, pour saluer la relance de la collection « Unam Sanctam » et souligner la publication de l’important ouvrage de Christoph Theobald, qui inaugurait cette nouvelle série, y a consacré en septembre 2010 une Journée d’étude. Les contributions de la présente livraison de la revue Laval théologique et philosophique reprennent celles données à l’occasion de cette journée.

Cette journée, à laquelle prirent part des collègues et des étudiants de la Faculté, s’est voulue un temps d’échange autour de Vatican II avec Christoph Theobald, à l’occasion de la publication de son ouvrage qui m’apparaît marquer une étape dans les recherches actuelles sur Vatican II.