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Le contexte dans lequel les relations internationales sont menées est en constante évolution et, de surcroît, la façon dont les États conduisent leur diplomatie, c’est-à-dire les moyens qu’ils utilisent pour communiquer, négocier et interagir avec l’extérieur, s’est également transformée de façon significative au cours des dernières années. Devant ces importants changements, Jean-Robert Leguey-Feilleux, professeur de science politique à l’Université de Saint-Louis, s’est fixé pour objectif de faire le point sur l’état actuel de la diplomatie. De quelle façon la pratique de la diplomatie a-t-elle changé ? Quels sont les événements à la base de ces changements ? La diplomatie a-t-elle encore son utilité dans le monde contemporain ? Voilà les questions auxquelles l’auteur tente de répondre dans cet ouvrage qui, en plus de la section d’introduction et d’un court chapitre de conclusion, comprend deux parties principales.

Dans le chapitre introductif, Leguey-Feilleux définit d’abord clairement ce que représente la diplomatie. Il la différencie ensuite de la politique étrangère et précise que la diplomatie doit être interprétée en tant qu’outil servant à la mise en application de la politique extérieure d’un État. Puis un second chapitre est consacré à l’histoire des pratiques diplomatiques. Dans cette partie l’auteur relate de façon succincte les origines des interactions internationales et la teneur des premières relations entre les nations.

Par la suite, la première section porte sur les différents changements survenus au sein du système international et qui ont conduit les acteurs internationaux à modifier leurs pratiques diplomatiques. Plusieurs de ces transformations sont analysées sous la forme de quatre chapitres distincts, qui portent respectivement sur les effets de l’interdépendance, des nouveaux médias, de l’augmentation des relations transnationales et finalement de la multiplication du nombre d’acteurs engagés dans les relations internationales contemporaines. Le troisième chapitre portant sur l’interdépendance représente le coeur et la partie le plus instructive de l’ouvrage. L’auteur indique que l’interdépendance accrue entre les États les amène à interagir sur une base beaucoup plus régulière. En effet, selon l’auteur, la multiplication des sommets internationaux et l’émergence des relations « transgouvernementales » ont ouvert de nouveaux espaces favorables à la pratique de la diplomatie. Aussi, parmi les nouveaux joueurs qui se sont introduits dans le processus diplomatique, les organisations non gouvernementales (ong), qui se sont multipliées depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, sont devenues des acteurs incontournables et ont acquis une influence considérable sur la teneur des échanges diplomatiques.

Dans la deuxième partie, Leguey-Feilleux analyse les nouveaux modes d’interaction utilisés par les États dans leurs relations avec l’extérieur. En effet, en raison des transformations rapportées dans la première section, l’auteur avance que les États, sans avoir abandonné les méthodes traditionnelles d’interaction, ont plutôt adapté ces dernières et modifié leurs pratiques diplomatiques afin de s’ajuster à la nouvelle réalité internationale. Par exemple, avec le développement de nouveaux moyens de communication, mais également en raison de l’émergence de problèmes transnationaux, les chefs d’État et différents ministres sont devenus des acteurs de plus en plus fondamentaux du nouveau jeu diplomatique. Cela s’est traduit par l’importance accrue de la « diplomatie de conférence » et de la « diplomatie au sommet », deux sujets abordés en profondeur dans les neuvième et dixième chapitres.

Depuis quelques années, la diplomatie a été amplement critiquée, son rôle ayant même été remis en question. Pourtant, l’auteur affirme qu’en raison de la mondialisation qui s’est accélérée depuis quelques années les États sont devenus profondément interreliés, ce qui ne pouvait qu’augmenter la fréquence de leurs interactions. En effet, l’argument principal de cet ouvrage est que, malgré les changements substantiels survenus particulièrement durant la seconde moitié du 20e siècle, non seulement la diplomatie demeure encore aujourd’hui un instrument essentiel et un facteur de paix en politique mondiale, mais selon l’auteur les échanges diplomatiques sont appelés à s’accélérer encore davantage au 21e siècle.

En dernier lieu, il faut mentionner que l’évolution des pratiques diplomatiques est un sujet qui est abordé de façon systématique dans les manuels portant sur les relations internationales. Toutefois, l’argument que propose Jean- Robert Leguey-Feilleux n’est pas novateur et n’est pas développé de façon convaincante. Un élément positif, toutefois, est que chaque chapitre de la deuxième section se termine par une étude de cas, ce qui illustre de façon convaincante le propos précédemment tenu et donne au livre une saveur plus didactique, mais encore une fois cette pratique ne relève pas de l’originalité. Il y a peu d’ouvrages qui abordent le sujet de la diplomatie contemporaine, mais ce livre n’est pas arrivé à se démarquer de ses semblables.

Essentiellement descriptif, cet ou-vrage est rédigé sous la forme d’un manuel scolaire destiné aux étudiants de premier cycle, mais qui pourrait malgré tout s’avérer utile pour tout étudiant intéressé au côté plus pratique de la politique étrangère et des relations internationales contemporaines, de même que tout professionnel engagé dans les affaires extérieures de son gouvernement.