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Dans cet ouvrage intéressant et utile, l’auteur examine les conditions d’une saveur des savoirs à l’école. D’entrée de jeu, il distingue savoir et information, considérant que l’école devrait susciter le plaisir de comprendre et non seulement celui d’être informé, si elle veut donner accès à la compréhension du monde.

Le concept de savoirs est étudié sous toutes ses facettes. L’enseignant est appelé à maîtriser l’histoire, l’épistémologie et le langage de sa discipline pour que les élèves perçoivent le caractère construit des savoirs et questionnent les savoirs du sens commun. Le lecteur est invité à partager la déconstruction critique de notions faussement évidentes (apprendre, motivation, transfert, entre autres) ou nouvellement introduites (compétences et interdisciplinarité). Astolfi exhorte à la réhabilitation du processus d’enseigner en vue d’assurer les progrès de l’élève à l’aide d’un enseignement organisé autour d’objectifs-obstacles. L’auteur termine le coeur de l’ouvrage par la présentation d’un modèle qui propose une vision de l’activité de l’élève et de l’enseignant. Dans les derniers chapitres, il développe sa réflexion sur le coût des apprentissages scolaires.

Dans le contexte d’un renouveau pédagogique qui s’inspire d’une approche constructiviste de la connaissance et promeut le développement des compétences, miser sur les moyens d’aider les élèves à connaître et apprécier la saveur des savoirs ne peut être que pertinent. Tout au long de l’ouvrage, Astolfi aborde les concepts d’usage courant dans le milieu éducatif avec un regard scientifique documenté. Plusieurs exemples illustrent sa pensée. La mise en garde contre les illusions confortables est pertinente. Sans doute pour aider le lecteur à donner du sens au discours, l’ouvrage comprend de nombreuses notes dans les marges, des listes de points clés et des tableaux. Malgré cela, des enseignants pourraient trouver certains passages difficiles à saisir.

Astolfi dénonce le constructivisme obtus, tout en mentionnant que le constructivisme en soi n’est pas à rejeter, mais à approcher avec un oeil critique afin d’éviter que se multiplient les dérives dont il est l’objet actuellement. L’auteur étoffe sa pensée avec précision. Quant au béhaviorisme, il semble le réprouver sans détour. En plus de le présenter notamment comme l’antonyme du constructivisme psychologique et une application indirecte de l’enseignement transmissif, Astolfi le qualifie d’obsolète, appartenant au sens commun pédagogique à déconstruire. Une telle position, toute légitime qu’elle soit, n’est pas étoffée par des arguments solides. Pourtant, pour que les propos des scientifiques soient compris par les enseignants, il est préférable qu’ils soient justifiés rigoureusement.

En somme, en mettant en valeur les savoirs au coeur de la didactique des disciplines, Astolfi cherche à renforcer la professionnalité des enseignants. Prenant appui sur des écrits, il fait la promotion des dispositifs didactiques qui exhalent la saveur des savoirs. Seuls les chapitres consacrés aux savoirs de l’information et de l’illettrisme sont moins directement imbriqués dans l’ensemble.