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Ce collectif est issu du colloque international tenu à Montréal, en 2007, par l’Observatoire des réformes en éducation, dont il reprend le titre. L’ouvrage s’inscrit dans le prolongement de ruptures et difficultés vécues par les agents du milieu éducatif à l’échelle mondiale dans leur appropriation des plus récents curriculums dont l’approche par compétences (APC) est l’un des principaux cadres organisateurs. La publication met en évidence la complexité inhérente aux refontes proposées, complexité examinée tant dans l’articulation entre le curriculum officiel, les programmes qui en découlent, que dans le processus d’appropriation que s’en font les agents du milieu, et par lequel émerge ce que Legendre nomme le curriculum réel. Sans nier le flou conceptuel encore associé à l’approche par compétences et les questionnements encore chauds en regard de son potentiel organisateur de curriculum, les différentes contributions relatent les motifs qui ont conduit à cette approche et s’accordent autour du concept de compétence en l’attachant à celui de situations. Alors que certains chapitres définissent ces dernières à partir de savoirs disciplinaires, d’autres exposent plutôt un cheminement inverse, ce qui les a conduits à définir préalablement des situations de la vie, exercice pour lequel ils ont identifié des domaines d’apprentissage et à travers lesquels les compétences ciblées en ont découlé. Ces nuances qui colorent la façon d’entrer dans les situations ne sont pas les seules différences constatées. Si, pour certains, la conceptualisation des situations s’articule uniquement dans les choix didactiques qui conduisent à leur planification et à leur rédaction, on dégage, d’autres propos, l’importance de définir la situation à travers les yeux et actions du sujet qui lui donne sens et l’actualise en fonction de sa propre activité. Au surplus, si dans une phase de planification des situations, il y a identification de ressources externes pouvant être mises à la disposition de l’apprenant, certains rappellent que celles-ci seront considérées dans leur sens plein du terme dans la mesure où elles seront mobilisées dans les actions du sujet en situation.

Divisé en trois sections, la première partie de l’ouvrage aborde la logique de compétences et le développement du curriculum dans leur sens large. La seconde partie va bien au-delà du titre proposé. Alors que certains portent leur attention sur le contenu de programmes déjà établis et relatifs à une discipline particulière afin d’en dégager des retombées possibles sur le développement de l’apprenant, lesquelles sont ensuite mises en relation avec les visées attendues pour éventuellement en proposer des améliorations, d’autres décrivent plutôt la méthodologie adoptée dans l’élaboration toujours en cours du curriculum chez eux. À cela s’ajoute la définition et la portée éventuelle de compétences dites de haut niveau. La dernière partie fait état des défis et impacts de l’Apprentissage par compétences pour la formation du personnel scolaire, ainsi que des contradictions observées entre formation et dispositifs institutionnels.

Par son contenu, l’ouvrage illustre la pertinence du choix du titre en confirmant une cohérence encore à établir et des défis qui nourriront, pour les prochaines décennies, la réflexion des multiples agents concernés.